Abstract:
The implementation of the New Partnership for Africa's Economic Development (NEPAD) involves an external financial resources mobilization. The official development aid emerges as the main channel for financing the African countries excluded from financial markets by the eighties debt crisis. The purpose of this study is to examine how African countries can overcome the constraint of external funding. It shows that the increase in capital inflows is inseparable from the improvement of governance. However, the negative coefficient in the growth model of development assistance shows that it is influenced by other factors such as the impact of expansionary fiscal policies of OECD countries.
1. Introduction
Avec la mondialisation, marquée par un désintérêt frappant pour les régions où la dynamique de croissance industrielle semble inexistante ou artificielle, la recherche d’une nouvelle vision de développement capable de transformer l’Afrique et placer les pays africains individuellement et collectivement sur la voie de la croissance et du développement durable devient une nécessité. La réponse africaine à cette nouvelle donne semble être le Nouveau partenariat pour le développement économique de l’Afrique (NEPAD) qui se veut une vision à long terme du développement de l’Afrique par les africains eux-mêmes.
Le NEPAD est né au sommet extraordinaire de l’OUA tenu au Nigeria le 23 octobre 2001, de la fusion de deux plans : le plan OMEGA du président Abdoulaye Wade (Sénégal) et le plan d’action pour le partenariat africain du millénaire (MAP) des présidents Thabo MBEKI (Afrique du Sud), Olusegum Obasanjo (Nigeria), Abdelazi Bouteflika (Algérie) et Hosni Moubarak (Egypte).
Cependant, la mise en œuvre du NEPAD, comme pour tout programme de développement des pays africains, implique une mobilisation des ressources financières. Le NEPAD s’est fixé un objectif majeur, celui de réduire la pauvreté et les inégalités en Afrique. Pour cela une condition doit être remplie, celle de réaliser une croissance annuelle de 7% d’ici 2015. De même, l’Afrique a besoin de combler un déficit annuel de 12% de son PIB, soit 64 milliards de dollar américain par an.
Le processus de croissance, à travers le NEPAD, fait du financement extérieur une des conditions de son efficacité. Cependant, le financement extérieur comporte à la fois des fonds publics et des fonds privés. Pour la plupart, le financement public bénéficie des conditions privilégiées. Il est composé pour une grande part de dons et des prêts préférentiels pouvant porter sur plusieurs dizaines d’années et assortis d’une période de franchise significative. Ces flux connus sous le nom d’aide publique au développement (ADP) sont financés par les budgets nationaux des pays industrialisés.
L’aide publique au développement consentie à des conditions très libérales représente environ 90% du montant de l’ensemble des dons et crédits nets de sources officielles. En termes réels, l’effort d’aide au développement, qui avait fortement augmenté dans les années soixante dix et quatre vingt, s’est contracté de 25% dans les années quatre vingt dix par rapport à la moyenne des années quatre vingt (Banque mondiale 2001).
L’aide publique au développement, malgré une inflexion récente, tend à baisser depuis la chute du mur de Berlin (Philippe Hugon, 2006). Le financement privé comporte quatre éléments : l’investissement direct étranger ; l’investissement de portefeuille ; les prêts bancaires et les crédits à l’exportation. En dépit de l’extrême liquidité du marché financier, l’accès au crédit bancaire international est aujourd’hui très limité à un groupe assez restreint de pays à croissance rapide, disposant de ressources naturelles importants.
L’Afrique a un accès limité aux marchés internationaux de capitaux et les marchés financiers sont quasiment inexistants exception faite de la place de Johannesburg (Hugon, 2006). On note une faible attractivité des fonds privés par les pays africains. Les taux de l’investissement privé sont en effet, toujours très faibles dans certains pays africains. Par exemple, ils étaient entre 12,5 et 13% au Mali, Mozambique et Ouganda en 2000 et en dessous de 11% au Burkina Faso, alors qu’en moyenne pour l’Afrique dans son ensemble, ce taux était proche de 14% (Berthélemy, 2002).
Une série de mesures a été prise pour attirer plus d’investissements directs étrangers en Afrique, mais il reste beaucoup à faire pour renforcer les cadres économiques et sociaux dans la région. Exception faite de certains secteurs, tels le pétrole, ou d’effets de la privatisation dans l’agroalimentaire, les télécommunications, la distribution et le transport, l’Afrique attire environ 1% seulement des IDE mondiaux (10 sur 1000 milliards de dollars) (Philippe Hugon, 2006).
Notre étude intervient dans un contexte où les changements au niveau mondial influencent aussi bien la politique des investissements directs étrangers (IDE) que la politique d’aide publique au développement (APD) des institutions financières internationales (Banque mondiale et FMI). Les problématiques des IDE et des APD sont en train de se transformer à cause des profondes mutations tant sur le plan de la stratégie des firmes multinationales que sur le plan de la politique d’aide de la Banque mondiale et du FMI. Les questions fondamentales sont posées de façon différente et les déterminants des IDE et des APD ne paraissent pas trop clairs.
Les acteurs (Entreprises, Banque mondiale et FMI) censés déterminer les règles du jeu, les nouvelles stratégies (fusions et acquisitions), les nouvelles formes d’octroi d’aide (initiative PPTE), mettent en évidence l’importance accrue des rendements d’échelle croissants, de la baisse des coûts, de la demande et de l’accessibilité des marchés…, de l’ajustement macroéconomique, de la démocratie, de l’élimination de la pauvreté, etc., comme facteurs déterminants des IDE et des APD.
Exclus des marchés financiers par la crise de la dette des années quatre vingt, l’aide publique au développement apparaît aujourd’hui comme le principal canal du financement extérieur pour les pays africains qui ont atteint le seuil de tolérance pour leur dette extérieure et leur financement sur le marché international des capitaux. Aussi, devons-nous nous poser la question suivante : Les pays africains sont-ils capables de mobiliser l’épargne extérieure nécessaire pour financer le NEPAD ? A cette question, le NEPAD apporte une réponse en soulignant que l’augmentation des apports de capitaux est inséparable de l’amélioration de la gouvernance et de la perception de l’Afrique comme un continent moins risqué. Les programmes préconisés par la Banque mondiale et le FMI dans le cadre de l’initiative PPTE qui, selon Paillet Sandrine (2002), devrait faire économiser 54 milliards de dollars de remboursement aux pays bénéficiaires, mettent en avant la bonne gouvernance. Mais l’on se demande si l’attractivité du financement extérieur sera au rendez-vous, lorsqu’on sait que la mauvaise gouvernance économique et politique caractérise le mode de gestion des gouvernement de la plupart des pays africains.
L’objet de cette étude est d’examiner les mesures que peuvent prendre les pays africains pourront aplanir la contrainte d’épargne extérieure afin de financer le NEPAD. L’accent est mis sur les pays pauvres très endettés, car la communauté internationale est de plus en plus consciente que la situation d’endettement extérieur intolérable compte parmi les facteurs à l’origine du manque de vigueur de la croissance économique, de la persistance de la pauvreté et de la faiblesse de l’action sociale dans ces pays (environ 33 pays).
Nous comptons débattre de cette situation à travers les points suivants : 1)- les conditions du NEPAD d’attractivité du financement extérieur ; 2)- les liens entre les apports des capitaux étrangers (APD) et les éléments de gouvernance.
2. Les conditions du NEPAD d’attractivité du financement extérieur
Le financement extérieur était reconnu, depuis la conférence de Bretton Woods, comme nécessaire pour les besoins de reconstruction et du développement, car le développement peut être entravé par le manque de capitaux nécessaires aux investissements. Dans un monde où l’essentiel de la recherche, du développement et des innovations est assurée par les grands groupes multinationaux, nous nous intéressons à l’investissement direct étranger (IDE) qui comprend de nombreuses opérations transnationales entre entités liées au sein des structures détenues par les entreprises multinationales. De même, la contrainte de l’endettement international qui pèse sur les pays africains pauvres nous pousse à porter un regard sur l’aide publique au développement.
2.1. Les initiatives du NEPAD pour mobiliser les capitaux privés et leurs limites
2.1.1. Les initiatives pour la captation des capitaux privés
Le NEPAD soutient que l’Afrique a besoin d’investissements dans des domaines cruciaux tels que les infrastructures, les technologies de l’information et de la communication (TIC), les services sociaux et l’agriculture. Pour promouvoir l’accroissement des flux des capitaux privés vers l’Afrique, le NEPAD demande aux pays africains de prendre les mesures suivantes :
- Créer un groupe d’étude qui sera chargé d’examiner la législation et la réglementation relatives aux investissements en vue de réduire les risques et de promouvoir l’harmonisation des textes en Afrique ;
- Evaluer les besoins en instruments financiers et effectuer une étude de faisabilité afin de limiter les risques que comportent les affaires en Afrique ;
- Lancer une initiative visant à renforcer les capacités nationales pour mettre en œuvre les Partenariats entre les secteurs public et privé ;
- Créer un groupe de travail qui sera chargé de l’intégration des marchés financiers pour accélérer l’intégration de ces derniers grâce à l’adoption d’un cadre législatif et réglementaire international uniforme et à la création d’un cadre unique pour le commerce africain
Aussi, la première des priorités du NEPAD est-elle de s’attaquer à la perception de l’Afrique par les investisseurs comme étant un continent à « haut risque » du fait de l’insécurité des droits de propriété et des insuffisances des réglementations et des marchés. La deuxième priorité est de mettre en œuvre un programme de renforcement des capacités en partenariat public/privé. Le NEPAD prône l’établissement de partenariats public/privé entre l’Etat, le marché et la société civile.
Avant le NEPAD, les initiatives africaines en faveur du développement (Plan d’Action de Lagos) reflétaient la pensée de l’époque où le développement devait être dirigé par l’Etat. Avec le NEPAD, l’orientation idéologique et la vision du rôle de l’Etat dans le processus de développement sont inséparables de la littérature sur le développement des institutions néolibérales, notamment celle de la Banque mondiale et du FMI.
L’atelier régional de Brazzaville sur « la maximisation de l’impact de l’industrie pétrolière sur le développement des pays de l’Afrique centrale » tenu du 13 au 14 juillet 2005 a confirmé les enjeux qui s’adressent à l’Afrique centrale à travers le financement de projets d’infrastructures régionaux et la promotion de partenariats tripartites comprenant les industries pétrolières pour le soutien du développement local et régional.
Toutefois, ce financement de projets par les compagnies pétrolières, ne peut se faire qu’au prorata de la part de production qui devait revenir à l’Etat. Ainsi, les grands projets intégrateurs seront financés par les ressources de l’Etat. Aucun privé ou ONG des pays africains n’a les moyens pour financer des grands projets d’infrastructures. Plusieurs ONG et entreprises privées n’existent que grâce aux ressources de l’Etat.
Aussi, la mobilisation du financement extérieur se réduit-elle à celle des ressources de l’Etat provenant de l’exploitation des ressources du sol et sous sol. Tout se passe comme si l’Etat africain anticipait sur les ressources des générations futures pour financer les projets actuels.
Une autre priorité du NEPAD est la promotion de l’amélioration des marchés financiers domestiques, leur harmonisation et leur intégration par delà les frontières. Cette priorité s’appuie sur la thèse de l’approfondissement financier. Dès la fin des années soixante, certains auteurs ont montré la corrélation négative qui pouvait exister entre les flux financiers extérieurs et l’épargne intérieure (ou privée) dans les pays en développement. Il fallait donc pour cela prendre des mesures de soutien à l’épargne privée qui comprennent la réforme du secteur financier et le rétablissement des intérêts réels positifs.
Ces réformes sont inspirées des thèses de Shaw-McKinnon. L’épargne en général et principalement l’épargne intérieure est une importante question pour la croissance à long terme. La thèse de l’approfondissement financier de Ronald McKinnon (1973) apporte une contribution fondamentale à la libéralisation financière. Il reformule la fonction de demande de monnaie, et affirme la nécessité d’accroître le rendement[1] des encaisses monétaires pour dissocier les fonctions d’épargne et d’investissement et créer ainsi un véritable marché financier. Ainsi, si les encaisses augmentent, le volume de l’investissement s’accroît : c’est l’effet d’adduction entre la monnaie et l’investissement. Avec un taux de rendement des encaisses supérieur, les prêteurs accroissent leurs avoirs monétaires car le risque se réduit ; les fonds prêtables augmentent. Les emprunteurs potentiels peuvent alors augmenter leur taux d’investissement en recourant à un financement externe plus abondant, donc à un coût qui décroît.
Dans cette thèse de McKinnon, il se pose le problème de taux d’intérêt optimal. Pour ce dernier, c’est le taux des marchés mondiaux des capitaux. L’Etat peut instituer aussi un taux de change glissant, le réajustant par de fréquentes et petites dévaluations en fonction du différentiel d’inflation avec les principaux pays partenaires (système de la crémaillère oucrawling peg).
2.1.2. Les limites des initiatives du NEPAD pour la captation des capitaux privés
La première priorité de s’attaquer à la perception de l’Afrique par les investisseurs comme un continent à « haut risque » peut s’avérer vaine si l’Etat africain restecet Etat dont le gouvernement se fonde sur la parenté, l’ethnie, la région, l’appartenance politique et la religion qui constituent le principal stade de sa reconnaissance. Le comportement d’un gouvernement qui se fonde sur la parenté, l’ethnie, la région et l’appartenance politique se matérialise par un niveau élevé des dépenses militaires en vue de la réduction des risques de son renversement suite à une insurrection et par la dictature en faveur de son clan qui opprime les autres (Azam & Mesnard, 2003). La religion à laquelle on fait allusion ici n’est autre que l’appartenance à des sectes où sont issus la plupart des « cadres » à qui l’on confie les postes clés dans l’appareil productif et dans les instances politiques afin de disposer des ressources politiques stratégiques.
Cette situation des pays africains conduit à la mauvaise gouvernance marquée par de politiques publiques inappropriées auxquelles naissent des activités non productives et de recherche de rentes qui compromettent la croissance. Dans ces Etats rentiers, on note aussi des inégalités qui constituent un frein à la performance économique et enferment ces Etats dans de mauvaises voies de développement et par l’intermédiaire même d’institutions dites démocratiques. qui les perpétuent. La nature de l’Etat africain est telle qu’elle compromet l’activité productive et donc la captation des IDE.
Au niveau de ces sectes, les alliances sont telles qu’un frère ne peut attenter à la vie d’un autre frère ce qui rassure et permet de pérenniser le pouvoir. Ces alliances sont des sources de gaspillages des maigres ressources de l’Etat qui se traduisent par la surfacturation des investissements et de placements dans les paradis fiscaux des fonds alloués au gouvernement par les bailleurs.
Aujourd’hui, cette situation dans certains pays africains est marquée par une généralisation des conflits armés, allant jusqu’au delà des frontières dans l’intention de pourchasser les « rebelles ou insurgés » et donc d’aider à l’installation d’un « frère », qui rassure, à la tête d’un Etat voisin.
La théorie de l’adaptation institutionnelle (Wilhems, 1998, cf. Ayoub 2002) souligne que l’amélioration de la capacité gouvernementale du pays permet à celui-ci de développer une politique efficace d’attractivité des IDE.
Le NEPAD semble ignorer aussi que pour attirer et retenir des IDE dans un pays, il faut présenter certains avantages qui soient nettement meilleurs que les autres pays, c'est-à-dire être plus compétitif/attractif que les autres. En effet, depuis le début des années quatre vingt dix, les investissements se sont progressivement détournés des formes traditionnelles de l’investissement international onéreuses (transplants, création de filiales) ou risquées (cession de licences), pour s’orienter vers les fusions et acquisitions, opérations de croissance externe par lesquelles une entreprise prend le contrôle d’une autre entreprise en acquérant une partie de son capital (Alcabas et al, 2000).
Tableau n° 1 : Stock des IDE entrants et sortants en $US aux prix courants et taux de change courants en millions (Source : CNUCED 2008)
ANNEE |
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
|
Monde |
IDE entrant |
10050884,9 |
12404438,6 |
15660498,3 |
14909288,6 |
IDE sortant |
10603661,8 |
12953545,9 |
16226586,4 |
16205662,9 |
|
Économies en développement |
IDE entrant |
2722292,0 |
3363925,4 |
4393354,3 |
4275982,0 |
IDE sortant |
1283693,7 |
1731556,6 |
2360772,3 |
2356649,5 |
|
Économies en transition |
IDE entrant |
273428,7 |
395251,5 |
676060,7 |
420413,9 |
IDE sortant |
152043,4 |
222815,2 |
387062,4 |
225387,4 |
|
Économies développées |
IDE entrant |
7055164,2 |
8645261,7 |
10591083,4 |
10212892,6 |
IDE sortant |
9167924,7 |
10999174,0 |
13478751,7 |
13623626,1 |
|
Économies en développement : Afrique |
IDE entrant |
273151,5 |
339635,1 |
424315,5 |
510511,1 |
IDE sortant |
52533,0 |
66582,7 |
89138,5 |
97957,7 |
|
Afrique orientale |
IDE entrant |
22849,3 |
27060,5 |
33358,7 |
39351,5 |
IDE sortant |
805,6 |
908,2 |
1053,1 |
1096,5 |
|
Afrique centrale |
IDE entrant |
30285,9 |
35020,3 |
39752,9 |
61479,2 |
IDE sortant |
876,8 |
1176,3 |
1891,9 |
4559,8 |
|
Afrique septentrionale |
IDE entrant |
84533,8 |
116106,1 |
149507,1 |
173636,7 |
IDE sortant |
3908,1 |
3981,3 |
9186,5 |
17718,6 |
|
Afrique australe |
IDE entrant |
83594,1 |
92829,0 |
116696,0 |
125115,2 |
IDE sortant |
38602,5 |
51671,8 |
67271,1 |
63457,4 |
|
Afrique occidentale |
IDE entrant |
51888,4 |
68619,2 |
85000,8 |
110928,5 |
IDE sortant |
8340,0 |
8845,1 |
9735,8 |
11125,4 |
|
Économies en développement: Amérique |
IDE entrant |
817560,1 |
933610,3 |
1125109,4 |
1181615,7 |
IDE sortant |
335424,2 |
430344,6 |
500548,1 |
561432,9 |
Tableau n° 2 : Flux des IDE entrants et sortants en dollars américains aux prix courantset taux de change courants en millions.
ANNEE |
|
2005 |
2006 |
2007 |
2008 |
Monde
|
IDE entrant |
973329,1 |
1461074,1 |
1978837,9 |
1697353,2 |
IDE sortant |
878987,6 |
1396915,5 |
2146521,6 |
1857734,0 |
|
Économies en développement
|
IDE entrant |
329291,5 |
433763,7 |
529344,2 |
620733,3 |
IDE sortant |
122707,3 |
215281,9 |
285486,0 |
292710,1 |
|
Économies en transition
|
IDE entrant |
30948,2 |
54548,2 |
90866,1 |
114361,2 |
IDE sortant |
14308,2 |
23723,9 |
51504,7 |
58495,7 |
|
Économies développées
|
IDE entrant |
613089,3 |
972762,3 |
1358627,6 |
962258,7 |
IDE sortant |
741972,2 |
1157909,7 |
1809530,9 |
1506528,2 |
|
Économies en développement : Afrique
|
IDE entrant |
38222,5 |
57058,0 |
69170,4 |
87647,4 |
IDE sortant |
2315,6 |
7170,6 |
10614,5 |
9309,1 |
|
Afrique orientale
|
IDE entrant |
2070,3 |
3497,8 |
5970,5 |
5990,5 |
IDE sortant |
60,5 |
78,7 |
211,6 |
136,8 |
|
Afrique centrale
|
IDE entrant |
9520,6 |
13835,9 |
15421,7 |
21726,3 |
IDE sortant |
291,6 |
302,6 |
971,2 |
2674,8 |
|
Afrique septentrionale
|
IDE entrant |
12235,3 |
23154,7 |
24786,4 |
24000,8 |
IDE sortant |
364,1 |
134,4 |
5545,4 |
8634,8 |
|
Afrique australe
|
IDE entrant |
7278,1 |
474,2 |
7058,0 |
9961,0 |
IDE sortant |
948,8 |
6107,6 |
3018,6 |
-3530,8 |
|
Afrique occidentale
|
IDE entrant |
7118,3 |
16095,4 |
15933,8 |
25968,9 |
IDE sortant |
650,7 |
547,3 |
867,6 |
1393,5 |
|
Économies en développement: Amérique
|
IDE entrant |
77069,7 |
93303,2 |
127491,4 |
144377,1 |
IDE sortant |
35967,2 |
63619,4 |
51741,1 |
63207,0 |
Source : CNUCED 2008
De tout ce qui précède, la question de continent à « haut risque » du fait de l’insécurité des droits de propriété et des insuffisances des réglementations et des marchés paraît comme relégué au second rang.
Le capital s’oriente plutôt vers les paysoù les incitations favorables à la croissancesont réunies, notamment la production par habitant. En effet, selonWilliam Earterly (2006), entre 1960 et 1985 le stock de capital physique par habitant s’est accru de plus de 250% au Nigeria comme à Hong Kong. Les résultats de cet investissement massif se révèlent bien différents : la production nigériane par habitant a crû de 12% sur la période contre 328% à Hong Kong.
Aujourd’hui, du fait de la mondialisation et de la concentration des IDE dans certaines régions du monde (triade), les tendances à la baisse du coût des transferts et à la libéralisation des échanges, trouvent naturellement leur place parmi les déterminants des IDE. De même, l’existence de rendements croissants joue un rôle clé dans la localisation de la production (Cf. Adda Jacques, 2002).
Il faut noter que la théorie économique standard a reconnu, avec son fameux « paradoxe de Lucas », que, régularisée par les seuls mécanismes du marché et du profit, la finance privée se révèle dans l’incapacité d’assurer le financement des pays moins avancés (Lucas R.E, 1990).
2. 2. Conditions internes pour la mobilisation de l’APD
2.2.1. Les arguments du NEPAD
La mobilisation de l’aide publique au développement (ADP) par les pays africains est possible avec la poursuite des programmes d’ajustement structurel préconisés par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Selon le NEPAD, l’augmentation des apports de capitaux est inséparable de l’amélioration de la gouvernance. Aussi, la participation aux initiatives en matière de gouvernance économique et politique est une condition préalable indispensable à la participation à l’initiative relative aux flux de capitaux. Cesont, avant tout, la réduction de la dette et l’APD qui apportent les ressources extérieures requises à court et à moyen terme.
Depuis les années quatre vingt dix, les déterminants de l’aide publique au développement, qui est devenu un élément décisif du système mondial de sécurité collectif, sont à la fois économique (ajustement macroéconomique), politique (démocratie, Etat de droit, Droits de l’Homme, bonne gouvernance), sociale (élimination de la pauvreté)
Cette mobilisation est possible avec la poursuite des programmes préconisés par la Banque mondiale et le FMI dans le cadre de l’initiative PPTE qui vise l’effacement de la dette. Car pour les pays africains la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) est le principal mécanisme d’accès aux financements assortis de conditions de faveur ainsi qu’aux mesures d’annulation de la dette pour tous les pays pauvres.
L’initiative PPTE (pays pauvres très endettés) est le dispositif d’allègement de la dette des pays pauvres. Il applique des programmes d’ajustement appuyés par la Banque mondiale et le FMI. Cette initiative a été lancée au sommet du G-7 de Lyon en 1996 et a été renforcée à celui de Cologne en 1999, où le niveau de réduction peut s’élever à 90% ou plus, si c’est nécessaire pour atteindre le niveau de « soutenabilité ». Avant l’initiative PPTE, la seule chose que la Banque mondiale et le FMI pouvaient faire lorsque certains de leurs clients avaient de plus en plus de mal à payer leurs dettes consistait à leur accorder de nouveaux crédits, c'est-à-dire continuer de leur prêter pour qu’ils puissent assurer le service des dettes anciennes.
L’initiative PPTE s’inscrit dans le prolongement de ce processus, mais apporte trois innovations importantes : 1) elle élargit l’éventail des dettes pouvant faire l’objet d’un allègement, en y incluant la dette multilatérale ; 2) elle a un objectif explicite de viabilité de la dette : si les mécanismes traditionnels d’allègement de la dette ne permettent pas de ramener l’endettement à un niveau supportable, la communauté internationale s’engage à prendre des mesures supplémentaires.
L’initiative consiste à ramener à un niveau supportable la charge de la dette extérieure des pays à faible revenu dont la dette est, en valeur nette actualisée, supérieure à 150% des exportations. Pour les économies productrices de matières premières un critère alternatif a été utilisé : le ratio dette/recettes fiscales supérieur à 250% ; 3) elle a introduit de nouvelles sources et de nouveaux mécanismes de financement de l’allègement de la dette, notamment les ventes d’or du FMI, qui permettent à la Banque mondiale et aux autres institutions multilatérales d’employer certaines de leurs ressources propres, et la création d’un fonds d’affectation spéciale auquel les donateurs bilatéraux peuvent verser des contributions pour aider les institutions multilatérales à réduire les dettes.
Les annulations de la dette dans le cadre de cette initiative sont accordées selon un processus qui va du point de décision au point d’achèvement. Lorsqu’un pays a accompli des progrès suffisants concernant la satisfaction des critères retenus dans le cadre de l’initiative PPTE, les Conseils d’administration respectif du FMI et de la Banque mondiale décident officiellement de l’admissibilité du pays au dispositif d’allègement de la dette, la communauté internationale s’engage ensuite à ramener la dette au seuil de validité. C’est ce qu’on appelle le point de décision.
Le point de décision décrète de manière irrévocable l’éligibilité d’un pays à l’initiative, et déclenche une assistance intérimaire, qui permet de réduire le service de la dette jusqu’au point d’achèvement (Paillet, 2002). Un pays atteint le point d’achèvement lorsqu’il a donné la preuve qu’il exécute comme il convient les programmes soutenus par le FMI et la Banque mondiale. La durée écoulée entre le point de décision et le point d’achèvement dépend : a) de l’exécution satisfaisante des réformes fondamentales convenues au point de décision, b) du maintien de la stabilité macroéconomique et c) de l’adoption et de l’exécution pendant un an au moins du document de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP) qui remplace les documents cadres de politique économique (DCPE) sur lesquels s’appuyaient les programmes Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé (FASR). Le DSRP est conçu comme un document « appartenant » aux pays bénéficiaires, qui doit être élaboré au moyen d’un processus participatif ouvert à la société civile, aux autres parties prenantes nationales et aux organes élus. On entend dans ce contexte par « appropriation » le fait que c’est le gouvernement qui doit prendre l’initiative d’élaborer le DSRP et animer le processus participatif et la rédaction du plan d’action.
Après le point d’achèvement, les créanciers bilatéraux du club de Paris appliquent un nouveau programme d’allègement de dettes, dit termes de Cologne, et peuvent étendre l’initiative aux créanciers d’aide publique au développement (Paillet, 2002).
Bref, l’initiative PPTE n’est pas seulement un programme global de réduction de la pauvreté, elle crée également de nouvelles obligations de politique de développement ainsi que, dans certains cas, de nouvelles règles budgétaires pour les Etats bénéficiaires (Jean Claude, 2002). La question centrale est celle de savoir si les pays africains sont capables de respecter ces obligations de politique de développement et ces nouvelles règles budgétaires.
2.2.2. Le problème du respect des obligations de politique de développement et des nouvelles règles budgétaires
A la fin des années quatre vingt, les institutions de Washington ont élaboré une doctrine connue sous le nom de « consensus de Washington » que John Williamson (Giraud, 2002) résume en dix (10) commandements que les pays en développement sous programme doivent respecter à savoir : 1. Discipline budgétaire ; 2. Réforme fiscale ; 3. Politique monétaire ; 4. Taux de change ; 5. Libéralisation des échanges ; 6. Améliorer l’attractivité du territoire pour les investissements directs étrangers ; 7. Privatiser ; 8. Supprimer les subventions publiques aux activités productives au profit d’un redéploiement de l’Etat sur ses seules missions éducatives et sociales; 9. Déréglementation : supprimer toutes les sources institutionnelles de monopoles et de rentes et laisser les meilleurs bénéficier des profits qu’ils obtiennent et enfin 10. Promouvoir et défendre les droits de propriété.
Les pays africains appliquent les dix commandements, depuis les années 1980. Sur le plan économique, ces pays sont pour la plupart spécialisés dans les exportations primaires (pétrole, minerais, cultures de rentes). La rente, accaparée pour l’essentiel par l’Etat, ne s’est pas transformée en investissements productifs, mais d’une part en comptes en Suisse, d’autre part en dépenses publiques (ce qui explique en partie, avec une aide publique au développement qui l’a complétée, que les performances selon certains indicateurs de développement « humain » soient moins mauvaises que les performances économiques), et le reste a été redistribué à la population, de manière le plus souvent clientéliste et inégalitaire (Giraud, 2002).
Hervé Diata (1989), soulignait déjà, dans le cas du Congo, que la diminution du rythme et du volume de l’investissement public ne s’explique pas uniquement par la baisse des recettes pétrolières, mais qu’il fallait prendre en compte aussi le mode de financement des investissements par l’Etat et la manière dont les crédits y afférant étaient repartis et gérés.
Comme dans le cadre de l’initiative PPTE, obligation est faite aux pays africains d’allouer des crédits importants aux projets pro pauvres, les gouvernements s’engagent à inscrire dans les budgets des crédits importants destinés aux départements de la santé, des affaires sociales et à l’éducation, mais qui, dans l’exécution du budget de l’Etat, sont détournés à d’autres fins.
Les pays africains en dévaluant leur monnaie cherchent à respecter le quatrième commandement. Comme pour la plupart, ces pays n’exportent que des produits de base, cette dévaluation n’a aucun effet positif sur les recettes attendues. La réduction des déficits budgétaires, afin de respecter le premier commandement, poussent les gouvernements des pays africains à repousser la résolution des problèmes essentiels de développement (électricité, eau, télécommunication, infrastructures routières, éducation, santé, etc.).
Giraud (2002), en s’intéressant aux pays d’Asie du sud-est, souligne que ces pays ont satisfait aux trois premiers commandements concernant les « grands équilibres » macro économiques. En particulier la discipline budgétaire : pas de déficits cumulatifs et d’endettement excessif de l’Etat, et monétaire : épargne rémunérée à des taux positifs, ce qui fut une des causes d’un fort taux d’épargne intérieures (autour de 30% du PIB dans certains pays). En ce qui concerne les trois commandements (5, 6 et 7), les pays d’Asie furent de mauvais élèves. Ils ont certes choisi des stratégies de croissance tirées par les exportations, mais en prenant bien soin de protéger leurs marchés intérieurs là où ils avaient des industries naissantes. Ils ont accepté des investissements directs étrangers, mais dans des secteurs choisis et avec l’intention de copier le plus vite possible les techniques et savoir faire étrangers au mépris, le plus souvent, des règles de protection de la propriété industrielle.
En ce qui concerne les quatre derniers commandements (7, 8, 9 et 10), Giraud (2002) souligne que les pays d’Asie du Sud-estfurent d’exécrables élèves. Certes, le développement y fut essentiellement fondé sur des entreprises privées. Mais l’Etat fut aussi omniprésent et très actif, et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce ne fut pas dans la transparence la plus totale. S’est constituée, dans des modalités diverses, une élite économico politique prenant en main le développement industriel. Pas question, là-bas, de détourner massivement vers des comptes en Suisse les profits réalisés, voire les emprunts extérieurs de l’Etat (ceux-ci d’ailleurs très limités).
Easterly William (2006), dans une profonde analyse des pays pauvres, souligne que ces pays utilisent la lithographie de Monté et descente de Max Escher. Tant que ces pays reçoivent des prêts d’ajustements, ils paraissent procéder à des ajustements, encore et encore, avant de toujours finir par revenir à leur point de départ.
Pour ce qui est du premier commandement du consensus de Washington, les gouvernements de ces pays diffèrent dépenses et recettes pour respecter leurs engagements. Ils peuvent également anticiper la perception des impôts. S’agissant du commandement lié à la privatisation, Easterly William (2006), estime que les ventes totales des pays pauvres très endettés se sont élevés à 4 milliards de dollars entre 1988 et 1997, chiffre sans doute sous estimé puisque les données sur les revenus issus des privatisations sont loin d’être exhaustives. Même en utilisant ces données biaisées, l’auteur trouve une corrélation entre le montant de l’annulation des dettes et les revenus en devises des privatisations pour les quarante et un (41) pays pauvres très endettés. Il est possible que ces privatisations aient été effectuées, selon l’auteur, pour des raisons d’efficacité ou même comme condition à l’allègement de la dette ; mais aussi voir dans ce mouvement des gouvernements prodigues qui dilapident leurs ressources.
Tableau n° 3 : Pays africains concernés par l’initiative PPTE
Burundi |
Cameroun |
Bénin |
RCA |
Congo Kinshasa |
Burkina Faso |
Cap Vert |
Gabon |
Ethiopie |
Comores |
Gambie |
Ghana |
Congo Brazzaville |
Guinée |
Lesotho |
Côte d'Ivoire |
Guinée-Bissau |
Madagascar |
Libéria |
Kenya |
Mali |
Sénégal |
Malawi |
Mauritanie |
Tanzanie |
Rwanda |
Mozambique |
Tchad |
Sao Tomé et Principe |
Niger |
Togo |
Sierra Léone |
Nigeria |
|
Zambie |
Ouganda |
Source : www.worldbank.org
Easterly (2006)pense que seul un changement de gouvernement peut réellement changer les politiques: dans le cas où le gouvernement demeure le même, il s’attache qu’à créer l’illusion de réformes.
L’exemple de l’Ouganda, élève modèle est très significatif (Amador-Cuadro Maria, 2005). Entre 1995 et 1997, l’Ouganda élabore un « Poverty Eradication Action Plan » à travers une vaste consultation populaire. Il sert de modèle au programme de réduction stratégique de la pauvreté (PRSP) adopté par les bailleurs de fonds. En raison de son comportement « exemplaire », l’Ouganda a bénéficié d’un allègement de la dette dans un délai record de 2 ans au lieu des 6 ans réglementaires. Les montants d’allègements sont de : 650 millions dollars en 1998 et 1,3 milliards dollars en 2000. Le service de la dette pour 1999-2005 est de 86 millions de dollars, avec une économie budgétaire de 35%.
Ces bons résultats de l’Ouganda sont accompagnés d’une politique de stabilisation macroéconomique : maîtrise de l’inflation et des dépenses budgétaires, diversification des exportations. L’économie ougandaise croit à un rythme supérieur à 5%. Cependant, on note une reprise de l’endettement à partir de 2000. Aujourd’hui il est à un niveau insoutenable. Alors qu’en 2000, la dette était retombée à 1,7 milliards de dollars, en 2003, elle était de 4,2 milliards de dollars. Le ratio dette (en valeur actuelle nette) sur exportations, dont la cible était de 150% aurait atteint plus de 300% en juin 2003 (contre 250 en 1997).
La mauvaise gouvernance paraît comme la cause fondamentale du retournement de la situation en Ouganda. Tout se passe comme si le gouvernement de l’Ouganda a appliqué la lithographie de Monté et descente de Max Escher qui a compromis l’avenir de l’Ouganda et a fait qu’il revienne à la case de départ.
En s’inspirant de l’analyse de Diata (2003) sur les pratiques et les programmes de gouvernance dans les pays africains subsahariens, on peut souligner que la conditionnalité politique n’a pas permis d’enrayer la tendance à la baisse de l’efficacité de l’investissement. Les travaux séminaux montrent que régularisée par les seuls mécanismes du marché et du profit, la finance privée se révèle dans l’incapacité d’assurer le financement des pays moins avancés. Ainsi, les pays africains ne peuvent compter que sur les fonds publics procédant des Etats donateurs pour financer le NEPAD. Nous nous appuyons sur l’APD parce que se sont les capitaux que les pays africains peuvent mobiliser pour la réalisation de leurs projets de développement, notamment dans le cadre de l’initiative PPTE.
3. Lien entre les apports des capitaux étrangers (APD) et la gouvernance
La débâcle de l’Ouganda, élève modèle, est selon Easterly (2006), due à la mauvaise gouvernance qui se manifeste par la reprise de l’endettement et donc de l’épuisement des réserves internationales. Nous sommes donc tentés de montrer le lien entre le financement extérieur (l’aide publique au développement) et les éléments qui matérialisent la mauvaise gouvernance[2], notamment le niveau des réserves internationales et la dette publique (le service de la dette).
L’observation des graphiques du Bénin, du Burkina Faso, du Burundi, du Cameroun, du Cap vert et de la RCA, sur l’évolution de l’aide publique au développement (ADP), des réserves internationales et du service de la dette, un échantillon des pays africains, montre que les courbes n’évoluent pas toujours dans le même sens. L’évolution des courbes du graphique du Bénin montre que l’APD évolue dans le même sens que celles des réserves internationales. La situation est différente dans les cas du Burkina Faso avec l’APD qui est en augmentation constante alors que les réserves internationales suivent un rythme en dents de scie. Les courbes du service de la dette stagnent sur toute la période.
Graphique n° 1 : Bénin Graphique n° 2 : Burkina Faso
Les évolutions des courbes du service de la dette du Burundi et du Cameroun ont le même comportement, elles marquent un pic et décroissent après. De même les courbes des réserves internationales sont en évolution régulière sur toute la période. Si la courbe de l’APD du Burundi évolue dans le même sens que celle des réserves internationales, pour le Cameroun par contre est marquée par des hauts et des bas.
Graphique n° 3 : Burundi Graphique n° 4 : Cameroun
Même si les réserves internationales augmentent exponentiellement, le comportement des courbes d’APD et des réserves internationales pour le Cap vert est presque identique. Le comportement de la courbe du service de la dette est identique à celui du Bénin et Burkina Faso. L’observation du graphique de la RCA montre que les courbes de l’APD et des réserves internationales n’évoluent. La courbe du service de la dette de la RCA à l’identique de celle de la courbe de l’APD du Cameroun.
Graphique n° 5 : Cap vert Graphique n° 6 : RCA
Pour avoir une idée de l’intensité de la liaison entre l’aide publique au développement (ADP), les réserves internationales et le service de la dette, nous devons procéder à l’estimation d’une relation entre l’aide publique au développement et les variables explicatives.
3.1. Justification de la méthodologie
Il est donc nécessaire de montrer les liens entre l’APD et les éléments de gouvernance, car leNEPAD souligne que l’augmentation des apports de capitaux est inséparable de l’amélioration de la gouvernance.Les éléments qui définissent la gouvernance sont à la fois politiques, économiques et financiers. Les éléments politiques sont difficilement mesurables. Souvent on s’appuie sur le rating qui attribue des notes à chaque pays qui sont souvent pris en compte par les investisseurs. Avec la crise de la dette on a relevé que l’instabilité économique est synonyme de mauvaise gouvernance.
Ainsi, en s’appuyant sur le modèle d’Eda Reganaz (1991) nous pouvons établir la relation suivante :
(1)
A priori, l’utilisation de la méthode des moindres carrés ordinaires (mco) pouvait suffire comme méthode d’estimation mais la présence d’une variable retardée ne garantit plus la robustesse des coefficients.
Pour résoudre ce problème, on utilise la méthode des moments généralisés en panel dynamique. Cette méthode offre l’avantage de contrôler les effets spécifiques individuels et temporels d’une part et de pallier aux biais d’endogéneité des variables. La littérature en la matière propose principalement deux variantes, (i) l’estimation GMM en première différence (Arellano et Bond, 1991) et (ii) l’estimation GMM en système (Blundell et Bond, 1998). C’est cette dernière qui a été utilisée pour cette étude[3]. Elle combine l’équation en différence première avec celle en niveau. Cette méthode garantit non seulement la robustesse des coefficients mais aussi élimine les effets éventuels de la non stationnarité des séries. Dans l’équation en niveau, les variables sont instrumentées par leurs différences premières. On rappelle que l’utilisation des variables retardées dépend de la nature des variables explicatives.
La validité des instruments est testée par le Test de sur identification de Sargan/Hansen. Notons que, par construction, le terme d’erreur en différence première est corrélé au premier ordre, mais il ne doit l’être au second ordre. Pour tester cette hypothèse, on fait le test d’auto corrélation de second ordre.
3.2.Eléments d’interprétation du modèle
La taille du panel est de 240 cylindré et estimé à 230 à cause des instruments utilisés. On a sept (7) variables muettes (dummy) correspondant à 8 -1 périodes, la première période n’est pas prise en compte à cause de la présence de variable dépendante retardée à droite. Le coefficient α de Dlogapd du modèle de croissance est respectivement α-1. Le test de Hansen ne permet pas de rejeter l'hypothèse d'absence d'autocorrélation du second ordre. De plus, le test d'autocorrélation d'Arellemo et Bond le confirme (voir résultats). Par ailleurs, le test de Sargan/Hansen prouve la validité des instruments (voir tableau pour les résultats du test). En conclusion, le modèle est bien spécifié et les estimateurs GMM obtenus ont des très bonnes propriétés stochastique et statistique. On peut donc l'interpréter.
3.3.Résultats de l’estimation
3.3.1. Résultats de l’estimation du modèle
Dynamic panel-data estimation, one-step system GMM
----------------------------------------------------------
Group variable: IDENT Number of obs = 210
Time variable: ann Number of groups = 30
Number of instruments = 30 Obs per group: min = 7
F(9, 29) = 16.92 avg = 7.00
Prob >F = 0.000 max = 7
------------------------------------------------------------------------------
| Robust
logapd | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]
-------------+----------------------------------------------------------------
Dlogapd| -.4218666 .2127109 1.98 0.057 -.8569093 .0131762
logdet | .1696579 .101576 1.67 0.106 -.0380884 .3774041
logresin |.0985549 .144756 0.68 0.501 -.1975044 .3946141
_Itps_2 | -.9838887 .4496358 -2.19 0.037 -1.903497 -.0642803
_Itps_3 | -.5638345 .4852775 -1.16 0.255 -1.556338 .4286695
_Itps_4 | -1.402407 .8301092 -1.69 0.102 -3.100171 .2953567
_Itps_5 | .0575297 .200965 0.29 0.777 -.3534899 .4685493
_Itps_6 | .1321731 .2845267 0.46 0.646 -.4497493 .7140955
_Itps_7 | -.6779843 .1939968 -3.49 0.002 -1.074752 -.2812162
_Itps_8 | -.5724669 .5557291 -1.03 0.311 -1.709061 .5641268
_cons | 22.63871 6.338129 3.57 0.001 9.675784 35.60164
------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------------
Arellano-Bond test for AR(1) in first differences: z = -2.47 Pr > z = 0.013
Arellano-Bond test for AR(2) in first differences: z = 0.76 Pr > z = 0.447
------------------------------------------------------------------------------
Hansen test of overid. restrictions: chi2(19) = 21.08 Prob > chi2 = 0.332
3.3.2. Résulat du calcul du coefficient de l’APD dans le modèle de croissance
------------------------------------------------------------------------------
logapd | Coef. Std. Err. t P>|t| [95% Conf. Interval]
-------------+----------------------------------------------------------------
(1) | -1.421867 .2127109 -6.68 0.000 -1.856909 -.9868238
------------------------------------------------------------------------------
3.4 Interprétation des résultats
Lorsque les variables sont prises individuellement, on note que pour l’ensemble des pays de l’OCDE, toutes les variables ont une influence significative sur l’aide publique de l’année en cours puisque la probabilité critique est inférieure à 5%, c'est-à-dire 0,05. Le modèle est globalement significatif car Prob(F-statistic) est inférieur à 5%. Les variables ont globalement un impact significatif sur l’aide publique au développement.
Les résultats montrent que si l’aide publique de l’année antérieure augmente de 1%, l’aide de l’année suivante va baisser de 0,42%. Si les pays africains font des efforts dans le remboursement de la dette en augmentant par exemple le service de la dette de 1%, l’aide augmente de 0,16%. De même lorsque les réserves internationales augmentent de 1% l’aide publique augmente de 0,98%. Ce qui montre que l’augmentation des apports de capitaux est inséparable de l’amélioration de la gouvernance. Cependant, ce sont avant tout l’augmentation des réserves internationalesqui apportent les ressources extérieures requises à court et à moyen terme.
Toutefois, pour mieux apprécier la mobilisation de l’APD des pays membres de l’OCDE par les pays africains, il est impérieux de s’intéresser au résultat du calcul du coefficient de l’aide publique au développement dans le modèle de croissance. Le coefficient de l’aide publique au développement (APD) est -1,421867 et significatif au seuil de 5%, ce qui signifie que lorsque les variables explicatives augmentent de 1% par exemple, l’APD baisse de 1,42%. Ce qui montre que l’APD est influencée par d’autres éléments comme l’incidence des politiques budgétaires expansionnistes des pays de l’OCDE.
Conclusion
La problématique au centre de cette étude consistait à savoir si les pays africains pouvaient-ils mobiliser l’épargne extérieure pour financer le NEPAD. L’analyse des facteurs internes considérés comme essentiels pour l’attractivité des IDE montre que les pays africains sont moins compétitifs. L’IDE dans ces pays est guidé par la disponibilité des matières premières. La mauvaise gouvernance paraît comme un obstacle majeur à l’attrait de l’aide et donc à la réalisation du NEPAD. En effet, elle est à l’origine de l’application de la lithographie de Monté et descente de Max Escher qui ramène les pays africains à la case de départ. Toutefois, l’incidence des politiques budgétaires expansionnistes des pays de l’OCDEpeut constituer un élément majeur du financement extérieur du NEPAD.
[1]Le rendement ici est la différence entre le taux d’intérêt et le taux d’inflation anticipé par la progression de la masse monétaire. Il dépend des autorités monétaires.
[2]Cf. Edward (1984)
[3]Blundell et Bond (1998) ont testé cette méthode à l’aide des simulations de Monte Carlo, ils ont montré que l’estimateur GMM en système est plus efficient que l’estimateur GMM en différences.
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