L’IMPACT DU STYLE DE VIE DES PAYS DEVELOPPES SUR LA FAMILLE DES PAYS EN DEVELOPPEMENT

Abstract: 

This article claims that history and mimicry mark an Africa’s socioeconomic itinerary, which has deeply affected African families. Indeed, for economic reasons, Western civilizations introduced slave trade and colonialism in order to capitalize on this malpractice. Thus, Africa’s wealth has been looted and African societies are destabilised.  Consequently, the drawback of this socioeconomic situation is neither redressed nor addressed. Unfortunately, with the introduction of modern media Africa still imitates   developed countries life style and, simultaneously, fails to work hard to produce goods   and develop the culture of production. Rather, Africa adopts dietary and sedentary culture of keeping traditional farming tools,   but this encourages few exports and is exposed to many more imports. Ironically, the West takes care of producing what Africa needs in order to keep a definitively permanent dependence. Strikingly, agriculture is cash crop because economies are unfinanced.  Indeed, few exports are paid too little as they do not have any added value. 

 

Therefore, solutions to this Africa problem rest on the imitation of what pays. Explicitly, solutions invite to rethink and adapt education to Africa’s needs, ensure food security and export profits. These are universal suggestions and particularly concern African families where, humans get spiritual ground for creative pride.  Furthermore, the world should target sustainable and fair life style at all levels and life styles that account for the needs of Africa and responsible consumption.            

  1. Introduction : « Le style de vie » quid est ?

 

« Quand il faut consommer, nous invoquons la tradition et quand il faut produire et épargner pour l’avenir, nous lui tournons le dos… »  Nous copions et copions mal. Le campagnard imite le citadin, le citadin, l’occident ». Ces propos sont de Zénon Nicayenzi, dans le « Le Renouveau du Burundi » N° 5883 du 28 octobre 2002, en parlant de certaines dérives de la société burundaise. Zénon Nicayenzi semble avoir assez de recul pour faire ce constat, lui qui faisait partie du Gouvernement en place le jour de l’indépendance du Burundi, le 1er Juillet 1962. Le constat de copier et de mal copier, qui se dégage de cette analyse n’est pas le propre des Burundais. C’est un problème qui s’observe à différentes échelles, un problème mondial. C’est un phénomène qui est loin de disparaître.

 

Comme pour souligner ce mauvais copiage, Mariame Beavogui (2014), évoquant les dérives dans l’alimentation en Afrique, recommande ceci : «Il faut que les plus riches comprennent que l’embonpoint n’est pas un signe de bonne santé, que la viande tous les soirs n’est pas indiquée, que la sédentarisation est dangereuse ». Voulant imiter le régime alimentaire de la viande des pays développés, des élites en sont arrivés à considérer qu’un repas sans viande n’a pas de valeur. Avec l’arrivée de la voiture, certaines « élites »  limitent au strict minimum leurs déplacements à pieds. Mais ces élites semblent ignorer qu’entre temps, une classe de végétariens et de cyclistes est née dans les pays développés. Certainement que bientôt elle aura des adeptes africains qui copieront et qui copieront correctement.

 

Cette étude se focalise sur ce qui s’observe dans les familles africaines eu égard au style de vie des pays développés pour en tirer des leçons. La notion de « style de vie » ou « mode de vie » ou encore « lifestyle » est la manière de vivre - d'être et de penser - d'une personne ou d'un groupe d'individus (www.google.fr). C’est un concept abstrait qui diffère de la notion de « niveau de vie » qui, elle, fait appel à des critères qualitatifs et quantitatifs, tels le produit intérieur brut (PIB) par habitant. Or le PIB par habitant, comme toute moyenne, ne renseigne pas sur sa répartition pour mettre en relief les disparités.

 

Le mode de vie d’un individu inclut tout ce qu’il fait, du réveil au coucher et même pendant qu’il dort. Dans les sociétés industrialisées, le mode de vie est plutôt une notion qualitative. Il désigne, entre autres, la façon dont les ménages utilisent leur pouvoir d'achat. Pour un niveau de vie équivalent, il existe de multiples manières de consommer, de se distraire, de se cultiver.

 

En sociologie, un mode de vie est la façon dont une personne ou un groupe vit. Cela inclut ses types de relations sociales, sa façon de consommer, sa façon de se divertir, de s'habiller. Un mode de vie reflète également l'attitude d'un individu, ses valeurs, sa façon de voir le monde dans lequel il vit. Notre mode de vie fait partie intégrante de notre identité. Le mode de vie nous définit et nous différencie. Il représente la manière dont nous vivons notre vie.

 

Au niveau des pays, il existe de très fortes disparités de modes de vie de par le monde, entre les pays développés et les pays en développement ou les pays du Sud. À chaque société globale correspond une culture particulière faite d'objets matériels, de comportements institutionnalisés, d'organisations sociales, de connaissances techniques, de conceptions philosophiques et religieuses, de créations esthétiques. Cet ensemble, propre à chaque groupe constitue un héritage collectif que chaque génération reçoit de la précédente, modifie quelque peu et transmet à la suivante. Cette réalité est propre à chaque pays.

 

Dans cette analyse, des illustrations seront tirées de la société burundaise.

 

  1. Aperçu sur l’évolution historique des styles de vie

 

Les problèmes les plus importants relatifs au développement actuel de l’Afrique concernent essentiellement l’histoire de ce continent. Dans la société traditionnelle africaine, sous l’encadrement des aînés, c’est-à-dire des anciens, des sages, en dehors des catastrophes naturelles, chaque famille produisait et parvenait à subvenir plus ou moins à ses besoins. En cas de pénurie de vivres ou de catastrophe, c’est la solidarité qui jouait. Les parentés et voisins savaient s’organiser pour venir en aide à la (ou aux) famille(s) sinistrée(s).

 

Dans le cadre de cette solidarité, au Burundi comme ailleurs en Afrique, il y avait une pratique de travailler ensemble (ugushirana, guhinda ikibiri, etc). Les proches parents ou voisins aidaient la famille qui n’avait pas encore cultivé ses terres à la veille des pluies de semailles. La terre était encore fertile et les familles vivaient essentiellement de l’agriculture et de l’élevage. Côté échange, c’était le troc parce que la monnaie était inconnue jusque là. Le social primait sur l’économique, mais René Dumont y voit déjà un grief : « la société africaine, en réservant les plus forts pouvoirs économiques aux chefs de familles élargies confie les leviers du progrès aux plus âgés, les moins réceptifs aux techniques modernes ».

 

 

En Occident, le besoin d’expansion, synonyme de besoin de main d’œuvre accompagné de recherche de débouchés pour les produits manufacturés s’annonce. La traite des Noirs et la colonisation frappent aux portes de l’Afrique.  Les deux fléaux se succèdent, en commençant par la traite des nègres, marquent l’histoire de l’Afrique et continuent de peser sur l’évolution socio-économique du continent noir.

 

  1. La traite des noirs et l’évolution économique de l’Afrique

 

La traite des Noirs a été pratiquée par les Européens (Anglais, Français, Hollandais, Portugais, etc) et ensuite par les Américains, entre le début du 16e et la fin du 17e  siècle. Le commerce triangulaire est le terme qu’on lui a attribué. Le voyage se faisait en trois étapes, comme l’expression triangulaire le suggère : Europe-Afrique, Afrique-Amériques et Amériques-Europe. Ces trois étapes formaient alors le fameux commerce triangulaire. Les historiens estiment que cette traite a concerné 12 millions d’Africains. La motivation était avant tout économique: les esclaves ont servi principalement de main d’œuvre à bas coût. D’autres motivations extrêmement cyniques ont été avancées pour justifier la traite. Ainsi, l’esclavage des Noirs était une punition méritée pour leurs fautes et même un moyen de les arracher à leur milieu pervers (voir Pirogue N° 53). Mais, de quelles fautes s’agit-il ? La traite négrière a permis au Nouveau Monde et aux économies européennes de se développer rapidement entre le 16ème et le 19ème siècle. Elle a entretenu, pour longtemps, l’industrie occidentale. Lester Brown considère que le mode de vie occidental actuel résulte de la révolution industrielle, qui a libéré une énergie créatrice gigantesque, en raison d'une productivité supplémentaire. Plusieurs facteurs ont sous-tendu la création et la consolidation des styles de vie, mais les mobiles socioéconomiques viennent  avant les autres.

 

La traite des noirs a eu des conséquences graves en Afrique. La recherche d'esclaves a entraîné des guerres tribales et parfois de véritables chasses à l'homme. Elle a fait subir aux sociétés africaines de profonds bouleversements, à savoir des crises sociales, identitaires, culturelles et économiques. Parconséquent, l'esclavage a été l'étape historique qui a favorisé la colonisation, qui est une autre forme d'exploitation. Elle a ôté à bon nombre de pays proches des côtes, la partie de la population la plus vigoureuse, pour l’esclavage, hors d’Afrique.

 

Cette forme d’exploitation économique, exploitation de l’homme par l’homme, de la part des colonisateurs européens, a littéralement pillé les richesses de l’Afrique, les premières richesses étant bien entendu ses hommes vigoureux physiquement et spirituellement.

 

Aujourd’hui, l’Afrique reste convoitée par les puissances, même si son exploitation ne passe pas par la « vente des êtres humains» ou la colonisation. A titre d’illustration, la recherche d'une certaine «sécurité énergétique» explique largement l'intérêt de la Chine pour l'Afrique. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit qu'en 2010 la Chine sera le plus gros consommateur mondial d'énergie. Elle estime également qu'en 2030 les besoins mondiaux en énergie seront de 50 % supérieurs à ceux d'aujourd'hui. Actuellement, on compte environ 10 voitures pour 1 000 habitants en Chine, et 480 pour 1 000 habitants aux États-Unis.

 

 

 

 

  1. La colonisation et  la crise socioéconomique de l’Afrique

 

La période coloniale a introduit des modifications souvent désastreuses malgré leur première apparence bénéfique. Les colons ont orienté les productions agricoles à leur profit (cultures commerciales), ceci au détriment des cultures vivrières et de leur amélioration. Les Européens ont obligé (in)directement les paysans à abandonner certaines de leurs cultures vivrières pour des cultures commerciales, utiles seulement aux pays d’Europe. A l’appauvrissement croissant des autochtones, correspondait un enrichissement considérable des colons.

 

Aux 19e et 20e siècles, l’exploitation de la main d’œuvre s’est faite sur place avec le développement des plantations et des mines. Au terme de la logique des colonisateurs, tout le continent africain devait être organisé et exploité au profit des puissances européennes.

 

Au Burundi, l’administration allemande a introduit des besoins nouveaux dans la population : fusils, bijoux, habits, etc. Dès 1903, les Allemands avaient commencé, à leur profit, quelques essais de cultures du café avec les missionnaires de Buhonga. Ils avaient également commencé à faire circuler la monnaie. Cette monnaie était la roupie en argent et le heller en cuivre. Ces deux monnaies étaient surtout présentes près d’Usumbura et de Gitega et chez les chefs. Habitués au troc, les populations ont résisté à l’introduction des échanges par monnaie, à tel point que le 8 Août 1922 fut signé un décret précisant les punitions qu’encourait celui qui refuserait le paiement en monnaie. 

 

 

L’enseignement fut confié aux missionnaires dès le début. En 1905, il n’existait que 70 écoles avec 1 440 élèves, qui étaient surtout des catéchuménats. Les meilleurs élèves étaient envoyés  en Tanzanie (Ushirombo). En 1909, l’école du Gouvernement était créée à Usumbura avec 25 élèves.  Au niveau de la santé, un institut avait été créé à Hambourg (en Allemagne) pour dépêcher des spécialistes dans les colonies.

 

La colonisation s’est accompagnée de la création des villes où les gens vivent autrement qu’à la campagne. Après les indépendances, la progression urbaine a été spectaculaire. La construction de logements ne pouvant suivre l’évolution, des bidonvilles misérables se multiplient autour de villes, parfois très modernes et bien aménagées.

Pendant toute la période coloniale, le continent africain avait pour rôle de n’être que le fournisseur de l’Europe en matières premières (produits agricoles tropicaux, produits du sous-sol). A partir des ports, toutes les ressources de l’Afrique s’embarquaient en direction des régions industrialisées européennes.

 

  1. La science, la technologie et l’évolution des styles de vie

 

Avec la science, les hommes d'aujourd'hui vivent plus longtemps et mènent une meilleure existence que leurs ancêtres. Mais s’ils ne sont pas en mesure de donner la pleine mesure de leur potentiel économique, ce sont non seulement les familles, mais aussi les pays qui sont perdants. Et le fait est qu'en dépit des énormes progrès affichés par les indicateurs sociaux, l’Afrique reste défavorisée au plan économique.

 

 

Comme le veut le principe du revers de la médaille, la science et la technologie n’ont pas apporté que des bienfaits. Si l’Afrique a gagné en termes d’espérance de vie à la naissance, si certaines maladies ont été éradiquées grâce aux progrès de la médecine, de la science et de la technologie, les jeunes ont été sollicitées pour changer de styles de vie au détriment de la société.

 

Avec les sciences commerciales, un mode de vie devient une cible marketing, que les vendeurs tentent de viser pour s'approcher au mieux des besoins et des envies de consommation d’un segment du marché. Souvent ces commerciaux créent des besoins et malheureusement il y a toujours des « consommateurs de mode ». Grâce à leur puissance, les Etats Unis répandent leur mode de vie sur la planète, et le réseau des multinationales contribue à cette diffusion. Le « jean » créé par Levi’s et le hamburger inventé par McDonad sont universels et Coca-Cola désaltère les habitants de 145 pays (Lambin, Martin et Bouvet: 1993 : 296).

 

À mesure que les économies monétaires et les programmes publics d’aide sociale traitent de plus en plus les biens de première nécessité simplement comme des produits que l’on peut acheter et vendre, il est fort à craindre que les innovations technologiques, stimulées par les scientifiques travaillant dans un cadre commercial, seront exploitées principalement par des minorités bien nanties, et que les pauvres en retireront peu ou pas d’avantages.

 

Alvin Toffler, futurologue américain, parle de brièveté des choses, des endroits,  des gens et des organisations pour parler de la force de persuasion ou de dissuasion des propagateurs des styles de vie. « Nous jetons nos possessions pour en acquérir de nouvelles. Nous quittons les endroits qui nous ont vus naître pour de nouveaux. Nous perdons le contact avec nos anciens amis et connaissances et nous avons du mal à créer un contact avec de nouveaux. Les sociétés gouvernementales et les sociétés commerciales créent de nouvelles positions seulement pour mieux les reformer et les changer. La brièveté de l'information : les connaissances scientifiques et populaires ne sont pas figées et s'accroissent de façon rapide et permanente ».

 

Parmi les techniques de marchés internationaux celle qui a peut être connu l’évolution la plus grande et la plus marquante des dernières années, est incontestablement l’information (Mouton et al 1987: 8). Née juste avant 1939, la télévision constitue le principal média de propagation des styles de vie depuis les années 1960. Mais avant la télévision, il y avait la radio. En définitive, avec la mondialisation des échanges, les habitants des pays développés adoptent ou essayent d’adopter peu à peu un même mode de vie, et les Africains essaient de « copier » et souvent ils copient mal.

 

Les progrès de la science ne sont jamais, en eux-mêmes, une garantie de bienfaits pour la société. Une des raisons pour lesquelles les gens ordinaires se méfient de la science, c’est qu’ils ont l’impression qu’ils finiront par être ceux qui subiront les coûts de l’innovation technologique.

 

  1.  Egoïsme, mimétisme et évolution des styles de vie

 

Il existe de très fortes disparités de niveaux de vie de par le monde, entre les pays développés et les pays en développement (ou pays du Sud) dues à l’égoïsme. Les études des communautés effectuées en Afrique, et surtout en Orient, ont lié la mise en cause du retard économique à l’état de crise conséquent aux rapports établis avec les puissances dominantes (Balandier 1981: 187).

 

6.1.Egoïsme des pays développés

 

Nous avons vu que la première forme d’égoïsme criante a été l’exploitation systématique de l’Afrique  par la traite négrière et la colonisation, créant une domination sans précédent des pays développés d’Afrique. La mainmise des sociétés multinationales sur l’économie de certains pays africains, par le biais des investissements entraîne une nouvelle forme de dépendance, aussi parle-t-on aujourd’hui de néocolonialisme économique.

 

Les cultures vivrières ont été sacrifiées dans certains pays à la culture commerciale destinée aux pays développés. Le développement des cultures commerciales a permis d’obtenir des devises pour l’équipement des pays, mais la chute des cours sur le marché mondial a réduit les ressources rendant l’exportation de ces produits de moins en moins rentable. Quand on veut maintenir un revenu, on dispose toujours de deux paramètres : le prix et la productivité. Or les pays en développement ne contrôlent pas les prix des matières premières qu’ils exportent.

 

L’égoïsme réside dans le fait qu’ « aujourd’hui, les prix mondiaux des grains, du café, du cacao, du sucre, du coton sont fixés de manière irréfutable dans l’enceinte des grandes bourses de Chicago, New York ou Londres » (Mouton et al 1987:14 ). Il y en a qui avancent la solution des accords mais un accord n’est pas un moyen de garantir et d’augmenter les recettes d’exportation. Il doit offrir des garanties d’approvisionnement aux utilisateurs. Il ne saurait supprimer également les activités des spéculateurs, mais en corriger les excès.

 

Les Etats Unis ne représentent que 5% de la population mondiale mais consomment le quart des richesses mondiales; leur consommation d’énergie est cinq fois supérieure à celle des autres pays (Ajchenbaum 1982: 337). Tout le monde rêve d'«indépendance énergétique». Des sommes énormes ont été  investies dans la production de biocarburant, ce qui a fait s'envoler le prix des produits alimentaires. Mais personne ne parle d’adapter le style de vie à un monde où le prix de l'énergie est en augmentation constante. C’est ça l’égoïsme.

 

6.2.Mimétisme des pays africains

 

Le mode de vie américain a été popularisé par le cinéma et s'est répandu depuis la Seconde Guerre mondialedans les pays d'Europe occidentale et dans plusieurs pays développés du monde et même en Afrique. Certains produits sont devenus des symboles universels. La culture de masse présente ses défauts : soumission trop grande à la mode, standardisation des comportements, risque de nuire à l’activité créatrice. Ce qui est frappant, c’est le silence complice ou l’indifférence des responsables. Ils n'ont pas l'air de réfléchir à la menace que constitue la mondialisation des modèles occidentaux de consommation. Qu’est ce qui arriverait  si les Chinois et les Indiens, tout nombreux qu’ils sont, se mettaient à se comporter comme les Américains et les Européens ?  Selon Mgr Simon Ntamwana, 

 

Tout le monde au Burundi veut être fonctionnaire, sucer l’Etat, chaque autorité veut caser les siens à l’intérieur de ce petit carré qui s’appelle Fonction publique. Et de s’interroger : ne faudrait-il pas profiter de cette volonté populaire, cette nouvelle conscience de prise en charge personnelle pour arriver à un Burundi capable d’améliorer son sort ? (in Magazine IWACU 2013).

 

 C’est du mimétisme, c’est de l’égoïsme. Aujourd’hui, ce qui est le plus remarquable en Afrique, c’est le développement considérable des villes, alimenté par un exode rural important.  En 1998, l’Institut des Statistiques et Etudes Economiques du Burundi, ISTEEBU a fait une étude en Mairie de Bujumbura.  50,8% des ménages étaient locataires de leur logement contre 1,5% dans le reste du pays. L’électricité n’était utilisée comme source d’éclairage que par 4% des ménages. 93,7% des ménages utilisaient le bois et 5,1% le charbon de bois pour cuisiner. La dépense de santé représentait environ 2,4% de la dépense totale des ménages burundais, ce qui est faible par rapport à ce qui est observé dans les pays comparables. Les boissons alcoolisées et non alcoolisées occupaient 17,7% des dépenses alimentaires.Tout laisse penser que cet engouement des boissons est un besoin créé. N’y aurait-il pas de lien avec la présence de la brasserie qui a été un des premiers apports de la colonisation belge ? C’est ça la culture burundaise ? Nicayenzi s’indigne toujours qu’on boit abondamment durant le deuil contrairement à la coutume. Nous copions et copions mal.

 

Déo Niyonkuru, parlant, lui-aussi, des modes de consommation au Burundi, observe que  le riz au Burundi reste un produit de luxe qui s’est totalement imposée dans les habitudes alimentaires des classes aisées, mais dont la consommation reste marginale pour l’ensemble de la population. Néanmoins avec le terrible mimétisme des Burundais, la propension à consommer ce produit est immense. Il ressort à l’évidence qu’il n’existe pas une série unique, un secteur unique qui, comme par un coup de baguette magique, puisse à lui seul déclencher le démarrage. Il est donc inutile qu’une société en développement reprenne, par exemple, l’ordre de succession et la structure qu’ont suivis la Grande Bretagne, les Etats unis ou la Russie.

 

6.3.Des conséquences de l’égoïsme et du copiage raté

 

Plusieurs événements majeurs expliquent la précarité de la situation économique sur le continent africain : l’élévation du prix des céréales et du pétrole, la récession et l’inflation dans les pays industrialisés, l’augmentation des taux d’intérêts  réels, les fluctuations des taux de change et l’effondrement du prix des matières premières. La stagnation de l’agriculture, l’insuffisance de la croissance industrielle et le développement du chômage dans le Tiers Monde sont dus à des causes qui n’ont rien à voir avec la croissance démographique ; les mécanismes de la dépendance de celui-ci sont à l’origine de son sous-développement (Amin : 355). En définitive, ces événements et causes peuvent être résumés en « égoïsme et copiage raté » qui entraînent les conséquences ci-après.

 

6.3.1.       Des économies mal ou sous financées

 

Les économies africaines n’avancent pas pour plusieurs raisons dont les mauvaises conditions de financement et d’écoulement des productions. La rigidité des structures productives limite les possibilités de substitution des exportations et des importations, tandis que la faible capacité, interne et externe, à mobiliser des ressources financières réduit les potentialités d’endettement. Pour Dumont, qui revient à cette stagnation, « le problème essentiel du Tiers Monde est que son stade d’équipement, d’évolution de connaissances, de mentalité ne lui permet pas de dépasser un certain rythme de progrès ».

 

La quasi-totalité des Etats d’Afrique ne peuvent se passer de l’aide extérieure. Les sociétés capitalistes exploitent la situation en investissant dans des secteurs choisis pour leur très grande rentabilité, et non en fonction des besoins vitaux des populations locales. Le  problème de la charge qu’impose aux pays en développement le service de la dette est étroitement lié à la lenteur de la croissance des exportations et à la détérioration des termes de l’échange.

 

L’indexation des revenus dans les pays du Nord et l’absence d’indexation dans les pays du Sud, conséquences flagrantes de l’existence d’organisations puissantes dans les premiers et de l’absence d’organisation cohérente dans les seconds, peut conduire à une dégradation des termes. Or, toute chute des termes de l’échange, même si elle fait suite à une période faste peut se traduire par une catastrophe.

 

 

6.3.2.      Des agricultures arriérées, inadaptées et de subsistance

La faim a plusieurs causes. Il y a d’abord le rôle de la riche minorité du tiers monde qui contrôle la plus grande partie de la production agricole et développe les cultures commerciales au détriment des cultures vivrières, ce qui lui rapporte de gros bénéfices, les produits vivriers étant plus rares, ils deviennent plus chers et le plus souvent trop coûteux pour une grande partie de la population ce qui entraîne la sous-alimentation. Mais les pays riches contribuent eux aussi à entretenir, et même à aggraver la misère du tiers monde et ont de ce fait une très lourde responsabilité. De tous les produits agricoles, c’est le blé qui préoccupe le plus le monde entier et au sujet duquel apparaissent périodiquement des crises sur le marché mondial. Ces crises ont toujours eu des répercussions étendues et profondes.

 

Les politiques d’ajustement structurels imposés par les institutions financières internationales ont obligé certains pays à réorienter leur recherche et production agricoles vers des cultures commerciales qui génèrent des devises étrangères plutôt que des cultures vivrières destinées à la consommation locale. Dans certains cas, ces politiques ont remis en cause la sécurité alimentaire ainsi que la capacité du sol à continuer de produire, ont créé d’énormes difficultés personnelles pour les citoyens et suscité des troubles sociaux.

 

La sécurité alimentaire est définie comme la capacité d’un pays à veiller à ce que sa population ait accès à un approvisionnement alimentaire bien réparti, sûr et équilibré sur le plan nutritionnel et se poursuivant sur une longue période (Berg et Whitaker 1982: 237). Il serait difficile de parler de sécurité alimentaire en Afrique dans la mesure où les grandes sociétés contrôlent le commerce mondial des produits agricoles. Elles achètent, souvent à des prix peu élevés, les produits agricoles du tiers monde, et les revendent plus cher dans les pays riches ; ces prix sont irréguliers, ce qui est grave pour les petits paysans, étant donné que c’est leur seul moyen de vivre. Cette absence de contrôle des prix ne peut pas faire avancer le secteur agricole.

 

Les petits producteurs africains échappent de bien de façon aux programmes d’assistance du gouvernement, mais aussi aux impôts, aux lois et aux mécanismes de contrôle. Refermés sur eux-mêmes, ils sont plus qualifiés pour produire que pour concevoir et commercialiser leurs produits. Les projets de mécanisation introduisant l’usage du tracteur ont obtenu un succès limité dans les zones tropicales humides en raison de l’importance des dépenses en capital par rapport aux moyens disponibles, de la faible dimension des exploitations et du manque de compétence au niveau de l’emploi et de l’entretien du matériel (Berg & Whitaker 1988: 213).

 

6.3.4.      Une industrialisation ratée

 

Avec des économies mal ou sous financées, des agricultures arriérées, inadaptées et de subsistance, on ne pourrait s’attendre à des industries florissantes.L’insuffisance des apports en capitaux et en technologie, à elle seule, est un obstacle majeur à l’industrialisation des pays en développement.

 

L’industrialisation orientée vers l’exportation avait toujours été considérée comme un atout beaucoup plus sûr pour le développement économique de l’Afrique subsaharienne. A côté de l’exportation, le facteur principal de la hausse de la production industrielle résulte de l’accroissement de la demande nationale, et des substitutions aux importations plutôt que des exportations. La plupart des études afférentes aux entreprises africaines indiquent que l’insuffisance de la demande constitue un sérieux handicap pour les petites entreprises.

 

Pour sauver leur industrie, certains pays ont recouru à la privatisation croyant que le problème se situait au niveau de la propriété. Or, la privatisation de la propriété industrielle est à envisager avec précaution. Les carences du système ne proviennent pas de son appartenance même au service public, mais se rapportent davantage au degré d’intervention de l’Etat dans les décisions quotidiennes, au degré de décentralisation du pouvoir, à la souplesse des structures de gestion et à la conjoncture politique dans laquelle opère l’entreprise publique (Berg & Whitaker 1988: 383).

6.3.5.      La montée du chômage

 

Le chômage a été et reste la résultante d’une situation économique et sociologique difficile, situation qui n’a rien à voir avec la pression démographique, comme certains l’avancent à tort. Le taux de chômage est la conséquence d’un certain nombre de phénomènes, et mesure la mauvaise santé d’un pays comme le thermomètre juge la fièvre d’un individu.  En Afrique, le chômage n’est pas une donnée, ni une fatalité. La diminution du nombre des hommes ne diminue pas le chômage et l’augmentation du nombre des hommes n’est pas forcément liée à une poussée du chômage. Il est erroné d’établir une liaison quantitative entre l’effectif d’une population et celui des chômeurs. A partir du milieu des années 1970, dans maints pays africains, le déclin des salaires réels a été l’un des principaux aspects de l’ajustement sur le marché du travail.

 

6.3.6.      Sédentarité et obésité

 

Nous avons jugé bon de revenir sur ces sujets d’actualité pour souligner davantage ce mauvais copiage de nous les Africains. La sédentarité est une nouvelle habitude en Afrique, une habitude malsaine qui commence à faire payer cher dans les « familles aisées » africaines.

 

Les pays développés ont apporté à la société un confort physique avec sédentarité : voiture, ascenseur, tapis roulant, ce qui n’est pas mauvais en soi. Le problème réside dans l’abus. Avant l'essor de l'automobile et des transports en commun, une partie importante de la population parcourait quotidiennement des distances importantes pour se rendre à l'école ou au travail.  Progressivement, avec le développement des transports en communs ainsi que l'utilisation de véhicules motorisés pour des trajets de courtes durées, les gens font de moins en moins d'exercices physiques.  C’est au début du 20ème siècle qu’apparaissent les premières voitures. Elles sont encore artisanales et c’est seulement en 1920 qu’Henry Ford lance le fameux « T », la première voiture à être fabriquée en série.

 

Avant 1940, un travailleur manuel (ouvrier/paysan) dépensait 2600 à 2800 kcal / jour.  Actuellement, à cause de la mécanisation du travail, il ne dépense plus que 2000 à 2600 kcal/ jour. Ces 300-400 kcal/ jour de moins peuvent, s’il y est prédisposé, lui faire prendre 15 kilos en 10 ans !  Le sédentaire n’a pas les mêmes besoins nutritifs que le travailleur.  Un apport calorique excessif par rapport aux besoins entraîne à la longue une prise de poids significative. Il est par ailleurs admis que le travail intellectuel, contrairement au travail manuel, est très peu consommateur de calories.

 

D’après les spécialistes, l’idéal pour garder un poids normal est d’avoir une activité physique quotidienne d'une demi-heure à une heure et de manger à l'heure fixe des repas équilibrés, en quantité modérée. Au Burundi, à la fin de 1942, il y avait un camion, 17 voitures, 7 motocyclettes et 33 bicyclettes. En 2014, Bujumbura regorge de véhicules qui suscitent la curiosité de certains visiteurs. Certains se croient être dans les monarchies du golfe. Il paraît que, dans certains ménages aisés de Bujumbura, il arrive qu’un enfant, habitué à aller à l’école en jeep, refuse d’y aller  en voiture. Mais ces drôles de situation n’arrivent pas qu’aux jeunes.

 

Quand un propriétaire de véhicule « s’aventure » à emprunter le transport en commun, pour se rendre au travail, tout le monde conclut que sa voiture est au garage. Inutile de vous dire qu’aller au service à pieds ou à bicyclette est synonyme de problème de trésorerie. Voilà où nous en sommes, nous qui crions toujours haut et fort que les salaires de la fonction publique sont insuffisants. La capitale Bujumbura est un terrain cyclable par excellence étant donné son relief plat. Les étrangers qui visitent Bujumbura s’étonnent que les gens n’utilisent pas la bicyclette pour aller vaquer à leurs activités.

 

Une alimentation suffisamment abondante et variée est indispensable pour maintenir la température de notre corps et assurer le bon fonctionnement de nos activités physiques et intellectuelles. D’après les spécialistes, l’alimentation doit comprendre une ration quotidienne d’au moins 2400 calories. Mais qu’est ce qu’on observe ? Dans les pays développés, l’offre alimentaire ne cesse d’augmenter (plus de 3000 calories par jour). La population est suralimentée alors que les besoins caloriques diminuent en raison de l'accroissement de la sédentarité. En Afrique, des gens meurent de faim. Un être humain sur trois ne mange pas à sa faim.  A côté de ceux qui meurent de faim, il y en a qui se plaisent à copier le style de vie occidental. Ils se gavent de nourritures avec la viande comme menu principal.

 

Pour compléter le copiage, ils adoptent des grignotages entre les repas, devant leur écran de  télévision,  devant les ordinateurs ou autres écrans vidéo, tout comme les occidentaux. Or il s’est avéré que les grignotages, les collations en dehors des repas apportent beaucoup de calories. Ce mode de vie hérité des Etats-Unis (soda au cours de la journée; match de football devant la télé pendant des heures avec popcorn et pots de glaces) tend à se généraliser un peu partout. Cette conjonction conduit particulièrement les personnes prédisposées à des complications de plusieurs ordres.

 

Le trop gras, trop salé ou trop sucrésont monnaie courante. Ils constituent les principaux facteurs responsables des complications dont l’obésité, l’augmentation du taux de cholestérol (formation des la graisse autour du cœur), le diabète, etc. La suralimentation entraîne une consommation excessive de viande. Cela implique le détournement d’une grande partie des protéines, y compris du tiers monde, pour nourrir le bétail des pays riches qui absorbe le tiers des céréales mondiales (Bailly et al 1982: 85). Encore de l’égoïsme des pays développés !

 

Même si elle peut avoir d’autres causes dont l’hérédité, l’obésité peut résulter en premier lieu d'une mauvaise alimentation et d'un déséquilibre entre une activité physique insuffisante et une alimentation trop riche en calories. La déstructuration des rythmes des repas de plus en plus fréquente, qui caractérise les modes de vie actuels dans les pays nantis, provoque des déséquilibres alimentaires qui contribuent à l'obésité. 

Paradoxalement, dans les pays les plus pauvres, l’obésité est socialement valorisée. Par exemple, en Mauritanie, les jeunes filles en âge de se marier sont engraissées pour être plus séduisantes et plaire à leur conjoint. Ceci contraste avec les pays développés où l’obésité est signe de pauvreté tandis que, dans les pays les plus pauvres, l’obésité concerne les populations les plus aisées et montre un signe de réussite et de richesse (www. google.fr consulté le 31. 3. 2014).

 

 

 

7.Que faire pour faire éclore des styles de vie équitables?

 

Selon Jean Paul Sartre, la souffrance comporte en elle-même son propre refus; elle est par essence refus de souffrir. Elle s’ouvre sur la révolte et sur la liberté. Pour sortir de la souffrance ou pour l’atténuer, il serait illusoire de commencer à prêcher l’industrialisation et l’exportation alors que la population est affamée ; après tout, « ventre affamé n’a point d’oreille ». Même si la science semble être une arme à double tranchant, il faut la mettre à contribution. Le temps est venu d’introduire un code d’éthique pour les scientifiques de manière à ce que la science vise le bien collectif.

 

Selon Jean Paul II (1982), la cause de l’homme sera sa survie si la science s’allie à la conscience. Il faut donner plus d’attention à la capacité de la science d’améliorer les situations sociales de façon non matérielle. La technologie doit être traitée comme une servante de la société, non pas comme son maître. La science doit être pleinement intégrée à de larges besoins sociaux.

 

7.1. Modernisation et adaptation de l’enseignement

 

Certaines personnes comparent la famine éducative à la famine alimentaire de par la gravité de son impact sur l’avenir de l’Afrique. Le problème qui se pose aux systèmes éducatifs africains réside dans l’augmentation des effectifs scolaires et dépasse la capacité des économies nationales à maintenir la qualité de l’enseignement. Dans le cas du Burundi, Joseph Ndayisaba est très critique :

 

Certains enseignants utilisent leurs propres notes prises pendant leurs études, sans se soucier du programme en vigueur… L’argument le plus souvent avancé est qu’ils n’ont pas de manuels. Les méthodes d’enseignement utilisées dans notre système favorisent le cumul des connaissances théoriques, souvent apprises par cœur. Nous ne cultivons pas chez nos élèves la curiosité, le plaisir d’apprendre, l’autonomie, ni les compétences, les savoir-faire et les savoir-être. Tout cela constitue peut-être une des raisons majeures des faibles capacités à l’auto-emploi pour nos jeunes sortants des universités(Magazine IWACU).

 

Avec un tel système favorisant le «par cœur», qui n’actualise pas la matière dispensée, peut-on s’attendre à des lauréats capables de moderniser l’agriculture? Ce sont les pouvoirs publics, les parents et d’autres parties prenantes, les partenaires techniques et financiers, qui sont interpellés.

 

7.2.Modernisation ou développement de l’agriculture

 

Le développement agricole actuel de l’Afrique doit tenir compte de l’héritage de la colonisation, des possibilités d’adaptation des agriculteurs à des techniques nouvelles, et de la nécessité de nourrir une population menacée de malnutrition ou de sous-nutrition. La sécurité alimentaire devrait remplacer l’autosuffisance alimentaire dans les objectifs des pays africains et devenir une priorité pour les donateurs dans leurs programmes d’assistance alimentaire et agricole pour l’Afrique.

 

Pour René Dumont, les investissements les plus urgents en Afrique sont ceux qui produiront sur place les moyens de modernisation agricole. Là où l’accès des cultivateurs aux marchés, au stockage, aux pistes, à l’électricité, à l’eau, etc. est facilité ou garanti ; les mesures de libéralisation ont tendance à accroître la production et à augmenter les revenus agricoles. La promotion de nouvelles entreprises devrait concentrer ses efforts, avant tout sur la transformation des matières premières nationales, soit pour le remplacement des importations, soit pour l’exportation.

 

Il faut développer les cultures vivrières et n’exporter que le surplus. La Chine en appliquant ce principe a réussi à faire disparaître les grandes famines et assure à sa population, pourtant considérable, une meilleure alimentation que les pays moins peuplés. (Bally et al 1982 : 86). Ce qui nous manque le plus dans les pays sous-développés, ce n’est nullement l’argent, c’est la connaissance ponctuée par un savoir-faire pratique. Le Zimbabwe est devenu, en 1949, le premier pays après les Etats Unis, à avoir mis au point des variétés hybrides de maïs après 17 années de recherche (Berg & Whitaker 1988: 250). Cette expérience du Zimbabwe ne pourrait-elle pas inspirer les autres économies africaines ?

 

S’il est exact que l’industrialisation n’est pas possible sans progrès de l’agriculture, il est tout également vrai que le progrès agricole est impossible, ou très limité, s’il n’est pas accompagné d’une industrialisation accélérée (Amin 1976 : 274). Par ailleurs, il n’est pas possible d’augmenter la surface cultivée par agriculteur ni d’appliquer de nouvelles méthodes de préparation des sols si l’agriculture dépend exclusivement de la houe et des ressources humaines. La mécanisation n’est pas à exclure dans la mesure où elle a fait ses preuves ailleurs. Seulement, il faut une mécanisation adaptée. Mais ce passage ne pourra avoir lieu et être durable que lorsque les machines pourront être produites sur place et non plus importées des pays industrialisés à haut salaires.

 

 

 

Il est important que le développement agricole s’accompagne d’un plus grand nombre d’emplois, faute de quoi leur existence deviendrait encore plus marginale qu’aujourd’hui.

 

7.3.Juste rémunération et répartition des richesses mondiales

 

Le problème du sous-développement, s’il exige, pour être résolu, une transformation des structures internes, requiert tout autant un réaménagement des relations internationales (Balandier 1981: 201). S’il n’y a pas de développement véritable autocentré et autodynamique, pas de développement possible sans briser le carcan du marché international.

 

Selon Louis Lebret, le plus grand mal du monde n’est pas la pauvreté des démunis, mais l’inconscience des nantis. En 1974, les pays du Marché Commun Européen ont dépensé 250 millions de francs pour détruire des excédents de fruits et légumes, la même année en France, 250 000 tonnes de pommes de terre ont été jetées (Bailly et al., 1982: 87). L’obéissance chrétienne exige de nous un style de vie simple, indépendamment des besoins des autres. Le fait que 800 millions de personnes soient indigentes et qu’environ 10 000 meurent de faim tous les jours fait que tout autre style de vie est indéfendable (en ligne sur www.google.fr).

 

Il faudrait donc prévoir une plus juste répartition des richesses au niveau mondial. Pour cela les pays riches doivent acheter les produits agricoles du tiers monde à des prix raisonnables.

 

7.4.Pour une culture de la sobriété

 

La question qu’il faut se poser est de savoir s’il existe ou s’il peut exister des styles de vie acceptables par tous. Cette question est d’autant plus pertinente que certains « alarmistes » pensent que la fin du monde sera précipitée par des actions anthropiques. Selon  Jean-Marc Jancovici,le changement climatique, dont on parle beaucoup, est d'abord un problème de choix de mode de vie. Avoir un mode de vie particulier implique un choix, conscient ou inconscient, entre différents types de comportements.] Selon un article en ligne sur www. google.fr,

 

Il n’y a pas un style de vie qui soit juste pour tous les chrétiens d’un pays, ni même pour tous les chrétiens d’une congrégation. Il doit y avoir de la place pour cette variété et cette diversité qui se montrent de façon superbe dans la création. 

 

Toutefois, la question de la pérennité de nos modes de vie se pose depuis quelques années, avec l'émergence des enjeux de développement durable. Ainsi, si tous les habitants de la terre avaient le même mode de vie qu'un Américain du nord, il faudrait six planètes comme la Terre pour nourrir tous ses habitants. L'empreinte écologique d'un Américain du nord correspond à six fois la capacité biologique de la terre. Ainsi,  il faudrait être sobre et cesser d’augmenter les consommations au-delà du nécessaire.

 

Conclusion

 

L'adaptation fondamentale d'une société au monde qui l'environne consiste à en tirer ce qui est nécessaire à la subsistance du groupe. Pour que les modes de vie équitables qui pénètrent nos cultures et nos sociétés, fassent partie de notre quotidien, ils doivent être développés à tous les niveaux. Ils doivent être favorisés et encouragés par les institutions et les systèmes sociaux et techniques qui nous entourent. Avoir un mode de vie particulier implique un choix, conscient ou inconscient, entre différents types de comportements. Notre salut, comme Africains, réside dans le changement de comportement. Tout concourt à penser que l’avenir économique ne peut se faire maintenant non plus contre l’Afrique mais avec sa collaboration et la responsabilisation de nous tous.

Référence Bibliographique: 

Ajchenbaum, JL 1982. Civilisations et terres lointaines : Introduction aux

sciences humaines par l’histoire et la géographie. Paris: Magnard

Amin, S 1976, Impérialisme et sous-développement en Afrique. Paris:Anthropos.

Bailly, B et al 1982, Géographie. Paris : Fernand Nathan

Balandier, G 1981. Sens et Puissance: Les dynamiques sociales, 2ème éd. Paris:

PUF

Banque Mondiale 1988. Problèmes de développement et d’ajustement structurel.

Rapport N° 6754-Bu

Berg, RJ & Whitaker, JS 1988. Stratégies pour un nouveau développement en

Afrique, Paris: Nouveaux Horizons

Développement asiatique.  Google.fr, consulté le 11 mars 2014

Dumont, R 1966. L’Afrique noire est mal partie. Paris : Seuil

ISTEEBU 1998. Enquête prioritaire 1998 : Etude nationale sur les

Conditions de vie des populations. Bujumbura : ISTEEBU

Lambin, JM ; Martin, J &  C, Bouvet 1993.Histoire et Géographie. Paris :

Hachette

Le Magazine IWACU (Avril) 2013. Les Voix du Burundi: Sortir de la crise.

Bujumbura: IWACU

Mode de vie 2014. Article en ligne sur  Google.fr, consulté le 11 mars 2014

Mouton, C, et al (eds) 1987. Echanges internationaux, Matières premières et

Échanges internationaux, Vol. 10. Paris: Economica

Obésité. Article en ligne sur  Google.fr, consulté le 11 mars 2014

Science et société 2014. Article en ligne sur  Google.fr, consulté le 11 mars

2014

Style de vie des chrétiens 2014. Article en ligne sur  Google.fr, consulté le 11

mars 2014

Université du Burundi & Universités de Paris I, III et V 1984. Cahiers

d’Histoire, Histoire rurale. Bujumbura: Université du Burundi

www. google.fr  consulté le 31 mars 2014) 

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