INSECURITE ECONOMIQUE PAUVRETE ET CRIMINALITE

Abstract: 

This paper claims that the way to improving security passes through a sustained economic growth and development, on the one hand, and a good redistribution of revenue to ensure the national wellbeing, on the other. Indeed, economic insecurity reflects a manifold origin because most distinguished scholars have discovered it as the consequence of bad protection of employment and revenue volatility. For others, economic insecurity has its roots in extreme poverty which is the synonym of resources gap to fill basic needs. Yet, the most important national wellbeing is unrelated to the levels of revenue. Instead, the most important factor grubs for the degree of revenue security, measured in the protections of revenue and acceptable revenue inequality. Not long ago, criminality was considered as a reaction against poverty and racism. Indeed, poverty is as old as humanity.  However, it did not necessarily reduce people to criminality.  Recent researches show that dire poverty has side effect on human behavior.  So, poverty is a cause of violence without being unique. Thus, the relationship between poverty and criminality is directly or indirectly the agenda for all humanity. Therefore, poverty and criminality require the improvement of people’s economy for a sustainable security.   

1.Insécurité économique et criminalité : De quoi s’agit-il ?

 

Il existe plusieurs formes d’insécurité qui semblent être interdépendantes. Un pays ravagé par la guerre est en état d’insécurité économique. Ainsi l’insécurité politique et l’insécurité économique sont liées. On ne peut parler de sécurité alimentaire dans un pays ravagé par des conflits. L’insécurité que nous proposons de développer, dans cette analyse, est d’ordre économique. Mais d’ores et déjà, que faudrait-t-il comprendre par insécurité économique dans cette analyse?

 

L’insécurité économique est définie différemment selon les auteurs. Cela tient au fait que le sentiment d’insécurité économique varie d’un individu à un autre et d’une situation à une autre. Un employé qui touche un salaire peut se sentir en insécurité économique si, malgré la régularité de son revenu, il joint difficilement les deux bouts du mois ou s’il est menacé d’être renvoyé. Placé dans de bonnes conditions climatiques, un paysan, doté d’une propriété terrienne aux dimensions qu’il juge raisonnables, qui ne manipule l’argent qu’à de rares occasions mais qui réalise régulièrement de bonnes récoltes peut se sentir en sécurité économique.

 

Dans cette analyse, nous adopterons l’approche de l’Organisation des Nations Unies (ONU) selon laquelle « l’insécurité économique résulte de l’exposition des personnes, des groupes et des pays à des événements défavorables et de leur incapacité à y faire face et à surmonter leurs conséquences coûteuses » (ONU 2010: 7). L’insécurité économique est la conséquence du peu de protection de l’emploi et de la volatilité des revenus des ménages. Ainsi, l’insécurité économique se distingue de l’extrême pauvreté, définie comme le manque de ressources nécessaires pour faire face aux besoins alimentaires quotidiens des individus. Elle est l’expression la plus sombre de l’insécurité économique.

 

La notion de criminalité, même si elle semble claire pour tous, mérite aussi d’être clarifiée davantage pour une bonne compréhension de cette analyse. Nous adopterons la définition de Milton Keynes selon laquelle  « la criminalité est essentiellement un comportement qui viole le droit pénal d’un Etat, par conséquent, assujetti à une forme de sanction pénale » (CRIMPREV 2009).

La question est alors de savoir s’il y a une relation de cause à effet entre l’insécurité économique et la criminalité. Les personnes démunies, seraient-elles plus enclin à devenir des criminels ? Autrement dit, les criminels se recrutent surtout parmi les individus aux conditions économiques précaires ? Corollairement et en guise de solution, l’accroissement des moyens d’existence aurait-il des effets positifs directs sur la criminalité ? Voilà les interrogations auxquelles nous allons essayer de répondre, tout en soulignant qu’il s’agit ici d’un sujet qui a retenu l’attention de nombreux chercheurs et d’une question qui reste d’actualité.

2.Notion de revenu national et de bonheur national

 

En 2008, Dani Rodrik, professeur d’économie à Harvard, a calculé un indicateur d’« Insécurité Economique à Long Terme », défini comme la probabilité, exprimée en pourcentage, que le revenu par habitant baisse de 5% au cours d’une année. Son calcul montre que cette probabilité était de 3% dans les années 1960 et 4,6% dans les années 1990. Elle s’élève à 23,3% dans les années 1980, et redescend à 8% dans les années 1990. La question est de savoir si, d’une part, l’accroissement du revenu correspond à la réduction de l’insécurité économique et, d’autre part, une diminution de l’insécurité économique correspond à l’augmentation du bonheur national.

L’analyse de l’Organisation International du Travail, OIT, montre que la répartition mondiale de la sécurité économique ne correspond pas à la répartition mondiale du revenu, et que l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est ont des parts de la sécurité économique plus importantes que leur part du revenu mondial. Alors que l’Asie du Sud détient environ 7% du revenu mondial, elle représente à peu près 14% de la sécurité économique mondiale.

Selon les spécialistes, le bonheur national le plus important n’est pas lié au niveau des revenus, il existe un lien positif. Toutefois, l’augmentation du revenu semble  avoir peu d’effet à mesure que les pays riches deviennent plus riches. Pour l’OIT, le facteur le plus important est le degré de sécurité du revenu, mesuré en termes de protection du revenu et d’un faible degré d’inégalité de revenu.

3.Evolution de l’analyse du lien entre l’insécurité économique et la criminalité

 

Les pays dits riches aujourd’hui n’ont pas toujours été riches. C’est l’histoire lointaine ou récente qui nous l’apprend. Ils le sont devenus par des processus plus moins sinueux. Les stratégies qu’ils ont adoptées pour vaincre l’insécurité économique ne sont pas tout à fait similaires. Les pays appelés « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sudsont en train d’émerger. Sont-ils en train de suivre la « marche du serpent », c’es-à-dire emprunter le parcours des pays développés ? Sont-ils en train de gagner le pari de l’éradication de la criminalité ?

Même si les stratégies de développement ne se recoupent pas, le constat est qu’au départ, ils parvenaient difficilement à nourrir leur population pour satisfaire leur faim.  La Chine est un cas typique. Le point de départ de leur stratégie, pour vaincre l’insécurité économique, est la réussite de la sécurité alimentaire. Elle n’a pas adopté la recette de « l’industrie industrialisante » que l’économiste Gérard de Bernis proposait aux pays pauvres dans les années 1990. L’industrialisation a couronné les succès de la sécurité alimentaire retrouvée. Comme il s’agit de la Chine, lors de la traversée de cette période sombre, la Chine n’avait pas enregistré de cas  particuliers de criminalités.

2.1.Causes de l’insécurité économique et stratégies adoptées par les gouvernements pour la combattre

 

Avant la grande crise financière, l’économie mondiale avait connu presque 15 ans de croissance continue. Toutefois, la croissance a été très inégale. Pour la majorité de la population, l’insécurité économique, due au chômage, au travail saisonnier et à la concurrence salariale n’a fait qu’augmenter. Trois facteurs sont la cause essentielle de la grande insécurité économique : d’abord la récession causée par les politiques d’ajustement de la période 1980-90, qui ont affaibli les systèmes de sécurité sociale, ensuite les mouvements « erratiques » de capitaux qui ont provoqué ou renforcé la volatilité macroéconomique, et enfin l’inadéquation de la réponse apportée par les institutions sociales et politiques aux attentes de la population.

Il existe un lien entre l’insécurité économique et la mondialisation en raison des perturbations dues au commerce international. L’étude sur la situation économique et sociale dans le monde, en 2008, montre que le manque de réglementation des marchés a contribué à accroître l’insécurité économique sans offrir une protection sociale adéquate. Les chocs venus de l’extérieur, transmis par la balance commerciale et la balance des comptes, ont des effets directs sur la sécurité économique et sur la lutte contre la pauvreté, soit par gaspillage de ressources, soit par perte de production (ONU 2010 :11).

Avec le commerce international, les gains de productivité et l’internationalisation des entreprises sont transférés vers les économies plus riches, au détriment des salaires de la classe moyenne et des populations les plus pauvres. Ainsi la croissance économique ne profite pas directement à leurs auteurs.

Dans les pays à revenu intermédiaire, les chocs économiques extérieurs, la libéralisation accélérée du commerce international et une désindustrialisation prématurée ont compromis la diversification de l’économie et la création d’emploi. Dans d’autres pays, l’insécurité économique grandissante a abouti à un processus d’exacerbation des divisions sociales et d’aggravation de l’instabilité politique. Dans d’autres pays encore, la pauvreté persistante entretient un cercle vicieux d’insécurité économique et d’instabilité politique, pour déboucher parfois sur des violences locales graves (ONU 2010 : 5)

En Amérique latine, la volatilité des revenus enregistrée au niveau des ménages, lors de variations de la production intérieure, était plus élevée que dans les pays développés. Dans les années 1990, le revenu par habitant avait augmenté plus rapidement (2% par an en moyenne) que dans les années 1980 où la crise de la dette avait engendré une récession. Mais ce taux de croissance restait inférieur à ce qu’il était avant 1980. Selon une enquête réalisée dans 14 pays et publiée par le Wall Street Journal, les latino-américains sont devenus plus pessimistes quant à l’avenir. Ils étaient moins nombreux, à la date de l’enquête, à penser que leurs enfants vivraient mieux qu’eux. L’enquête déjà citée a fait constater que la très grande majorité des personnes interrogées, quels que soient leur âge et leur classe sociale, était favorable à une augmentation des dépenses de sécurité sociale.

Quant au commerce international, la compétitivité des produits ne cessait de se dégrader, ce qui accentuait le déséquilibre de la balance des échanges. Les pays se retrouvaient dans une situation telle que les flux de capitaux réduisaient la compétitivité et, par conséquent, les termes de l’échange. Cette situation augmentait, à son tour, la volatilité des données macroéconomiques et par conséquent la volatilité des revenus. Plusieurs facteurs ont renforcé la volatilité macroéconomique, notamment l’instabilité de la balance des échanges, les mouvements de capitaux et les politiques monétaires inappropriées(ONU 2010 : 128). Les flux (entrée ou sortie) de capitaux réagissent à des chocs macroéconomiques. L’inversion du sens de ces flux est une cause de renforcement de ces chocs et donc de la volatilité.

De ce fait, le filet de sécurité de la protection sociale avait perdu de son efficacité.Les statistiques établies par l’OIT au cours des années 1990 montraient que partout la proportion d’emplois « non protégés » s’était accrue. La très grande majorité des opportunités d’emplois se retrouvait dans l’économie informelle. Le niveau de syndicalisation avait diminué. L’insécurité économique des années 1990 s’était maintenue à peu près au double de celle de la période 1960-1980, ce qui justifie le sentiment d’insécurité des populations exprimé dans l’enquête du Wall Street Journal. En 2003, un rapport de l’OIT montrait que la majorité des travailleurs, soit environ 73%, vivaient en situation d’insécurité économique, tandis que 8% seulement vivaient dans les pays « en pointe », c’est-à-dire dans des sociétés offrant une sécurité économique favorable. Cette situation montre combien la conquête de la sécurité économique est un défi de taille.

Au Mexique, au Pérou et au Venezuela, la volatilité des salaires réels avait augmenté. Dans les années 1980, la baisse des revenus réels était de l’ordre de 20%, avec des extrêmes au Brésil (-10%) et au Pérou (-30%). Le revenu par habitant au Mexique, au Pérou et au Venezuela était inférieur à celui de 1981 (OIT, citée par Bourdariat 2008).

Les gouvernements réagissent différemment à l’insécurité économique. Conséquemment, ils enregistrent des résultats variés selon les contextes.Si le véritable enjeu est de réduire les tensions entre les forces du marché et le besoin de sécurité économique, le défi c’est que peu de spécialistes, y compris les économistes, sont outillés pour y faire face. Le développement des institutions de l’Etat-providence qui a suivi la Deuxième Guerre Mondiale, y compris l’octroi d’avantages sociaux et la fourniture de biens et services sociaux aux personnes, n’a certes pas éradiqué la pauvreté, mais a malgré tout contribué à maintenir l’inclusion sociale des citoyens défavorisés, des minorités et de la jeunesse (CRIMPREV2006 :209).

 

On notera que c’est dans la situation de l’entre-deux-guerres en Europe, caractérisée par une insécurité économique et politique grandissante, que l’éminent économiste John Maynard avait appelé à « la conception de nouvelles politiques et de nouveaux instruments pour adapter et contrôler le fonctionnement des forces économiques, de façon qu’elles ne compromettent pas de façon intolérable le concept contemporain, de ce qui est convenable dans l’intérêt de la stabilité sociale et de la justice sociale » (ONU 2010 : 24).

 

Aux Etats-Unis, lors de la dépression, le gouvernement de Roosevelt a renforcé son rôle en adoptant d’importantes  innovations sous formes de grands travaux, de sécurité sociale, d’allocations de chômage, de nationalisation et de renforcement du rôle des syndicats.

La réaction de l’Amérique latine à la récession des années 1980 a été totalement différente. Ainsi, contrairement au renforcement du rôle du gouvernement observé aux Etats-Unis, lors de la grande dépression, l’Amérique latine a réduit la protection sociale alors que les risques pour les travailleurs augmentaient fortement.

En comparant la réaction des gouvernements des pays d’Amérique latine à la récession des années 1980 et celle du gouvernement des Etats-Unis à la grande dépression des années 1930, Rodrik (2008) observe que les résultats enregistrés par l’Amérique latine ont été plus mitigés et  plus lents que ceux observés aux Etats-Unis. Entre temps, dans les deux situations, la crise a fait perdre à la classe moyenne sa confiance dans le système privé d’assurance des risques sur le marché du travail.

Rodrik juge que les politiques monétaires n’étaient pas adaptées à la situation et que l’arme du taux de change a été mal utilisée. Pour lui, « lorsque les termes de l’échange se dégradent, la baisse de la valeur de la monnaie permet d’éviter un ajustement des prix internes qui demande du temps pour parvenir à modifier les données macroéconomiques et qui est douloureux pour les populations » (Bourdariat 2008).

Perry et d’autres (2006) reprenant les termes de Gunnar Myrdal ont fait valoir que l’Amérique Latine a été prise dans un engrenage de pauvreté, d’insécurité et de croissance fragile persistant perpétué par une tendance constante et générale à consentir moins d’investissement dans les avoirs productifs et le capital social.

Certains auteursne sous-estiment pas la part des facteurs externes dans l’insécurité économique. Ainsi, pour beaucoup de pays en développement, l’insécurité économique est aggravée par la faible résilience aux catastrophes naturelles qui les maintiennent dans la spirale de la pauvreté chronique et perpétuent leur exposition aux chocs futurs.

Dans le cas de l’Amérique latine, « plutôt que de laisser le taux de change nominal se déprécier suffisamment pour booster l’économie réelle, on a préféré restreindre les conditions monétaires afin d’empêcher toute dépréciation ». Sous l’influence des entrées de capitaux, l’évolution du taux d’échange était à l’opposé de ce qu’aurait requis la situation économique : il a été observé une appréciation du taux de change quand les termes de l’échange se dégradaient.

 

Les années 1990 ont été, en Amérique Latine, celles de la mise en œuvre des thèses libérales prônées par les bailleurs de fonds. Dès 2001, Dani Rodrik écrivait que cette insécurité économique menaçait « l’acceptabilité politique des réformes visant à poursuivre l’ouverture des marchés ».

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2.2.Défis à la thèse du crime causé par l’insécurité économique

 

Une simple analyse du niveau élevé de criminalité,  dans des sociétés démunies, a poussé certains analystes à conclure hâtivement à une relation de cause à effet entre la pauvreté et la criminalité. Avec ce qu’ils considéraient comme « une preuve à l’appui », plusieurs auteurs ont tenté de « démontrer » un lien direct entre l’insécurité économique et la criminalité.

Dans les années 1960, l’idée selon laquelle la criminalité était une réaction compréhensible à la pauvreté et au racisme s’était bien développée. Les sociologues Richard Cloward et Lloyd Ohlin sont allés jusqu’à défendre l’idée que la délinquance juvénile serait essentiellement une forme de critique sociale.

Laurent Mucchielli et Dave Waddington ont montré, en 2008, le poids déterminant des facteurs économiques comme le niveau de chômage, l’habitat déshérité ou le niveau de pauvreté au sein des quartiers émeutiers en France depuis le début des années 1980 (30% de chômage dans les quartiers lyonnais ou de l’Ile-de-France pour les émeutes rituelles des années 1980 et 1990).

Pour l’OIT, une caractéristique importante est que l’insécurité économique encourage l’intolérance et les tensions, ce qui contribue aux maux sociaux et, en dernier ressort, à la violence sociale. Pour l’ONU, les émeutes alimentaires qui ont éclaté dans plusieurs pays au début de 2008 ont mis en évidence la fragilité des moyens d’existence de ceux qui se trouvent au bas de l’échelle (ONU 2010 :20). Pour le journal The Economist,  « La violence n’est pas seulement une cause parmi d’autres de la pauvreté : cela est la première des causes ». Pour d’autres analystes, « l’insécurité grandissante va de pair avec la montée de l’inégalité et avec la compression des prestations sociales ».

Aux Etats-Unis, la conviction est qu’une jeunesse pauvre et minoritaire aurait compris que la promesse américaine d’ascension sociale était une imposture. Les adolescents désillusionnés se seraient alors tournés vers des actes criminels par dépit.  Les théories avancées par Cloward, qui a passé sa carrière à Columbia University, et Ohlin, qui a servi les présidents Kennedy, Johnson et Carter, ont servi de point de départ pour un grand nombre de programmes sociaux de l’époque. Leurs idées ont été transformées en politique.

A la fin des années 1980, le rapport annuel du FBI sur la criminalité nationale comprenait cet avertissement que « l’homicide criminel est essentiellement un problème de société sur lequel la police n’a aucun contrôle ». On disait, en effet, que « la police ne pouvait réagir à la criminalité qu’après les faits ; la prévention relevant exclusivement du domaine des programmes gouvernementaux d’aide sociale ». A New York, depuis 1994, des centaines de milliers de personnes ont été arrêtées par la police, dont une majorité devait être rapidement relâchée dans la suite. Une augmentation du nombre de personnes incarcérées a eu un effet important sur la criminalité dans la dernière décennie et a continué d’affecter les taux de criminalité.

La défense « académique » de la thèse des « causes profondes » a longtemps persisté. Andrew Karmen du New York’s John Jay College of Criminal Justice fait écho à Cloward et Ohlin en 2000 dans son livre New York Murder Mystery. Le crime, écrit-il, est « une forme déviante de protestation sociale ».  Et comme la récession d’alors pouvait bien se prolonger, les médias progressistes (« liberal media) ont interpellé l’Etat fédéral pour mettre en route de nombreux programmes sociaux en vue de lutter contre la vague de criminalité attendue. A la fin de 2008, le New York Times a exhorté le Président Barack Obama, à augmenter les dépenses fédérales consacrées aux programmes après l’école, aux travailleurs sociaux et aux emplois d’été. « La crise économique », écrit l’éditorialiste du journal, « a clairement créé les conditions d’une explosion de criminalité et des gangs parmi les désespérés, les jeunes hommes sans emploi dans les centres-villes.

En France, en 2008, la théorie sociologique de la frustration comme cause du crime a eu ses adeptes parmi les sociologues comme Loïc Wacquant ou Laurent Mucchielli. En 1982, dans un article de l’AtlanticMonthly, Broken Windows, deux criminologues, G.Kelling et J.Q. Wilson  ont démontré qu’une réaction immédiate de la police à la petite délinquance (ce qu’ils ont appelé les « vitres cassées ») permettait d’enrayer l’engrenage des violences urbaines, encouragées par le laxisme des autorités.

Dans de nombreux pays en développement, la question pouvait être posée, car violence et pauvreté allaient souvent de pair. Un rapport sur le développement mondial affirmait que la violence serait la cause majeure de la pauvreté, et non un simple facteur parmi tant d’autres.

Les années 1960 ont été un défi à la thèse du crime causé par la pauvreté. Malgré une économie en expansion et une intensification des emplois gouvernementaux en faveur des résidents de quartiers défavorisés, les homicides avaient augmenté de 43%. A New York, dans les années 1990, la criminalité n’a pas diminué parce que l’économie s’était améliorée, mais c’est plutôt l’économie de la ville qui avait repris parce que la criminalité avait diminué de moitié. Le maintien des taux de criminalité au plus bas, permet plutôt de garantir que les villes, à travers le pays,  soient en mesure de profiter de la reprise économique quand elle vient

La Grande Crise a également contredit l’idée selon laquelle les minorités auraient besoin de prédation, car les taux de criminalité ont chuté au cours de cette crise prolongée.

La récession de 2008-2009 a, elle aussi, réfuté l’idée selon laquelle les causes profondes de la criminalité sont à chercher dans l’inégalité des revenus et dans l’injustice sociale. L’économie avait enregistré une suppression massive d’emplois en 2008. Ainsi, des criminologues et experts avaient  prédit l’explosion du crime. Pour eux, la pauvreté serait la cause profonde de l’augmentation de la criminalité. Pourtant, c’est le contraire qui s’est produit. Après la suppression de sept millions d’emplois, la criminalité a chuté à son plus bas niveau depuis le début des années 1960.

Fin 2009, la prétendue connexion entre les difficultés économiques et la criminalité ne tenait plus. Selon le FBI’s Uniform Crime Reports, l’homicide a chuté de 10% au niveau national dans les six premiers mois de 2009, la criminalité violente a diminué de 4,4% et les crimes contre les biens ont diminué de 6,1%. Les vols de voitures ont baissé de près de 19%. La chute de la criminalité était plus forte dans de nombreuses régions qui avaient été plus durement touchées par l’effondrement du logement. Le chômage en Californie était de 12,3%, mais les homicides à Los Angeles avaient reculé de 25% au cours de 2009.

La chute libre de la criminalité en période de récession prolonge une tendance à la baisse du taux national de criminalité, constatée depuis les années 1990 ; qui connaissaient pourtant une économie très différente.

Heather MacDonald (janvier 2010), lui-même, s’était interrogé. Il se demandait pourquoi les taux de criminalités étaient au plus bas alors que les taux de chômage étaient au plus haut si la pauvreté était la cause profonde de la criminalité.Bas du formulaire

 

 

4.Nouvelle approche du lien entre l’insécurité économique et la criminalité

 

Dans les années 1950, l’association crime-pauvreté, très en vogue jusque-là, commença à être rejetée massivement. Il est vrai que l’insécurité peut être une menace au progrès socioéconomique, un danger qui étouffe l’innovation en raccourcissant les échéances des investissements. L’insécurité économique peut susciter des comportements indésirables.

Des recherches plus fouillées ont montré que le dénuement socio-économique structurel avait un effet indirect sur le comportement des jeunes défavorisés. Plusieurs études montraient en effet que la pauvreté était loin d’être la seule cause du crime et que d’autres facteurs devaient être pris en compte (CRIMPREV 2009 : 197). Et ces facteurs sont nombreux.

Des préoccupations liées à des problèmes généraux, parfois même mondiaux, sont capables d’affecter l’existence des individus et par conséquent leurs attitudes. Ces problèmes englobent les pandémies, les crises économiques, la pauvreté, le terrorisme ou le changement climatique  (CRIMPREV 2009 : 158).  La récession peut affecter la criminalité si les villes réduisent leurs forces de l’ordre et si les Etats pratiquent la libération anticipée des prisonniers précocement.

Chaque élément du processus peut interagir avec les autres pour justifier la forte augmentation de la criminalité dans certaines communautés assiégées par une spirale de détérioration. Souvent la pauvreté transforme ce qui aurait dû être des chocs ou troubles passagers en insécurité chronique (CRIMPREV 2009 : 211).

Aux Etats-Unis, il a été observé que le facteur déterminant le plus important du rapport entre type ethnique et criminalité était la répartition différentielle des Noirs dans les communautés caractérisées, d’une part, par une désorganisation sociale structurelle et, d’autre part, par un isolement social culturel, tous deux issus de la concentration de la pauvreté et de la rupture familiale et de l’instabilité résidentielle.

Le lien entre la concentration de la pauvreté et la délinquance juvénile peut être dû à l’incapacité d’empêcher l’enracinement de la criminalité au sein de la jeunesse locale. La faiblesse des opportunités économiques peut les pousser aux activités de délinquance. La conséquence est alors l’incessante victimisation  de certaines catégories de résidents, notamment à mesure que les contrôles sociaux s’affaiblissent et que le quartier sombre dans un désordre accru.

Au niveau économique, les pays qui sont la cible de violences se retrouvent souvent piégés. Ceux qui y échappent parviennent à sortir du cercle de la pauvreté. La principale contrainte qui pèse sur le développement relève plus du piège de la violence que du piège de la pauvreté.

Marshall considérait l’insécurité comme source possible de conflit et estimait que des institutions libres naîtraient de la santé économique et non pas l’inverse (ONU 2010 :190). Or, dans les pays en développement, la faiblesse des institutions publiques et sociales ne permet pas la mise en place de programmes de protection sociale qui pourraient réduire les conséquences des situations de chômage qui frappent la population.

Mais la pauvreté peut également être perçue comme une source de violences sans toutefois en être la seule cause. Des chercheurs ont voulu savoir ce qui poussait les jeunes à rejoindre des gangs ou des groupes rebelles. Ils ont posé la question dans une demi-douzaine de pays différents et, quand la majorité citait le chômage, un dixième seulement affirmait s’être engagés par conviction. 

Le choix de la violence pour échapper à la pauvreté est une véritable menace de stabilité des Etats et,  par conséquent, de leur développement et de leur prospérité. Le journal britannique ajoute néanmoins : « La légitimité du gouvernement compte également. … Les pays qui attestent d’une bonne gouvernance sont moins susceptibles que leurs pairs d’avoir souffert de conflits civils ou d’un taux de criminalité élevé sur la période 2000-2005 ».

Les pays pacifiques parviennent à échapper à la pauvreté qui devient l’apanage des pays ravagés par la guerre civile, les conflits ethniques et la criminalité. La violence et la faiblesse au niveau de la gouvernance les empêchent d’échapper au piège. A titre d’exemple, jusque dans les années 90, le Burundi et le Burkina Faso étaient considérés comme étant plus ou moins sur un pied d’égalité en termes de croissance et de développement. La guerre civile qui a éclaté au Burundi en 1993 a affecté profondément son économie, pendant que le Burkina Faso poursuivait sa route. N’eût été le dernier conflit qui a emporté le régime de Blaisé Compaoré, dont l’impact n’est pas encore évalué, ce pays serait à ce jour deux fois et demie plus riche que le Burundi.

 

 

 

5.Combattre l’insécurité économique et la criminalité

 

En matière de recherche de la paix et de la sécurité,  il existe plusieurs approches. Certaines sont politiques, d’autres se basent sur la lutte contre la pauvreté elle-même, tandis que d’autres enfin se basent sur des aspects sociaux. Il y en a qui jouent directement sur la criminalité pour dire qu’il y a plusieurs variantes.

Les études ont montré que la démocratie politique et le respect des libertés civiles augmentent sensiblement la sécurité économique et que les dépenses du gouvernement en matière de politique de la sécurité sociale produisent  aussi des effets positifs. Les syndicats doivent avoir la possibilité de jouer leur rôle important d’expression, de faire pression sur la sphère politique et de participer à la prise de certaines décisions. Ils doivent être très associés à la politique de protection des gouvernements.

Dans la plupart des pays industriels, un bon dosage de mécanismes publics et privés est souvent appliqué pour maximiser la couverture et la protection. Certains théoriciens ont commencé à orienter leurs analyses et réflexions vers le rôle des réseaux sociaux. Ils s’intéressent à la façon dont les individus partagent des valeurs communes et exercent un contrôle social informel au sein du quartier ou de la communauté dans lequel ils vivent. Selon Janowitz,  « la structure des réseaux relationnels ou la densité des liens sociaux détermine la propension du voisinage à s’engager dans un processus d’autorégulation ainsi que le niveau de contrôle du crime et de son intensité » (CRIMPREV 2009 : 197). Il convient de survoler la situation qui prévaut dans certains pays en développement au niveau de gouvernance politique, économique et sociale.

Au moment où les gouvernements auraient dû insister sur la protection de leurs citoyens contre des conséquences de la récession, la classe politique était fortement déconsidérée. Elle était accusée de tous les maux dont la corruption et le clientélisme. Les institutions, comme le parlement et la présidence, sont souvent considérées comme inefficaces.

Dans la plupart des pays en développement, l’ensemble des options est beaucoup plus restreint. L’accent est mis sur des mécanismes informels tels que le soutien familial ou les prêteurs sur gage.Dans beaucoup de cas où la croissance de l’économie rurale est susceptible de réduire la pauvreté, l’agriculture, souvent négligée par les prescriptions de politique économique de ces dernières décennies, devrait recevoir une aide accrue, en particulier en faveur des petits agriculteurs. L’élargissement de ces options de gestion des risques retient depuis quelques années l’attention des spécialistes du choix des politiques publiques (ONU 2010 :7).

En Amérique Latine, malgré la transition démocratique qui a permis d’en terminer avec les régimes autoritaires, les institutions participatives sont restées faibles. En outre, l’Amérique Latine est handicapée fortement par les inégalités sociales considérées comme les plus fortes du monde et une trop grande volatilité de l’environnement économique. La faiblesse des syndicats a été dommageable pour la société. La participation des travailleurs au système économique et social, dans lequel ils évoluaient, était une nécessité. C’est une des raisons d’être des syndicats que de parvenir à susciter et organiser la participation.

Les efforts en vue de briser l’engrenage pauvreté-insécurité exigera un cadre de politiques propre non seulement à favoriser une plus forte croissance mais aussi à analyser la façon dont les stratégies d’investissement adoptées à la fois par les secteurs public et privé s’efforcent de traiter les vulnérabilités sous-jacentes qui exposent les ménages et les communautés à de plus gros risques d’appauvrissement (ONU 2010 :203)

Là où la participation politique des populations est forte, la volatilité du PNB et le niveau de l’inflation  s’affaiblissent. Selon Rodrik, « Ce sont les sociétés politiquement les plus ouvertes, et où la participation des citoyens est la plus forte qui s’adaptent le mieux aux chocs externes ». La démocratie ne se limite pas au choix des dirigeants politiques ou à les changer quand ils ont démérité. Elle permet aussi et surtout d’expliquer aux dirigés la situation qui prévaut dans le pays et les solutions proposées pour améliorer cette situation, et de parvenir ainsi à dégager un consensus.

Pour réduire l’insécurité économique, trois conditions sont proposées:

i.                    l’instauration de programmes de protection sociale,

ii.   des politiques macroéconomiques permettant de stabiliser l’économie « réelle » par une réduction de l’influence des marchés financiers,

iii.et des institutions politiques et sociales plus légitimes et représentatives. Même sila croissance économique n’a qu’une faible incidence sur la sécurité, mesurée sur le long terme, selon l’OIT, et que l’insécurité économique n’est pas le seul déterminant de la criminalité, celle-ci en reste un important facteur de façon que plusieurs auteurs continuent à privilégier la piste économique pour viser la sécurité des Etats.

Pour l’ONU, la pauvreté, avec la précarité des moyens d’existence qu’elle entraîne, ne peut être éliminée que par une croissance rapide durable et par l’expansion de l’emploi dans le secteur structuré (ONU 2010 :21). A l’instar de la déclaration de Paris, la Déclaration de Maputo sur l’Agriculture et la sécurité alimentaire arrêtée lors de la session ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement tenu à Maputo du 10 au 12 juillet 2003, revient sur l’importance de la participation mais apporte une innovation historique dans sa résolution 3, les pays signataires s’engagent à consacrer au moins 10% du budget national à la mise en œuvre de leurs politiques agricoles (Danau 2003).

Pour l’OIT, les gouvernements et les institutions internationales devraient promouvoir des régimes universalistes et fondés sur les droits qui procurent aux gens une sécurité économique de base, plutôt que de recourir à des régimes sélectifs, qui sont fonction des ressources. Après la crise de la dette, « les gouvernements étaient considérés plutôt comme un problème que comme une solution ». L’idée admise, qu’on a appelé le « Consensus de Washington » était qu’il fallait restreindre le contrôle de l’Etat (privatisations) et accroître la liberté des marchés de biens, de services et de capitaux.

Avec l’accélération de l’urbanisation, il faut également encourager la production manufacturière à forte intensité de main d’œuvre et la formation d’un secteur des services plus diversifié si l’on veut vraiment venir à bout de la pauvreté. Des sources innovantes de financement ont un rôle à jouer dans les efforts en vue de résoudre le double problème de la pauvreté et de l’insécurité (ONU 2010 :21).

Pour ceux qui voudraient jouer directement sur la criminalité, ils pourraient, éventuellement, partager la conviction de Richard Nixon. Pour lui, « la peur du crime est avant tout une question de politique ». Alors qu’il était encore sénateur, il  était convaincu que si le taux de condamnation était multiplié par deux, dans son pays, cela contribuerait davantage à éradiquer le crime dans le futur que de quadrupler les fonds publics pour la lutte contre la pauvreté.

6.Conclusion

 

La Déclaration Universelle des droits de l’homme affirme que : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté » (Résolution 217 A (III) de l’Assemblée Générale).

 

Finalement, directement ou indirectement, tout est lié. L’économique et le social vont de pair. La sécurité économique favorise le bonheur. Elle est aussi bénéfique pour la croissance et la stabilité sociale (OIT). L’inégalité de revenu affaiblit la sécurité économique tandis que la sécurité du revenu est un déterminant majeur des autres formes de sécurité liée au travail. La pauvreté, le chômage, l’isolement social ou le désespoir peuvent entraîner certaines personnes vers la criminalité. Le conflit aboutit généralement à la transformation de l’activité économique en activité informelle, ainsi qu’à un accroissement de la criminalité. Le contrôle social informel reste alors un médiateur efficace entre la pauvreté et la criminalité. Par ailleurs, la protection sociale est devenue une préoccupation première, et les classes moyennes recherchent la solidarité plutôt que de rester dans l’individualisme.

Au niveau macroéconomique, le secteur primaire garde son importance en ce qui concerne la croissance économique. Même si cette dernière n’est pas synonyme de bien-être social, des analyses effectuées sur plusieurs pays ont montré que la croissance ayant son origine dans le secteur agricole est souvent un moyen beaucoup plus efficace de réduire la pauvreté et l’insécurité que la croissance issue des secteurs non agricoles.

Au niveau microéconomique, le résultat remarquable des données est que les entreprises qui offrent à leur main d’œuvre des niveaux plus élevés de sécurité économique ont plus de chances de réussir au plan commercial, de croître et de générer de l’emploi productif (OIT).

Enfin les politiques de prévention et de sécurité sont généralement incapables de venir à bout des effets dévastateurs de l’accumulation de conditions socio-économiques négatives dans certains groupes sociaux ou certaines zones urbaines à forte concentration de pauvreté (CRIMPREV 2009 : 276). D’après l’OIT, les gens dans les pays qui offrent à leurs ressortissants un niveau élevé de sécurité économique ont un niveau de bonheur plus élevé en moyenne. Par là il est facile de comprendre que la croissance est une condition nécessaire mais non suffisante à l’élimination de la pauvreté.

 

 

 

Référence Bibliographique: 

CRIMPREV 2009. Aspects de la déviance de la criminalité et de la prévention en

Europe. Rapport de la Conférence Finale-WP8, ICCCR –Open University, Milton Keynes, 17-19 juin 2009.

 

ONU 2010. Etude sur la situation économique et sociale dans le monde 2008.

Vaincre l’insécurité économique. Genève : ONU

 

Danau, A 2010. Aide alimentaire au Burundi et faiblesse du budget agricole ou

comment décourager les agriculteurs burundais, Rapport du 16 octobre 2010.

 

André, C 1998. Embargo et insécurité au Burundi : les effets économiques.

Rapport de Recherche 1998.

Action contre la faim, le Burundi entre pauvreté et espoir, juin 2005.

 

Bourdariat, J 2008. De plus en plus d’insécurité économique dans le

monde : l’exemple de l’Amérique Latine. En ligne sur http://www.humandee.org/spip.php?page=imprimer&id_article=84  (consulté le 3 Avril 2015).

 

Rodrik, D 2008.Nations et Mondialisation. Paris : La Découverte.

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