POUR UN LEADERSHIP AUX CLES DU FUTUR ! QUEL SAUT AU COEUR DES MUTATIONS?

Abstract: 

This editorial article reads between the lines Jean Staune’s Les clés du futur. It argues that, the leader who is able to face challenges of the recurrent mutations holds the keys to the future. Such a leader can help the followers make a leap into the unknown based on the understanding that new solutions to posed questions are possible. Thus, five revolutionary mutations that affect leadership are highlighted below:
- The fulgurant revolution that emerges from the possibilities offered by networks between
people all over the world;
- The silent revolution that results from conceptual revolutions shift from modernity to
post-modernity;
- The societal revolution that pertains to values and behaviors of individuals in society;
- The revolution of economic practices based on conceptual, ecological and ethical dictates
affecting corporations;
- Finally, the managerial revolutions of enterprises that results in obligations to the
common good with economics and politics that mutually develop.
Further, the article argues that the leadership that could face these revolutionary mutations has to apply pragmatic and programmatic vision and values. The establishment of such a leadership should consider three key objectives that can underpin its content such as: to stimulate a leader’s awareness for the ongoing mutations, to awake their followers, to provide leaders with the information that positively transforms leaders and their followers for authentic leadership. Therefore, that is the right direction for African countries to leap into a hopeful future to benchmark an informed and outstanding leadership.

  1. L’horizon et sa contextualisation

L’éditorial du V13 Nos1-2 portait sur une question fondamentale: Quel leadership pour quel avenir ? Il s’agissait de mettre le leadership devant le tableau de l’état du monde dans un premier temps et dans le deuxième temps, le mettre devant le panorama des grandes questions–défis de l’avenir. Nous poursuivons donc cette même problématique.

La question à confronter maintenant est celle de savoir comment répondre à ces questions-défis et quelles perspectives envisager ? Nous sommes invités à nous mettre à la recherche d’un leadership responsable qui puisse intégrer les mutations en cours pour aider ses sujets à y faire face de manière lucide. D’autre part, il s’agit de savoir comment former ce type de leadership et quelles pourraient être les figures modèles. Cet éditorial  propose quelques pistes pour stimuler cette recherche et trace le cadre panoramique dans lequel les articles de ce numéro peuvent être lus.

  1.  Leadership responsable et clés du futur

Le leadership responsable recherché doit être celui qui s’approprie les clés du futur. Dans son livre, Les Clés du futur : réinventer ensemble la société, l’économie et la science, Staune (2015) suggère que, pour s’approprier les clés du futur, le leadership doit « faire un saut dans l’inconnu, avec la seule garantie que des nouvelles solutions existent ». Sur cette base, il nous invite à chercher à « mieux comprendre ce qui est en train de mourir et ce qui est en train de naître, à la fois sur le plan théorique et sur le plan pratique »(Staune 2015:15). Il s’agit de se rendre compte que le monde d’aujourd’hui est en pleines mutations rapides et profondes qui nous impliquent et dans lesquelles nous devons nous impliquer. Ces mutations peuvent être récupérées en 5 types de révolution qui forceront le leader à développer une vigilance intelligente accrue.

  1. La révolution dite « fulgurante »

La révolution fulgurante est un type de révolution issue des possibilités offertes par la mise en réseau de milliards d’êtres humaines. Cette révolution bouleverse déjà nos comportements et nos modes de vie. Nous pourrions parler de la génération Google, Facebook, whatsapp, tweeter, bref tous les médias sociaux. Apparemment, nous ne pouvons plus vivre sans connectivité. Comme le dit Pierre Giorgini, nous entrons de plus en plus dans l’économie de l’immatériel, du savoir, de la connaissance et de l’innovation. Certainement,  nous utilisons toujours des objets matériels comme les ordinateurs, des fibres optiques et disques durs, mais la valeur ajoutée de ces objets est d’abord intellectuels ou, plutôt, l’esprit humain. Ainsi nous pouvons affirmer avec Giorgini que nous vivons aujourd’hui un bouleversement systémique du monde (Giorgini 2014). Le leadership qui s’approprie les clés du futur devra agir en fonction de cette révolution caractérisée par le bouleversement systémique du monde.

  1. La révolution silencieuse

Comme le titre le dénote, il s’agit d’une révolution moins perçue, la moins visible, mais réelle. Nous pourrions dire que cette révolution est un sous-ensemble du bouleversement systémique du monde d’autant plus qu’il s’agit d’une révolution conceptuelle. Nous quittons de plus en plus le schéma conceptuel de la modernité vers un autre schéma, celle de la postmodernité. Le socle de la modernité a été le pouvoir de la raison et de la rationalité avec deux concepts clés érigés en systèmes philosophiques principaux qui ont animé le progrès de l’humanité, notamment :

  • Le déterminisme selon lequel tout ce qui se passe a une cause,
  • Le réductionnisme selon lequel tout problème est réductible et analysable en sous-problèmes, eux-mêmes réductibles en sous-sous-problèmes. La résolution du problème passe par la résolution des sous-problèmes.

 

Tel est le cadre conceptuel qui a fait passer le monde de la marche à pied à l’automobile et à l’avion à réaction, de la mort à cause d’une simple plaie à la transplantation du cœur, de l’éclairage à la bougie à l’éclairage électrique qui gagne même les villages reculés, de la guerre à boulets à la bombe atomique, du courrier par messager à l’internet (Staune 2015: 78-79).

  1. La révolution sociétale

La révolution sociétale a trait aux valeurs et aux  comportements des individus dans une société postmoderne. Nous passons de plus en plus de l’avoir à l’être. Il s’agit d’une tendance à se définir par ce que l’on est, ce que l’on vit, ce que l’on cherche, et non pas ce que l’on possède ou par son statut social. Le concept qui capte mieux la révolution sociétale est celui du « créatif culturel » dont parlent Paul Ray et Ruth Anderson qui posent la question d’éventuels acteurs du changement de société(Ray & Anderson 2001, see Staune 2015: 345). Mais que veut-on dire par créatif culturel? Le créateur culturel se définit par ses caractéristiques.

La première caractéristique du créateur culturel  est le développement personnel et spirituel. Celui- ci consiste à donner un sens à sa vie au-delà de la routine habituelle. Cet aspect spirituel s’accompagne d’une tendance à rejeter l’ordre moral traditionnel. Ce développement de type individualiste–spiritualiste peut même affecter des sociétés comme on le voit dans la tendance de certains pays à se déconnecter du reste du monde, versant ainsi dans des nationalismes populistes dont la conséquence est le déclin de la démocratie pourtant recherchée.

La deuxième caractéristique est le respect de la nature. Ce respect touche les grandes questions comme l’écologie, le développement durable et l’agriculture biologique qui sont de plus en plus au centre des débats dans les forums mondiaux et les politiques nationales. Dans la même perspective, les médecines dites douces nous ouvrent à autre réalité: le respect de la nature, des animaux et de la vie implique aussi le respect de notre corps qui fait partie de cette même nature. Cela a comme conséquence des nouvelles cultures alimentaires (végétariens), entretien du corps par des exercices physiques et spirituels (sport, yoga), etc.

La troisième caractéristique est le respect de l’autre. Il s’agit d’un aspect qui concerne entre autres l’intérêt porté aux droits humains en général, aux droits des femmes et toute la question du genre, droits des minorités dans nos sociétés immédiates ou éloignées comme les peuples autochtones. Ce respect de l’autre s’accompagne du développement des valeurs solidaires ainsi que des activités associatives. La réclamation du commerce équitable, le mouvement altermondialiste et l’économie solidaire qui défie les grandes trajectoires économiques mondiales s’inscrivent  dans cette perspective.

A regarder de plus près, les perspectives du créatif culturel pousseront la pensée humaine à être repensée, si bien que le leadership responsable devrait être celui qui s’inscrit dans la logique selon laquelle rien ne va plus de soi. Marc Ghisi l’exprime différemment en montrant les limites de la modernité à répondre aux besoins de l’humanité aujourd’hui et d’avenir:

Le système de la pensée moderne n’étant pas en mesure de répondre correctement au défi actuel, il est fini. La modernité est en crise mortelle en ce début du XXIe siècle, car son horizon de sens ne parvient pas à aider l’humanité face à l’urgence de sa survie(Chisi 2010: 80).

  1. La révolution des pratiques économiques

Selon Staune (2015), les pratiques économiques sont en train de subir des mutations sur base d’une triple révolution, notamment, une révolution conceptuelle, une révolution écologique et une révolution éthique. Les entreprises jouent un rôle innové et innovant dans la nouvelle société vers laquelle nous avançons à l’horizon comme si, désormais, elles étaient le centre de la vie humaine. D’un point de vue conceptuel, nous émergeons progressivement d’une société où la force économique reposait sur les machines et les capitaux  à une société où la force principale est le savoir, la gestion du savoir et de la créativité. L’économie capitaliste elle-même passe progressivement à l’économie post-capitaliste. Dans cette économie post-capitaliste, certains produits tendent à être gratuits. Par exemple, nous n’avons pas besoin de payer pour consulter Google ou yahoo, pourtant ces entreprises gagnent énormément via d’autres moyens. Dans la même perspective, l’Organisation Mondiale pour la Propriété Intellectuelle (WIPO) a libéralisécertaines publications et découvertes, jadis protégées et couteuses, pour les ouvrir aux pays en développement.

Le deuxième aspect révolutionnaire qui affecte les pratiques économiques est la question écologique. La préoccupation écologique nous exige d’entrer dans une révolution de la qualité dont le but sera non pas d’avoir plus, d’accumuler des biens matériels, mais de produire et de vivre mieux, de produire de façon durable en évitant le gaspillage et adoptant des stratégies  de recyclage imitant la nature. Comme la nature, nous ne devons plus avoir des poubelles. D’où l’attention à la place de l’environnement dans la question du développement durable.

Le troisième aspect est la question éthique. L’éthique est de plus en plus au centre des pratiques économiques. Cette révolution éthique va de la pratique à la théorie et vice versa. Les pratiques telles que le microcrédit, le commerce équitable, l’économie sociale ou solidaire sont de plus en plus à l’ordre du jour(François, Pape 2015). L’éthique des affaires interroge la gouvernance des entreprises et l’économie en générale, et par implication, la matrice politique qui les encadre. Au niveau international, les multinational sont invitées à souscrire au Pacte Mondial des Nations Unies[1] comme à une sorte d’éthique mondiale des entreprise. Au niveau social, le besoin d’éthique qui innerve nos pratiques économiques se remarque aussi dans les mouvements activistes tels que les altermondialistes suggérant qu’une autre économie est possible. Sur cette même base sociale, la « face humaine » est de plus en plus réclamée pour être la moelle épinière de toute activité économique et managériale, recentrant ainsi les questions du bien commun et du développement intégral(Voir Williams 2008)[2]

  1. La révolution managériale des entreprises

Il s’agit d’un processus en cours et, en même temps un vœu au niveau de la réalité des entreprises. Nous nous intéresserons plutôt au vœu d’autant plus que nos pays en développement s’évertuent à assainir un environnement qui puisse motiver et attirer les investissements. Ces investissements sont supposés stimuler le développement beaucoup souhaité pour plusieurs raisons, notamment lutter contre la pauvreté, échapper à la dépendance sur l’aide et créer des emplois pour la population jeune menacée par le chômage. Aujourd’hui il y a tout un mouvement tant au niveau des activistes qu’au niveau de la recherche académique dont l’intention est de pousser les entreprises à adopter et à travailler pour le bien commun (stakeholding) et non pas seulement pour le bien des actionnaires (shareholding).  Tenir compte du bien commun veut dire que l’entreprise a un impact positif sur les actionnaires, les employés, sur ceux qui sont liés à son activité notamment les consommateurs, le personnel sous-traitant, les citoyens qui vivent à proximité de ces entreprises. L’entreprise du type stakeholder, doit être non seulement socialement responsable (corporate social responsibility), mais aussi politiquement responsable. Elle doit affecter le développement économique et la politique qui l’encadre(voir Scherer & Parazzo 2011). Le point est que le leadership qui s’approprie les clés du future doit se rendre compte que, fondamentalement, il n’y pas d’économie divorcée de la politique: l’activité économique n’est pas libre de son encadrement politique et l’activité économique doit être conscient de ses implications politiques. 

  1. Formation des figures modèles du leadership

La raison de la réflexion en cours est que nous sommes dans un contexte de pleines mutations à tous les niveaux. Il n’est pas facile de lire au-delà des horizons de ces mutations. Nous avons suggéré que le type de leader qui puisse nous aider à naviguer dans ces mutations et faire un saut dans l’inconnu soit celui qui peut s’approprier les clés du futur. Comment donc repérer les figures modèles de ce type de leadership susceptibles de nous diriger et nous mener dans le règne de l’inconnue. La question n’est pas facile !  Mais d’emblée, la figure modèle recherchée est celui qui a une vision stratégique et sait aligner les valeurs d’une part, et d’autre part, il doit avoir la capacité de se transformer soi-même pour pouvoir transformer les autres. On ne peut pas donner ce que l’on n’a pas. Pour y parvenir, le besoin de la formation est une nécessité d’autant plus que l’on ne peut pas compter sur les seules capacités naturelles des individus à guider les autres.

  1. De la formation des leaders qui ont la clé du futur

Comment former un leader qui s’approprie les clés du futur et qui puisse nous aider à faire un saut dans l’inconnu ? Dans quelle école avec quel contenue ? Faut-il réinventer l’académie de Platon pour le leadership? Aujourd’hui, nous observons un intérêt nourri à la question du leadership suivie de la création des institutions de haut apprentissage pour y répondre. Des slogans ambitieux comme: Leaders for next generation!; Leaders with tough minds, soft hearts, upright character and skillful hands; Investing in thought leaders for Africa’s renewal; Cultivating Africa's next generation of thought leaders, Building strategic leadership for sustainable development in Africa; Training leadership of integrity; etc.  ont un contenu sur lequel on pourrait capitaliser. Ces slogans ou devises entrent dans la perspective d’éveiller des futurs leaders en invitant ceux du présent à ne pas se laisser piéger ou distraire par les défis du moment. On avance dans le sens que l’on regarde à l’horizon de sa destination. Sur ce, la formation des leaders doit viser trois objectifs dans son contenu.

  1. Des leaders éveillés qui réveillent les consciences

Les mutations en cours dans leurs complexités exigent des leaders d’être éveillés pour pouvoir réveiller les consciences de leurs sujets. Dans ce qu’il appelle L’étoffe des leaders, Stephen Covey parle de « libérer la créativité, talent et énergie chez vous et les autres » (Covey 2006). C’est cela, en fait, « être éveillé pour réveiller ». Mais que veut dire « être éveillé » ? Etre éveillé c’est être alerté, avoir un esprit en alerte en lien avec une situation en cours. Il s’agit d’accorder ses énergies intérieures aux changements profonds en travail dans nos sociétés pour pouvoir interroger leurs implications sur l’avenir. Dans le processus de cet accord, le leader entreprend d’aider ses citoyens à se découvrir comme ce que Simon Kushner appel des « champions cachés » qui ne dépendent plus du hasard ou de l’imprévu. Le leader éveillé réveille les consciences de ses sujets pour faire d’eux des champions cachés de leur avenir. Un leader qui s’approprie les clés du futur est celui qui découvre ses énergies intérieures et guide ses citoyens vers ce même processus afin de vivre l’avenir déjà dans le présent!

  1. Un leader informé qui forme

Ici nous risquons une tautologie ! Y a-t-il un leader qui n’est pas informé ? Y a-t-il un leader qui ne forme pas ? En parlant d’un « leader informé qui forme », nous voulons dire deux choses. En premier lieu, nous visons un leader responsable. Le mot responsable renferme deux mots : « Réponse », et « habilité ». D’où responsabilité. Le leader responsable est celui qui a l’habilité à répondre, la capacité de répondre. Le contexte immédiat pose des questions, il faut être capable de répondre. L’avenir pose des questions, il faut être capable de répondre. Les mutations posent des questions, il faut savoir répondre.  Pour pouvoir répondre, il faut être renseigné, il faut être au courant. En somme, comme le suggère Covey, il s’agit d’entrer dans la logique de l’éthique du leadership axé sur les principes exprimés dans cette prière à recommander à tout prétendant leader: « Ô Dieu de la Vérité, délivre-nous de la lâcheté qui craint les vérités nouvelles, de la paresse qui se contente des demi-vérités, de l’arrogance qui pense qu’elle détient la vérité »(Covey 2006 : 316).

En deuxième lieu, le leader informé doit éclairer les autres pour qu’ils voient et comprennent la réalité. C’est à ce prix que les sujets peuvent découvrir et libérer leurs énergies intérieures pour se projeter dans l’avenir, faire un saut dans l’inconnu. Tout leader ne forme pas nécessairement, c’est-à-dire, il n’ouvre pas ses sujets à la perception et la compréhension de la réalité. Les pseudo-leaders ou prétendus leaders peuvent être informés mais ne forment pas. Le leader, le vrai leader sort de la logique politicienne de type machiavélique selon laquelle « l’obscurité convient ». L’obscurité convient, mais à des leaders mous.

  1. Le leader formé qui transforme

Le leader formé qui transforme est une sorte de conclusion des deux points précédents. Le réveil des consciences des gens et leur formation transforment. En d’autres mots, le leader réveillé et informé qui réveille la conscience de ses sujets ne forme pas seulement. L’itinéraire de son processus doit transformer ses sujets. Evidemment, en parlant du leader formé qui transforme, nous voulons dire que la transformation des sujets n’est pas un résultat d’un hasard dans le processus, mais le résultat d’une stratégie pragmatique et programmatique du leader. Par ailleurs, comme le mot même le suggère, transformer veut dire donner une autre forme. Le leader qui s’approprie les clés du futur doit travailler de telle sorte que ses sujets qui découvrent leurs énergies intérieures et se découvrent comme des champions cachés soient transformés par le fait même ! Sur ce fait, le leader et ses sujets ne seront pas seulement au cœur des mutations pour s’en laisser porter, mais plutôt, ils seront même porteurs des mutations.

C’est à dessein que l’on parle aujourd’hui de leadership transformationnel. Ce type de leader est celui qui  influence ses sujets en établissant une vision comme horizon en vue d’un meilleur avenir. Le leadership transformationnel combine deux choses. En premier lieu, il stimule intellectuellement ses sujets de telle sorte qu’ils puissent utiliser leurs capacités naturelles pour repérer les mutations en cours. En deuxième lieu, il renforce leur capacité de stimuler et développer des motivations intérieures. Toutes les énergies intérieures et l’effort intellectuel doivent être un moyen pour marcher à une vision établie comme horizon. En somme, le leader transformationnel détient les clés du futur et aident ses sujets à les utiliser pour échapper aux pièges du présent.

C’est cette perspective que nous proposons un aperçu panorama du contenu de ce numéro.

  1. Aperçu panoramique du contenu du numéro

 

Dans Université et formation du leadership d’avenir pour l’Afrique, Thérèse Mukabacondo et Donata Uwimanimpaye proposent une piste à prendre dans la formation d’un leadership d’avenir dans les universités Africaines. Elles suggèrent de se concentrer sur les besoins fondamentaux et les stratégies pour y arriver dans un premier temps, et dans un deuxième temps, s’occuper des besoins d’auto-actualisation. Ceci demande une certaine une attitude sélective valeurs qui peuvent nous aider à tenir débout et ouvert à une évolution positive. La jeune génération doit passer au leadership mature, aidée par des mentors qui combinent l’expérience, le savoir-faire et la capacité intellectuelle.

Dans Théoriser sur le leadership politique en Afrique à partir d’une méditation sur les synoptiques, Jean-Marie Katubadi Bakenge propose aux leaders Africains des principes fondamentaux d’un leader vertueux pour les amener à mieux gouverner. Il estime que la politique et l’éthique convergent fondamentalement en action. C’est au point de cette convergence que Katubadi Bakenge situe le leadership qui puisse instituer et préserver l'Etat de droit comme conditions garantissant l’autoréalisation des citoyens. Il suggère qu’un leader type combine l’aspect de berger, de serviteur et l’aspect transformationnel auquel il arrive par un processus dialectique issue des synoptiques et la loi fondamentale ou la constitution.

Dans Sacerdoce ministériel et sacerdoce commun: de la dictature des clercs au leadership de communion, Jean-Paul Tagheu soutient que le prêtre est un serviteur du Christ pour son peuple. C’est l’enjeu même de la diaconie de communion et de charité comme clé d’un leadership de sainteté. Selon Tagheu, le leader ecclésiastique n’est pas juste un guide de type séculier, il est un assoiffé de Dieu qui, à travers son leadership, est convié à se sanctifier et à aider le peuple à faire de même. Un leadership ainsi compris et vécu nous permet d’échapper à deux tendances vicieuses : une certaine « ecclésiologie cléricale », tyrannique d’une part, et d’autre part « un laïcisme » réactionnaire et anticlérical. L’implication est que nous passons ainsi du clérical à l’ecclésial et de l’union à la communion.

Dans Le leadership du Pape François face à la question de l’économie mondiale: position et orientation, Symphorien Ntibagirirwa revisite l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium (2013). Il se focalise sur le leadership du Pape François face à la question de l’économie mondiale dans le contexte de la mondialisation. Le  Pape François dénonce l’économie mondiale qui perpétue des inégalités et propose une économie qui fait vivre par le partage, l’inclusion des pauvres et l’usage des profits pour la solidarité mondiale. Ce type d’économie est une économie solidaire dans laquelle les humains et le reste de la création vivent en harmonie. Il s’agit ici de se rendre compte que le leadership aux clés du futur doit être aussi un prophète qui annonce en dénonçant. (Giorgini, 2014)

 

 




[1]Il s’agit de dix principes tirés des quatre instruments, notamment: La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme; La Déclaration de l’Organisation internationale du Travail relative aux principes et droits fondamentaux au travail; La  Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement; et la Convention des Nations Unies contre la corruption. Ces principes, catégorie par catégorie, sont les suivants :

1. Les entreprises sont invitées à promouvoir et à respecter la protection du droit international relatif aux droits de l'Homme dans leur sphère d'influence ;

2. Veiller à ce que leurs propres compagnies ne se rendent pas complices de violations des droits de l'Homme.

3. Les entreprises sont invitées à respecter la liberté d'association et à reconnaître le droit de négociation collective;

4. L'élimination de toutes les formes de travail forcé ou obligatoire ;

5. L'abolition effective du travail des enfants ; et

6. L'élimination de la discrimination en matière d'emploi et de profession.

7. Les entreprises sont invitées à appliquer l'approche de précaution face aux problèmes touchant l'environnement ;

8. Entreprendre des initiatives tendant à promouvoir une plus grande responsabilité en matière d'environnement; et

9. Favoriser la mise au point et la diffusion de technologies respectueuses de l'environnement.

10. Les entreprises sont invitées à agir contre la corruption sous toutes ses formes, y compris l'extorsion de fondset les pots-de-vin.

[2] Voir ma publication, à paraître bientôt,  Approaching Corporate Governance through Ubuntu: Implications for corporations in Developing countries.

Référence Bibliographique: 

Chisi, M L 2010. Surgissement d'un monde nouveau! Valeurs, vision, économoie, politique...tout change. Alphée: Paris.

Covey, S R 2006. L'étoffe des leaders. (C. Cullen, Trad.) Paris: Bien-être.

François, P 2015. Cette économie qui tue. (A. Tornielli, G. Galeazzi, Éds., & G. Lambert, Trad.) Paris: Bayard.

Giorgini, P 2014. La transition fulgurante: Vers un bouleversement systémique du monde. Paris: Bayard.

Ray, P H, & Anderson, S R 2001. L'émergence des créatifs culturels: Enquête sur les acteurs d'un changement de société. SL: Yves Michel.

Scherer, A G, & Parazzo, G 2011. The New Political Role of Business in a Globalized World: A Review of a New Perspective on CSR and its Implications for the Firm, Governance, and Democracy. Journal of Management Studies, 48(4): 899-931.

Staune, J 2015. Les clés du futur: Réinventer ensemble, la société, l'économie et la science. Paris: Plon.

Williams, O F 2008. Peace through commerce: Responsible Corporate Citizenship and the Ideals of the United Nations Global Compact. Notre Dame: Notre Dame University Press.

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