VULNERABILITE ET ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES DANS LE DISTRICT DE RUSIZI

Abstract: 

This article has focused on how the climate and biophysical disturbances observed in Rusizi District impact on the rural population of Rusizi District. The overall aim of this article is to show the challenges Rusizi inhabitants face and their unfailing ability to adapt to Rusizi environment. Indeed, traditional ecology knowledge (TEK), traditional agriculture knowledge (TAK), and the climate change speed all require analysis in vulnerability and adaptation. Qualitative study and thematic analysis were used for the case study in the rural area of Rusizi District, in the south-western province of Rwanda.  Results reveal the increase in average temperatures, effects of hail rain, climate unpredictability and obvious change in the season’s cycle. Thus, the modus vivendi with agricultural and fishing activities, the sustainability and traditional ecological knowledge indicate a particular sensitivity to continuous climate stimuli. Therefore, adaptation to climate change seems progressively spontaneous in the Rusizi District despite some behaviors of despair and phobia related to the future. Insecurity is tied to the concern about what the future will hold.

  1. Introduction

 

Les changements climatiques représentent l’un des plus grands défis du XXIe siècle au niveau mondial. A l’ordre du jour des agendas internationaux depuis la première conférence mondiale sur le climat, à Genève en 1979, les changements climatiques ont d’abord été l’objet d’étude des sciences naturelles à l’exemple de la biophysique etc (OMM 1979a). Agée d’à peine une décennie, l’entrée des sciences sociales en ce domaine de recherche a grandement modifié la façon d’envisager cette problématique et les manières d’y répondre.

 

C’est d’abord sur la reconnaissance d’une participation anthropique au réchauffement du climat, par l’émission de gaz à effet de serre (GES), que les efforts scientifiques et politiques se sont concentrés. Cette participation est au cœur des stratégies d’atténuation adoptées par la communauté internationale dès les années 1980, lesquelles consistent essentiellement en une réduction des émissions anthropiques de GES. Le protocole de Kyoto demeure le symbole de cette approche (Heller etal 2003). L’atténuation s’avère une stratégie insuffisante lorsque des experts du climat révèlent l’inévitabilité de ces phénomènes qui pose alors l’importance de l’adaptation.

 

En proposant d’envisager la problématique des changements climatiques dans des dimensions autres que biophysiques ou « naturelles» et en mettant le concept de vulnérabilité au centre de la recherche, les sciences sociales ont offert de nouvelles perspectives d’analyse et révélé des enjeux jusque-là occultés. Le Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC) avance que« la vulnérabilité est fonction de la nature, de l’ampleur et du rythme de l’évolution et de la variation du climat à laquelle le système considéré est exposé, de la sensibilité de ce système et de sa capacité d’adaptation» (GIEC 2008 : 88). Constituée de l’exposition, de la sensibilité et de la capacité d’adaptation, la vulnérabilité est un concept aux formes et aux expressions multiples. De fait, il suscite de nombreux débats épistémologiques, théoriques et même sémantiques (O’Brien et al 2000).

 

Cet article est une participation à la compréhension des phénomènes de vulnérabilité et d’adaptation aux changements climatiques à l’échelle locale. L’exposition et la sensibilité d’un système évoluent en étroite relation et demeurent des éléments déterminants de la capacité d’adaptation. Les facteurs qui façonnent l’exposition et la sensibilité sont également multiples et relèvent tant des écosystèmes, de la localisation et des manifestations des changements climatiques, que des systèmes institutionnels et socioéconomiques, de la culture ou de la cohésion sociale. A l’échelle locale, la province de l’ouest du Rwanda précisément le district de Rusizi, les changements climatiques et leurs impacts sur l’environnement naturel ponctuent  désormais le quotidien des habitants.

 

La population de Rusizi ayant des savoir écologiques traditionnel (SET) et savoir agricole traditionnels (SAT) accompagner par le savoir agricole moderne (SAM) causés par l’acculturation de cette société, nous voulions savoir les stratégies à adopter par les Rusizois en vue de s’adapter à ces changements climatiques causant la vulnérabilité. Cette étude veut contribues à tout intérêt scientifique d’analyser la vulnérabilité et l’adaptation aux changements climatiques à l’échelle locale, en vue de permettre la politique de gestion durable de l’environnement pour que les Rusizois puissent militer contre le réchauffement climatique localement et globalement.

Deux questions nous ont conduits vers l’analyse. Quels sont les impacts des changements climatiques et les éléments les plus vulnérables à cerner au sein de la communauté Rurale du district de Rusizi? Comment la cohabitation de la communauté rurale du district de Rusizi  participe à la vulnérabilité et aux réponses d’adaptation aux changements climatiques?

 

Le problème de la hausse des températures moyennes et les effets d’état de la pluie grêle et de l’imprévisibilité du climat et le décalage notable dans le cycle des saisons sont à la base de la percussion de la vie socioéconomique au sein de ce district. La survie d’un mode de vie associé aux activités agricoles et de pêche ainsi que leur pérennité et la question du savoir écologique traditionnel et le savoir agricole traditionnel témoigne d’une sensibilité particulière à l’expression continue des stimuli climatiques observés à Rusizi. Les impacts biophysiques et les nouveaux enjeux qu’induisent les changements climatiques en district de Rusizi ont également des secousses sur les sphères sociales et humaines de la communauté rurale qui y vivent

 

2.Cadre théorique et méthodologique 

 

2.1. Cadre Théorique

 

Ce schéma analyse la procédure de la vulnérabilité et de l’adaptation aux changements climatiques à l’échelle locale, ce schéma a été inspiré à partir des théories des chercheurs  qui ont parlé sur la vulnérabilité et l’adaptation aux changements climatiques. Elle met au centre la communauté comme le pionnier de l’adaptation et le principal provocateur du changement climatique par les activités anthropiques causant la vulnérabilité. Elle est la locomotive menant à comprendre comment procéder à deviner les impacts des changements climatiques, la cohabitation de la communauté face aux vulnérabilités climatiques et saisir la façon dont la communauté cohabite pour  participer aux réponses d’adaptation aux changements climatiques par ses savoirs écologiques traditionnels et organisationnels à l’échelle locale.

 

2.2.La  communauté

 

Le schéma exhibe la communauté comme base, affectée par la vulnérabilité et adaptation au changement climatique. Comme le dit l’anthropologue Bonnie McCay (2001 :189), le concept communauté est multiforme et exige du chercheur d’en définir les contours. La communauté renferme l’hétérogénéité des acteurs, des intérêts communs, l’interdépendance relationnelle des individus des communautés, les cadres institutionnels dans lesquels ils évoluent. Depuis des siècles, la société humaine était organisée en suivant de méthode traditionnelle ou moderne des gestions de ressources communautaires par le système de gouvernance commune faisant recours au  processus de bas en haut qui est un mécanisme efficace répondant à la gestion de ressources naturelles et aux questions de la vulnérabilité et d’adaptation liée aux  changements climatiques.

 

2.3.Savoir Traditionnelle Ecologique (STE)

 

Le projectile reliant  la communauté à la STE fait preuve des connaissances traditionnelles que détient la communauté sur l’écologie qui la poussent à mieux savoir et sentir la vulnérabilité des changements environnementaux  lesquelles ont des conséquences de pousser la communauté a développer des mécanismes d’adaptation. L’affirmation du chercheur Berkes sur le savoir traditionnel écologique est complexe. L’auteur s’exprime en affirmant qu’il n’existe pas de définition consensuelle et universellement partagée du concept de savoir traditionnel. Ce dernier alimente de nombreux débats étymologiques en ce que l’on associe, souvent de façon interchangeable, le savoir traditionnel au savoir local, écologique, indigène ou à l’ethnoscience (Berkes 2008). Le Savoir Traditionnel Ecologique en d’autre terme, est l’ensemble des relations entre les humains et l’environnement dans une communauté respective.

 

L’homme détenant le savoir traditionnel de son environnement maitrise mieux les caractéristiques du site environnementale, les écosystèmes, les contraintes de localisation (géographique, l’environnement biophysique et naturel). Le savoir traditionnel écologique fait que la communauté sache la  nature du stimulus auquel le système lié à la transformation de l’environnement se montre sensible envers la communauté, et influe des facteurs sociodémographiques et socioéconomiques, institutionnels, politico-administratifs, fonctionnels, techniques et même  les facteurs de la cohésion sociale dans la communauté.

 

Traditionnellement, grâce son intelligibilité traditionnelle léguée par ses ancêtres  concernant les savoirs environnementaux  l’homme arrive à des multiples caractérisations des réponses d’adaptation aux changements de l’environnement en termes de détermination, du moment, de la réponse à l’échelle temporelle, réponse à l’échelle spatiale, fonctionnelle, des effets néfastes environnementaux de la transformation de forme physique et climatique.

 

2.4.La question de la vulnérabilité dans la communauté rurale du district de Rusizi.

 

La flèche joignant le SET à la vulnérabilité annonce la vulnérabilité de la communauté liée aux changements climatiques, le savoir traditionnel écologique est l’indicateur normal ou anormal de la transformation de l’environnement. Les changements climatiques liés aux transformations environnementales conduisent à la vulnérabilité communautaire. LeGroupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) signale que la vulnérabilité se décline en trois concepts dont l’exposition, la sensibilité et la capacité d’adaptation qui constituent les composantes de la vulnérabilité, tel qu’en fait écho la définition  du GIEC (2008 : 88) :

 

Mesure dans laquelle un système est sensible ou incapable de faire face aux effets défavorables des changements climatiques, y compris la variabilité du climat et les phénomènes extrêmes. La vulnérabilité est fonction de la nature, de l’ampleur et du rythme de l’évolution et de la variation du climat à laquelle le système considéré est exposé, de la sensibilité de ce système et de sa capacité d’adaptation.

 

2.5.Cadre Méthodologique

 

Pour réaliser notre travail nous avons fait recours à une méthode répondant  à des techniques de recherche qualitative pour étudier le cas de la vulnérabilité et adaptation aux changements climatiques dans  le district de Rusizi. Pour mieux mener notre recherche, nous avons privilégié  la démarche relationnelle pour susciter des contacts avec les responsables du district en charge de l’environnement et de l’agriculture sur les questions de la vulnérabilité et adaptation aux changements climatiquesNous nous sommes engagés de nous familiariser avec la population du district de Rusizi avec objectif de comprendre comment les changements climatiques affectent leurs activités quotidiennes et comment ils perçoivent  l’évolution de ces changements.  Notre curiosité observatoire nous a poussés vers l’observation de la sensibilité des changements climatiques sur la population, les reliefs et les écosystèmes du district de Rusizi.

 

Avant le déroulement de l’entretien, nous avions distribué une fiche d’approbation au sein des paysans vivant dans le district de Rusizi pour avoir leurs accords d’entretien  certaines entre eux ont accepté de participer dans l’enquête et les autres décliné la participation dans l’enquête. Pendant  l’entretienl’enquêteur prenais entre 30 et 120 minutes d’entretien avec l’enquêté, nos entretiens ont été réalisés sur les lieux de travail de chacun des répondants et ont tous été, avec leur autorisation enregistrée. Nous nous sommes mis à la disposions de faire les entretiens avec le répondant qui se déclarait être à l’aise de le faire en Kinyarwanda plutôt qu’en français. A la phase de  présentation des résultats, nous avons eu recours à la  traduction des entretiens de Kinyarwanda vers la langue française.

 

La grille de présentation des résultats correspond essentiellement au regroupement des  éléments du schéma de la procédure de vulnérabilité et adaptation aux changements climatiques de la communauté. Pour la réalisation de la phase  analytique, nous avons souhaité  dégager dans cette étude une analyse qualitative. La vulnérabilité étant difficilement réductible à des valeurs quantitatives, notre recherche a adopté  une approche qualitative, dont la  démarche analytique est la théorie ancrée. Nous avons donc entrepris un travail de manipulation et d’interprétation des données. Suite à l’enregistrement des entretiens semi-dirigés, nous en avons transcrit l’ensemble puis nous avons entamé le travail de lecture de nos entretiensNous nous sommes engagés dans le processus de codification et d’interprétation des données de façon manuelle plutôt que d’emprunter les services d’un logiciel informatique d’analyse. La tâche de l’analyste consistait alors à photocopier des extraits d’entrevues, à les découper, à les coller sur des fiches afin de rassembler ceux qui expriment une similitude thématique, à élaborer un système de codes pour créer des repères visuels. La catégorisation issue de ces opérations nous a permis l’interprétation de nos résultats et nous a poussés vers la discussion inclusive du travail. Tout au long de cette recherche, nous nous sommes souciés des considérations éthiques liées à la recherche. Pendant la distribution des fiches d’approbation tous les participants ont été avisés qu’ils pouvaient, à tout moment, décliner une question et mettre fin à l’entretien ou se retirer du projet de recherche.

 

3.Présentation de Résultats

 

Ces résultats sont présentés sous forme de synthèse. Elle est subdivisée en fonction des trois concepts constitutifs de la vulnérabilité  qu’ont retrouvée dans le schéma présenté ci-dessus à la partie du cadre théorique et méthodologique. Les facteurs de la vulnérabilité étant l’exposition, la sensibilité et l’adaptation, ont aidé à organiser nos résultats et proposer une vision d’ensemble de la problématique abordée. Intimement liés à notre étude de cas, nos résultats offrent une compréhension inédite de cette problématique à l’échelle locale. Parmi les résultats de notre enquête présentée sous trois facteurs de la vulnérabilité, le facteur de l’exposition apparait exceptionnelle par rapport à deux autres facteurs de la vulnérabilité (La sensibilité et l’adaptions). Les deux facteurs  sont présentés  plus clairement que le facteur de l’exposition. Dans le facteur de l’exposition nos interviews exposent  les circonstances climatiques et leurs conditions de vie liée aux changements climatiques que l’environnement biophysique, écosystèmes et contraintes de localisations géographiques comme on l’aperçoit  dans le schéma.

 

 

 

3.1.   L’exposition

 

Tel que l’explique Books (2003) et Smith et al (2000), l’exposition se réfère à la fois à la nature du stimulus climatique et aux attributs biophysiques du système, comme sa situation géographique, ses écosystèmes ou son climat. Les stimuli climatiques auxquels un système peut être exposé se divisent en trois grandes catégories dites temporelles, notamment le changement climatique global, les événements climatiques extrêmes et les événements climatiques très extrêmes (Brooks 2003 ; Smith et al 2000).L’être humain vivant dans une communauté a des savoirs traditionnels écologiques de sa communauté respective qui le forcent à ressentir la vulnérabilité liée aux bouleversements climatiques et à l’exposition de ces changements dans la communauté.

 

3.1.1.La pluie grêle dans le district de Rusizi

 

Des répondants de la communauté rurale du district de Rusizi rapportent des changements concernant la tombée de pluie accompagnée de la grêle dans certains secteurs du district de RusiziComme l’explique Schiesser  et ses collègues : une pluie  grêle, c’est une  précipitation sous forme de grains de glace et de neige habituellement associées en couches alternées, la pluie grêle est souvent un phénomène très local. Une cellule de grêle produit une averse de grêle occasionnant plusieurs passages de grêle au sol (Schiesser et al 1997). Les paysans des secteurs Nkanka, Gihundwe et Giheke  font l’image de la perturbation  énorme de leur vie à cause de la pluie grêle. Un habitant affirme que l’imprévisibilité de la pluie grêle les a tourmentés et affecte leur communauté :

 

Nous sommes surpris par la pluie grêle, cette  pluie grêletroue les tôles de nos maisons, nos champs,  maintenant nos enfants vont mourirLes questions des pluies grêles nous ont causé la famine et la pauvreté parce qu’on avait cultivé sans récolter.[1]

 

3.1.2. L’imprévisibilité du climat dans le  district de Rusizi

 

L’observation des changements environnementaux et climatiques mené par le Programme d’Action Nationaux d’Adaptation (PANA-Rwanda  2006), présentent les vulnérabilités actuelles, la variabilité climatique du Rwanda comme un phénomène exigeant l’intervention politico-environnementale à l’échelle local. Cette dernière, parlant de l’imprévisibilité du climat, fait singulièrement écho de cette impression. L’imprévisibilité du climat est, à l’instar de l’état de pluie grêle, une perception des changements environnementaux largement partagée par les habitats de la communauté rurale du district de Rusizi:

 

Nous souffrons du problème du décalage saisonnier dans notre district de Rusizi. La pluie s’arrête de tomber en Mi-mai, mais aujourd’hui, elle s’arrête vers la fin du mois de Mars.  Nous sommes victimes d’une saison sèche plus longue que la saison de pluie. Cela cause une production médiocre. Nous étions habitués d’avoir deux campagnes de récoltes mais, aujourd’hui, nous récoltons une seule compagne seulement à cause de manque de la pluie et quand nous l’avons, elle  est accompagnée par la pluie grêle qui entraine la production médiocre de nos champs.

 

 

3.1.3.Hausse des températures et décalage des saisons

 

Un autre changement environnemental fortement associé au réchauffement du climat est le décalage dans le déroulement des saisons. Un Rusizois avance que « vraiment les changements climatique nous fait du mal». Dans le même esprit, une femme Rusizoise affirme que face aux changements climatiques: « le problème le plus grave dans notre district est l’altération des saisons». Elle mentionne également que la saison pluvieuse est courte car elle se termine plus tôt, tandis que la période d’été commencé avant en état très rigoureux qu’auparavant et se termine plus tard. Les Rusizois illustrent le décalage des saisons dans ces mots:

 

Il y a le moment la pluie tombe ou ne tombe pas jusqu’à avoir la période sèche plus longue que la période de pluie. Notre calendrier agricole a été perturbé.  On ne cultive plus à temps à cause des décalages saisonniers

Le décalage de saison et hausse de température est à l’origine de la perturbation de calendrier agricole causant une récolte médiocre et une pauvreté profonde au sein de la communauté rurale du district de Rusizi.

3.2.La sensibilité

 

L’homme et son environnement sont naturellement sensibles aux événements changeants. Le changement climatique globale engendre les des astres physico-environnementaux et humanitaire. Les événements climatiques extrêmes rendent la communauté (dans un état) extrêmement sensible. La sensibilité se réfère au degré, auquel un système est influencé, positivement ou négativement, par un stimulus climatique, qu’il relève de la variabilité et des moyennes ou de la fréquence et la magnitude d’un événement extrême (Burton et al 2002 ; GIEC 2007b). Les caractéristiques d’occupation du territoire telles que le lieu d’implantation, les infrastructures humaines, le mode de vie, les activités humaines, l’exploitation des ressources ainsi que les conditions sociales, économiques, culturelles, politiques et environnementales d’un système participent à sa sensibilité (Smit et Wandel 2006).

 

Dans notre cadre théorique le schéma de la procédure de la vulnérabilité et adaptation  décrit les facteurs communautaires qui sont affectés par la vulnérabilité du changement climatique à l’échelle locale, particulièrement le facteur sociodémographique et socioéconomique, le facteur institutionnel, politico-administratif, le facteur physique, facteur fonctionnel, technique et même le facteur de la cohésion sociale dans la communauté. L’homme vivant dans la communauté affectée par sensibilité du changement climatique fait recours à ses savoirs écologiques traditionnels dans le but de s’adapter aux questions de la sensibilité causé par les vulnérabilités des changements climatiques.

 

3.2.1.Facteur socioculturel dans le district de Rusizi

 

Les stimuli les plus mentionnés concernent essentiellement le réchauffement climatique en ce qu’ils se rapportent presque tous à la hausse des températures et décalage des saisons enfonçant la communauté dans une situation extrêmement causer par des conséquences exceptionnelles de l’imprévisibilité du climat. Les éléments affichant la plus grande sensibilité face à ce type de changements relèvent surtout de facteurs socioculturels. La survie d’un mode de vie, associé aux activités agricoles et de pêche, ainsi que la pérennité et la transmission du savoir écologique traditionnel (SET) et du Savoir Agricole Traditionnel(SAT) Rwandais témoignent d’une sensibilité particulière à l’expression continue et progressive du réchauffement climatique dans le district de Rusizi.

 

L’effritement d’un «mode de vie ancestral» et de la transmission du Savoir Ecologique Traditionnel(SET) et Savoir Agricole Traditionnel(SAT)  de la communauté rurale du district de Rusizi est un enjeu important, souvent lié aux questions politico-agricoles accompagnés par les ambitions gouvernementales du développement forcé. Face aux projets politico-agricoles actuels instaurés par le gouvernement Rwandais, l’inquiétude liée à la perte de leur mode de vie a pris une place substantielle dans l’argumentaire de la communauté rurale du district de Rusizi. La diminution du SET et l’amenuisement du SAT lié aux stimuli climatiques observés est toutefois porteuse d’une dimension nouvelle et d’un fort sentiment d’impuissance. Illustrant ce sentiment, un habitant rurale du district de Rusizi affirme que:

 

Depuis nos ancêtres dans notre secteur d’île de Nkombo, nous vivons de l’agriculture de manioc et de la pêche parce que nos ancêtres nous ont légués une culture de la consommation de pâte de manioc accompagnée par les « Sambaza » et « Ndugu ». Aujourd’hui, nous ne cultivons plus ce que nous voulons même ces maniocs le gouvernement rwandais nous en a privé de cultiver. Ils viennent nous imposer de cultiver ce qui ne répond pas à notre culture de Nkombo en s’appuyant sur les raisons de changements climatiques et environnementaux. Quand tu oses passer outre, la police t’arrête et on te fait payer les amandes qu’on ne reçoit pas dans la récolte. L’activité de pêche léguée a changé, auparavant à l’âge 13ans, l’enfant accompagnait ses parents au lac Kivu pour apprendre la pêche, mais  quand tu n’as pas d’argent à  donner aux autorités dans le cadre de coopérative de pêcheurs tu ne peux pas exercer la pêche léguée par nos ancêtres !  Comme les originaires de l’île de Nkombo ont  peur de perdre la culture léguée par nos ancêtres à cause de la répression agricole et pêche qu’on nous impose.

A l’instant de l’enseigne des facteurs socioculturelles,

 

Le changement climatique est un problème dans notre district de Rusizi. Une période courte de pluie et une longue période sèche détruisent l’environnement de façon énorme. Les arbres Rwandais (Imiko, Imihati, Imibirizi, Imiyenzi, Imivumu n’imisave) ont disparus! Ils ont été remplacés par les arbres en provenance de l’extérieur. Le Créateur a béni nos ancêtres par la pluie et la protection de l’environnement à travers ces arbres. L’origine des problèmes réside au ramassement de tout ce qu’on voit à l’extérieur ...

Les enjeux de santé, pauvreté et de insécurité alimentaire préoccupent vivement l’ensemble des répondants de la communauté rurale du district de Rusizi. Le changement climatique et les normes imposées par les instances de l’Etat fragilisent et tourmentent la communauté rurale, qui voit cette situation difficile et les principales menaces de la perte culturelle léguée par leurs ancêtres. Un Rusizois affirme ce qui suit: Le créateur a maudit le sol rwandais à cause du non respects de la protection des espèces d’arbre Rwandaises qui ont été remplacés par les espacés exotiques qui ne répondent pas à la culture ancestrale Rwandaise.

 

3.2.2.Facteur socioéconomique du district de Rusizi

 

La communauté rurale du district de Rusizi vit depuis des siècles de l’activité agricole dont ils déclarent être légués par leurs ancêtres, les changements environnementaux, climatiques et la politique agricole draconienne du gouvernement Rwandais décourage les Rusizois à continuer à exercer l’agriculture avec envie d’opter d’autres activités non agricoles un répondant :

 

Ma vie a changé parce que je ne vis plus d’activités agricoles. Pourtant c’est l’agriculture qui me faisait vivre plus que d’autres activités. Je cultivais le café, les bananiers, les maniocs toutes les cultures ont été attaquées par les maladies. Aujourd’hui je fais le commerce et aussi il ne tient pas à cause des impôts et des taxes. 

 

3.3.La capacité d’adaptation

 

Dans notre schéma, la procédure de la vulnérabilité et d’adaptation au changement climatique met la communauté au centre de toutes choses. La communauté contient les hommes et l’environnement qui les entoure.  Le savoir traditionnel écologique communautaire  conduit  la communauté à s’adapter aux vulnérabilités des changements climatiques. Ces auteurs en dessous  affirment que les adaptions  sont généralement  référées à une aptitude à changer, à s’acclimater, à s’ajuster. Appliquée aux systèmes sociaux, l’adaptation aux changements climatiques représente une réponse d’ajustement face à un stimulus extérieur s’observant notamment par un changement de comportement individuel ou collectif, en vue de tirer avantage ou de diminuer les dommages potentiels du stimulus (Adger et Kelly 1999; Burton et al 2002; GIEC 2007b). L’aptitude des systèmes sociaux à anticiper les risques et à planifier des réponses d’ajustement, distingue fondamentalement les écosystèmes au sein desquels l’adaptation est un processus biologique qui s’exprime de façon autonome, spontanée et réactive.

 

La distinction entre écosystème et systèmes sociaux s’observe également en ce que l’adaptation au sein des systèmes sociaux ne s’autoréalise pas, au sens la capacité de s’adapter n’assure pas le processus et l’implantation des mesures d’adaptation ou un comportement adaptatif (Brooks 2003 ; Burton et al 2002 ; O'Brien et al 2004).  Dans cette optique, la capacité d’adaptation est un potentiel d’adaptation et l’adaptation, une manifestation de ce potentiel (Brooks 2003; Smit et Wandel 2006).

 

La communauté fait recours aux caractérisations des réponses d’adaptation en termes de détermination, moment, réponse à l’échelle temporelle, à l’échelle spatiale, fonction, effet, forme, et enfin, nature d’adaptation communautaire aux vulnérabilités des changements climatiques. Ces manifestations d’adaptation sont spontanées, réactives et s’expriment essentiellement au jour le jour. Un Rusizois témoigne : « Même si la période sèche se prolonge avec une période de pluie très courte détruisant nos champs jusqu’à perturber nos vies, on ne peut pas se tuer, nous essayons de nous adapter à cette situation en prenant des précautions. »

Dans le même esprit, un répondant Rusizois avoue que

 

Même si je suis surpris par le changement du calendrier agricole traditionnel rwandais lié aux changements environnementaux et climatiques, ensemble avec les autorités du district, nous essayons de nous adapter et même de prendre des mesures communautaires d’ensemble renforçant l’adaptation à ces changements.

 

Le changement climatique dans le district de Rusizi fait l’actualité menant les paysans vers une vie d’ensemble et les poussant vers la  recherche des solutions d’adaptation durable.

 

4.Discutions de Résultats

 

Les résultats présentés offrent un portrait et une compréhension des éléments d’exposition, de sensibilité et de capacité d’adaptation qui y sont vécus et perçus. Sur la base de ces résultats, les questions de notre travail trouvent très certainement réponse.

 

4.1.Vulnérabilité lié en district de Rusizi

 

Notre première question de recherche vise à comprendre si la communauté rurale du district de Rusizi est vulnérable aux changements climatiques. A cette question s’ajoute un deuxième volet, lequel cherche à cerner les éléments les plus vulnérables aux changements climatiques. Les résultats exposés nous apprennent que les changements climatiques sont perçus et vécus par la communauté rurale du district de Rusizi. Nous avons vu que l’état de la pluie grêle, l’imprévisibilité du climat, la hausse des températures et le décalage des saisons caractérisent ces éléments. En effet, les répondants avouent d’emblée partager cette vulnérabilité, comme l’avoue ce répondant Rusizois : « Généralement en tant que Rusizois, nous savons que nous tous nous sommes victimes des changements climatiques et environnementaux».

 

4.1. Hétérogénéité de la sensibilité liée aux changements climatiques en district de Rusizi

 

Nos éléments de l’exposition et de la sensibilité sont largement partagés par la  communauté rurale du district de Rusizi, cette sensibilité n’est ni vécue ni répartie d’égale façon. Cette différenciation de la sensibilité révèle de façon particulièrement éclairante l’hétérogénéité des acteurs et des intérêts d’une même communauté dont parlent Agrawal et Gibson (2001). Nos résultats indiquent en effet que la perte du savoir écologique traditionnel et la question  de la sécurité affectent l’ensemble de la communauté Rusizois au sein de la sensibilité. Ils vivent des sentiments de peur, d’inquiétude et d’angoisse, comme le constatent certains répondants:Quand la pluie tombe partout on est, on a peur! Dans les secteurs de Nkanka, Giheke on a les problèmes de la pluie grêle mélangée de vent violent.  Un autre enquêté ajoute ceux-ci:

 

Les changements environnementaux et climatiques accentuent la famine des paysans du district de Rusizi. Dans beaucoup de ménages les enfants en souffrent. Ils manquent de quoi manger! Dans la vie paysanne nous étions habitués à voir nos enfants manger toute la journée, mais ils mangent une seule fois par jour parce que nous cultivons sans récolter. Du fait que nos enfants passent toute la journée en train de vagabonder dans des champs des familiers et des voisins cela est à l’origine de mésententes et des disputes entre les familiers et les voisins. Les problèmes des changements climatiques et environnementaux font que l’humanisme disparait.

Dans le distinct de Rusizi l’écart générationnel de la sensibilité est perçu de façon hétérogène. Selon les Rusizois,  le manque de nourriture affecte les enfants et les personnes âgées plus que d’autres membres de la communauté rurale du district de Rusizi.

4.2.Hétérogénéité de l’adaptation en district de Rusizi

 

A l’instar de la sensibilité, l’adaptation est grandement hétérogène comme l’avance Neil Adger et ses collègues, dans leur contribution au GIEC: «adaptive capacity is also highly heterogeneous within a society or locality and for human populations, it is differentiated by age, class, gender, health and social status» (GIEC 2007: 729). Les répondants révèlent que lors des épisodes de canicules les plus prolongées dans certains secteurs du district de Rusizi, les plus jeunes des secteurs entourant la vallée de Bugarama achètent les ventilateurs pour faire aérer leurs maisons.

 

Cette expression de l’adaptation est un comportement inaccoutumé que les aînés de la communauté rurale du district de Rusizi n’ont jamais vécu du temps de leur jeunesse. Ces aînés originaires et vivant dans le secteur entourant la vallée de Bugarama n’hésitent pas aujourd’hui à adopter cette nouvelle technologie s’introduisant dans leurs secteurs en vue de s’adopter à une chaleur pertinente au sein de ces secteurs. La stratégie d’abord individuelle et communautaire, le recours à l’aération par les ventilateurs démontre la multitude des niveaux de gestion de la vulnérabilité au sein desquels évoluent les réponses d’adaptation et d’autre part, l’interdépendance de l’échelle locale.

 

4.3.Le savoir écologique traditionnel et les changements climatiques en district de Rusizi

 

Dans la présentation de la problématique : « Quelle est la réponse à l’adaptation aux changements climatiques en district de Rusizi ?», on n’a pas voulu  ignorer le poids du savoir écologique traditionnel (SET). Nos résultats nous apprennent qu’il est, pour l’heure, l’un des éléments les plus sensibles aux changements climatiques. Cette fragilisation du SET génère des éléments de réponse sur deux perspectives: celle de la recherche liée aux changements climatiques et celle de l’adaptation à leur impact. Face aux changements climatiques, aucun système cognitif ne peut, seul, expliquer ou prédire l’issue des actuels changements climatiques (Berkes 2008). Pour de nombreux chercheurs, les changements climatiques conviennent à la recherche non seulement à l’interdisciplinarité des domaines scientifiques  (sciences naturelles et sciences sociales), mais également à d’autres domaines de savoir en plus du système institutionnalisé, dit scientifique (Adger et Kelly 1999; Füssel et Klein 2006; O'Brien et al 2004; Smit et Pilifosova 2003).

 

La richesse du savoir écologique traditionnel, basé sur une connaissance empirique, diachronique et localisée est, ainsi,  de plus en plus recherchée et valorisée par les chercheurs qui s’intéressent aux changements  climatiques. Les études qui adoptent désormais une perspective de recherche basée  sur la communauté impliquant ses membres et l’inclusion de leur savoir sont nombreuses. Un répondant Rusizois nous a confiés:

 

Les adages rwandais nous disent que, ceux qui viennent de loin agissent après la tombée de la pluie! La vache en allant brouter commence par les herbes de l’enclos!Etant âgé, je pense que les rwandais ont l’intelligence et la connaissance traditionnelle de lutter contre les aléas du changement climatique plus que ces connaissances étrangères que vous nous apportez. En nous mettant ensemble, nous pouvons appliquer les savoirs traditionnels de nos ancêtres qu’ils usaient pour résoudre leurs problèmes. … Quand le Rwanda avait ces espèces d’arbres traditionnels, il y avait moins de problèmes environnementaux et climatiques! Pour revenir à nos origines traditionnelles, environnementales et climatiques, je souhaiterais avoir les clubs des jeunes dirigés par les sages et experts en matière de l’agriculture traditionnelle rwandaise en vue d’un environnement et d’un climat saints.

 

Dans le district de la Rusizi, la mixité des systèmes cognitifs dans la recherche se traduit par la nostalgie du système agricole, environnementale  et climatique traditionnel chez les Rusizois plus âgées. Les rwandais ont tendance d’ignorer les systèmes modernes mis en œuvres par les autorités actuelles à travers des projets communautaires agricoles et environnementaux qu’ils accusent d’être à l’origine de nombreux changements dans leurs district de Rusizi. Aussi avons-nous admiré la richesse du savoir écologique traditionnel des gens de Rusizi quant au changement climatique et environnemental:

 

Avant les gens faisaient le pacte avec la terre et l’environnement quand ils arrivaient aux périodes de semer. Chaque parent appelait ses enfants de moins de dix ans pour qu’ils puissent faire le pacte avec la terre et l’environnement. Très tôt, avant de prendre le petit déjeuner, chaque enfant plantait une semence qui procurait à manger et un arbre qui ne procurait pas à manger parce que les parents croyaient à la bénédiction de Dieu à travers leurs enfants. Les parents accompagnaient leurs enfants avec l’enseignement qui leurs interdisaient d’abîmer une plante non encore mûre car cela pourrait causer la mort subite à l’être humain! Les parents demandaient à leurs enfants de bien protéger cette plante pour échapper à ce châtiment. Les enfants plantaient les arbres qui répondaient à la croyance de la culture rwandaise comme « Umuko, Umusave » et surtout « Umuvumu»que les Rwandais croyaient abriter les esprits des ancêtres. La négligence de la croyance culturelle rwandaise pour la protection des arbres est la cause des changements climatiques et environnementaux observée aujourd’hui.

 

Cependant, dans  la revue de la littérature sur le Rwanda, nous n’avons trouvé aucune recherche expliquant cette affirmation de notre répondant.

 

 

 

 

4.4.Le savoir écologique traditionnel et l’adaptation

 

La deuxième perspective concerne l’adaptation elle-même. Le savoir écologique traditionnel occupe une place fondamentale dans la capacité d’adaptation comme le témoigne ce Rusizois :

 

Comme êtres humains, nous les Rusizois nous tendons à une intelligence et l’expertise de nous adapter aux changements climatiques et environnementaux. Nous essayons de deviner les caractéristiques des saisons en lien avec le calendrier ancien et calendrier saisonnier actuel. Nous observons la dégradation de la fertilité du sol en le comparant à celle de l’ancien rendement. Nous observons le débit des rivières, disparition des espèces d’herbes et les forêts comme conséquence du changement climatique et environnemental. ...tout cela en vue de nous adapter

 

Le savoir écologique traditionnel conduit le rwandais à s’adapter aux phénomènes climatique et environnemental. Pour répondre à la question de la vulnérabilité, les Rusizois favorisent les échanges intergénérationnels entre les jeunes et les aînés pour s’adapter, notamment  à travers les clubs ruraux pour l’environnement.

 

4.5.Face aux changements climatiques

 

Notre deuxième question de recherche visait à comprendre si la cohabitation de la communauté rurale du district de Rusizi participe à la vulnérabilité et à l’adaptation aux changements climatiques. Pour répondre aux changements climatiques, la cohésion sociale est un facteur important. La cohésion sociale est fondamentale pour l’adaptation et la réduction de la vulnérabilité. Selon Tubiana, Gemenne et Magnan (2010: 60) « la nature et la stabilité des relations entre individus expliquent le degré de solidarité dont une communauté peut faire preuve pendant et après une crise, voire bien avant dans le cas de stratégies d’adaptation proactives». Plusieurs répondants affirment que les changements climatiques représentent, au même titre que les projets de développement et de sécurité dans le district de Rusizi, une occasion de rencontrer et la solidarité :

 

Les problèmes du changement climatique nous ont affecté tous de la même manière dans  ce pays…!Il nous faut ressembler nos forces pour lutter contre ce changement notamment en faisant attention aux programmes du gouvernement qui nous sensibilisent à mettre en pratique les accords internationaux que le Rwanda a signés pour combattre les réchauffements planétaires, réduire les aléas climatiques, protéger l’environnement pour l’avenir de nos descendants sans tenir compte de nos origines, car les effets négatifs des changements climatiques ne choisissent pas l’ethnie. Les changements climatiques et environnementaux aujourd’hui nous exige de rassembler nos énergies pour pour l’intérêt des Rwandais et le monde entier!

 

La communauté rurale de Rusizi fait donc l’effort pour faire face au changement climatique pour  réduire  les effets des aléas climatiques afin de s’adapter. Le Rwanda fait recours à des stratégies de lutte contre la désertification en soutenant la politique de reboisement et recourant au fonds du crédit Carbonne. Pour  lutter contre l’infertilité du sol, le Rwanda a pris les techniques environnementales qui favorisent l’adaptation :

 

Pour combattre l’infertilité de sol, nous luttons contre les inondations et les éboulements de terre sur les versants de nos collines en faisant les courbes de niveaux nous plantons les arbres, nous faisons le captage des eaux de nos maisons. Tout cela fait que nos terres ne soient pas emportées par les inondations et les éboulements qui aggravent l’infertilité de notre sol.

 

Le Rwanda comme pays qui prône la décentralisation du pouvoir recourt à une politique de la consultation à la base pour répondre au problème de la vulnérabilité environnementale et climatique dans la communauté rurale du district de Rusizi :

 

Quoi qu’on s’adapte aux aléas du changement climatique et environnemental, souvent pendant les travaux communautaires (Umuganda) avec les autorités et les agronomes, nous nous rassemblons au dernier jour du mois pour voir quoi faire ensemble. On échange l’information sur nos champs détruits par la pluie, longue saison sèche ou des maladies qui attaquent les plantes de nos champs. Comme solution nous remplaçons  ces plantes par de nouvelles espèces qui s’adaptent à l’environnement et saison actuelle.

 

La démographie galopante dans le district de Rusizi est à l’origine des multiples activités anthropiques causant la dégradation environnementale et les vulnérabilités climatiques qui influent sur le comportement et la santé mentale de certains membres de la communauté rurale du district de Rusizi. Ces comportements tournent autour des désespoirs et la crainte de l’avenir de leurs enfants qui ne parviennent plus à satisfaire leurs besoins quotidiens. Les Rusizois souffrant de la pauvreté et de la famine causée par des aléas climatiques sont obligés de trouver des solutions durables à la dégradation de l’environnementale et le changement climatique.

 

 

 

 

Conclusion

 

Les changements climatiques représentent un des plus grands défis du XXIesiècle. Ils mobilisent, sur les scènes tant internationales que nationales et locales, des efforts politiques et scientifiques considérables. D’abord l’objet des sciences naturelles, puis des sciences sociales, les changements climatiques ont suscité un effort d’interdisciplinarité au sein de la recherche. C’est autour des années 2000 que l’arrivée des sciences sociales et humaines en ce domaine propose d’envisager les concepts de vulnérabilité et d’adaptation aux changements climatiquesDans cet article, notre cadre du travail s’est centré sur une définition composite de la vulnérabilité que propose le GIEC: la vulnérabilité est constituée de trois concepts: l’exposition, la sensibilité et la capacité d’adaptation. L’exposition et la sensibilité se réfèrent respectivement aux éléments exogènes et endogènes du système étudié, et de ce fait sont difficilement dissociables. La capacité d’adaptation se réfère quant à elle à une aptitude à changer, à s’ajuster. A l’instar de l’exposition et de la sensibilité d’un système, la capacité d’adaptation et la vulnérabilité se côtoient intimement puisqu’elles sont considérées comme inversement proportionnelles

 

La vulnérabilité se révèle ainsi éminemment hétérogène et demeure difficile à cerner et à quantifier. L’exposition, la sensibilité et la capacité d’adaptation qui composent la vulnérabilité d’un système ne sont ni des éléments fixes dans le temps ou l’espace, ni des éléments imperméables les uns aux autres. Plutôt, ils s’inscrivent tous dans un processus dynamique et évolutif au sein duquel ils changent et s’influent mutuellement. Bien qu’elle soit inscrite au sein d’une multitude d’échelles, la vulnérabilité, ses composantes et ses subtilités se manifestent surtout à l’échelle locale. 

Pour la composante empirique, à l’aide d’entretiens semi-dirigés, nous avons interrogé trente répondants du district de Rusizi, afin de saisir leurs perceptions des changements liés au climat et les préoccupations qu’ils engendrent. Les résultats indiquent que la vulnérabilité est répartie et vécue de façon similaire. Les répondants caractérisent de la même façon les éléments de l’exposition: l’imprévisibilité du climatpluie de grêle, la hausse des températures ainsi que le décalage saisonnier qui lui est associé sont parmi les changements les plus remarqués.

 

L’impact des changements climatiques affectent surtout le savoir écologique traditionnel, le savoir agricole traditionnel et représentent des préoccupations de santé et de sécurité alimentaire. Les résultats indiquent que si cette sensibilité affiche une certaine homogénéité entre les Rusizois, elle se manifeste aussi de façon hétérogène au sein de Rusizois. A l’instar de l’exposition et de la sensibilité du système, la capacité d’adaptation se manifeste de façon relativement similaire. Chez Rusizois l’adaptation aux changements climatiques s’exprime au jour le jour, par des réponses spontanées et réactives. Cette homogénéité de l’adaptation entre Rusizois n’empêche toutefois pas une certaine hétérogénéité dans les mesures spécifiques de l’adaptation, notamment en y inculquant le savoir écologique traditionnel(SET) accompagné du savoir agricole traditionnel(SAT). La rapidité à laquelle évoluent les changements climatiques fait toutefois poindre certaines dispositions pour la rencontre et le dialogue. En effet, l’inhabituelle, l’extrême pauvreté et l’énorme famine liée aux aléas climatiques dans la communauté rurale de Rusizi sont au cœur des événements importants. Ils poussent les Rusizois au désespoir et une phobie causée la capacité de satisfaire les besoins quotidiens de leurs enfants. L’analyse de leurs effets et leur prise en compte devaient faire partie prenante de l’étude approfondie des éradications des phénomènes de vulnérabilité liée aux changements climatiques et l’adaptation physico-psychique liés aux changements climatiques auprès de la communauté rurale du district de Rusizi.

 

Remerciement :Nous remercions Dr Ragnhild Nordås, chercheuse a PRIO (Peace Research Institute Oslo) en Norvège, pour ses conseils scientifiques pendant la recherche ainsi que Beng Riro Twikander qui nous a accompagné par les moyens logistiques.

 

 


[1]Traduit du Kinyarwanda

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