Le 19ème volume de la Revue Ethique et Société se propose de réfléchir sur le thème récurrent et épineux de l’environnement. La question de l’environnement comprend le changement/réchauffement climatique, la pollution, l’épuisement des ressources naturelles non renouvelables suivie de la dégradation de l’environnement, la disparition de certaines espèces animales et végétales, etc. Nous connaissons certainement des phénomènes naturels comme les cataclysmes, notamment des éruptions volcaniques, des tsunamis, des inondations, la sécheresse, des feux de brousses, des tremblements de terre, des ouragans et pluies torrentielles qui dévastent tout sur leur passage. Ces phénomènes ont un impact important sur l’écologie tout en faisant partie de la même écologie. Ils entrainent éventuellement un changement de climat, des disparitions de certaines espèces végétales et animales existantes mais aussi la possibilité des nouvelles. Le soleil n’aura pas toujours la même température pour l’éternité ; et cela ne sera pas sans effets. L’aspect de la question qui nous intéresse le plus n’est pas l’aspect naturel, mais plutôt l’effet humain sur l’environnement. Il s’agira de faire « un procès d’humanisation de l’agir humain » pour reprendre les mots de l’Ethique de la responsabilité de René Simon (Simon, 1993) avec comme but ultime d’aider l’être humain à repérer et retrouver l’identité ontologique de soi.
Selon André Beauchamps, la crise de l’environnement est la crise du développement et de la croissance humaine, et plus généralement, une crise de la civilisation humaine (Beauchamps, 1993, p. 51). Face à la crise, dit-il, nous ne pouvons pas revenir en arrière pour nier la civilisation par un retour à l’état de nature. Nous ne pouvons pas non plus priver les pays en développement de leur droit d’améliorer leurs conditions de vie, de sortir de la pauvreté. N’est-ce pas la question de responsabilité humaine qui est posée ici ? Cette responsabilité est en jeu aussi dans le cas des phénomènes naturels qui causent des ruptures dans l’environnement. Ainsi, des questions subsidiaires nous interpellent : Comment répondre à la crise du changement climatique ? Comment prospérer économiquement sans polluer, ou sans affecter négativement l’environnement ? Comment prospérer sans épuiser les ressources dont les générations futures auront aussi besoin pour survivre ? Quelle est la part de responsabilité de l’être humain dans le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement ? Comment préserver les espèces du danger de disparition ? Quel style de vie adopté pour plus d’harmonie dans l’environnement ? Quelle éthique pour l’environnement ?
Le monde académique, des décideurs, de la société civile, le monde séculier comme le monde religieux, localement et globalement sont préoccupés par le problème de l’environnement. Les protocoles se suivent de manière intermittente, informés par les analyses-réflexions académiques pointues et motivés par les points de vue des sociétés civiles. Il s’agit d’une question d’actualité, une question qui nous engage tous et dans laquelle et pour laquelle nous devons nous sentir concernés. Cette question ne date pas d’aujourd’hui. C’est une question de tous les temps d’autant plus qu’elle est liée à notre survie et que, à son tour, la survie de l’environnement nous interpelle et nous interroge. La problématique de l’environnement nous exige une analyse approfondie sur ‘‘La condition de l’homme de l’homme moderne’’. D’où le sous-titre du thème : Prospérité, Pauvreté et Pollution.
Ce sous-titre est emprunté à un livre de Klaus Nürnberger, Prosperity, Poverty and Pollution: Managing the approaching crises (Nürnberger, 1999). Les trois P nous interpellent par leur impact sur l’environnement. La prospérité, la pauvreté et la pollution affectent l’environnement. Si la prospérité affecte l’environnement par l’épuisement des ressources avec la pollution conséquente, la pauvreté elle l’affecte par la pauvreté des solutions ou l’ignorance de l’impact humain sur l’environnement. Aujourd’hui, nous semblons avoir dépassé de la rivalité entre Marx et le Marché (Nürnberger, 1998). Le défi est maintenant celui de rechercher l’équilibre harmonieux entre l’économiquement raisonnable et le moralement permis. C’est sur cette problématique que les contributeurs de ce volume vont se focaliser.
En adoptant une perspective évolutive, le présent volume comportera trois publications sur les thématiques qui suivent (Les sujets proposés ne sont que des suggestions. Les contributeurs pourront partir de leur domaine d’expertise) :
Volume 19/Numéro 1: Regards rétrospectifs sur la question de l’environnement hier et aujourd’hui (articles toujours attendus).
- Qui sommes-nous dans l’environnement ? Se repérer comme être humain et sa responsabilité
- Où en sommes-nous dans la sensibilisation face à la crise de l’environnement ?
- La prospérité appauvrissante : Comment remédier à l’épuisement des ressources non renouvelables ?
- La prospérité appauvrissante : Peut-on justifier les pollueurs-payeurs ?
- La question de justice dans l’environnement : partage des ressources dans l’environnement
- La question de justice dans l’environnement : responsabilité humaine dans l’exploitation des ressources de l’environnement
- La gouvernance de l’environnement : Quelle appréciation des instruments internationaux ?
- La quête du développement face l’environnement en détresse : le droit au développement et le devoir de protéger l’environnement
- Laudato si : Quelle nouveauté ?
- La doctrine sociale de l’Eglise face à la question de l’environnement en crise
- La bible face à la crise de l’environnement
Volume 19/Numéro 2: Défis que pose l’environnement et espoirs du présent (Contributions attendues fin Août 2023)
- Besoin du développement des pays en développement face aux exigences de l’environnement : quel équilibre établir ?
- Le mythe des pollueurs payeurs : Y a-t-il une limite de polluer ?
- Environnement et la question de la justice intergénérationnelle.
- Quelle solidarité entre pays développés et pays en développement pour une gestion équilibrée de l’environnement ?
- Quelle théologie pour l’environnement ?
- Quelle philosophie pour l’environnement ?
- Les valeurs culturelles locales contribueraient-elles à la gestion, préservation et consolidation de l’environnement ?
- Quelles chances l’économie verte a-t-elle pour réussir le pari de la protection de l’environnement ?
- Comment réduire l’écart entre les accords internationaux sur l’environnement et les pratiques locaux ?
Volume 19/Numéro 3: Quelles perspectives d’avenir (Contributions attendues Fin Novembre 2023)
- Repenser l’anthropologie pour mieux faire face à la crise de l’environnement
- La problématique de l’environnement au-delà de l’idéologie et de la politique
- Gouvernance de l’environnement : équilibre entre la pratique locale et globale
- Le devoir moral de se développer face à l’impératif de protéger et conserver l’environnement
- La responsabilité humaine de l’environnement : une relecture biblique
- « Tu aimeras ton prochain comme toi-même »: implication dans la gestion de l’environnement
- Quelle approche participative à la question de l’environnement ?
- Peut-on sauver l’environnement sans sauver l’éthique de l’économie ?
- Quel développement durable pour un environnement durable ?
- Repenser l’anthropologie pour un environnement harmonieux.
- L’impératif de la justice intergénérationnelle dans la gestion de l’environnement.