Volume 16 Les Organisations Non-Gouvernementales et la question de la gouvernance Janvier- Déc. 2020

 

Dans son article, Les ONG à l’heure de la « bonne gouvernance », Laëtitia Atlani-Duault pose la question suivante : Pourquoi les ONG locales sont-elles convoquées dans l’appel à un nouvel art de gouverner dans les pays du Sud(Antlani-Duault 2005) ?  Cette question a été posée il y a 15 ans. Pourtant elle est encore actuelle aujourd’hui. Ainsi, ce numéro spécial porte sur les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et la question de la gouvernance. Il s’agit d’une thématique qui part de l’observation. Les pays en développement sont plus que jamais confrontés à la multiplication des acteurs non-étatiques. S’agit-il d’une conséquence de la démocratie  qui affecte désormais tous les acteurs de la vie humaine et de la société ? Ou,

s’agit-il d’une réponse à de nouveaux besoins ? Ou encore, s’agit-il d’un fait de mutations plus fondamentales qui nous invitent à repenser toute la logique du pouvoir et ses sources fondamentales? Parmi les acteurs non-étatiques actifs sur terrain se  démarquent des ONG et des associations diverses de la société civile. Leur caractéristique majeure est la capacité de mobiliser les citoyens pour des activités d’intérêt collectif et de les aider à développer des coalitions. Cela est possible grâce aux nouvelles technologies d’information qui, elles-aussi, délocalisent de plus en plus les lieux traditionnels du pouvoir et de la gouvernance.

L’entrée des ONGs en jeu pose donc de nombreuses questions qui nécessitent une réflexion minutieuse et une théorisation conséquente. Quelle appréciation avons-nous des ONG dans la dynamique de la gouvernance locale et mondiale aujourd’hui ? Quel état de lieu établir pour les ONG dans nos pays en développement? Selon quelle approche ? Comment les ONG se tiennent-elles par rapport aux mythes de l’Etat, du marché  et de la société civile? Comment les ONG se positionnent-elles par rapport aux politiques de développement national d’une part, et aux politiques de développement international d’autre part? Quel est l’impact du financement international des ONG sur leur gouvernance interne d’une part, et sur la gouvernance des pays en développement où elles œuvrent d’autre part? Quel est leur avenir dans la gouvernance des pays? Qu’est ce qui pourra définir cet avenir et l’orienter? Toutes ces questions convergent sur cette question: « Qui sera au pouvoir demain ?», ou encore, « Comment serons-nous gouvernés demain ? »

Cet article éditorial ne prétend pas donner des réponses à ces questions.  Ce n’est même pas son objectif ! Plutôt il retrace l’itinéraire historique des ONG comme faisant partie des organisations ou associations de la société et leur impact sur la logique du pouvoir et de la gouvernance pour autant que la gouvernance[1] s’impose comme une nouvelle éthique du développement. Ainsi, dans le premier temps, nous repérons la dynamique des ONG dans l’évolution de l’économie néolibérale et la réorganisation politique qu’elle implique. Dans le deuxième temps nous apprécierons leur impact sur la gouvernance locale et globale. Notre préoccupation est la question de l’éthique qui doit guider leur intervention pour un devoir parfait(Bagnoli 2004). En effet, d’une part, étant donnée la complexité économique et politique aujourd’hui, leur intervention n’est plus qu’humanitaire. D’autre part, il se pose la question de l’éthique qui doit guider leur partenariat avec les pouvoirs publics en vue de la bonne gouvernance comme leur nouvel objectif. Nous conclurons par un aperçu panoramique du contenu de ce numéro.

 


[1][1]Selon la Banque Mondiale, la gouvernance est « la manière dont le pouvoir est exercé dans la gestion des ressources économiques et sociales d'un pays en vue du développement » (World Bank 1992). Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a élaboré sur cette nouvelle « science morale » et a défini la (bonne) gouvernance comme «l'exercice de l'autorité économique, politique et administrative en vue de gérer les affaires d'un pays à tous les niveaux ». La gouvernance « englobe les mécanismes, les processus et les institutions par le biais desquels les citoyens et les groupes expriment leurs intérêts, exercent leurs droits juridiques, assument leurs obligations et auxquels ils s'adressent en vue de régler leurs différends »(UNDP 1997:4). Si, dans le premier temps, les ONG se sont préoccupées des biens ponctuels dans un cadre humanitaire urgent, et dans le deuxième temps, la production de ces biens dans le cadre du développement, aujourd’hui, elles sentent que la gouvernance est bien dont les gens ont besoin pour leur vie, leur dignité et leur épanouissement (localement et globalement). La question est comment ?

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