LES FLUX FINANCIERS ILLICITES: AFRIQUE PREMIERE CREANCIERE AU MONDE

Abstract: 

This paper has scrutinized the burning issue of Illicit Financial Flows (IFF) against the background of the 2020 UNACTAD report.  The purpose is to investigate the root causes of IFF to find out, whether or not there are shared responsibilities between developed and developing countries in this business transactions. The article equally attempts to find out the extent to which involvement of the issues of social justice stands in IFF. Thus, the ultimate claim reports that, 88.6 billion disappears from the African continent annually, and that the issue of IFF is a shared problem between the developed and developing countries.  Social justice is already obvious because developed countries benefit from IFF interest, while developing countries lose the required funds to reimburse their colossal debts. Furthermore, IFF in Africa is linked with corruption which is its generator and facilitator. For this reason, this study distinguishes between petit corruption and grand corruption. Petit corruption is the consequence of failed state structures resulting from decades of neocolonial interference. Consequently, this corruption benefits only local capitalists and authorities who are accomplices in IFF business. Thus, a series of recommendations are aligned with governments of the West that are major corruptors that fuel IFF. This practice should be mutually reviewed by both parties to promote a substantial and honest bilateral cooperation over IFF in Africa. This will cover the loophole through which funds are embezzled in Africa.

 

Introduction

Dans son rapport actualisant les données sur les flux financiers illicites (FFI) en Afrique, la CNUCED[1] (CNUCED 2020) nous informe que 88,6 milliards de dollars se volatilisent chaque année du continent. Outre les sommes en jeu, il convient de se demander comment cela est rendu possible. Ainsi, cet article se propose de faire l’état de ces pertes colossales pour savoir s’il n’y aurait pas des responsabilités partagées qui nous font atterrir sur une question de justice sociale.

 

Des pertes colossales

D’après le rapport, « Les flux financiers illicites (FFI) sont des mouvements transfrontaliers d’argent et d’actifs dont la source, le transfert ou l’utilisation sont illégaux » (CNUCED, 2020). Y sont distinguées 4 grandes catégories. D’abord, « les pratiques fiscales et commerciales » consistant essentiellement à de fausses facturations pour les produits destinés à l’import ou à l’export, environ 40 milliards de dollars par an. Ensuite « les marchés illégaux », relevant notamment du trafic d’êtres humains ou encore de déchets toxiques. De même « les activités relevant du vol et le financement de la criminalité et du terrorisme ». Enfin, les FFI sont liés à la « corruption ».

Avec des FFI estimés à 836 milliards $US entre 2010 et 2015, et une dette extérieure de 770 milliards $US en 2018, l’Afrique est un créancier net du reste du monde.

Pour l’Afrique, les pertes enregistrées sont colossales. 89 milliards de dollars par an selon les estimations les plus basses, soit 3,7 % du PIB du continent, ou 25 % du PIB de l’Égypte, une des trois principales économies africaines aux côtés de l’Afrique du Sud et du Nigeria. C’est également 

Presque aussi important que le total des flux entrants de l’aide publique au développement, évalués à 48 milliards de dollars, combinés aux investissements directs étrangers, estimés à 54 milliards $US, reçus par les pays africains »(CNUCED, 2020).

Contrairement à la narration dominante, les 54 États africains financeraient les pays dits développés et non l’inverse ?  Comme le CADTM, c’est ce qu’affirme le rapport. Avec des FFI estimés à 836 milliards $US entre 2010 et 2015, et une dette extérieure de 770 milliards $US en 2018, « l’Afrique est un créancier net du reste du monde ».

 

Alors que 13 pays africains sont placés sur la liste du FMI des pays en situation de surendettement et qu’une dizaine sont en suspension de paiement (Toussaint & Rivié, 2020), la comparaison détonne. Sur la période courant de 2011 à 2018 (voir graphique 1), les FFI sont toujours largement supérieurs au service de la dette extérieure publique ou totale. En somme, si les pays africains venaient à récupérer les FFI, ils pourraient se libérer totalement de l’endettement extérieur. Plus encore, sans FFI, les populations africaines n’auraient pas subi les différents mécanismes de domination inhérents au système-dette. Mais alors qui sont les responsables ?

Des responsabilités partagées ?

Lorsqu’il est question de l’Afrique et des raisons pour lesquelles les pays rencontrent des difficultés de développement, très vite la corruption intérieure est pointée du doigt comme principale responsable. Elle est indéniable: environ 148 milliards $US par an selon la Banque africaine de développement. Il faut néanmoins distinguer la « petite » de la « grande » corruption.

S’il faut incontestablement lutter contre la petite corruption, il faut avant tout considérer qu’elle est le produit d’appareils d’État rendus défaillants par des décennies d’ingérences extérieures néocoloniales, et dans laquelle se complaisent des classes capitalistes autochtones et dirigeantes complices

Dans un environnement où les classes capitalistes et dirigeantes, sont perçues comme corrompues, la petite corruption se développe d’autant plus. Puisque dans les plus hautes sphères de l’État et des organisations (publiques et privées) les obligations fondamentales sont transgressées par ses plus hauts représentants, il deviendrait normal, rationnel voire nécessaire d’agir de la sorte à des niveaux subalternes, notamment chez les fonctionnaires sous-payés ou laissés sans salaire pendant des mois. La « petite » se présente alors comme une excroissance de la « grande » corruption. L’obtention forcée ou accélérée de documents administratifs, de ristournes fiscales, d’un terrain à bâtir, etc. se monnaye alors entre des individus et des agents appartenant tous deux à la classe moyenne.

De fait, le « petit corrupteur » obtient par le paiement d’un dessous de table ce qu’il aurait dû obtenir tout à fait normalement si le service public et ses employés étaient suffisamment financés par l’État. Quant au « petit corrompu », il obtient un revenu de subsistance complémentaire souvent rendu nécessaire en raison de salaires faibles voire impayés, le tout dans une structure dysfonctionnant et qu’il sait parasitée en son sommet.

En bout de chaîne, ces agissements délictueux mais compréhensibles, se répercutent malheureusement doublement aux dépens des plus pauvres. Proportionnellement à leurs revenus, ils doivent payer davantage pour espérer bénéficier de services publics ou privés, tout en sachant qu’en l’Etat, ces mêmes services, censés accessibles à tou-te-s, continueront à se déliter. Pour autant, s’il faut incontestablement lutter contre la « petite corruption », il faut avant tout considérer qu’elle est le produit d’appareils d’État rendus défaillants par des décennies d’ingérences extérieures néocoloniales, et dans laquelle se complaisent des classes capitalistes autochtones et dirigeantes complices. Ainsi, 

dans de nombreux pays africains, 20 à 30 % de la fortune privée est placée dans des paradis fiscaux » et « 5 000 particuliers de 41 pays africains déten[aient] un total cumulé d’environ 6,5 milliards $US d’actifs » dans des comptes bancaires offshores en 2015(CNUCED, 2020).

Dans les deux cas, cette forme de grande corruption est rendue possible par l’ (in)action des dites grandes puissances. Si l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) dont le siège est à Paris est censée lutter contre les paradis fiscaux, aucun des 38 pays membres n’est africain[2]. Concernant les comptes bancaires offshores, le réseau Tax Justice Network, nous apprend que les 10 pays les plus opaques financièrement et luttant pour le maintien du secret bancaire, sont tous des grandes puissances. On y retrouve notamment les Îles Caïmans, les États-Unis, la Suisse, Hong-Kong ou encore le Luxembourg, le Japon et les Pays-Bas(Tax Justice Network, 2021). Comme l’attestent les nombreux scandales de ces dernières années, parmi lesquels les Offshore Leaks, Luxembourg Leaks, Swiss Leaks, Mauritius Leaks (Shiel & Fitzgibbon, 2019), ou les Luanda Leaks, (impliquant Isabel Dos Santos, fille de l’ex-président d’Angola de 1979 à 2017) (ICIJ, 2020) (Parana, 2020), les FFI et la « grande » corruption sont organisés « par le haut » et leurs quartiers généraux se trouvent dans les pays les plus riches à New-York, à Londres, à Paris, à Berlin, à Tokyo.

Institutions financières internationales (IFI) et puissances impérialistes alimentent également à leurs fins la grande corruption. Malgré les révélations du rapport Blumenthal sur la destination réelle des fonds prêtés au dictateur Mobutu au Zaïre de l’époque, la Banque mondiale et le FMI ont perpétué leur financement à des fins géopolitiques. La récente affaire des Papergate en février 2020 (Vivien, 2020) à la Banque mondiale ne fait que confirmer ces pratiques quasi-généralisées  (Toussaint, 2020). Du côté des ingérences bilatérales, pour ne citer que cet exemple impliquant la France, Loïk Le Floch-Prigent, ex-PDF d’Elf (entreprise parapublique avant d’être absorbée par Total), indiquait récemment « que l’argent du pétrole a permis de financer personnellement des présidents africains, notamment au Gabon et au Congo-Brazzaville»(CNUCED, 2020), et assuré « que le système perdure aujourd’hui, sous d’autres formes »(Alfi 2020).

En guise de remerciement pour leur soutien infaillible, plusieurs partis politiques français, que ce soit le PS ou des partis de droite ont profité de financements occultes pour leurs campagnes présidentielles »(Dulin & Merckaert, 2009; Le Monde, 2011) Ce type d’opérations au détriment des populations ne se limitent ni à la Françafrique, ni même à l’Afrique seule.

Les grandes entreprises et multinationales sont également un rouage essentiel des FFI et maintiennent volontairement le continent comme un fournisseur de matières premières afin d’en tirer un profit maximal. Comme l’indique le rapport, « jusqu’à 50 % des flux illicites en provenance d’Afrique ont pour source la fausse facturation dans le commerce international et plus de la moitié des FFI qui y sont liés ont pour source le secteur extractif »(CNUCED 2020). Ainsi, 40 milliards des FFI proviennent de l’activité destructrice de l’industrie extractive (l’or 77 %, le diamant 12 %, et la platine 6 %). Avant de poursuivre, 

Les entreprises multinationales actives dans l’exploitation minière centralisent toujours plus leurs activités de négoce, ce qui accentue le risque de fausse facturation […] Singapour et la Suisse figurent parmi les pays les plus attrayants pour la centralisation de ces activités de négoce grâce aux avantages fiscaux qu’ils accordent aux entreprises multinationales de négoce(CNUCED 2020).

Or, quels en sont les principaux bénéficiaires ? Canadiennes, étasuniennes, françaises, suisses, etc., toutes les principales multinationales extractivistes (Anglo American, De Beers, Glencore, BHP, Rio Tinto, Umicore[3] sont principalement aux mains de grands actionnaires occidentaux.

Quels sont les principaux bénéficiaires des FFI ? Canadiennes, étasuniennes, françaises, suisses, etc., toutes les principales multinationales extractivistes (Anglo American, De Beers, Glencore, BHP, Rio Tinto, Umicore sont principalement aux mains de grands actionnaires occidentaux

Plus loin, le rapport précise que « les principaux mécanismes d’évasion fiscale et de fraude fiscale sont la fausse facturation dans le commerce international, la manipulation des prix de transfert, le transfert de bénéfices et l’arbitrage fiscal ». Pour compléter le tableau, il faut également tenir compte de l’action des « Big Four » (KPMG, Ernst & Young, Deloitte et PwC), ces cabinets d’audit – à qui l’on doit de nombreux plans de licenciement dits « plans sociaux » dans le jargon néolibéral – sont spécialisés dans le conseil aux entreprises pour leur faciliter l’évasion fiscal(Corporate Europe Observatory 2018) (Kairos Europe WB 2018).

Dans cette architecture poreuse, on comprend mieux qu’ « au niveau mondial de 30 % à 50 % des investissements directs étrangers transitent par des sociétés-écrans offshore », avec pour conséquences directes une volatilité accrue des capitaux investis, une part croissante des bénéfices réalisés déclarées dans des paradis fiscaux et une instabilité chronique des États dans le processus de développement.

Une question de justice sociale

Avec ce rapport de la CNUCED, l’Organisation des Nations Unies (ONU) aurait intérêt à reconsidérer la promotion systématique des financements privés pour la réalisation de ses Objectifs de Développement Durable (ODD) (United Nations 2021) et à s’attaquer, par exemple, aux « pratiques fiscales et commerciales » des FFI. Ceci permettrait à l’Afrique de récupérer la moitié des financements nécessaires à la réalisation des ODD, devant être atteints d’ici 2030. Ce serait une bouffée d’oxygène considérable pour les finances publiques des pays africains. D’autant plus que, dans une période de crise de la dette conjuguée à des besoins de financement les FFI accroient les conséquences sanitaires et économiques de la Covid-19.

Les recettes fiscales des pays africains n’ont toujours pas retrouvé leurs niveaux d’avant les années 1980 et 1990, pendant lesquelles les politiques d’ajustement structurel ont entrainé une chute des recettes issues du commerce international.

D’autres progrès doivent également être réalisés, parmi lesquels une meilleure captation de l’impôt. Si « les recettes fiscales » sont en progrès et « représentent [aujourd’hui] 16 % du PIB africain », elles restent nettement en-deçà de leur potentiel et souffrent de la comparaison avec les autres pays du Nord et Sud confondus. Il faut néanmoins souligner qu’ «elles n’ont toujours pas retrouvé leurs niveaux d’avant les années 1980 et 1990, pendant lesquelles les politiques d’ajustement structurel ont entrainé une chute des recettes issues du commerce international»(CNUCED 2020). Autrement dit, en mettant l’accent sur la libéralisation de l’économie, l’instauration de la TVA, la suppression des barrières douanières, du contrôle des changes et des mouvements de capitaux, la Banque mondiale et le FMI ont et participent encore au maintien d’une situation de grande précarité pour la majorité des populations, dont profitent allègrement les classes dirigeantes et capitalistes dans et hors du continent.

Pour juguler les FFI, la CNUCED présente à la fin de son rapport une série de conclusions et recommandations mitigées. Nous pouvons certes partager l’affirmation selon laquelle « les pays développés et les pays en développement partagent la responsabilité des FFI »(CNUCED 2020), mais on peut regretter ensuite que l’affirmation ne soit pas suivie d’une nuance sur les degrés d’implication. Si les populations du Nord sont tout autant victimes que celles du Sud de l’austérité résultant en partie des FFI, on ne peut faire une comparaison analogue à une échelle étatique. Les intérêts du grand capital se situent très majoritairement dans les pays du Nord. Ce sont eux qui influent directement l’architecture internationale et sur les cadres réglementaires internationaux, multilatéraux ou nationaux qui s(er)ont adoptés.

Les bourses, banques, multinationales dominantes se situent dans les pays qui dominent les grandes instances de décision (G7G20, OCDE, Banque mondiale, FMI, IIF, Club de Paris, BEI, BID, OMC, etc.) et en Chine qui commence à conquérir une part du gâteau impérialiste néocolonial. Sans nier que les intérêts d’Aliko Dangote, nigérian et entrepreneur le plus riche du continent ne soient pas les mêmes que ceux de ses confrères extracontinentaux, le rapport de force est sans commune mesure.

Avec des actifs estimés à 8,3 milliards $US, il ne se situe qu’au 162e rang d’un classement dont les 20 premières places sont trustées par 14 Étasuniens, 2 Chinois, 2 Français, 1 Espagnol et 1 Mexicain (Le Journal du net 2021). Au plan national, le Nigeria est le leader africain en termes de PIB et occupe « seulement » le 29e rang mondial. Selon les données de la Banque Mondiale, il se trouve au 133e rang dès lors que le PIB est rapporté au nombre d’habitants. Si l’on prend en compte le poids institutionnel, politique, économique ou même militaire des pays africains face aux grandes puissances, on constate qu’ils ne sont pas en mesure de s’opposer à leurs diktats (mise à part l’Afrique du Sud qui dispose d’une certaine autonomie et qui joue un rôle de sous- impérialisme en Afrique australe).

Dans ce contexte, la CNUCED a beau appeler à « renforcer la participation de l’Afrique à la réforme de la fiscalité internationale », ou à « intensifier la lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent »(CNUCED 2020), on doute qu’elle puisse en tirer un réel bénéfice, d’autant plus qu’une éventuelle collaboration multilatérale serait notamment « le fruit de la collaboration du FMI, de la Banque mondiale, de l’OCDE ». On en doute d’autant plus que la CNUCED accueille positivement la mise en place de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) pour y parvenir.

Les accords de libre-échange conduisent davantage à un affaiblissement des États face aux intérêts des multinationales et participent largement à un nivellement vers le bas des réglementations nationales. On peut certes espérer une union forte des dirigeants africains pour bâtir un espace économique solidaire entre les peuples africains, mais ces dirigeants ne semblent disposer ni de la force nécessaire ni de la volonté. Politique.

Seules des actions de terrain et des campagnes internationales menées par les populations locales avec le soutien et la solidarité internationale ont permis d’obtenir des avancées sur le plan de la transparence, de la fiscalité, etc. en exerçant une pression constante sur les dirigeants.

Finalement, pour parvenir à lutter contre les FFI, seule une recommandation semble être en mesure de pouvoir transformer l’essai. Elle vise à « protéger et appuyer les organisations de la société civile, les dénonciateurs d’abus et les journalistes d’investigation »(CNUCED 2020). Comme l’ont démontré des organisations à l’instar d’Open Ownership, Financial Transparency Coalition, Tax Justice Network ou encore Action Aid, seules des actions de terrain et des campagnes internationales menées par les populations locales avec le soutien et la solidarité internationale ont permis d’obtenir des avancées sur le plan de la transparence, de la fiscalité, etc. en exerçant une pression constante sur les dirigeants.

S’il ne faut malheureusement guère attendre un « progrès naturel » du côté des institutions et des classes dirigeantes, les populations africaines continuent d’agir collectivement pour leurs droits et leurs libertés. Du balai citoyen au Burkina Faso (renversement de Blaise Compaoré) à La lucha en RDC (défense des droits humains et politisation des populations), en passant par le Front Anti-FCA (changement de nom du F-CFA) et tant d’autres, tous ces mouvements ont su par la mobilisation populaire parvenir à des avancées, bien que fragiles, dans l’espoir de construire une authentique lutte panafricaine.

Quelles réponses aux FFI? Quelles mesures prendre ?

Pour avancer vers des solutions qui traitent le mal à la racine, il faudrait prendre toute une série de mesures notamment dans les pays du Nord où sont basés les principaux corrupteurs et facilitateurs des Flux Financiers Illicites.

Les gouvernements des pays du Nord devraient, sans aucune forme d’ingérence, s’engager à :

  • Annuler les créances illégitimes et odieuses réclamées à des pays tiers par les pays du Nord afin de promouvoir des formes de développement souveraines, solidaires et autocentrées des pays du Sud,
  • Sanctionner lourdement les entreprises coupables de toute forme de corruption de fonctionnaires publics des pays du Sud.
  • Sanctionner les hauts fonctionnaires et le personnel politique qui dans les pays du Nord ont favorisé ou favorisent la spoliation sous différentes formes des peuples du Sud.
  • Sanctionner lourdement les banques (y compris en allant jusqu’au retrait de la licence bancaire) qui se prêtent à du blanchiment d’argent sale, à l’évasion fiscale, à la fuite des capitaux, à la spoliation des populations du Sud.
  • Lancer un vaste programme d’audit à participation citoyenne pour mettre en évidence toutes les formes de spoliation et d’exploitation des peuples du Sud.
  • Soumettre à de lourdes amendes les entreprises qui ont spolié sous différentes formes les peuples du Sud afin de contribuer financièrement à un fonds spécial d’aide et de compensation ;
  • Exproprier les « biens mal acquis » par les gouvernants et les classes dominantes du Sud et les rétrocéder aux populations concernées et sous leur contrôle.
  • Financer les pays du Sud, hors aide publique au développement, par des prêts à taux zéro, remboursable en tout ou partie dans la devise souhaitée par le débiteur.
  • Mettre à disposition des populations des pays du Sud à travers leurs associations/organisations autonomes, l’ensemble des documents, y compris ceux classés « secret défense », pouvant permettre de faire la lumière sur l’origine des dettes réclamées par les différentes catégories de créanciers.
  • Rendre public régulièrement l’ensemble des créances réclamées à des tiers sous une forme facilement accessible et compréhensible.
  • Strictement respecter la primauté des droits humains sur tout autre droit.
  • S’opposer à la promotion systématique du secteur privé pour financer le développement des pays du Sud, et notamment s’opposer à la promotion des Partenariats Public/Privé (PPP).
  • Mettre fin aux politiques néo-libérales et de privatisation des services publics.
  • Abroger une série de traités internationaux, multilatéraux et/ou bilatéraux (économiques, commerciaux, politiques, militaires, etc.) contraires à l’exercice de la pleine souveraineté des États du Sud et aux intérêts des peuples du Sud et plus largement à l’intérêt général de l’humanité.
  • Appeler et participer, avec les pays du Sud à la création d’institutions internationales multilatérales alternatives démocratiques (sur le principe d’un pays = une voix), équitables et sous contrôle des peuples. Il s’agit donc de contribuer à créer de nouvelles institutions internationales respectueuses des droits humains et de la Nature et à réformer en profondeur l’Organisation des Nations unies en mettant notamment un terme au droit de véto au sein du Conseil de sécurité. La réforme profonde doit aussi concerner certaines agences spécialisées de l’ONU qui sont devenues captives du “partenariat” avec des fondations privées qui font la promotion des PPP, du microcrédit, du tout au marché, du libre-échange,…
  • Apporter leur soutien à la mise en place des audits citoyen sur leur territoire afin de procéder à l’annulation des dettes réclamées à des pays tiers et ayant été identifiées comme illégales, insoutenables, illégitimes et/ou odieuses.
  • Mettre fin à l’aide publique au développement dans sa forme actuelle car elle est essentiellement un instrument de domination au bénéfice quasi exclusif des pays du Nord et la remplacer par une « Contribution de réparation et de solidarité » inconditionnelle et sous forme de dons, en excluant dans le calcul de celle-ci les annulations de dette et les montants ne servant pas les intérêts des populations du Sud. Cette contribution doit correspondre au moins à 1 % du revenu national brut des pays les plus industrialisés.
  • Adresser des excuses officielles publiques pour l’ensemble des méfaits accomplis par les puissances du Nord à l’égard des populations du Sud, ouvrant le droit à des réparations.
  • Affirmer le droit à des réparations et/ou compensations aux peuples victimes du pillage colonial et de la spoliation par le mécanisme de la dette.
  • Reconnaître leur dette écologique à l’égard des pays du Sud et procéder à des réparations et/ou compensations en récupérant le coût de ces dépenses par un impôt ou des amendes prélevées sur les grandes entreprises responsables de la pollution.
  • Interdire aux entreprises de leurs pays de spéculer sur les ressources et les productions des pays du Sud.
  • Soumettre à un audit à participation citoyenne tous les traités bilatéraux et multilatéraux sur les investissements et sur le commerce et en suspendre l’application durant la durée de l’audit. Abroger tous les traités qui seront jugés illégitimes et / ou abusifs.
  • Désobéir aux dispositions de l’OMC et résilier tous les accords de libre-échange, de partenariat et d’investissements avec les pays du Sud.
  • Encourager l’exercice de la souveraineté populaire dans les pays du Sud pour développer avec eux un commerce équitable qui respecte la justice sociale et environnementale et mettre en place de réels mécanismes de coopération qui mettent fin au pillage et favorisent l’émergence de leurs économies.
  • Soutenir les mesures pour la souveraineté alimentaire et la production écologique et socialement juste dans les pays du Sud.
  • Sortir de l’OMC et appeler à une campagne internationale contre cette institution ainsi que ces deux congénères, BM et FMI, pour leur remplacement par des institutions démocratiques de solidarité.
  • Mettre fin aux mécanismes de règlement des différends qui permettent aux grandes entreprises de réclamer des sommes colossales aux États si ceux-ci prennent des mesures d’intérêt général qui diminuent les bénéfices d’intérêts capitalistes privés. Le gouvernement instituera alors une procédure pour quitter le CIRDI[4] (organe de la Banque mondiale) et l’Organe de règlement des différends de l’OMC en sortant d’ailleurs de celle-ci.
  • Instituer une procédure d’arbitrage acceptée et légitime qui consiste à poursuivre les entreprises transnationales dans sa juridiction nationale et à augmenter leur pénalisation financière en fonction de la gravité de leur violation de la souveraineté des peuples, des normes sociales et environnementales.
  • Sanctionner fortement les entreprises qui ne respectent pas les droits humains et les normes environnementales.
  • Soutenir l’initiative en faveur d’un traité juridiquement contraignant obligeant les entreprises transnationales à respecter les droits humains dans tous leurs aspects : civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.
  • Lever le secret autour des accords de commerce et d’investissements qui permettent aux entreprises de se substituer de plus en plus aux peuples et aux États pour protéger leur liberté d’action et leurs investissements.
  • Dénoncer et couper les liens avec les régimes et les gouvernements despotiques dans les pays du Sud qui signent ces accords parce qu’ils en profitent à tous les niveaux pour s’enrichir et détourner des fortunes vers l’étranger (Recommons Europe, 2020).

 


[1]Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement. Les références qui vont suivre seront tirées de la version en ligne, utilisés par l’auteur.

[2]Les pays membres sont :  Allemagne, Australie, Autriche, Belgique, Canada, Chili, Colombie, Corée du Sud, Danemark, Espagne, Estonie, États-Unis, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Israël, Italie, Japon, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Mexique, Norvège, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Royaume-Uni, République slovaque, République tchèque, Slovénie, Suisse, Suède, Turquie.

 

[3]Anciennement  Union Minière du Haut Katanga, Vieille-Montagne

 

[4]Le Centre international pour le Règlement des différends relatifs aux Investissements (CIRDI) a été créé en 1965 au sein de la Banque Mondiale, par la Convention de Washington de 1965 instituant un mécanisme d’arbitrage sous les auspices de la Banque mondiale. Jusqu’en 1996, le CIRDI a fonctionné de manière extrêmement sporadique : 1972 est la date de sa première affaire (la seule de l’année), l’année 1974 suivit avec 4 affaires, et suivirent de nombreuses années creuses sans aucune affaire inscrite (1973, 1975,1979, 1980, 1985, 1988, 1990 et 1991). L’envolée du nombre d’affaires par an depuis 1996 (1997 : 10 affaires par an contre 38 affaires pour 2011) s’explique par l’effet des nombreux accords bilatéraux de protection et de promotion des investissements (plus connus sous le nom de « TBI ») signés à partir des années 90, et qui représentent 63% de la base du consentement à la compétence du CIRDI de toutes les affaires. Ce pourcentage s’élève à 78% pour les affaires enregistrées uniquement pour l’année 2011.

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