L’INTEGRALE REGIONALE COMME UNE REALITE ET UNE VALEUR POLITIQUE ET ECONOMIQUE

Abstract: 

This editorial argues that regional integration is both a reality and a value characteristic of the human being as naturally social. As such, from Aristotelian view point, regional integrations must be managed politically as cities (polis) and administered economically as families. It is within this framework that different analyses and reflections of this double issue have to be understood.

Le présent numéro porte sur la politique et l’économie de l’intégration régionale avec quelques articles propres au numéro 2. Il s’agit donc d’un double numéroPourquoi se préoccuper de la politique et de l’économie de l’intégration régionale ? D’abord l’intégration régionale est  une réalité et une valeur en elle-même. Pratiquement, aujourd’hui, Il n’y aucun pays qui n’appartienne au moins à une intégration régionale. Il s’agit d’une autre manière de concrétiser la nature sociale de l’être humain : être ensemble, vivre ensemble ! Il est difficile à l’être humain de vivre en autarcie. L’être humain isolé ne se suffit pas à lui-même, ni spirituellement, ni matériellement.  L’intégration régionale devient une manière de sortir de cet isolement tant au niveau individuel qu’on niveau des groupements importants que sont les pays. Les intégrations régionales constituées par ces pays doivent être gérées comme des cités (politique) et administrées comme des foyers (économie). Les lois de la gestion de la production, de la consommation, et des échanges des biens et des services sont autant nécessaires pour une intégration régionale que pour un foyer ou une cité.

 

L’intégration régionale est une réponse à une préoccupation politique en tant qu’elle est le cadre de la sécurité et de la paix pour rendre possible la production, la consommation, et les échanges des biens et des services. Plus les pays collaborent et coopèrent entre eux, plus ils réduisent les chances d’entretenir les conflits intra-étatiques et interétatiques. La sécurité et la paix, et donc la stabilité politique, sont la condition primordiale pour parvenir à la prospérité. Stabilité politique va de paire avec prospérité économique. L’intégration régionale est source de la stabilité politique et en même temps la condition pour créer un  marché plus large pour répondre à un besoin de trois ordres.

 

En premier lieu, il s’agit d’un cadre le surplus des biens et des services de chacune des entités constitutives de l’intégration est échangé. Les échanges économiques mettent en évidence la complémentarité caractéristique de la nature de l’être humain comme social.

 

En deuxième lieu, la synergie des acteurs économiques d’une intégration régionale leur permet d’entrer en compétition au niveau mondiale, mettant ici en évidence le pouvoir de l’unité.

 

En troisième lieu, il est question de la croissance économique. La dimension du marché et la possibilité de compétitivité structurent un cadre adéquat qui puisse attirer les investissements et multiplier les libres échanges commerciaux avec comme implication l’enclenchement de la croissance économique. Or la croissance économique est un des ingrédients indispensable pour réduire la pauvreté dans les pays en développement. A condition de dépasser les échanges commerciaux et les investissements pour inclure les biens et les services publics de base. 

 

Cependant, l’intégration régionale n’est pas sans problèmes. En effet, des plaintes sont souvent entendues que l’intégration régionale bloque les initiatives de développement ainsi que les politiques sociales. Les pays qui peuvent constituer une intégration régionale donnée n’ont pas le même niveau de développement socio-économique.

 

Prenons l’exemple de l’industrialisation. On remarque en effet que certains pays peuvent être industrialisés alors que d’autres se lancent péniblement dans un processus d’industrialisation. Les pays se trouvant dans cette dernière situation ont souvent besoin de la protection de leur industrialisation naissance contre la concurrence déloyale. Si en dehors  de l’intégration régionale une telle protection est possible, à l’intérieur  c’est plutôt  la compétition  qui semble réguler les rapports. Voilà l’inférence qu’on  peut en tirer : le risque de produire des pays qui consomment plus qu’ils ne produisent et d’autres qui présentent une situation tout à fait contraire. Dans ce cas, peut-on encore parler d’échanges, de croissance économique et de réduction de la pauvreté dans un pays qui consomme plus qu’il ne produit ?

Y a-t-il un mécanisme pour compenser les inégalités socioéconomiques entre les entités d’une intégration ? Y a-t-il des mécanismes pour compenser les niveaux différents de développement ? Y-a-t-il des mécanismes pour éviter que les plus malins et les plus nantis en moyens n’exploitent les autres politiquement et économiquement ? Que doit-on faire pour inscrire les opportunités et les défis d’une intégration régionale dans une vision commune à toutes les entités politiques? Ces questions sont existentielles. Elles intéressent aussi bien les chercheurs, les universitaires que  les fonctionnaires qui travaillent à la mise en application de bonnes politiques d’intégration régionale.Les auteurs des différents articles de ce double numéro se proposent de se saisir de ces questions, de les porter à un haut niveau de théorisation sans toutefois perdre de vue l’aspect pratique.

 

Ainsidans L’intégration du Burundi dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), Mathias Sinamenye, un ancien vice-président et gouverneur de la Banque Centrale du Burundi souligne les principaux concepts de la théorie de l’intégration économique régionale en mettant en évidence les avantages attendus et les approches prises par différentes expériences d’intégration. Il analyse les défis que pose la participation du Burundi à la CAE et des avantages potentiels que ce pays peut  tirer en  procédant par des réformes dans les différents secteurs socio-économiques.  

 

Dans Impact des Investissements Directs  Etrangers (IDE) sur le niveau de la productivité des entreprises du secteur industriel dans la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), Elie Ngongang détermine l’effet des  dans le secteur industriel et semi industriel des pays de la CEMAC au cours de la période 1984 -2008. Il analyse la performance relative des firmes étrangères et domestiques dans la zone CEMAC ainsi que l’effet de l’sur le niveau de productivité. Il soutient que les entreprises du secteur industriel/semi industriel bénéficient de manière significative de l’IDE tant au niveau individuel qu’au niveau sous-sectoriel. Il valide ses hypothèses par un test économétrique.

 

Dans Mobilisation de l’épargne extérieure et mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), Léon Mayeko examine La mesure à laquelle les pays africains apprécieront l’aplanissement de la contrainte du financement extérieur du NEPAD. Il soutient que l’augmentation des apports de capitaux est inséparable de l’amélioration de la gouvernance. Néanmoins le coefficient négatif dans le modèle de croissance de l’aide publique au développement (APD)amène Mayeko à conclure que l’apport des capitaux est aussi influencé par d’autres éléments, notamment l’incidence des politiques budgétaires expansionnistes des  pays de l’Organisation pour la Coopération Economique et le Développement (OCDE).

Dans Partage des bénéfices des Bassin du Nil Bleu : La leçon à tirer d’autres bassins fluviaux, Evaristo Ma s’inspire des pratiques issues d’autres bassins fluviaux pour évaluer les liens amont-aval par le biais du concept de partage des bénéfices et la gouvernance des eaux du Bassin du Nil. Ils proposent des voies pour encourager le partage des bénéfices transfrontaliers dans le Bassin du Nil Oriental et concluent que le cadre conceptuel du partage des bénéfices sert de point d'accès pour renforcer les dispositions institutionnelles qui favorisent la coopération transfrontalière dans le bassin.

 

Dans Politiques régionales pour la protection de l’environnement: le cas du Bassin du Nil, Mathias Kinezero poursuit l’analyse réflexive de Mapendzo de manière complémentaire. Il revient sur l’Initiative du Bassin du Nil, ses défis environnementaux, les solutions tentées pour y faire face, et montre que les bonnes politiques environnementales régionales conçues dans un esprit sincère et coopératif, contribuent à la restauration et/ou à la consolidation de la paix.

 

Les trois articles ont leur logique d’autant plus qu’ils auraient pu être collectés dans le numéro deux qui est combiné à ce numéro trois. Cependant ils s’adjacent bien avec les articles du thème de la politique et de l’économie régionalesAinsi dans L’apôtre Pierre face aux pouvoirs politiques : quelques principes pour les Eglises d’Afrique Valentin Ntumba Kapambu analyse le texte biblique 1 P 2, 13-17 de Saint Pierre afin d’y repérer les implications pour l’exercice du pouvoir politique en Afrique. Il décrit le contexte littéraire, l’enracinement historique et l’organisation interne du texte et met en évidence certains principes que les Eglises d’Afrique pourraient utiliser pour inspirer le pouvoir politique sur le continent Africain.

 

Dans La Réconciliation en Côte d’Ivoire est-elle possible?, Jean Claude Djéréké redéfinit le concept de la réconciliation et l’applique au contexte de la Côte d’Ivoire post-conflit. Selon lui, la réconciliation en Côte d’Ivoire n’est possible que si les citoyens ivoiriens se réconcilient avec leur histoire récente et ne veulent servir que la vérité et la justice.  Il appelle le leadership de l’Eglise à les aider à relever ce défi en se basant sur le principe du bien commun. La stabilité de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en bénéficierait.

 

Dans Vers une éthique biomédicale africaine, Bénédict Faneye reconnait les racines occidentales de la bioéthique comme discipline. Il soutient, cependant, que cette science répond aux questions humaines en général ; et que, par conséquent, la perspective unique de répondre aux questions et problèmes moraux du domaine médical dans le contexte africain doit servir de base pour une éthique biomédicale typiquement africaine. La géographie particularise la science. 

 

Dans la Chronique Européenne, Politique économique et intégration européenne, Ignace Berten soutient que, en ce qui concerne l’Europe, la crise actuelle est à repérer à la convergence de deux phénomènes à savoir, la dérégulation financière mondiale ainsi que l’euro et la manière dont elle est gérée qui pourrait mettre en danger l’Union Européenne.  Il suggère comme solution fondamentale le recadrage politique de l’économie d’une manière qui puisse défier les nationalismes et le calcul d’intérêts à court terme dont souffrent certains pays de l’Union. Aussi invite-t-il chaque état en difficulté à agir d’une manière responsable et privilégier la solidarité qui fait la force de l’intégration européenne.

 

Ce double numéro conclue par une recension du livre A Biblical Vision for Africa’s development de McGlory Speckman.

 

 

 

 

 

 

VOLUME 8/2012: ETHIQUE ET CORRUPTION

 

Volume 8, No 1:      Les pathologies de la corruption

 

Volume 8, No 2:      Politique, économie et corruption

 

Volume 8, No 3:      Stratégies de lutte contre la corruption

 

 

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