LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET LA RECONCILIATION NATIONALE : LE CAS DU BURUNDI

Abstract: 

This article is an analysis and reflection on the economic underpinnings of national reconciliation, taking Burundi as a case study. It argues that the mismanagement of national resources caused a lot of frustration among Burundians. Those who considered themselves sidelined tried to grab power for two reasons: either to be served better or to serve themselves better. Those who gained power tried everything to ensure that they held onto power. However everything has an end and war is no exception. Those who are fighting for various and often contradictory reasons ended up sitting together to negotiate a formula for cohabitation and national reconciliation. There is no canonical formula for national reconciliation. Among the proposed solutions to the Burundian crisis, the process of national reconciliation suggested the good management of Burundi’s limited national wealth. Indeed, according to World Bank reports, Burundi is one of the poorest countries in the world. Thus the author suggests that any sustainable solution to Burundi’s conflicts must involve the creation and increase of its national wealth and ensure that it is distributed equitably. Sustainable reconciliation will carry this price-tag.

1. Introduction

Les Allemands disent : « tout commence par la poésie et se termine par le béton ». Les politiciens ajoutent : « toute guerre finit par les négociations ». Les deux adages quoique  apparemment opposés ont, tout de même, une certaine ressemblance. Ils signifient que tout a une fin. Pour le premier, les choses deviennent très sérieuses après avoir été simples. Le deuxième adage veut dire que la guerre a beau durer, elle doit s’arrêter pour laisser la place aux négociations. Autrement dit, les parties négocient effectivement la fin des hostilités mais aussi et surtout une formule de cohabitation, c’est la réconciliation nationale. Récemment la réconciliation est devenue une pratique et une part importante de la recherche de la paix post conflit.

Au Burundi, depuis les négociations d’Arusha, l’expression Réconciliation Nationalealimenté  toutes les discussions politiques et la presse tant audio-visuelle qu’écrite. La mobilisation des énergies nationales à travers ces discussions en vue de consolider la reconstruction nationale, de renforcer son unité et de poursuivre ses efforts louables pour l'amélioration de l'image du Burundi était d’une impérieuse nécessité.Il est important de souligner que cette entreprise doit être consensuelle, inclusive et conforme à la volonté populaire qui avait enduré tant de souffrances des années durant. Des actions de sauvetage du pays s’imposaient  pour le crédibiliser  et ne pas hypothéquer la réussite de la réconciliation nationale et l’avènement de la paix durable. En définitive c’est tout le peuple burundais et tous les étrangers vivant au Burundi qui avaient besoin de cette réconciliation dans la mesure personne n’est à l’abri des effets néfastes de la guerre. 

 

Dans cette analyse nous nous proposons de définir le vocable « réconciliation ». Nous analyserons le pourquoi et le mécanisme de la réconciliation et les conditions de sa réussite. Nous parlerons du développement économique au Burundi en insistant sur sa contribution à la réconciliation nationale. Une conclusion récapitulera les défis auxquels le Burundi fait face tout en proposant au peuple l’essentiel à viser.

 

2. Définition de la réconciliation nationale

La réconciliation peut se définir comme un processus de société qui implique une reconnaissance mutuelle d’un passé douloureux et le changement des mentalités et comportements destructifs en relations constructives en visant une paix durable. La réconciliation signifie aussi le fait de trouver une voie de mettre sur la balance des questions comme la vérité et la justice dans l’espoir que des changements de comportements, d’attitudes et d’émotions entre les anciens ennemis auront lieu. C’est un long travail qui consiste à maintenir la pression sur les différentes parties en vue de créer entre elles un climat de confiance, préalable à une paix durable.

 

La réconciliation   nationale peut aussi être comprise comme un processus national de pardon. Pour ce faire, elle exige de la partie lésée l’oubli des séquelles traumatisantes causées par des situations conflictuelles pour la bonne sauvegarde des intérêts  supérieurs de la nation, et surtout dans le but d’éviter la spirale de vengeance susceptible de conduire l’Etat à la désintégration, voire à l’implosion. De la sorte, il sera possible pour les protagonistes d’œuvrer ensemble à la refondation de la République. Son développement  intégral en dépend (Imbiki 2010)

 

3. Pourquoi une réconciliation nationale ?

Une politique de réconciliation est indispensable pour constituer un  acte de testament  laissé aux générations présente et future pour leur servir de moyen d’une véritable reconstruction nationale. Il est communément admis qu’une Nation est formée par une communauté humaine qui a la conscience d’appartenir à un même passé et d’être pareillement engagée dans un même avenir. Le capital humain est un atout majeur du développement et partant de la réconciliation. Comme certains analystes aiment le dire ; il n’y a de richesses que d’hommes. L’homme est au cœur du développement économique et social. Il est le promoteur et la finalité de ce même développement. Il est l’acteur et le bénéficiaire de la réconciliation. Comme Amartya Sen le dit, le développement libère la personne, et la personne libre se développe (Sen 1999).

Au  Burundi, des massacres à grande échelle des civils étaient engendrés par la forte militarisation de la société. Ces massacres ont révélé le risque d’effondrement de la communauté. Aussi le risque de la violence généralisée entre 1993-1995 et les blessures issues des événements passés ont-ils favorisé les conditions de réconciliation. Ceux qui se sont entretués sont des compatriotes devenus  des ennemis à cause de cela. Ceux qui ont perpétré des massacres et les victimes devront continuer de vivre ensemble après la guerre.

Etant donné que la coexistence est incontournable, le besoin de réconciliation est profond. En effet en perpétrant des massacres, en s’adonnant au vandalisme, les auteurs ont détruit des biens tant communautaires qu’individuels. La détérioration de la qualité de la vie a touché toutes les régions, y compris les villes elle a été particulièrement prononcée. Le besoin de se réconcilier pour restaurer les biens saccagés est une impérieuse nécessité.

 

Pendant la période pré- coloniale, tous les groupes ethniques du Burundi se reconnaissaient comme des Barundi (Burundais) de même croyance, de même langue, de même culture et cohabitaient sur un même territoire placé sous la responsabilité d’une monarchie absolue et de droit divin acceptée par tous (Synthèse de l’Accord d’Arusha, 2002). L’économie traditionnelle consistait en échanges sous forme de troc des produits selon les régions et les spécialisations individuelles et/ou familiales. Ces échanges n’avaient pas des distinctions ethniques.

Les Burundais se rappellent qu’en dépit des tueries qui ont marqué l’histoire récente du pays sans aucune justification objective et rationnelle, après l’indépendance, le Burundi était constitué en nation au sens classique du terme, avec l’existence d’une base de culture et  de langue communes incontestables. Il s’agissait d’une nation digne de ce nom, c’est-à-dire  une nation unique  et  unifiée, reconnaissante de l’existence de ses diversités ethniques, donc lavée de toutes pensées divisionnistes. Certains analystes de la société burundaise avancent que les activités agricoles, pastorales et de poterie distinguaient les ethnies, respectivement les Bahutu, les Batutsi et les Batwa malgré qu’ils aient une même langue, religion, une même administration nationale. D’autres analystes, comme Hans Meyer poussent la caricature trop loin : « le Mutussi ne travaille jamais s’il ne fait pas partie de la classe inférieure pauvre, il se borne à s’occuper de ses bovins, pour le plaisir. Le travail est l’affaire des sujets bahutu et de ce fait une véritable honte pour le Mutussi » (in Mayugi, p. 24).  D’autres analystes trouvent que nulle part au Burundi on n’a  pu observer des Bahutu vivant uniquement de la seule agriculture ou des Batutsi ne s’adonnant qu’à l’activité pastorale. En effet, il n’était pas rare de trouver des bahutu qui avaient plus de vaches que des batutsi.

Tant que les relations entre les compatriotes ne sont pas construites autour de la confiance entre eux, il n’y a pas à espérer une réconciliation durable. Il est particulièrement  important de noter, qu’aborder la question de réconciliation nationale apparaît toujours fondamentalement délicate dans la mesure les dérives éventuelles sur les discussions la concernant pourraient conduire à des dissensions entre les interlocuteurs, les protagonistes et même à des tensions sociopolitiques au niveau local, régional ou national.

 

4. Quelques aspects du mécanisme de réconciliation nationale

Si l’on croit aux vertus de la réconciliation nationale, il reste à esquisser  les contours, laissant à la société le soin de les imaginer. D’emblée il ne peut y avoir de réconciliation s’il n’y a pas débat.

Il n’y a pas de stéréotype de réconciliation nationale adaptée à toutes les situations. Il n’y a pas de formule magique pour la réconciliation. Chaque cas a besoin d’être étudié selon le contexte spécifique. La réconciliation nationale dépend de la nature et de l’intensité des situations conflictuelles, des objectifs, des résultats attendus, des relations des protagonistes mais aussi du passé historique, des contingences sociopolitiques du pays, des moyens humains, financiers et matériels disponibles, etc.

Au Madagascar, le conflit naît à chaque changement de régimeDans ce pays il semble qu’il est difficile d’avoir  une alternance démocratique. Chaque mécanisme a ses partisans et ses adversaires irréductiblesToutefois ce qui compte c’est qu’il y ait entre les parties une volonté ferme à permettre au peuple de vivre dans des conditions d'entente nationale et de forger les bases d'une société solidement ancrée dans les principes de l'achèvement de cette réconciliation nationale. Aussi, on peut  dire qu'à chaque étape, la réconciliation nationale apporte son lot de nouveautés et de nouvelles réponses précisesC’est pour cette raison qu’il y a nécessité de prendre des dispositions pour régler des situations non prévues au moment de la mise au point définitive de l’accord.

Si un processus de réconciliation est engagé, il faut épuiser la démarche de manière définitive en choisissant des personnalités qui peuvent valablement s’exprimer pour abolir le différend. Il s’agit ici d’imaginer un échange pour que tous les participants s’expriment sans donner procuration à quiconque. Normalement ceux  qui s’expriment, lors du processus de réconciliation, sont  les victimes civiles, les victimes du terrorisme, les familles des personnes tuées, mais aussi ceux qu’on appelle les familles de disparus, les victimes des exactions policières ou victimes de tortures, etc. Les familles des militaires et policiers tués aussi doivent s’exprimer, mais également les membres des services de sécurité qui doivent être libérés de leur obligation de réserve, plus bien entendu les membres de groupes armés repentis ou arrêtés.

Cet échange doit donner à la loi sa pleine chance de réussite en réduisant les risques de voir ceux qui se considèrent victimes lésées dans leurs droits à la réhabilitation en tant que citoyensC’est toute la problématique d’une démarche, certes généreuse, qui consiste à pardonner aux auteurs d’actes criminels, mais qui, si elle n’était pas portée par la société, serait fatalement vouée à l’échec.

Reste aussi à savoir comment désigner les membres de cette instance chargée d’entendre, d’évaluer et de rendre ses conclusions, comment apprécier les différentes indemnisations, etc.

Pour le cas du Burundi les protocoles de l’Accord signé à Arusha portent sur les matières suivantes :

·         la nature du conflit, les problèmes de génocide, d’exclusion et leurs solutions,

·         la démocratie et la bonne gouvernance,

·         la paix et la sécurité pour tous,

·         la reconstruction et le développement,

·         les garanties (Synthèse de l’Accord d’Arusha 2000 :2)

5. Les conditions de réussite d’une réconciliation nationale

La préparation de la réconciliation nationale requiert des préalables dont la mise en place d’un climat d’apaisement afin que les protagonistes puissent s’exprimer sereinement. Les attitudes et les comportements ne changent pas au moment de la déclaration de la paix. C’est pourquoi on parle de processus.

L’état post-conflit est toujours fragile de façon que les tensions puissent facilement réapparaître. De récentes recherches indiquent que si la sécurité n’est pas acquise le processus de réconciliation risque de dégénérer dans la recrudescence de la violence et l’auscultation de la vérité. Au delà de l’aspect le plus éventuel, celui des membres des corps de sécurité et des ex rebelles, qui seraient mis sur la sellette pour les dépassements commis durant la guerre il y a aussi l’implication des politiciens qui devraient rendre compte publiquement des exactions commises avec leurs responsabilités.

Les tribunaux criminels nationaux et internationaux jouent un rôle central dans la réconciliation. La responsabilité et la punition sont très importantes pour la réconciliation. Par ailleurs un système légal fonctionnel est vital pour réinstaller un sens d’ordre et de sécurité.

 

Par ailleurs c’est la société civile qui initie les dialogues pour la sortie de crise  son unité est primordiale pour que la réconciliation nationale ait une chance de réussir et  parvienne aux résultats attendus. Mais il faut absolument qu’elle noue un partenariat désintéressé et efficace avec la société politique mais éloigné de tout soupçon de simple recherche de poste ou d’autres avantages, ainsi que la reconnaissance et le soutien de la communauté internationale. En tout état de cause, pour être crédible, toutes les composantes de la société civile doivent faire preuve d’unité sans failles ainsi que de désintéressement personnel manifeste et se comporter en rassembleur en toutes circonstances, pour servir de modèle à la société politique.

 

Pour mettre une garantie à l’irréversibilité de la réconciliation certains pays exigent que la réconciliation nationale soit contenue dans une disposition de  constitution. Pour Madagascar, il a été recommandé de mettre en place, par le biais d’une loi qui devrait être prévue dans la future constitution, un organe, par exemple un  Conseil pour la Réconciliation Nationale  chargé d’élaborer la politique de la réconciliation nationale.

 

La réconciliation nationale étant un processus il y a beaucoup de facteurs qui concourent à sa réussite. Au chapitre qui suit nous voudrions mettre un accent sur le facteur économique.

6. L’importance de l’économique dans la réconciliation nationale

Le conflit qui a été à la base des négociations de paix interburundais a été déclenché le 21 octobre 1993 avec l’assassinat du premier Président élu démocratiquement. Le 15 juin 1998, commençaient les négociations de paix dans la ville tanzanienne d’Arusha. Le lundi 28 août 2000 à 21 heures locales, l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi a été signé par la majorité des parties burundaises en négociations.

 

6.1. Nature  économique des conflits au Burundi

 

Concernant la nature du conflit, les négociateurs ont convenu qu’il s’agit d’un conflit fondamentalement politique avec des dimensions ethniques extrêmement  importantes et qui découle d’une lutte de la classe politique pour accéder au pouvoir et/ou s’y maintenir(Synthèse de l’Accord d’Arusha 2000 :4). Les hommes au pouvoir firent appel aux féticheurs pour s’y maintenir, les membres de l’opposition en firent autant pour le récupérer (Kavakure 67).  Les Burundais ont connu de profondes divisions tout au cours de cette longue période les empêchant de prospérer, rendant même incertain leur avenir et celui de leurs enfants (Accord d’Arusha 2000 :126). Par ailleurs pendant une longue période l’instabilité politique qui a secoué le pays a freiné sa croissance et le développement économique.

 

Pour nous, c’est à ce niveau qu’apparaît  la nature économique du conflit burundais. « Les classes politiques luttent  pour accéder au pouvoir et/ou se maintenir » pour des intérêts variés.  Si elles se battaient pour le seul amour de la patrie, on n’aurait pas assisté à la crise parce qu’il n’y aurait pas eu de déséquilibres entre les ethnies, les régions, le monde rural et urbain ainsi qu’entre les hommes et les femmes en ce qui concerne la distribution des richesses économiques. L’Accord d’Arusha mentionne le fait que les secteurs modernes de l’économie ont été souvent dominés par des groupes relativement restreints :

 

  • Enseignement secondaire et supérieur,
  • Santé,
  • Ressources financières, crédits bancaires, marchés publics
  • Emploi (dépendance de l’Etat comme seul employeur),
  • Distribution du développement sur l’étendue du pays (régions privilégiées, régions non privilégiées), (Accord d’Arusha 2000 :146)

 

L’économique est indirectement impliqué dans la nature du conflit burundais. Il convient de noter que pendant la période pré- coloniale, nonobstant l’existence de pratiques traditionnelles injustes pour tout le monde et grâce au mode de gestion des affaires du pays, le Burundi n’a pas connu de conflit à caractère ethnique (Synthèse de l’Accord d’Arusha 3). Dès la première République, les choses ont changé. L’expression il faut  « être pistonné d’une façon ou d’une autre »  pour trouver de l’emploi vient étayer cette acception  (Manirakiza 1992 : 87). Tel est le contenu du message que les Evêques catholiques ont adressé aux dirigeants d’alors pour déplorer le clientélisme qui s’était déjà installé au Burundi.

 

6.2. Des Solutions économiques pour réussir la réconciliation


Un adage burundais dit : « abasangiye ubusa bitana ibisambo », ce qui veut dire à peu près : « ceux qui se partagent un repas très maigre s’accusent mutuellement de gourmands ». Il nous paraît clair que, eu égard à cet adage, le gâteau semble être petit pour les convives. Avant de parler de partage, il faut augmenter la taille dudit gâteau.

 

Il nous paraît opportun de revenir sur certains principes économiques édictés dans l’Accord d’Arusha eu égard à la réconciliation nationale.Afin de prévenir les conflits ultérieurs, il faut augmenter la richesse nationale et la répartir équitablement (Accord d’Arusha 2000 :132). Tout d’abord il a été demandé au gouvernement de transition de lancer un programme de développement économique et social à long terme. Avec le soutien des institutions internationales, il devait s’atteler à redresser la situation économique, à renverser les tendances consécutives à la crise, notamment l’aggravation de la pauvreté et à relever les défis spécifiques (Synthèse de l’Accord d’Arusha 30). Le cadre des objectifs du millénaire pour le développement ainsi que les cadres stratégiques de lutte contre la pauvreté qui sont exigés pour le financement du développement dans les pays pauvres semblent prêter à cette fin.

 

Le Gouvernement s’efforce de corriger les déséquilibres dans la répartition des ressources limitées du pays et de s’engager sur la voie d’une croissance durable dans l’équité (Accord d’Arusha 2000 :92). J’ajouterais que dans le secteur public, il faudra promouvoir une émulation positive, pour combattre le « carriérisme sans effort ». On devrait combattre le fait, pour les fonctionnaires, de répondre présent pour prétendre aux annales comme le prévoit le code du travail. Dans le secteur privé certains employeurs préfèrent octroyer de bas salaires pour prévoir des primes de rendement consistants et cet arrangement est très apprécié par les travailleurs assidus. La solidarité sur les collines devait redevenir une valeur. Pour ça il faut promouvoir l’entraide mutuelle et le travail en équipe dans le cadre de la reconstruction de l’habitat et des autres activités de développement économique et social  (Accord d’Arusha 2000 :127).

 

Dans le même ordre de principes économiques, l’Accord de paix d’Arusha prévoit :

  • la répartition et la redistribution équitable des ressources nationales dans tout le pays,
  • la promotion, de manière volontariste, des groupes défavorisés, en particulier les Batwa[1], afin de corriger les déséquilibres existant dans tous les secteurs,
  • la mise en œuvre urgente d’un programme économique en vue de combattre la pauvreté et d’accroître les revenus des citoyens ainsi que d’un programme de reconstruction des infrastructures économiques détruites,
  • une législation et des structures de lutte contre les crimes économiques et la corruption (législation fiscale, législation douanière, législation sur les marchés publics, etc.)
  • la récupération des biens de l’Etat spoliés par certains citoyens,
  • la mise en œuvre de mesures d’incitation au développement économique dans un cadre équitable et harmonieux,
  • le développement du secteur privé par des mesures d’incitation en vue de créer de nouveaux emplois et d’alléger ainsi le fardeau et les pressions exercées sur le secteur public.

 

On remarque que la résolution des problèmes économiques reste un important facteur de réconciliation nationale. En République démocratique du Congo, à FIZI, au sud Kivu, la production du café, abandonné depuis des décennies à cause des guerres a repris ces dernières années. Elle améliore la situation économique des habitants et incite des combattants à laisser les armes. Mais surtout elle a permis la réconciliation des Babembe et des Banyamulenge[2], longtemps ennemis

 

Plus haut nous avons mentionné que si un processus de réconciliation est engagé, il faut épuiser la démarche de manière définitive. Les décisions prises doivent être appliquées. Les rapports en provenance d’Afrique du Sud indiquent que le fait de ne pas délivrer les réparations financières promises peut conduire à un ralentissement de l’élan du processus de réconciliation, attiser les sentiments de rancœur et d’humiliation chez les survivants.

 

En Algérie, le président Bouteflika a prôné, en direction de la jeunesse, l'éradication du chômage axée en priorité sur l'amélioration du système de formation. Pour ce qui est du développement socio-économique, l’Algérie a mis en avant la réforme de l'administration, de l'environnement de l'entreprise. Dans le cadre de cet environnement de l’entreprise, tous les budgets publics investis devaient servir à créer des outils de réalisation importants qui puissent créer des riches.                                                                  .
 

7. Conclusion

A partir de cette analyse, il apparaît clairement que le développement économique postule des préalables non économiques qu’il importe de prendre en compte dans le processus de réconciliation nationale. La signature de l’Accord de paix ne s’accompagne pas d’un retour effectif à la paix civile. La réconciliation nationale est tout un processus.

La mobilisation des énergies nationales autour des principes de paix est un effort de tout un chacun. La paix effective devrait atteindre un stade de non retour grâce spécialement à la réconciliation nationale. Le poids pesant de cette entente nationale retrouvée au titre de sacrifices immenses, devrait être directement proportionnel et conforme à l'esprit de l’Accord d’Arusha

 

Aujourd'hui l'effet et l'impact de la réconciliation nationale sont appelés à se poursuivre. Suite à l’augmentation rapide de la population et au système de succession, les exploitations agricoles sont morcelées au point que la taille moyenne nationale descend jusqu’à 0,50 ha dans certaines régions. L’Indice de Développement Humain de 2007 était de 0,413 plaçant le Burundi en 167ème position sur 177 Etats. Dans la même période, le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant était de 100$US. La répartition de ce PIB dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire était respectivement de 34,7%, 20,3% et 45%. Les exportations et les importations représentaient respectivement 92 millions et 415 millions de dollars américains, faisant du Burundi un pays plus consommateur que producteur. De plus, il n’y a pas de mouvement des Investissement Direct Etrangers (IDE). Selon le Rapport Mondial sur l’Investissement de 2010, on a le tableau suivant :

Mouvement de L’IDE en Afrique Centrale (2007-2009) en Millions de Dollars

Année

2007

2008

2009

Afrique Centrale

5985

4395

5710

Burundi

1

14

10

Source : World Investment Repport (2010 :168)

 

 

Ces données soulignent un déséquilibre manifeste entre les différents secteurs d’activités.

 

Ces contraintes auxquelles le pays fait face ne doivent pas justifier un quelconque pessimisme. Si les Burundais abandonnent les combats stériles du passé et acceptent de prendre résolument en main leur destin avec plus de courage et de détermination, rien ne les empêchera de réaliser leur développement à l’instar d’autres peuples.

 

Pour réaliser un véritable développement et une définitive réconciliation, les Burundais doivent trouver une voie originale de progrès respectant toute la dimension humaine et n’excluant personne, c’est-à-dire un développement solidaire et participatif, les impératifs de croissance économique vont de pair avec la justice sociale et le respect des libertés fondamentales.

 

 


[1]Une composante ethnique du Burundi, très minoritaire

[2]Des composantes ethniques de la République Démocratique du Congo

Référence Bibliographique: 

Banque Mondiale (20 Janvier) 1988. Problèmes de développement et d’ajustement

structurel. Rapport N° 6754-Bujumbura.

 

Imbiki, A 2010. La réconciliation nationale: le cas complexe de Madagascar,

www.google.fr (ConsultéOctobre 2010).

 

Jeune Afrique hors série N° 18, l’état de l’Afrique 2008.

 

Kavakure, L 2002. Le conflit burundais I, les coups des années 60, les faits, les acteurs,

les victimes, Genève: Editions du Centre Ubuntu.

 

Manirakiza, M 1992. De la révolution au régionalisme 1966-1976. Bruxelles: Presses

de l’Imprimerie Hayez.

 

Martinez, L 2010.  L’après guerre civile : les échanges de la réconciliation

nationale, Algérie, www.google.fr  (Consulté en Octobre 2010).

 

Mayugi, N 1998. La mémoire vigilante et l’interethnique résistante pour une lutte

rigoureuse contre le génocide.  Bujumbura : Les Presses Lavigerie.

 

République du Burundi 2000 Accord d’Arusha sur la  paix et la réconciliation au

Burundi. Arusha: République du Burundi

 

République du Burundi 2002. Synthèse de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la

Réconciliation au Burundi.  Bujumbura : République du Burundi.

 

 

République du Burundi (Conseil Economique et Social) 1999.  Synthèse du

rapport « Etude et analyse des problèmes de développement ». Bujumbura : République du Burundi.

 

Sen, A K 1999. Development as freedom. New York: Anchor Books

 

Sindayigaya, JM 1991. Sortir de la violence au Burundi,Bujumbura : Les Presses

Lavigerie.

 

UNCTAD 2010. World Investment Report 2010. Geneva/New York: United

Nations.

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