Laurent Alexandre (2017, 2019 pour l’édition de poche), La guerre des intelligences : Comment l’intelligence artificielle va révolutionner l’éducation. Paris: Jean Claude Lattè

La guerre des intelligences porte sur l’avenir de notre cerveau humain, notre intelligence biologique devant les avancées de l’intelligence artificielle (IA) issue de l’évolution rapide de la technologie numérique. Son auteur, Dr Laurent Alexandre est un médecin de formation qui navigue aussi bien dans le monde politique que dans le monde des entreprises.

 D’Alexandre, nous connaissons deux autres titres : La Mort de la mort : comment la techno-médecine va bouleverser l’humanité (2011); La défaite du cancer : l’histoire de la fin d’une maladie (2014). Dans ces œuvres, Alexandre confronte les questions du génie génétique, le recul de la mort et le trans-humanisme dont les défenseurs promettent à l’être humain des pouvoirs illimités, notamment la capacité de réaliser ce qui était réservé aux seuls dieux de faire (p.40). 

L’objectif d’Alexandre est de montrer que l’IA et l’école vont aujourd’hui de pair et sont étroitement liées. Il affirme que l’IA, la robotique et les neurosciences vont transformer le concept même de l’école. Il nous invite à prendre conscience du changement de civilisation dans lequel la cohabitation de l’intelligence humaine avec l’IA conduira aux inégalités et à la guerre des intelligences. Son argument évolue sur en quatre moments sans compter l’introduction, la conclusion, un avertissement que l’auteur appelle fil rouge et une postface, une lettre écrite à ses enfants pour les avertir des mutations issue de la révolution numérique.

D’abord, Alexandre retrace l’itinéraire des grandes révolutions de ces deux derniers siècles. La première révolution est celle des années 1770 à 1850 où se sont développés de premières usines, la machine à vapeur et le chemin de fer. La deuxième révolution est celle de 1870 à 1910 caractérisée par la naissance de l’aviation, l’automobile, l’électricité et la téléphonie. Enfin, la troisième révolution qui est au centre de cette œuvre aurait débuté vers les années 2000 avec les technologies NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatiques et sciences cognitives). Après avoir explicité ces trois révolutions, l’auteur pointe à l’horizon et soutient qu’à partir de 2035, l’éducation deviendra une branche de la médecine et utilisera les ressources des neurosciences tandis qu’en 2080le monde sera dominé par l’IA. Bien que cette IA soit notre création, il pourrait nous échapper dans sa tendance à fusionner avec les êtres vivants si bien que notre question sera celle de savoir comment défendre notre survie physique pour éviter de nous dissoudre dans le monde virtuel (p.18).

L’auteur attire l’attention sur le fait que les grands pilotes de l’IA sont des jeunes Américains à la tête des entreprises regroupées en « GAFA »[1] et des jeunes Chinois à la tête des entreprises connues sous le nom de « BATX »[2]. Ces jeunes entrepreneurs qui se situent de part et d’autre de l’Océan Pacifique révolutionnent le monde économique voire politique en mettant entre nos mains le pouvoir numérique et ainsi nous introduisent dans un nouveau monde, celui de l’IA qui concurrence l’intelligence humaine en nous offrant des services sans cesse plus performants (p.48). En fait, nous sommes désormais entrés dans la guerre des cerveaux, le cerveau étant le cœur de tous les pouvoirs. C’est pour cette raison que les États les plus éclairés ont fait de l’IA leur préoccupation d’autant plus qu’elle est perçue comme le nouveau pétrole :

Durant des millénaires, les hommes se sont battus pour conquérir des territoires. Il s’agit d’abord d’assurer l’accès aux ressources fondamentales : produits agricoles et matières premières. Dans le monde de la révolution industrielle devenu particulièrement énergivore, les ressources énergétiques sont devenues le socle de toutes les puissances et l’objet de bien de conflits. Le XIXe et XXe siècles auront été respectivement les siècles du charbon et du pétrole. Le XXIe est d’ores et déjà celui de l’intelligence(pp.103-104).

C’est pour cela qu’il y a une certaine ruée vers cet « or gris ». Ceci se fait par l’encouragement de la venue des meilleurs étudiants étrangers, le recrutement des chercheurs et ingénieurs déjà opérationnels surtout par les USA surtout. Ces derniers leur promettent d’importantes rémunérations. La ruée vers l’or gris se fait aussi par des politiques volontaristes du développement de l’enseignement supérieur et de recherche scientifique. La Chine envisage déjà la possibilité des implants électroniques. Elle mène des recherches sur l’identification des gènes de l’intelligence pour pouvoir reproduire une recette sur de futurs enfants, et reproduire un jour des génies en masse (voir pp. 108+ note). C’est donc dire que l’économie de demain sera une économie dans laquelle l’intelligence n’est plus une option, avec ce que cela implique sur l’emploi tels que conçu jusqu’à présent.

L’auteur soutient qu’à l’ère de l’intelligence, l’économie du futur sera caractérisée par trois éléments clés : des travailleurs ultra-qualifiés en investissement technologique, un écosystème numérique capable de les utiliser et un État stratège pour le soutenir (pp.150-1). Il affirme, à juste titre que la productivité dépendra en grande partie du couple intelligence humaine-IA intégrée dans le processus de production. C’est cela l’économie du second âge des machines dont parle Brynjolfsson Mcafee. Alors que le premier âge avait permis à l’homme de surmonter ses limites physiques, le second âge est celui où les machines vont nous permettre de dépasser nos limites intellectuelles (p.158). La question que l’auteur pose est celle de savoir si l’éducation ou plutôt l’école d’aujourd’hui est dans la dynamique de cet âge. Sa réponse est loin d’être affirmative : « Face à ce défi de la montée rapide des exigences intellectuelles des futurs emplois, l’école est aujourd’hui profondément démunie. » Et il poursuit:

Comment un système encore centré sur l’enseignement en silo de matières quasiment inchangées depuis le XIXe siècle, par des personnes formées il y a 30 ans et sélectionnées pour leur stricte conformité aux canons scolaires… pourraient-ils préparer à un monde de travail radicalement différent?(p.165).   

Cette observation vaut davantage dans les universités et les institutions scolaires et académiques africaines où les syllabus datent d’un autre âge. L’observation de l’auteur est donc un clin d’œil non pas seulement à la France et l’Europe dépassées par la vitesse des géants de la Silicon Valley et de la Chine, mais aussi pour l’Afrique et les pays africains :

Inefficace et de plus en plus inadaptée, l’école est au pied du mur. Sa transformation est inéluctable; il ne s’agit pas cette fois de changer les programmes et de déclarer que l’éducation est «une priorité»… La réforme, en réalité, sera imposée de l’extérieur, par les neuro-technologies américaines, voire chinoises, qui vont faire un hold-up sur l’éducation(p.166).

L’auteur suggère que l’éducation de demain soit trans-humaniste. Elle intégrerait les ressources numériques pour enseigner et personnaliserait l’enseignement grâce aux neurosciences et à la génétique. Cela pourrait signifier entre autres modifier le cerveau des élèves en utilisant les technologies NBIC pour augmenter l’intelligence (neuro-augmentation) soit par implant intracérébral avec une possibilité de l’hybridation de l’ordinateur et du cerveau ou par modification des gènes. L’école pour cette éducation devra répondre à trois épineuses questions: Celle de la crise sociale liée à la compétitivité entre l’intelligence artificielle et l’intelligence humaine ; celle d’une crise éthique (comment gérer la question de l’intégrité cérébrale : comment protéger la vie privée, notre liberté et nos droits dans  la civilisation biotechnologique) ; celle d’une crise existentielle issue du fait que l’intelligence artificielle nous défiera dans ce que nous sommes en tant qu’individus et êtres humains (p.319).

Nous devons donc apprendre à connaitre l’IA et maîtriser son fonctionnement. L’école est appelée à être plus politique et universelle pour répondre à la grande question du XXIe siècle : comment réguler le complexe neuro-technologique qui impliquerait l’imbrication des cerveaux de silicium et de ceux faits de neurones faisant de l’être humain, un être hybride de l’IA et de l’homme (p.334). C’est sur cette base, qu’Alexandre, dans la postface qui est une lettre à ses enfants, conseille de ne jamais oublier les humanités : « il faut apprendre à décoder le monde plus qu’à coder des programmes informatiques », pas seulement être des encyclopédies technologiques, mais aussi « devenir des hommes honnêtes »(pp.363-4).

En cours, nous entrons progressivement dans un nouveau paradigme de civilisation qui interroge. Ce paradigme comprend des basculements que l’auteur reprend dans sa conclusion en résumant en même temps le macro-argument de son livre.

  • Basculement géopolitique : la zone atlantique jusqu’alors la plaque tournante de l’influence mondiale perd sa prééminence : le centre économique, scientifique et politique du monde est désormais dans la Zone d’Asie-Pacifique, en Chine et dans la Silicon Valley où se prennent les décisions qui conditionnent l’évolution pour le monde de demain ;
  • Basculement du biologique vers le silicium : le neurone cède petit à petit la place au transistor si bien que la prééminence de l’espèce humaine qui serait issue de la sélection darwinienne risque d’être contestée ;
  • Basculement de la politique traditionnelle. La vraie capacité d’influencer passe dans d’autres mains. Le code numérique et non plus juridique fera la révolution juridique (pas seulement la révolution numérique). L’État ne créera plus l’avenir, mais va la subir;
  • Basculement du système démocratique : le système de la démocratie représentative est menacé. Le sort de l’humanité sera entre les mains d’opérateurs privés que des représentants élus. Les États-nations laisseront la place aux entreprises-Etats ;
  •  Basculement au niveau des stratégies : le pouvoir traditionnel diffère du nouveau par l’étendue temporelle de leurs stratégies. Traditionnellement, l’homme politique pense à la prochaine élection, l’homme d’État à la prochaine génération, les pouvoirs de la technologie numérique ou du Web pensent aux prochains siècles ;
  • Basculement de l’ordre économique : Alors que l’économie traditionnelle repose sur la gestion de la rareté qui détermine le prix, dans l’économie de l’information, cette rareté disparait pour faire place à l’immédiat de toutes les ressources numérisées. Ainsi nous entrons dans une économie démiurgique ou l’automatisation et la disponibilité infinie de l’énergie feront que rien ne sera plus impossible. Les règles de production et d’échange sont de plus en plus bouleversées ;
  •   Basculement de l’ordre éthique : la morale du devoir qui était particulièrement bien adaptée à un monde où les dilemmes éthiques étaient clairs et connus est en train de fondre. Dans le monde hyper-complexe, la morale devient aussi hyper-complexe. L’éthique monolithique explose en questions techniques spécialisées. Connaitre les conséquences de nos actions et arbitrer en conséquence sera un travail de technicien, et l’ingénieur sera le prêtre de demain dont la théologie sera plus « théologiciel » ou le logiciel des dieux !!!

L’auteur éclaire des points rouges en suggérant que l’industrialisation de l’IA s’accompagne de la démocratisation de l’intelligence humaine. Il s’agit des points que le lecteur est invité à garder du livre en pensant aux implications de l’IA sur la vie individuelle et sociétale dans son ensemble. Je retiens ici les plus saillants :

  • L’industrialisation de l’intelligence qu’elle soit humaine ou artificielle, va bouleverser les fondements mêmes de l’organisation politique ou sociale,
  • La démocratisation de l’intelligence humaine est, chaque jour, plus impérative, même si les élites politiques et économiques se sont toujours accommodées des différences de capacités intellectuelles,
  • L’éducation va se moderniser vite sous la pression des IA, les entreprises vont créer de nouveaux produits et de nouvelles expériences, et le champ de notre horizon va s’étendre ;
  • Investissement dans la recherche pédagogique au moins autant que les géants du numérique investissent dans l’éducation des cerveaux de silicium ;
    • Investissement dans la réflexion éthique et politique pour encadrer la civilisation issue de l’industrialisation de l’intelligence,
    • Apprendre aux nouvelles générations à gérer le pouvoir démiurgique de l’Homme apporté par les technologies NBIC, organiser un monde où de nombreuses formes d’intelligences biologiques et artificielles vont cohabiter
    •   La gouvernance et la régulation des technologies qui modifient notre identité (manipulation génétique, sélection embryonnaire, IA, fusion neurone-transistor, colonisation du cosmos) seront fondamentales,
    •    Interpellations sur la défense des principes fondamentaux : préserver notre corps physique au lieu de succomber au désir de devenir cyborg[3], garder notre autonomie plutôt que de fusionner irréversiblement dans un grand cerveau planétaire et sauvegarder une part de hasard plutôt que sombrer dans une dictature algorithmique ;
    •    Invitation à la cohésion de l’humanité autour des valeurs communes et d’un progrès partagé.

L’auteur termine en nous invitant à la participation au débat fondamental sur l’avenir de l’humanité libre des déterminismes génétiques et neurobiologiques (p.365). « L’humanité ne doit pas se transformer sans débat philosophique et politique » (p.364) martèle l’auteur.

Que dire du livre ? Le livre d’Alexandre est un chef-d’œuvre d’un visionnaire[4] analyste des révolutions technologiques, qui veut nous éclairer sur l’IA et les mutations profondes qu’elle est en train de déclencher dans le monde, dans la vie humaine et, surtout, dans l’éducation. La question fondamentale au centre du livre est celle de “comment préserver batterie l’espèce humaine dans le contexte de la révolution du cerveau qui nous plonge dans un avenir incertain”. Une question préoccupante comme nous pouvons le voir dans les œuvres comme The Age of Spiritual Machine : When Computer exceeds Human Intelligence  (Kurzweil, 1999), The Singularity is near : When Human transcends Biology(Kurzweil 2006), The artificial intelligence revolution : Will artificial intelligence serve us or replace us(Del Monte 2014). Le Tsunami Numérique, Education : Tout va changer, êtes-vous prêt (Davidenkoff 2014),  Deep thinking, Where Machine Intelligence ends and Human creativity begins (Kasparov 2017), L’ère numérique, un nouvel âge de l’humanité (Babinet 2016). Ces analyses dans la ligne de celles d’Alexandre nous invitent à être conscients de l’impact de l’intelligence artificielle sur la survie de l’humanité.

Le livre d’Alexandre a la vertu d’être écrit avec un esprit passionné et analytique, avec des encadrés bien élaborés pour embarquer le lecteur d’une manière avertie. Le but de l’auteur est de nous inviter à réaliser que les technologies numériques sont en train d’opérer des mutations dans les pouvoirs géopolitiques et géoéconomique, mais aussi dans nos schémas de vie.

Il est évident que les GAFA de la Silicon Valley et les BATEX de la Chine de part et d’autre de l’océan Pacifique nous renvoient à la platitude selon laquelle le monde occidental de part et d’autre de l’Atlantique est en train de perdre le pouvoir politique et économique qui se retrouve désormais en Orient. Ne faudrait-il pas plutôt tirer des leçons pratiques ? Désormais, les pays en développement comme ceux d’Afrique doivent savoir avec qui compter et composer pour leur avenir. En même temps, nous devons réaliser que le contenu de l’éducation et la pédagogie doivent changer et s’adapter à la culture du numérique avec ce qu’elle a de nouveauté qui nous changera en fin de compte et auquel nous devons porter un nouveau regard critique. Désormais la question de notre auto-transcendance qui est posée à nouveaux frais. Un véritable défi !

L’évangile trans-humaniste qui préoccupe l’auteur exige de réfléchir davantage. Soit accepter une mise à jour biologique de notre cerveau tout en restant homme, soit nous fusionner avec l’IA pour devenir des cyborgs.

Le livre d’Alexandre se recommande à nous tous pour autant que nous alimentons et consommons des médias sociaux. Il se recommande au monde académique qui se préoccupe de l’éthique des technologies numériques. Enfin il recommande davantage aux décideurs en matière de la technologie de l’information comme catalyseur d’une nouvelle civilisation, en tant qu’il leur revient de la réguler et la gouverner pour le bien de leur peuple et de toute l’humanité.

 

 


[1]GAFA (Google, Apple, Facebook et Apple).

[2]BATX (BaiduAlibabaTencent et Xiaomi)

[3]“Cyborg” ou cybernetic organism ou organisme cybernétique, a été utilisé par Clynes et Kline en 1960. Ces derniers l’utilisaient pour se référer à un être un humain pouvant survivre dans des environnements extraterrestres, mais aussi à la nécessité d'une relation intime entre l'être humain et la machine à l’ère de l'exploration spatiale.

[4]Un lecteur pourrait évoquer Hans Jonas  (Jonas 2013: 15-62). Jonas se pose cette question : quelle est « la différence humaine entre la technique moderne et celle des temps antérieurs » (p. 22)? Jonas relève quatre éléments de l’agir humain :

  • Le domaine de la technè (le monde extra-humain), hormis la médecine, est un domaine éthiquement neutre,
  • L’éthique traditionnelle est anthropocentrique, centrée sur l’homme,
  • L’homme en son essence n’est pas un objet de la technè transformatrice,
  • Le champ de l’action éthique est lié à la proximité et l’immédiateté de l’action humaine.

A l’époque moderne, ces postulats se sont transformés radicalement parce que la sphère de l’action humaine « est surplombée par le domaine croissant de l’agir collectif dans lequel l’acteur, l’acte et l’effet ne sont plus les mêmes que dans la sphère de la proximité » (p. 31).

 

Référence Bibliographique: 

Babinet, G 2016. L’ère numérique, un nouvel âge de l’humanité . Paris: Le Passeur.

Davidenkoff, E 2014. Le Tsunami Numérique, Education: Tout va changer, êtes vous prêt. Paris: Stock.

Del Monte, L 2014. The artificial intelligence revolution : Will artificial intelligence serve us or replace us. sl: Del Monte.

Jonas, H 2013. Le principe de la responsabilité. Paris: Flammarion.

Kasparov, G 2017. Deep thinking, Where Machine Intelligence ends and Human creativity begins. Oxford: Public affairs.

Kurzweil, R 1999. The Age of Spiritual Machine: When computer exceeds Human Intelligence. New York: Penguin.

Kurzweil, R 2006. The Singularity is near : When Human transcends Biology. New York: Penguin.

Français

Revue Ethique et Société
Fraternité St. Dominique
B.P : 2960 Bujumbura, Burundi

Tél: +257 22 22 6956
Cell: +250 78 639 5583; +257 79 944 690
e-mail : info@res.bi
site web: www.res.bi

 

Fraternité Saint Dominique de Bujumbura

Nous, Dominicains du Burundi sommes des membres d'un Ordre religieux international et multiséculaire dont le charisme fondateur s'articule autour de...

Lire la Suite

Couvent Saint Dominique de Kigali

Nous, Dominicains du Rwanda sommes des membres d'un Ordre religieux international et multiséculaire dont le charisme fondateur s'articule autour de

Lire la Suite