L’AFRIQUE DU PRESENT ENTRE L’AURORE ET L’HORREUR

Abstract: 

This editorial essay expresses the hopes and challenges of the African independence in terms of sentiments of pessimism and optimism. Neither of the two extremes can be held as absolute. Thus, the articles of this issue (Vol.9 Issue No.2) should be read against the background of a refusal of pessimism which sees horror and the refusal of exuberant and naïve optimism that dawns without perceiving the cloud of challenges to be faced. In between, the current challenges should be faced with the hopes built on a triad that should help Africa to leap into the far end of the future: 1) the priority of “being” over “having”,    2) the capital of  resilience and, 3) fostering education to nourish African anthropological and spiritual vigour as a condition of African renaissance.       

Cet essai éditorial emprunte un titre du livre d’un membre de la rédaction de la Revue Ethique et Société, Penser la crise africaine : horreur et aurore[1]. En effet, le panorama de l’Afrique présente aujourd’hui un double visage, comme l’expriment les contributions de ce numéro: un visage de l’aurore rayonnant d’une lueur optimiste, donc une Afrique d’espoir d’une part, et d’autre part un visage terne caractéristique du leurre des pessimistes, donc une Afrique des défis. Nous brossons le tableau de ces deux visages alternativement afin de proposer un cadre normatif dans lequel les articles publiés dans ce numéro peuvent être lus

 

1.       L’Afrique de l’espoir : l’optimisme est-il permis ?

L’espoir qui anime les Africains et tous ceux qui s’intéressent à l’Afrique est exprimé par des mots, des phrases ou des projets variés. Le vocabulaire politique nous habitue à de tels concepts comme la démocratie, l’état de droit, la bonne gouvernance, commission électorale nationale indépendante, les droits de l’homme ainsi que le maintien de la paix et l’intégration régionale. Ainsi, tout pays est aujourd’hui jugé en termes de la culture démocratique, la qualité de sa gouvernance, la qualité de son organisation des élections qui, à son tour, dépend de l’indépendance de la commission électorale, le respect de la loi et des droits humains. C’est dans ce cadre que même les régimes issus des mouvements de libération sont obligés de valider formellement leur pouvoir par un processus démocratique. Ainsi, même les pouvoirs dictatoriaux parlent le langage de la démocratie, de l’état de droit, de la bonne gouvernance, des droits humains et des commissions électorales indépendantes.

 

Un autre groupe de mots de la culture politique de l’aurore africain est la médiation, le maintien de la paix et l’intégration régionale. Ainsi, dans ces dernières années, nous avons observé le rôle de la Tanzanie dans la médiation de la crise rwandaise pré-génocide, le rôle de l’Afrique du Sud dans la réconciliation des Burundais, la médiation de l’Afrique du Sud au Madagascar, au Soudan et au Zimbabwe. Cette médiation est suivie d’efforts de maintien de la paix par des contingents militaires africains souvent pour accompagner les interventions occidentales ou américaines. C’est le cas des Burundais et des Ougandais en Somalie; des Rwandais au Soudan (Darfour) ; des Tchadiens et des Nigérians au Mali, des Sud-Africains et les Tanzaniens en RD Congo; des Burundais, des Congolais et des Tchadiens en Centrafrique.

 

L’autre vocabulaire de la politique africaine est l’intégration régionale. Ici nous pouvons parler de l’intégration régionale du continent avec la mutation de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) de 1963 en Union Africaine (UA) en 2002. Celle-ci comporte désormais un parlement panafricain et un conseil de paix et de sécurité (CPS). L’Union Africaine est issue d’un consensus ou d’un compromis entre deux camps : celui des fédéralistes et celui des souverainistes. Au sein de ce grand ensemble, d’autres intégrations fleurissent. Il s’agit de la Communauté des Etats Sahélo-Sahéliens (CEN-SAD); du Marché Commun de l’Afrique Orientale et Australe (COMESA); de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) ; de la Communauté économique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC); de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO); de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et de l’Union du Maghreb Arabe (UMA). La plupart de ces communautés concentrent leur effort d’intégration sur l’aspect économique considéré ci-après.

 

Le vocabulaire économique comporte des concepts comme partenariat, vision, cadre de lutte contre la pauvreté, croissance économique et lutte contre la corruption. Ainsi, la santé économique d’un pays est jugée en termes de partenariats formés, de visions futuristes (planification stratégique), du taux de croissance économique, de la lutte contre la pauvreté et la volonté politique à lutter contre le fléau de la corruption.

 

Ainsi nous parlons de Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) conçu comme un programme de l’Union Africaine. Ce projet ambitieux datant d’octobre 2001 est aussi lié au projet de la renaissance africaine. Les Présidents fondateurs du NEPAD ambitionnaient une croissance économique d’au moins 7% pour le continent collectivement et pour chaque pays africain individuellement afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Ce pourcentage est devenu la référence pour évaluer le progrès économique fait par les Etats africains.

 

Le dictionnaire économique africain contient aussi le vocabulaire des projets futuristes du développement ou « Vision ». Aujourd’hui, presque tous les pays africains ont une vision. Ainsi, nous connaissons la Vision 2025 (Burundi), la Vision 2020 (Rwanda); la Vision 2030 (Cameroun), la Vision 2030 (Kenya), etc. Ces dates collées à « vision » sont supposées être le moment approximatif auquel un pays donné doit avoir atteint le niveau d’un pays à revenu moyen. Ces visions sont traduites à courts termes dans des cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté (CSLP 1ère génération, 2ème génération). Pour libérer les freins qui pourraient décélérer la vitesse à ces objectifs, les dirigeants inscrivent dans leur mandat politique la lutte acharnée contre la corruption et l’instauration d’un climat social, politique et économique favorable pour attirer l’investissement local et étranger. Ce climat est évalué dans les rapports annuels, notamment Doing Business, de la Banque Mondiale.

Dans le domaine social, le vocabulaire est dominé par des concepts comme éducation, santé, genre, liberté de presse et société civile. Ainsi les autorités africaines sensibilisent leurs citoyens à des projets comme l’éducation universelle et la réforme scolaire. En conséquence, de la maternelle à l’université, les infrastructures et les effectifs ont sérieusement augmenté. Dans cette aurore de l’éducation, l’implication du secteur privé ne cesse de s’accroître. A titre d’exemple, le secteur privé du Rwanda comptait, en 2011, 51 %  des institutions supérieures, 524 écoles secondaires et 2300 écoles maternelles.

 

Le domaine de la santé est dominé par le jargon de la maîtrise de la pandémie du VIH-SIDA, la malaria et les maladies chroniques, l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant ainsi que la politique de la gestion de la croissance démographique par la réduction des naissances et le planning familial. Le résultat est la multiplication des centres hospitaliers publics et privés ainsi que la floraison d’organisations humanitaires locales et étrangères qui rivalisent de nouvelles méthodes de travail, parfois à titre expérimental. 

 

Le genre est un autre concept utilisé dans le vocabulaire de l’Afrique optimiste. Ainsi, l’Union Africaine, pour la première fois depuis sa création, a une femme comme secrétaire. Deux pays (le Liberia et le Malawi) ont des femmes à la tête de l’Etat. Le Rwanda est compté parmi les premiers pays qui ont promu des femmes dans les instances dirigeantes du pays. Son parlement compte plus de 60 % de femmes. Certains autres pays font des cooptations d’au moins 30 % des femmes dans les différents secteurs du pouvoir. Les armées et les polices africaines, jadis monopolisées par des hommes s’ouvrent aux femmes. C’est dans cet effort que Madame Lindiwe Sisulu était la ministre de la défense sud-africaine dans le premier gouvernement de Jacob Zuma. A côté de ces efforts  énormes, plusieurs associations de femmes continuent à voir le jour et font entendre leur voix.

 

Enfin, l’Afrique enregistre un nombre croissant de médias privés et d’associations de  la société civile. Ce duo est devenu une force politique dominante en l’absence d’une opposition politique qui s’impose. Il est un signe d’une culture démocratique qui gagne de plus en plus le terrain africain.

  1. L’Afrique des défis: Peut-on céder au pessimisme ?

 

Certains pourraient dire que le tableau ainsi brossé est une illusion et que la réalité est toute autre. Que les pays africains aient besoin de la démocratie, de l’état de droit, de la bonne gouvernance, des commissions électorales indépendantes, de la culture des droits de l’homme, du maintien de la paix par les armes ou par d’autres moyens, de l’intégration régionale, cela va de soi. C’est une nécessité. Mais ces pratiques culturelles ne sont-elles pas beaucoup plus des exportations des sociétés occidentales (promotrices des valeurs européennes) que le fruit des importations des pays africains guidés par le principe de réinterprétation-réinvention d’une culture politique indigène. Il s’agirait de se procurer d’une culture politique qui a de la valeur ajoutée.

 

Comment parler de la démocratie quand celle-ci est devenue synonyme du chaos social et politique comme cela est perceptible en Côte d’Ivoire, en Centre Afrique, en R D Congo et au Soudan du Sud ? Comment parler de l’Etat de droit quand ce langage masque des Etats policiers, des Etats sans loi ni police efficace ? Comment parler de la bonne gouvernance alors qu’il n’est pas facile de repérer où le pouvoir est localisé exactement ? Les biens et les services ne disparaissent-ils pas dans des malversations et des chaines interminables de corruption, dans des injustices et lors de la course pour le pouvoir ? Les commissions électorales indépendantes sont-elles vraiment indépendantes? Si elles étaient indépendantes, le résultat serait des élections libres, justes et équitables. Mis à part quelques exceptions comme l’Afrique du Sud, le Bénin, le Ghana, le Sénégal et la Tanzanie, a-t-on des élections libres, justes et équitables en Afrique ? Les votes comptés et non pesés sont-ils démocratiques ? Comment parler des droits de l’homme dans les pays où les conflits sont toujours à l’ordre du jour ? Peut-on parler du maintien de la paix quand les armées nationales ne parviennent pas à assurer l’intégrité des frontières et la souveraineté nationale? Les intégrations régionales ne sont-elles pas rongées par les conflits d’intérêts?

 

En économie, les faisceaux sont-ils si lumineux ? Qui forme le partenariat avec qui ? Si le projet du NEPAD avait besoin de 63 milliards de dollars pour atteindre son objectif de croissance économique de 7 %, pourquoi des milliards de dollars sortaient du continent pour être investis ailleurs ? Les visions sont-elles suivies quand les rapports mondiaux continuent à montrer que les Africains souffrent de la faim et de la malnutrition, en même temps que l’Afrique est le continent qui produit le moins de nourriture pour sa population ? Comment atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans l’échéance prévue quand la population a faim ou est mal nourrie? La croissance économique basée sur l’exportation des matières premières (surtout le pétrole) est-elle vraiment une croissance économique? Peut-on parler de croissance économique quand l’inflation est toujours galopante ? Peut-on parler de croissance économique quand les forces productrices sont au chômage? Peut-on parler de croissance économique quand les pays africains dépendent toujours de l’aide extérieure et non des investissements intégrés à l’économie locale ou quand certains ménages dépendent des rémittances ? Peut-on parler de croissance économique quand les armées retournent sur les champs de bataille? Peut-il s’agir vraiment de croissance économique dans un continent où la plupart des pays sont parmi les plus corrompus malgré la volonté politique de lutter contre la corruption?

 

Certains pays peuvent se vanter de projet de scolarisation universelle. Mais la quantité est-elle la qualité ? Si le nombre d’écoles a augmenté, la qualité de l’enseignement a-t-elle été améliorée ? Pourquoi ces grèves interminables des enseignants ? Les bas salaires et les conditions de travail peu favorables peuvent-ils faciliter la scolarisation universelle ? Que dire des mœurs et de la conduite morale qui se sont fortement dégradés dans certaines écoles ?

 

La santé de la population est la condition première pour la production. Il est difficile de ne pas lier la productivité et la bonne santé des producteurs, la réussite scolaire avec la santé des éduqués et des enseignants. Une population malade ou physiquement faible peut-elle travailler efficacement et offrir un bon rendement? Les enfants affamés ou mal nourris peuvent-ils étudier convenablement? 

 

La sensibilisation sur le genre et la bonne représentativité des femmes dans les institutions du pouvoir ont-elles mis fin à l’exploitation et aux pratiques de déshumanisation de la femme? La femme n’est-elle pas la plus affectée par la pauvreté, la plus touchée par les violences domestiques ou les violences sexuelles souvent dues aux conflits et à la guerre? Le nombre de femmes de la rue ne continue-t-il pas à augmenter ? Ceci n’a-t-il pas pour conséquence  l’augmentation des enfants de la rue ? Comment peut-on expliquer l’inaction des femmes au pouvoir face à un tel phénomène ? Qu’en est-il des médias et de la société civile ? Sont-ils suffisamment professionnels pour s’adonner consciencieusement au travail de la rationalisation de la société africaine?

 

Ces quelques questions alimentent le pessimisme de beaucoup d’Africains et de ceux qui s’intéressent à l’Afrique. Mais, entre le leurre des pessimistes et la lueur d’espoir des optimistes, que doit-on choisir ?

 

  1. Entre le pessimisme et l’optimisme : le juste milieu non régressif

 

Si l’optimisme comme le pessimisme s’imposent également, que choisir? Le pessimisme et l’optimisme sont un état d’esprit qui affecte l’avenir d’une société. La question est alors celle-ci : Comment les Africains peuvent-ils développer un état d’esprit qui les propulse dans l’avenir ? Comment développer un état d’esprit qui voit dans les défis présents une occasion d’avancer dans le monde des possibilités et de l’espoir et de se libérer du monde du désespoir ? Trois pistes de réponse nous aideront à débattre de ces questions: 1. Privilégier l’être sur l’avoir. 2. Capitaliser sur la valeur de la résilience. 3. Promouvoir l’éducation pour le renouveau anthropologique et spirituel de l’Africain, le renouveau de l’être africain.

 

3.1 Privilégier l’être sur l’avoir

 

La première piste consiste à retrouver et privilégier l’être sur l’avoir. Dans le Volume 1, Numéro 2 de la Revue Ethique et Société, nous avons parlé de « la conscience de l’histoire et la fierté créative ».  Dès lors, nous problématisons cette thématique à travers les interrogations suivantes: Qui sommes-nous ? Où sommes-nous? Que devons-nous faire pour vivre conformément à notre être-en-situation ? Ces questions sont importantes. Il faut les reposer pour scruter la nature du rapport entre l’être et l’avoir de notre existence. La question « Qui sommes-nous ?» est relative à la prise de conscience de notre identité. « Où sommes-nous ? » est une question qui fait état de notre contexte spatio-temporel »; tandis que « Que devons-nous faire pour vivre conformément à notre être-en-situation? » porte sur notre pensée et notre agir.

 

Comme Africains, nous sommes tributaires de certaines conditions historiques qui tendent à nous définir. La colonisation et le christianisme nous ont imposé une manière d’être. Nous sommes ce que le colonisateur et le missionnaire ont voulu que nous soyons. Il est temps de nous définir nous-mêmes en dehors des canons de définitions préétablies. Il est temps de nous définir par rapport à nous-mêmes en termes de ce que nous avons comme valeurs et forces ; cela exige un travail de déconstruction profond. Dès lors, les apports d’autres civilisations et de la christianisation ne peuvent être que des ajouts qui tiennent compte de notre réinterprétation-réinvention. C’est à cette condition que la renaissance africaine, celle de l’affirmation de notre africanité, devient envisageable. 

 

3.2 Capitaliser sur la valeur de la résilience 

 

La deuxième piste consiste à capitaliser sur la valeur de la résilience. Il s’agit de transformer notre destin en destinée sur base de la valeur de la résilience. La résilience, c’est la capacité de résister au choc afin de mieux rebondir. Lors de notre bref séjour en Thaïlande, nous avons posé une question à une étudiante concernant le secret du dragon et le développement spectaculaire de l’Asie orientale. Voici sa réponse: sur terre le dragon marche ; jeté dans l’eau il nage, jeté en l’air il vole, jeté dans le feu, il crache l’eau. Il est difficile de savoir si cette observation relevait de la sagesse asiatique ou d’une observation individuelle de cette Thaïlandaise. Cette observation m’a rappelé l’hymne national du Burundi : Burundi bwacu… warapfunwe ntiwapfuye ; warahabishijwe ntiwahababuka (O notre Burundi ! Tu as été torturé mais tu n’as pas succombé ; tu as été traumatisé mais tu as tenu bon). En d’autres termes, malgré les tortures et les traumatismes de la colonisation, le Burundi n’a pas été ébranlé. Il s’agit ici de la force de la résilience d’un peuple. C’est sur base de la valeur de la résilience qu’il faut transformer notre destin en destinée pour nous défaire de tout sentiment de résignation, de défaitisme et de fatalisme, fondements du désespoir et de l’inaction.

 

3.3 Promouvoir l’éducation comme lieu du renouveau anthropologique et spirituel

 

La troisième piste est la promotion de l’éducation comme lieu du renouveau  «anthropologique et spirituel », ou le renouveau de l’être africain tout court. L’éducation est souvent conçue comme un moyen pour accéder à l’avoir (avoir un diplôme, avoir du travail et avoir un salaire). Ainsi, nos systèmes d’enseignement donnent plus des connaissances qu’ils n’apprennent à la jeunesse estudiantine à réfléchir. Une bonne éducation doit non seulement transformer l’apprenant mais aussi catalyser son mouvement de l’auto-transcendance. Grâce à l’auto-transcendance, l’être humain se cherche dans l’avenir. Il est capable de lire opportunément les horizons insoupçonnés des défis de l’histoire. De la sorte, les défis deviennent des occasions de s’affirmer davantage, de chercher des stratégies pour affronter d’autres nouveaux défis. Car il est convaincu, comme le dit le dicton populaire, que « La montagne qui domine l’homme est celle qu’il peut gravir ».

 

Tel est le triptyque qui innerve les articles publiés dans ce numéro de sa sève éthico-normative. Que faut-il en retenir ?

 

  1. Aperçu du contenu

 

En effet, dans « Après l’indépendance politique, que reste-t-il à l’Afrique: leurre et lueur », Fidèle Ingiyimbere se pose la question de savoir si l’Afrique a une chance d’émerger pour devenir un continent d’espoir étant donné les conditions de vie précaire des Africains aujourd’hui. Réfutant les arguments fonctionnalistes et historiques, Ingiyimbere pense que le problème fondamental de l’Afrique se résume en ce qu’Englebert Mveng appelle « la pauvreté anthropologique ». Pour le résoudre, les Africains doivent mener une étude approfondie pour en déterminer les causes aussi bien  à l’interne qu’à l’externe. La naissance d’une Afrique nouvelle se mesure à l’aune de ce travail de remise en question de nous-mêmes.

 

Dans « Pour une pédagogie de transformation sociale en RD Congo : contexte, concept, outil et méthodologie », Godfroid Kä Mana considère la longue crise endémique dans laquelle est plongée la RD Congo. Pour la combattre, Kä Mana propose une éducation pour la transformation sociale. Ce cycle vers une RD Congo meilleure comporte sept pédales qui concourent toutes à revigorer les ressources humaines et gérer rationnellement les énergies disponibles. Bien que Kä Mana situe son analyse et sa réflexion dans le contexte de la RD Congo, la solution qu’il propose vaut aussi pour les autres pays africains.

 

Dans « Nationalisme etcommémoration du génocide à l’Université Nationale du Rwanda», Nicodème Bugwabari revient sur la célébration du génocide de 1994 au Rwanda en se focalisant sur le thème du nationalisme rwandais dont la religion et l’histoire constituent le fertilisant principal. Bien que jouant un rôle majeur dans la reconstruction du Rwanda post-génocide, ce nationalisme, d’après l’auteur, soulève la question de ses implications sur l' «autre» avec qui le pays partage les mêmes frontières. Sans céder au chauvinisme, le nationalisme rwandais peut être proposé comme piste de réflexion sur l’affirmation de l’identité africaine, la nécessité du panafricanisme et la renaissance du continent. 

 

Dans «Le défi de corruption en RD Congo : peut-on à jamais désespérer?», Joséphine Bitota réfléchit sur la pratique de la corruption qui gangrène les structures et les institutions judiciaires de la RD Congo. Sans céder au pessimisme que ce fléau peut engendrer, Bitota, tout en restant optimiste, demande à ses concitoyens de mener une lutte acharnée contre la pratique de la corruption. Il s’agit justement de ne pas désespérer malgré la complexité des défis du fléau. Une telle solution ne vaudrait-elle pas aussi pour les autres pays africains ?

 

Dans«Les Institutions Financières Internationales et les Organisations d’Aide au Développement peuvent-elles être le moteur de l’émergence pour l’Afrique?», Kä Mana repose le problème des Institutions Financières Internationales (IFI) et les Organisations d’Aide au Développement (OAD) en lien avec l’émergence de l’Afrique. Il propose de reformuler le problème de manière auto-implicative pour parvenir à une transformation radicale de l’Afrique : Que devons nous faire pour que les IFI et OAD  deviennent un ferment du développement durable et de l’émergence de l’Afrique ? Pour Kä Mana,  ce problème ainsi reformulé comporte quatre enjeux majeurs pour une Afrique en quête d’un nouvel élan, à savoir: La construction d’une Afrique unie autour des institutions africaines solides, le développement d’une intelligence sociale des élites et des populations africaines, la création d’un imaginaire de la volonté de vaincre  et enfin, la stimulation chez les Africains d’une dynamique africaine de la grandeur, de la puissance et du bonheur communautaire. Il s’agit de prendre la responsabilité de se donner ses propres leviers sociaux et économiques pour construire son avenir.

 

Dans la Chronique Européenne, Ignace Berten attire notre attention sur la question du chrétien et de la citoyenneté. Berten confronte les faits historiques dans le cadre des questions éthiques d’actualité telles que l’avortement, l’euthanasie et l’homosexualité. Il suggère à tout chrétien d’adopter une double loyauté. La loyauté d’un Chrétien comme citoyen appelé à vivre conformément aux vertus civiques comme les autres et celle d’un chrétien face à sa conscience individuelle comme base d’autonomie et de jugement dans sa communauté de foi. Ainsi doit-il en être d’un chrétien africain dans le contexte de ses propres espoirs et défis.

                                                                                        

Volume 10 / 2014 : La famille

(10ème anniversaire de la revue)

Vol. 10,  No 1 : La famille hier et aujourd’hui: Etat des lieux

Vol. 10, No 2 : Famille et sexualité

Vol. 10, No 3 : Impact de la mondialisation sur la famille

 


[1]Voir Katubadi Bakenge, J M (2013). Penser la crise africaine : Horreur et aurore. Abidjan : UCAO.

 

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