LE LEADERSHIP DU PAPE FRANCOIS FACE A LA QUESTION DE L’ECONOMIE MONDIALE: POSITION ET ORIENTATION

Abstract: 

This article has focused on the apostolic exhortation Evangelii Gaudium (2013) and analyzes the leadership of Pope Francis and his position on the world economy question in the current era of economic globalization. Pope Francis denounces the world economy that perpetuates global inequality and kills. Thus, the Holy See advocates that, an economy that gives life includes the poor and uses profits for global communion. Indeed, this kind of economy Pope Francis claims is the economy of harmony between humans and other creatures. His position is founded on his life experience, the context in which he grew and his position as moral authority, and leader of the Catholic Church, with its longstanding tradition and social doctrine. Therefore, the Prelate’s position and orientation argue an efficient and effective leadership for the world economy that any country should closely follow.

 

  1. Introduction: Cadrage de la question et de ses enjeux

Cette réflexion est issue de la toute première exhortation apostolique du Pape François, La joie de l’Evangile (Evangelii Gaudium,) ci-après référée comme EG) (François [Pape] 2013). Cette exhortation publiée le 24 Novembre 2013 à la conclusion de l’année de la foi et à la suite de la première encyclique,  La lumière de la foi (Lumen  Fidei) du 5 juillet 2013, pourrait être comprise comme une sorte de programme du Pape François. Le message central de cette exhortation est l’invitation aux chrétiens à redécouvrir la joie de leur rencontre avec le Christ et à entrer dans une nouvelle dynamique d’évangélisation. Le Pape François l’exprime lui-même dans ces mots: « Dans cette exhortation je désire m’adresser aux fidèles chrétiens, pour les inviter à une nouvelle étape évangélisatrice marquée par cette joie et indiquer des voies pour la marche de l’Église dans les prochaines années » (EG, 1). Ces paroles inspirent cette réflexion, Le leadership du Pape François face au défi de l’économie mondiale à l’heure de la mondialisation. En effet, dans ce document, le Pape se considère, à juste titre, comme un nouveau guide dans l’« Eglise sans frontières qui se sent mère de tous » (EG 210). Comme pasteur, il dispose d’une capacité de voir et percevoir des questions que pose le monde d’aujourd’hui et d’y répondre comme un véritable guide.

Le document comporte cinq charnières ou chapitres: Le premier chapitre est une invitation à l’Église à sortir d’elle-même, de la bureaucratie, pour proposer avec joie le message de l’Évangile trop souvent réduit à son aspect moral. Dans le deuxième chapitre, le pape souligne les défis et les tentations que rencontrent les chrétiens aujourd’hui dans leur engagement communautaire au service de l’Évangile. Il y dénonce, entre autres, la mondanité et le relativisme qui peuvent les affecter. Dans le troisième chapitre, le pape rappelle la responsabilité missionnaire de tout baptisé : toute personne baptisée est missionnaire. Le quatrième chapitre porte sur la dimension sociale de l’évangélisation: l’évangélisationa une dimension sociale. Enfin, dans le cinquième, le pape parle de la « spiritualité de l’évangélisation ».

Cet article porte sur le premier chapitre (les articles du Numéro 53 au numéro 60) et la deuxième section du chapitre 4. Le dénominateur commun de ces deux parties est l’aspect économique, son impact sur les vies humaines dans le contexte de la mondialisation et la réponse qu’il faudrait lui réserver. En effet, le Pape souligne les défis et les tentations de l’économie d’aujourd’hui et propose la voie à prendre pour y faire face. C’est la dimension sociale de l’évangélisation qui est en jeu. Cette réflexion comportera deux grands moments, à savoir la dénonciation et l’annonciation :

  • En premier lieu, le Pape François dénonce  «l’inégalité globale» et «l’économie qui tue». En clair, il dit « Non à l’Economie qui tue ! ».
  • En deuxième lieu, au « “non” à une économie qui tue », le Pape annonce « un “oui à une économie qui fait vivre parce qu’elle partage, inclut les pauvres et utilise les profits pour créer la communion».

Ces deux grands points seront cadrés par deux points complémentaires, à savoir l’arrière-plan qui motive l’intérêt du pape à la question économique et quelques remarques conclusives.

  1. Contexte de l’intérêt du Pape à la question économique

La question de l’ordre économique au service de l’homme est une préoccupation dans toute la vie du Pape François. Nous tenterons de la situer à trois moments à savoir: l’homme parmi les humains (moment humain), avant (le religieux prêtre jésuite et archevêque de Buenos Aires) et le moment actuel qui correspond à son pontificat.

  1. Comme humain confronté concrètement à la question de l’économie et de la pauvreté

Pendant sa jeunesse, Jorge Mario Bergoglio aurait travaillé dans une boîte de nuit comme videur, un service qui consiste à contrôler et limiter l'accès dans le club. Il a aussi travaillé comme balayeur dans un laboratoire et inspecteurs des produits pharmaceutiques pour subvenir à ses besoins financiers et payer ses études de chimie. Ces petits boulots de jeunesse l’ont certainement rapproché des défis de l’économie de son pays et du monde ainsi que de la question des pauvres au quotidien.

  1. Avant le pontificat : le religieux prêtre jésuite et archevêque

Dans leur article paru dans le Journal La Croix, Séverin Husson a et Nicolas Senèze (2015) citent Gaël Giraud qui parle du passé économique du Pape en ces termes :  

Jorge Mario Bergoglio n’est pas un économiste…. Il ne cite pas de chiffres, n’appuie jamais ses analyses sur des théories. Cela ne signifie pas que ce qu’il dit est faux, au contraire, mais que tout vient de son expérience de pasteur, de ce qu’il a vécu pendant des années à Buenos Aires, au contact des pauvres, comme jésuite, puis évêque.» 

Effectivement, comme prêtre, Jorge Mario Bergoglio a évolué comme religieux dans la compagnie de Jésus, ou les Jésuites. Comme religieux, il a fait vœu de pauvreté. Pendant qu’il était archevêque et cardinal de Buenos Aires, il a vécu une vie simple et il utilisait les transports en commun. Cela devrait témoigner de l’intérêt spécial qu’il avait pour les moins privilégiés et les pauvres. Il a accepté d’être membre honoraire de Rotary Club dont la devise est « servir d’abord », une devise qu’on ressent quand le Pape insiste que l’argent serve au lieu de gouverner : « l’argent doit servir et non gouverner ». C’est certainement sur cette base qu’il dénonçait le libéralisme sauvage d’un monde globalisé. Des fois il passait la nuit chez l’un et l’autre prêtre qui était menacé par les trafiquants de drogue. Il était très préoccupé par le problème de rejet, d’exclusion et la misère de toute sorte.

En 2009, lors de la conférence sur la « dette sociale », il aurait repris le document publié en 1992 par le Conseil Episcopal de l’Amérique Latine pour déclarer que « la pauvreté extrême et les structures injustes qui causent de grandes inégalités sont des violations des droits de l’homme ». La pauvreté et tout ce qui entretient la pauvreté viole les droits de l’homme. Je concoure avec le Pape d’autant plus que la perspective dominante des droits humains en vogue aujourd’hui se préoccupe moins des aspects fondamentaux de l’existence humaine tels que la nourriture, la santé, l’éducation, le logement et l’emploi sans lesquels les autres droits peuvent se faire valoir. En parlant de la pauvreté comme une violation des droits humains, le Pape défie la perspective bourgeoise des droits humains pour nous inviter à nous focaliser sur ceux qui sont privés des libertés fondamentales, ou plutôt capabilités[1] élémentaires, pour  pouvoir réclamer leurs droits.

Le Pape a toujours dénoncé « le fétichisme de l’argent et la dictature de l’économie sans visage et sans but véritablement humain ».  C’est sur cette base que le Pape a été accusé doublement. Il a d’abord été accusé d’être marxiste. Le titre du prologue du livre que Tornielli et Galeazzi ont dédié résonne cette accusation: « Y a-t-il un pape marxiste au Vatican ? » (Tornielli & Galeazzi 2015 :5, voir aussi tout le chapitre V, pp.89ss). L’animateur de la radio américaine Rush Limbaugh affirme même que Evangelii Gaudium est du marxisme qui sort de la bouche du pape (cité par Tornielli & Galeazzi 2015 : 92).  Le pape soutient que l’idéologie marxiste est erronée, et affirme en même temps que de nombreux marxistes sont des gens de bien.  S’il n’est pas marxiste, pourrait-il être au moins marxien pour qui il n’y ait pas de grande différence entre un saint homme qui donne à manger aux pauvres et ceux qui affrontent la question de savoir pourquoi les pauvres n’ont rien à manger pour que les systèmes et les structures qui causent la pauvreté puissent être confrontés. 

Le Pape met aussi un lien entre l’Etat et l’économie: il plaide pour le renforcement de l’Etat dans le contrôle de l’économie ; ce qui est la tendance actuelle du consensus post-Washington. Les libéraux invétérés pourraient se baser sur cette affirmation pour arguer que cette plaidoirie est la doctrine sociale de l’Eglise qui promeut la responsabilité personnelle et la liberté de l’entreprise. Or, si le Pape plaide pour le renforcement de l’Etat dans le contrôle de l’économie, c’est que justement l’économie néoclassique des années 70 est hostile au rôle de l’Etat dans l’économie, ne lui accordant qu’une place minimale. Tel était le cas avec le Programme d’Ajustement Structurel issu du Consensus de Washington qui a fragilisé la plupart des Etats africains jusqu’à les réduire à la faillite.

  1. Pendant le Pontificat

En premier lieu, le choix de son nom mérite une attention. Le nom de son pontificat est François. En entendant ce nom, certains auraient pensé à François Xavier (Jésuite) ou à François de Sale. Mais le Pape a pensé à François d’Assise en lien avec les pauvres, « un saint des pauvres ». Il s’agit d’un Saint-programme qui associe la paix au pain dans une enveloppe d’un environnement sain:

… aussitôt, en relation aux pauvres, j’ai pensé à François d’Assise. Puis j’ai pensé aux guerres, … et François est l’homme de la paix… C’est pour moi l’homme de la pauvreté, l’homme de la paix, l’homme qui  préserve la création ; en ce moment, nous avons aussi avec la création une relation qui n’est pas bonne, non ? C’est l’homme qui nous donne cet esprit de paix, l’homme pauvre… Ah ! Comme je voudrais une Eglise pauvre et pour les pauvres !’(Tornielli & Galeazzi 2015 : 18-9)

Pour le Pape, la paix et le pain doivent aller ensemble. Sans le pain il n’y a pas de paix, sans la paix, il n’y a pas de pain non plus. Or dans l’état actuel des choses, nous pouvons penser à la paix et au pain sans être en paix avec le reste de la création. D’emblée, le Pape pose la question de l’environnement confronté au réchauffement climatique. 

En deuxième lieu, dans ses positions sur l’économie en général et sur l’économie mondiale, en particulier, le Pape François hérite des préoccupations et des valeurs de ses prédécesseurs. Il se situe donc en continuité avec l’enseignement social de l’Eglise sur la question économique. Je retiens ici quelques grands moments sans être exhaustif:

Dans l’Encyclique, Rerum novarum, le Pape Léon XIII (1891), se plaignait de l’économie de son temps dans ces termes: "La concentration [...] de l'industrie et du commerce, devenus le partage d'un petit nombre de riches et d'opulents [...], impose ainsi un joug presque servile à l'infinie multitude des prolétaires." 

En 1931, le pape Pie XI  a publié Quadragesimo anno (1931) dans lequel il critiquait l’économie de son temps dans ces termes :

Détenteurs et maîtres absolus de l'argent gouvernent le crédit et le dispensent selon leur bon plaisir. [...] Ils distribuent [...] le sang à l'organisme économique dont ils tiennent la vie entre leurs mains, si bien que sans leur consentement nul ne peut plus respirer. 

Dans l’Encyclique Mater et magistra, le pape Jean XXIII (1961) critiquait la liberté du  marché et son implication et se lamentait ainsi : "A la liberté du marché a succédé une dictature économique. L'appétit du gain a fait place à une ambition effrénée de dominer. Toute la vie économique est devenue horriblement dure, implacable, cruelle." 

Dans l’Encylique Populorum progressio, le pape Paul VI (1967), sous l’inspiration de l’économie et humanisme de Joseph Louis Lebret, a redéfini le développement économique en termes d’un développement de tout homme et de tout l’homme, ou le développement intégral. Chemin faisant, il critiquait l’évolution  de l’économie en ces termes : "Le bien commun exige donc parfois l'expropriation si, du fait de l'étendue des revenus, [...] de la misère qui en résulte pour les populations, [...] certains domaines font obstacle à la prospérité collective." (Paul VI, Pape 1967 : § 24)

Enfin, dans l’Encyclique publié en 1991, Centesimus annus, le pape Jean Paul II  critiquait la justice des plus riches qui dégrade la dignité des faibles et l’exprimait ainsi :

Malheureusement, aujourd'hui encore, on trouve des cas de contrats passés entre patrons et ouvriers qui ignorent la justice la plus élémentaire en matière de travail des mineurs ou des femmes, pour les horaires de travail, les conditions d'hygiène dans les locaux et la juste rétribution (Jean Paul II 1991: No.8).

Tel est le cadre dans lequel la position du Pape face à l’économie mondiale peut se lire et se comprendre. Considérons donc son repositionnement.

  1. Repositionnement du Pape face à l’économie du monde

Le repositionnement du Pape face à l’économie mondiale peut se résumer en trois lettres qui forment un seul mot « NON » que nous retrouvons dans le 2ème chapitre de l’Exhortation Evangelii Gaudium, à savoir, la crise de l’engagement communautaire :

  • NON à l’économie de l’exclusion ;
  • NON à la nouvelle économie de l’idolâtrie de l’argent ; 
  • NON à l’argent qui gouverne au lieu de servir ;
  • NON à la disparité sociale qui engendre la violence.

Nous reprenons chacun de ces éléments alternativement.

 

  1. L’économie de l’exclusion

Pourquoi le pape dit « non » à l’économie de l’exclusion. Pour une seule et simple raison. Ce type d’économie tue. Le commandement de Dieu nous exige de ne pas tuer. Le non à l’économie qui exclue vise à renforcer l’importance de la valeur de la vie humaine. Le pape l’exprime ainsi:

De même que le commandement de « ne pas tuer » pose une limite claire pour assurer la valeur de la vie humaine, aujourd’hui, nous devons dire « non à une économie de l’exclusion et de la disparité sociale ». Une telle économie tue(EG 53).

Le pape souligne un certain nombre d’aspects de l’économie d’aujourd’hui. Le premier aspect c’est l’exclusion. Selon le Pape François, l’économie actuelle ne fait pas attention à certaines catégories de gens. Quand une personne âgée est réduite à vivre dans la rue et meurt de froid, cela ne constitue pas une nouvelle.  Au contraire, une baisse d’une bourse dans un coin du monde, fut-elle minime, devient la une de l’actualité.

Le deuxième aspect que souligne le Pape est la disparité sociale. On jette la nourriture alors qu’il y a beaucoup de gens qui souffrent de la faim. Les statistiques présentées par la FAO en 2013 sont plus éclairantes et plus provoquantes dans cette perspective. Elles se présentent ainsi:

  • Plus de 41 200 kilos (41 tonnes) de nourriture sont jetés chaque seconde dans le monde ;
  • Cela représente un gaspillage alimentaire de 1,3 milliard de tonnes d'aliments par an ;
  • Soit 1/3 de la production globale de denrées alimentaires dédiée à la consommation ;
  • Le gaspillage alimentaire concerne tant les pays riches que les pays pauvres et représenterait une valeur gaspillée de 750 milliards de dollars annuellement.

Le troisième aspect de l’économie actuelle c’est la compétitivité qui privilégie la loi du plus fort. Apparemment la compétitivité n’a pas de problème comme son objectif est de favoriser l’efficacité, la qualité et la productivité. La question est celle de savoir ce que deviennent les perdants  de la compétition ainsi exclus. Comment les gagnants qui n’ont plus de compétiteurs peuvent améliorer et maintenir la qualité et l’efficacité ?  Ce à quoi le Pape François veut nous amener c’est l’idée chère de l’éthique des affaires selon laquelle la coopération est beaucoup plus bénéfique de la compétition.

Comme le Pape lui-même l’observe, la conséquence de l’exclusion, de la disparité sociale et de la compétitivité est que les grandes masses de population se voient exclues et marginalisées, sans travail, sans perspectives et sans voies de sortie. L’être humain lui-même devient un bien de consommation à utiliser et à jeter s’il n’est plus utilisable. Le Pape parle ainsi de la culture du « déchet » qui pose la question de l’appartenance à la société. En effet, dans les sociétés où l’exclusion, la disparité et la compétition font la loi, « les exclus ne sont plus des exploités, mais deviennent des déchets ou des restes » (EG 53).

Ce nouvel ordre de l’économie mondiale est une préoccupation  permanente du Pape François. Le 16 Mai 2013, dans son discours  adressé aux nouveaux ambassadeurs du Kirghizistan, d’Antigua-Barbuda, du Luxembourg et du Botswana, il disait:

La crise mondiale qui touche les finances et l’économie semble mettre en lumière leurs difformités, et surtout la grave déficience de leur orientation anthropologique qui réduit l’homme à une seule de ses nécessités: la consommation.  Et pire encore, l’être humain est considéré comme étant lui-même un bien de consommation qu’on peut utiliser, puis jeter. De fait, nous nous sommes jetés dans une culture du déchet(Pape François 2013).

Il est évident que cela n’est pas sans conséquence d’autant plus que ces supposés « déchets » peuvent se battre pour leur survie et se reconnecter à l’économie mondiale par des moyens qui interrogent l’humanité dans son ensemble (voir Ntibagirirwa 2001: 34-35). Trois de ces moyens peuvent être retenus ici :

  1. Connexion à l’économie mondiale via l’économie criminelle

L’économie criminelle est une économie qui consiste en la production et le trafic de la drogue, la vente illégale des armes, la fraude, la corruption à grande échelle, le commerce des êtres humains (le trafic humain), des femmes et des enfants (les hommes ne sont plus épargnés surtout pour le tourisme sexuel), le commerce des organes humains pour les cliniques privées des pays développés.

  1. Economie du désespoir et de la violence 

L’économie du désespoir et de la violence est une économie dont le bien produit ou consommé est la frustration individuelle ou collective. Cette économie a d’ailleurs transformé certains pays pauvres en champs de bataille d’autodestruction et des rebellions qui foisonnent et se fissionnent. Cela s’observe bien, par exemple, dans les pays des Grands Lacs africains dont la violence ethnique verse en des massacres génocidaires que les puissances mondiales alimentent ou observent avec indifférence. Tel a été le cas au Burundi, Rwanda, RDC, la Somalie, le Soudan du Sud, la République Centrafricaine, le Mali pour ne citer que ceux-là.

  1. Recrudescence du fondamentalisme idéologique et religieuse 

Ce fondamentalisme conduit au terrorisme et aux guerres interreligieuses. La réponse à l’exclusion dans l’économie mondiale est l’appel à l’exclusion réciproque des dominants par les exclus ou les dominés dont l’expression politique est le populisme. La conséquence en est des relations humaines appauvries, l’aliénation des groupes entiers, des cultures et même des pays. Nous sommes habitués aux mouvements fondamentalistes qui  opposent les modèles du développement supposés menacer les identités culturelles, la défense féroce des territoires et les frontières culturelles, une violence sans restriction.

DansLe monde en 2035 vu par la CIA (2017), - Le Rapport que Trump a trouvé dans le bureau ovale-,  parle du paradoxe du progrès et souligne la question des opinions et des identités dont la conséquence dans le monde interconnecté est la vague d’exclusion. En substance, le rapport dit ceci :

… le populisme va se renforcer dans les deux décennies à venir. Il amènera avec lui des identités nationalistes et religieuses excluantes, dans un climat où les interactions entre technologie et culture accélèrent, où les peuples cherchent du sens et de la sécurité dans le contexte de changements économiques, sociaux et technologiques rapides et déroutants (National Intelligence Council  2017 : 46).

Certains économistes qui défendent l’économie actuelle parlent de la « rechute favorable ». La rechute favorable est une théorie qui soutient que le libre marché favorise la croissance économique. Cette croissance économique produirait une grande équité et une grande inclusion sociale. Pour le pape, cette théorie n’est pas confirmée par les faits. Plutôt elle exprime une confiance naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant.

Poussant plus loin, le pape observe qu’à la place de l’inclusion sociale, il se développe la  mondialisation de l’indifférence issue de la culture égoïste de l’économie actuelle. Selon le Pape, cette mondialisation nous rend incapable d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres comme si tout nous était une responsabilité étrangère. Inversement, si un nouveau produit est offert sur le marché, et que nous ne l’avons pas encore acheté, nous nous sentons mal à l’aise alors que les vies qui perdent des possibilités de vivre nous semblent être un spectacle.

  1. L’idolâtrie de l’argent

Le pape condamne la conception qu’on fait de l’argent ou ce qu’il appelle le fétichisme de l’argent. L’argent en soi n’est pas un problème surtout que nous en avons besoin pour subvenir à nos besoins sur le marché, et même pour l’échange. Mais le problème survient quand nous acceptons sa prédominance sur nous et sur nos sociétés. Il s’agit d’un problème anthropologique d’autant plus que c’est le primat de l’être humain qui est nié. Quand l’être humain n’est plus une priorité, l’économie elle-même n’a plus de visage ni de but humain. Les conséquences de l’idolâtrie de l’argent sont nombreuses. Retenons-en 7 plus saillants:

  • La défense de l’autonomie absolue du marché qui privilégie une minorité de bénéficiaires qui est très éloignée du bien-être de la majorité ;
  • La perte du droit de contrôle des Etats chargés de veiller à la préservation du bien commun. Dans nos pays, nous savons ce que le Programme d’Ajustement Structurel nous a fait ;
  • L’endettement et l’accumulation des intérêts qui éloignent certains pays des possibilités praticables par leur économie et les citoyens de leur pouvoir d’achat réel ;
  • La corruption ramifiée et l’évasion fiscale aux dimensions mondiales (François, Pape 2013);
  • Les flux financiers illicites[2] (Voir le Rapport du Groupe de haut niveau sur les FFI en provenance de l’Afrique, UA/CEA(Economic Commission of Africa, 2015) ;
  • L’appétit du pouvoir et l’avoir sans limite ;
  • L’environnement fragilisé par la recherche effrénée  bénéfices.
  •  L’argent qui gouverne au lieu de servir

Le Pape condamne le refus de l’éthique et de Dieu qui se cachent derrière l’économie. Pourquoi l’éthique est refusée dans l’économie aujourd’hui :

  • L’éthique est considérée comme contreproductive, trop humain parce qu’elle relativise l’argent et le pouvoir qui tendent à s’absolutiser ;
  • L’éthique est ressentie comme une menace à l’économie actuelle parce qu’elle condamne la manipulation et la dégradation de la personne.

Or, l’éthique renvoie à Dieu qui attend une réponse exigeante, hors des catégories du marché d’autant plus que Dieu est incontrôlable, non manipulable parce qu’il appelle l’être humain à sa pleine réalisation et à son indépendance de toute sorte d’esclavage. L’éthique permet de créer un équilibre et un ordre social plus humain.

Ainsi le pape appelle les experts financiers et les gouvernants des pays à une sagesse qui dit que: « Ne pas faire participer les pauvres à leurs propres biens, c’est les voler et leur enlever la vie. Ce ne sont pas nos biens que nous détenons, mais les leurs » (EG 57). Il suggère quelques pistes à considérer pour retrouver l’ordre social et humain, notamment:

  • une réforme financière qui n’ignore pas l’éthique ;
  • la détermination et la clairvoyance des dirigeants politiques à être déterminés et clairvoyant en tenant compte de la spécificité de chaque contexte ;
  • Veiller à ce que l’argent serve au lieu de gouverner ;
  • Rappelle que les riches doivent aider les pauvres, les respecter et les promouvoir ;
  • la solidarité et au retour  de l’économie et de la finance à une éthique en faveur de l’être humain.
  • La disparité sociale engendre la violence

Nous avons déjà frôlé cet aspect en parlant de la recherche de survie des perdants de l’économie via des connections criminelles.  Le pape soutient que la violence est la conséquence de l’exclusion et de la disparité sociale dans la société et entre les diverses peuples. Cette violence ne peut pas se résoudre par la course aux armements que certaines puissances mondiales voudraient entretenir. Il s’agit d’une violence dans laquelle les riches et les pauvres s’accusent et s’attaquent mutuellement. Donc de l’économie de l’exclusion. Le pape le dit ainsi :

Quand la société- locale, nationale ou mondiale- abandonne dans la périphérie une partie d’elle-même, il n’y a ni programmes politiques, ni forces de l’ordre ou d’intelligence qui puissent assurer sans fin la tranquillité. Cela n’arrive pas seulement parce que la disparité sociale provoque la réaction violente de ceux qui sont exclus du système, mais parce que le système social et économique est injuste à sa racine(EG 59).

Quelle est donc la réponse du Pape François à son analyse de l’économie mondiale, quelle est sa réponse à son « NON » ? La réponse au NON à l’économie qui tue est un “OUI à une économie qui fait vivre parce qu’elle partage, inclut les pauvres et utilise les profits pour créer la communion ». La réponse adéquate aux déboires de l’économie d’aujourd’hui est l’intégration sociale des pauvres. Pour les chrétiens, il s’agit d’une réponse qui prend racine dans notre foi en Jésus qui s’est fait pauvre pour se rapprocher des pauvres et des exclus. Ainsi, cette foi fonde la préoccupation chrétienne pour le développement intégral, un développement de tout homme et de tout l’homme, donc un vrai développement durable, par excellence.

 

  1.  La réponse de Pape François: Oui à l’économie qui fait vivre

En quoi consiste ce oui à l’économie qui fait vivre?  Le pape revient à la définition fondamentale de l’économie. L’économie est l’art d’atteindre une administration adéquate de la maison commune. Cette maison commune, c’est le monde entier auquel le Pape a réservé tout l’encyclique Laudato si (2015). Aujourd’hui, toute action d’une certaine portée, mise en œuvre sur une partie de la planète, se répercute sur la totalité si bien qu’aucun gouvernement ne peut agir en dehors d’une responsabilité commune. C’est à partir de cette conception de l’économie que l’intégration sociale des pauvres est possible et se recommande.  Ainsi le Pape souligne cinq :

  1. Nous unir à Dieu pour écouter un cri

Le « oui » à l’économie qui fait vivre nous exige de nous unir à Dieu pour écouter le cri des pauvres. Le pape rappelle que tous les chrétiens et chaque communauté sont appelés à être des instruments de Dieu pour la libération et la promotion des pauvres, de manière qu’ils puissent s’intégrer pleinement dans la société. Cela exige d’être docile et attentif à l’écoute du cri du pauvre pour le secourir. Cette écoute permet d’agir à deux niveaux complémentaires : Au plus haut niveau, il s’agit de coopérer pour résoudre les causes structurelles de la pauvreté et promouvoir le développement intégral des pauvres. Au plus bas niveau, il s’agit de poser des gestes simples et quotidiens de solidarité devant les misères concrètes que nous rencontrons (EG 188). Cependant, cette solidarité va plus loin que les actes ponctuels, comme le précise le Pape, d’autant plus qu’elle requiert de

  • Créer une nouvelle mentalité qui pense en termes de communauté, de priorité de la vie de tous sur l’appropriation des biens par quelques-uns. La destination universelle des biens l’exige !;
  • Considérer que la solidarité est une réaction spontanée de celui qui reconnait la fonction sociale de la propriété et la destination universelle des biens comme réalité antérieure à la propriété privée ;
  •   Se rendre compte du fait que la solidarité doit être vécue comme la   décision de rendre au pauvre ce qui lui revient.

Chacun de ces trois éléments pourrait faire objet de toute une étude. Ce article n’a pas prévu cet espace. Suffit-il de dire seulement que cette compréhension de la solidarité ouvre et rend possible des transformations structurelles ?

Le pape souligne le fait que le pauvre n’est seulement pas l’individu isolé,  mais aussi des peuples entiers, les pays les plus pauvres de la terre. Citant le Conseil Pontifical Justice et Paix, il rappelle que la paix se fonde non seulement sur le respect des droits de l’homme, mais aussi sur celui des droits des peuples ». Cependant, le problème est que les droits humains sont parfois utilisés pour défendre des droits individuels ou les droits des peuples les plus riches. Sur cette base, le pape rappelle que « la planète appartient à toute l’humanité et est pour toute l’humanité ». C’est sur cette base que les plus favorisés doivent renoncer à certains de leurs droits, pour mettre leurs biens au service des autres » (EG 192).

La réponse au cri des pauvres  ne se limite pas seulement à la solidarité pour assurer à tous la nourriture ou une subsistance décente, mais, c’est  aussi et surtout travailler à ce que tous connaissent « la prospérité dans ses multiples aspects » comme le suggère la Conférence Nationale des Evêques du Brésil. Il s’agit notamment de :

  • L’éducation ;
  • L’accès à l’assistance sanitaire ;
  • L’accès au travail d’autant plus que le travail rend libre, créatif, participatif et solidaire de manière à aider l’être humain à exprimer et accroître sa dignité ;
  • Un salaire juste qui donne accès aux autres biens destinés à l’usage commun.

Bref, il s’agit de leur doter ou leur permettre de se doter de toutes les capabilités, au sens d’Amartya Sen, qui leur permettent d’être libres pour plus de développement (Sen, 1999).

  1. Fidélité à l’évangile

Le « oui à l’économie qui fait vivre » requiert d’être fidèle à l’évangile. Le pape rappelle que la base de l’engagement à écouter le cri des pauvres doit être la fidélité à l’évangile qui exige de ne pas oublier les pauvres et appelle à la miséricorde, à l’option des derniers et ceux qui sont rejetés ou mis de côté. Il s’agit d’imiter le leadership de Jésus dans la libération économique des pauvres(voir Ntibagirirwa 2016). Sans cette base, on risque de faire la course en vain.

  1. Donner une place privilégiée aux pauvres dans le peuple de Dieu

Le oui à l’économie qui fait vivre exige de « donner une place privilégiée aux pauvres dans le peuple de Dieu ». La place privilégiée des pauvres dans le peuple de Dieu anime l’option préférentielle pour les pauvres.[3] C’est sur cette base que l’Eglise a pris une option pour les pauvres une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne dont témoigne la tradition de l’Eglise. Le pape dit qu’il désire « une Eglise pauvre pour les pauvres » (EG 198) et appelle l’Eglise catholique  à traduire l’option préférentielle pour les pauvres par une attention religieuse privilégiée et prioritaire (EG 200). Il s’agit de refuser la pauvreté dans l’autre comme si cette même pauvreté était la nôtre. C’est l’aspect empathique de l’évangile.

  1. Redistribution des revenus

Le « oui à l’économie qui fait vivre veut dire que les revenus doivent être redistribués ». C’est même une exigence pour une économie qui réclame d’être au service de tout le monde. Selon le Pape François, les problèmes des pauvres seront résolus en renonçant à l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière, et en attaquant les structures de la disparité sociale. Ici le pape François fait écho au discours de pape Bénoit XVI au corps diplomatique en date du 8 janvier 2007 où il parlait d’éliminer les causes structurelles de dysfonctionnement de l’économie mondiale. La disparité sociale est la base des maux de la société (EG 202).

Le pape propose que la dignité humaine et le bien commun soient des questions qui structurent toute politique économique au lieu d’être des appendices ajoutés de l’extérieur. Cela exigerait que le système économique actuelle s’ouvre à des paroles qui le gênent telles que l’éthique, la solidarité mondiale, la distribution des biens, la défense de l’emploi, la dignité des faibles et Dieu lui-même comme l’exige tout engagement pour la justice.

Dans cette perspective, le pape rappelle que la vocation de l’entrepreneur est un noble travail, et que par conséquent il doit se laisser toujours interroger par un sens plus large de la vie; ceci lui permet de servir vraiment le bien commun, par ses efforts de multiplier et rendre plus accessibles à tous les biens de ce monde (EG 203). Cette position du pape va à l’encontre de certains économistes comme Merton Friedman et Steinberg qui soutenaient que la responsabilité sociale de l’entreprise est de maximiser les profits. Au-delà des biens, se trouve le devoir de la responsabilité de l’entreprise de s’impliquer dans des projets qui contribuent au bien-être de la société dans son ensemble en portant plus attention à la qualité de la vie des gens surtout les moins privilégiés (Williams 2008 : 432).

Le pape suggère de ne pas trop faire confiance dans la main invisible du marché d’autant plus que la croissance dans l’équité exige plus que la croissance économique. La croissance dans l’équité exige des décisions, des programmes, des mécanismes et des processus orientés vers une meilleure distribution des revenus, la création d’opportunités d’emplois, une promotion intégrale des pauvres au-delà de la simple assistance (EG 204).

Le pape demande aussi aux gouvernants et au pouvoir financier de faire en sorte que tous les citoyens aient un travail digne, une instruction et une assistance sanitaire, et de s’ouvrir à Dieu pour l’inspiration de leur plan. Cette ouverture à la transcendance pourrait éventuellement donner naissance à une nouvelle mentalité politique et économique sensible à l’éradication de la dichotomie entre économie et bien commun.

  1. Avoir soin de la fragilité

Enfin, le oui à l’économie qui fait vivre exige d’avoir soin de la fragilité.  Le Saint Père invite à faire attention aux nouvelles formes de pauvreté et de fragilité où il faut reconnaitre le Christ souffrant. La grande fragilité que nous connaissons aujourd’hui est due au système économique actuel. Il cite entre autres, les sans-abris, les toxicodépendants, les réfugiés, les populations indigènes, les personnes âgées seules et  abandonnées. Mais il souligne davantage les migrants, les victimes de la traite des personnes dont certaines sont exploitées dans les usines, la prostitution, les enfants utilisés dans la mendicité et ceux qui travaillent cachés parce qu’ils sont irréguliers. Il mentionne aussi les femmes qui sont doublement pauvres parce qu’elles souffrent  des situations d’exclusion, de maltraitance et de violence d’autant plus qu’elles jouissent des faibles possibilités de défendre leurs droits. Enfin, la fragilité est repérable à l’ensemble de la création à la merci des intérêts économiques et utilisé sans discernement.  Aussi le pape a-t-il publié l’encyclique, Laudo Si, qui invite le monde à la consommation et au développement responsable. L’amour de Dieu est en jeu !

Que conclure ?

Nous venons d’exposer la position du pape François face à l’économie mondiale. Sa position est celle d’un prophète qui dénonce et annonce si bien qu’il peut être considéré comme un leader qui opère des mutations en détenant les clés du futur. Par son « non », il dénonce l’économie qui tue. Par son « oui », il annonce une économie qui fait vivre l’homme en harmonie avec lui-même, avec son prochain et toute la création.

En relisant sa position, nous pouvons retenir trois choses : En premier, le pape se démarque de l’économie néolibérale dont il connaissait les effets dans son propre pays, pour nous converger vers une économie sociale et solidaire qui ne souffre pas de l’exclusion et des disparités sociales. Ce modèle  de l’économie est bien connu du Pape puisqu’il est développé en Amérique Latine où il a évolué. L’économie néolibérale qui tend à s’imposer comme un modèle dominant de l’économie mondiale sous-tend  le capitalisme. Or selonThomas Piketti (2014), le capitalisme va toujours avec les inégalités. Piketti argue que, aujourd’hui nous sommes retournés au capitalisme patrimonial dans lequel les sommets de l’économie sont dominés non seulement par la richesse, mais aussi et surtout par la richesse héritée de par la naissance plutôt que par l’effort et les talents. Il s’agit d’une économie fermée qui prive certaines gens des opportunités et de leurs chances de vivre. De là l’exclusion et la marginalisation.

Deuxièmement, le pape insiste sur l’éthique comme base d’une économie solidaire, une économie à un visage et un but humains. C’est dans cette économie que les pauvres peuvent jouir des libertés fondamentales, des capabilités par lesquelles ils peuvent être agents de leur épanouissement et de leur développement. L’économie et sa gestion ne sont jamais éthiquement et anthropologiquement neutres.

Troisièmement, le pape revient sur le principe de l’option préférentielle pour les pauvres, qui est aussi une idée qui émerge de la théologie de libération en Amérique Latine. Ainsi le pape insiste beaucoup sur la solidarité, solidarité avec les pauvres tant individuellement que comme peuples ou pays. Il s’agit de toute une recherche d’une plateforme sur laquelle les riches et les pauvres peuvent se retrouver, enfin, en tant que tous créés à l’image et à la ressemblance de Dieu.

La question qui reste posée est celle de savoir si les puissances économiques mondiales peuvent écouter le Pape ? En tout cas, le pape nous amène à réaliser que les stratégies économiques peuvent aider à «construire des relations de justice et de solidarité» ou, au contraire, à générer des « situations d’exclusion et de rejet ». Le choix est le nôtre !

 


[1]Ici le mot « capabilités » est utilisé dans un sens peu ordinaire. Dans la philosophie économique d’Amartya Sen (1999) et de Martha Nussbaum, il veut dire ce que les gens sont capable de faire ou d’être. Il s’agit donc des libertés substantielles, un ensemble des possibilités de choisir et d’agir.  

[2]Des fonds qui sont reçus, transférés ou utilisés de façon illégale. Ces fonds proviennent ordinairement de trois sources : Evasion fiscale commerciale, Falsification des factures dans le commerce international et des prix de transfert abusifs et des activités criminelles  (trafic de drogues, traites des personnes, transactions illégales sur les armes, la contrebande, la corruption active et la concussion des fonctionnaires corrompus (FFI 2015: 11).

[3]L’option préférentielle pour les pauvres: Option se réfère à l’engagement; Préférentielle se réfère à la pauvreté spirituelle ; et enfin, pauvre se réfère à pauvreté matérielle.

Référence Bibliographique: 

 

Economic Commission of Africa 2015. Flux financiers illicites : Rapport du Groupe de haut niveau sur les flux. Addis-Abeba: UN-ECA.

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Alternative to Samir Amin's humanism and Hans Küng's global ethic and its implications in the Burundian context (2001). Pietermaritburg: University of Natal.

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Sen, A K 1999. Development as freedom. New York: Anchor books.

Tornielli, A & Galeazzi, G 2015. Pape François: Cette économie qui tue.(Bayard, Éd.) Montrouge, France.

Williams, O 2008. Responsible corporate citizenship and the ideals of the United Nations Global Compact. Dans O. Williams (sous la dir., Peace through Commerce: Responsibile corporate citizenship and the ideals of the United Nations Global Compact (pp. 431-452). Notre Dame (Indiana): Notre Dame University Press.

 
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