LA PAIX AU BURUNDI PERMANENCES, RUPTURES ET PERSPECTIVES

Abstract: 

The article seeks to understand the explicating factors of the insecurity and political violence in Burundi despite the Arusha Peace Agreement signed in 2000. It was hoped that this peace agreement would yield sustainable peace. Yet State violence and violence against the State prevail. The article argues that the negotiators in the agreement were seemingly ambushed by a classical reading of conflicts in Burundi and failed to consider other causes of political violence in Africa. Chief among these causes is the neo-patrimonial conception of power. Against this background, the author identifies new threats to peace in Burundi, in particular, political divergences, strategies to maintain power and the instrumentalization of wounded memories. As a solution, the article suggests the ethics of peace which upholds in high esteem the prevention of conflict by means of the politics of inclusive development.

  1.  Introduction

Cette recherche part de la question visant à comprendre les facteurs explicatifs de la récurrence de l’insécurité et des violences politiques au Burundi malgré l’existence d’un accord de paix signé à Arusha en août 2000 par les principaux protagonistes de la crise socio – politique à savoir le Gouvernement, l’Assemblée nationale, les partis politiques, les mouvements politiques armés. Cet accord était censé résoudre définitivement le conflit par la réconciliation des Burundais, l’instauration du partage du pouvoir, la reconstruction matérielle, morale et politique pour la relance de la croissance, le développement économique et social du pays et la républicanisation des corps de défense et de sécurité.

Plus de dix ans après la signature de cet accord, on assiste toujours à la permanence des pratiques ayant plongé le pays, durant ces cinquante dernières années, dans des cycles de violences politiques. 

Notre hypothèse de recherche est que  les négociateurs de paix d’Arusha ont été piégés par la dimension ethnique du conflit sans bien approfondir la nature du politique en Afrique qui se lit principalement sous la grille du néo – patrimonialisme. En effet, selon cette approche, la concurrence pour le pouvoir d’Etat se manifeste, selon Luc Sindjoun, sous « une forme guerrière » (Sindjoun 2009 : 201). Dans ces conditions, le concurrent est perçu, selon Schmitt, comme « étant l’ennemi, c’est – à – dire comme une figure exprimant le degré extrême de division et de dissociation » (Schmitt 1992). Ainsi, d’après Sindjoun, la politique africaine semblerait épuiser à elle seule « le répertoire du crime politique individuel (mutilation, exécution, assassinat, etc.) et collectif (famine, déportation, nettoyage ethnique, ethnocide ; génocide, etc.) » (Sindjoun 2009 : 203). Par conséquent, l’existence d’un accord de paix ne change pas la nature profonde du pouvoir en Afrique et du traitement de l’adversaire par le détenteur du pouvoir.

Au Burundi, les négociateurs de paix d’Arusha avaient  arrêté une gamme de politiques publiques à mettre en œuvre pour consolider la paix et le développement. Le respect de certains équilibres (ethnique, régional, genre) au niveau de l’accessibilité des services publics et de la gestion des affaires publiques était considéré comme la clé de la réconciliation nationale. Mais une fois au pouvoir, les détenteurs du pouvoir se comportent comme des chefs néo – patrimoniaux et ils excellent dans l’invention et la mise en œuvre de stratégies de pérennisation du pouvoir. Evidemment ces stratégies sont exclusives des concurrents au pouvoir et sont vectrices de frustrations et de tensions politiques, sources de violences politiques. Face à cette gestion monopolistique du pouvoir par les chefs néo – patrimoniaux, quelle serait alors l’éthique à mettre en place pour permettre le vivre – ensemble et consolider la paix.

 

Cet article propose des politiques de prévention des conflits axées sur la réduction des coûts d’opportunité d’une guerre pour les jeunes, la mise en place des mécanismes de redistribution envers les minorités, la mise en place des politiques de développement qui ne laissent personne à la marge mais aussi les politiques d’écoute et de dialogue pour que tous les acteurs clés de la société partagent une même vision et des responsabilités sur ce que chacun devrait faire pour construire la paix.

 

  1.  Méthodologie

 

Pour bien mener cette recherche, un certain nombre de techniques de collecte de données était nécessaire dont principalement l’analyse documentaire. En effet, depuis le déclenchement de la crise en avril 2015, beaucoup d’écrits sont disponibles sur le Burundi. Toutefois, les acteurs politiques (opposition et majorité) interprètent différemment ces données. Le Gouvernement considère certaines données produites par les organisations de la société civile nationale et internationale et même celles produites par certaines organisations internationales dans le seul but de ternir ou noircir son image dans le monde. Par contre, ces mêmes données peuvent être considérées par l’opposition politique et certaines organisations de la société civile nationale comme des preuves à l’appui d’un régime intolérant envers ses adversaires politiques et dont les titulaires du pouvoir ne chercheraient qu’à se maintenir quoi qu’il en soit au pouvoir même s’il fallait violer les textes fondateurs de la république comme l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation et la constitution du Burundi. Face à ces positions des uns et des autres, le chercheur éprouve de réelles difficultés à rester neutre et de se frayer le juste milieu.

 

La démarche intellectuelle suivie (méthode) pour comprendre le phénomène étudié fut empruntée à Jean François Médard à savoir le néo – patrimonialisme. Selon ce modèle, les détenteurs du pouvoir s’y agrippent en cherchant à étendre leurs réseaux de clientèles politiques en leur distribuant des avantages matériels pour leur soutirer des soutiens et fidélités, seul gage de leur maintien au pouvoir. Egalement dans ce modèle, la politique est considérée comme la seule source de richesse et d’ascension sociale. Ainsi ceux qui sont au pouvoir ont accès à la richesse. Par contre, ceux qui en sont exclus n’ont rien. C’est pourquoi, le néo – patrimonialisme est source de frustrations et de violences politiques pour le contrôle du pouvoir.

  1.  La paix : une éthique de bien – vivre ensemble

 

Réfléchir sur la paix revient à chercher à comprendre le but du politique comme art d’organiser la cité. Les théories contractualistes de l’Etat montrent que l’Etat est né de la volonté des hommes à éviter l’éventualité de l’extinction de l’espèce humaine dans une société où l’homme serait un loup pour son semblable. Selon Hobbes,

 tous les hommes cherchent à se dominer mutuellement, aucun n’y parvient, mais ils se rendent compte, chacun pour soi – même, que l’existence dans cette guerre de tous contre tous est insupportable parce qu’elle est misérable, précaire, incertaine et n’a d’autre issue que la mort. La crainte de la mort violente devient ainsi la passion dominante, qui va conduire les hommes à rechercher le moyen de sortir de l’état de guerre pour établir la paix  (Zarka 2012 : 43).

Par contre John Locke voie dans la genèse de l’Etat la quête de l’homme du mieux – être et du mieux – vivre dans une société dans laquelle le dirigeant aurait la mission de protéger et de défendre les droits naturels des citoyens. C’est ici aussi où le gouvernement de la cité est corollaire à la satisfaction des besoins essentiels de la population en lui assurant le bien – être.

Fondamentalement, le but du gouvernement de la cité est d’assurer l’ordre et la justice à l’intérieur de la cité en édictant des règles régissant la vie collective. Dans ces conditions, les individus se confieraient à l’Etat pour régler leurs différends et de surcroît ils abandonneraient le droit de se faire justice, facteur de menace à la vie collective et à la cohésion sociale. Gouverner la cité c’est aussi protéger ses habitants contre un ennemi extérieur. Ainsi on comprend l’idée avancée par Pierre Hassner qui dit que

 la politique commence par le refus de valoriser la force positivement tandis que le but de la politique est précisément de modifier la logique des rapports de force caractéristique de toute société politique en atténuant la brutalité de la force, en faisant intervenir d’autres hiérarchies, en introduisant par la morale, par l’éducation et le droit, par les institutions, par l’équilibre, des instances qui modèrent la force , la rendent inutile le plus souvent , en limitent l’injustice , l’anarchie et la destruction en introduisant des distinctions de légitimité , bref la repoussent de plus en plus à l’arrière – plan pour maximiser, au contraire, l’autre élément du lien social, celui de la coordination volontaire (Hassner 1973 : 1300).

Gouverner la société et les hommes deviendrait alors comme dirait Norbert Elias, un art de pacification des mœurs et de domestication de la violence. Ainsi, bien que la guerre ait été considérée par Clausewitz comme une continuation de la politique par d’autres moyens, la politique serait cette recherche permanente de l’harmonie, de la liberté et de la justice. Elle viserait à tisser les liens comme dirait Antoine de Saint – Exupéry, à rechercher le vouloir – vivre ensemble. La recherche de la paix, ce bien public fondamental pour la société, serait ainsi la vraie essence de la politique.

Malgré cela, la paix est cette denrée rare dans le monde. Depuis leurs indépendances dans les années 60, le vouloir – vivre ensemble est une grande préoccupation dans la plupart des sociétés africaines à la fois pour les nationaux et la communauté internationale. Au Burundi, depuis la signature de l’accord d’Arusha, la communauté internationale a appuyé beaucoup de projets et programmes de consolidation de la paix. Le but était d’aider les Burundais à vivre – ensemble et à partager le même destin en enterrant la hache de la guerre. En effet, à Arusha, les négociateurs ont adopté le système politique démocratique. Selon Jean Leca, la poussée démocratique tend « à unifier le peuple au – delà de la diversité des « populations » (Leca, 1996 : 226). Il ajouté qu’un système politique doit se doter « de ce ciment de cohésion constitué par le sens de la communauté des membres du système et fonctionnellement nécessaire pour que celui – ci prenne forme et survive » (Leca 1996 : 227).

 

  1.  L’esprit d’Arusha sur les conditions de la paix au Burundi

 

Depuis son indépendance, le Burundi n’a connu que des conflits violents cycliques à caractère politico – ethnique (1965, 1972, 1988, 1993 – 2008). Grâce à l’appui de la communauté internationale, les protagonistes au conflit burundais (Hutu et Tutsi) ont négocié un accord de paix en août 2000. Ce dernier introduit un nouvel ethos politique qui fixe un certain nombre de conditions de la paix au Burundi entre autres le partage du pouvoir entre hutu et tutsi ; la républicanisation des corps de défense et de sécurité ; la reconstruction pour le développement ;  la réconciliation nationale et l’éradication de toute idéologie du génocide.

4.1. Le partage du pouvoir

Les négociateurs d’Arusha ont montré que parmi les sources des violences politiques au Burundi figurent l’exclusion d’une partie des Burundais (Hutu) à la gestion du pays.  Pour donner des garanties aux Hutu et aux Tutsi qu’ils pourront désormais vivre en paix durablement, les solutions de partage du pouvoir entre les deux composantes furent établies. C’est ainsi qu’au Gouvernement et à l’Assemblée nationale, les Hutu allaient avoir 60% et les Tutsi 40% des postes ; tandis que dans les corps de défense et de sécurité les deux composantes allaient être représentées de manière paritaire (50% - 50%).

Bien plus, le partage du pouvoir était également instauré entre les petits et les grands partis. Pour cela, tout parti politique qui parvient à totaliser lors des élections législatives 2% des suffrages au niveau national a le droit à quelques sièges de députés à l’Assemblée nationale. Si un parti politique obtient 5% de suffrages aux élections législatives, il peut s’il le souhaite siéger au Gouvernement. Le souci des négociateurs était de tenir compte dans la gestion du pays de la plupart des forces politiques en présence. Par ailleurs, le partage du pouvoir a aussi tenu compte du genre et de la composante sociale des Batwa. L’accord d’Arusha a alors institué une discrimination positive envers ces groupes. Les femmes ont au moins 30%  de sièges au Gouvernement, à l’Assemblée nationale et à l’administration communale tandis que les Batwa ont par cooptation 3 sièges à l’Assemblée nationale et 3 sièges au Sénat.

4.2.            La républicanisation des corps de défense et de sécurité

Les négociateurs considéraient l’armée comme acteur à la fois de paix et de violence. Les opposants hutu qualifiaient l’armée de mono – ethnique tutsi et dominée par les gens du Sud (Bururi). Pour eux, elle était tout sauf  nationale et républicaine car une large partie de la population s’y sentait exclue. Ils amputaient alors à l’armée tous les phénomènes d’insécurité et de violences qui ont secoué le Burundi depuis son indépendance. Dans ces conditions, l’armée avait failli à sa mission principale d’assurer la sécurité et la protection de tout le peuple burundais. Il était alors nécessaire de repenser sa recomposition afin de juguler les crises répétitives et engager un véritable processus d’intégration nationale. Pour cela, l’armée devrait être nationale, républicaine, professionnelle et apolitique. Toutefois, malgré les réformes timides de son ouverture aux Hutu surtout après la crise Ntega – Marangara et le projet du FRODEBU de la rendre ouverte aux hommes et aux femmes, la création de nouveaux corps de défense et de sécurité censés être républicains, apolitiques et professionnels attendra les luttes armées enclenchées après l’assassinat du Président Ndandaye, l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation et les différents accords de cessez – le – feu entre le Gouvernement et les partis et mouvements politiques armés. Avec l’accord d’Arusha, les corps de défense et de sécurité doivent être

 subordonnés à l’autorité civile dans le respect de la Constitution, de la loi et des règlements. Ils sont ouverts à tous les citoyens du Burundi sans discrimination. Bien plus, ils développent en leur sein une culture non discriminatoire, non ethniste et non sexiste (Article 11 du protocole III sur la paix et la sécurité).

Bien plus, il est bien stipulé  dans cet accord que

 ni les corps de défense et de sécurité, ni aucun de leurs membres ne peuvent, dans l’exercice de leurs fonctions porter préjudice aux intérêts d’un parti politique qui, aux termes de la Constitution, est légal; manifester leurs préférences politiques; avantager de manière partisane les intérêts d’un parti politique; être membre d’un parti politique ou d’une association à caractère politique; participer à des activités ou manifestations à caractère politique. (Article 10 du protocole III sur la paix et la sécurité).

Enfin, il est dit que « leurs membres bénéficient d’une formation technique, morale et civique. Cette formation porte notamment sur la culture de la paix, le comportement dans un système politique démocratique pluraliste et les droits de l’homme ». (Article 259 de la Constitution du 18 mars 2005). La formation doit aussi s’étendre « à tous les niveaux au respect du droit international humanitaire et à la primauté de la Constitution » (Article 260 de la constitution). Compte tenu de la nécessité d’assurer l’équilibre ethnique et la prévention des actes de génocide et des coups d’Etat, les négociateurs d’Arusha se sont entendus sur la composition paritaire de l’armée  (50%  Hutu – 50% Tutsi). Ainsi depuis 2004, les ex – rebelles (majoritairement Hutu) et les ex – militaires de l’armée gouvernementale (majoritairement Tutsi) ont fusionné pour la mise en place de nouveaux corps de défense et de sécurité selon l’esprit de l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation nationale.

4.3.            La réconciliation nationale

Depuis son indépendance, le Burundi a connu des périodes de crises violentes ayant engendré « non seulement la déstabilisation politique mais aussi un éclatement du tissu social et une remise en cause profonde du lien national » (Hourquebie, 2014 : 86).

Les négociateurs d’Arusha ont reconnu l’existence de profondes divisions des Burundais. Ces divisions ont bloqué le développement et la prospérité du pays durant ces cinquante dernières années. Ils proposent alors que tous les Burundais regrettent cette situation et s’engagent par conséquent à reconstruire un pays qui offre plus de chances d’une vie meilleure à leurs enfants. Bien plus, ils incitent les Burundais de prendre des mesures pour supprimer des tensions, assainir le climat politique et créer un environnement politique et juridique qui garantisse une base nouvelle d’entente entre les différentes catégories de la population.

En vue de sortir de ces crises profondes, les négociateurs ont institué un certain nombre de processus d’accompagnement de ces crises et d’orientation. Ces divers processus et mécanismes sont mis en œuvre en vue de « tenter de faire face à des exactions massives commises dans le passé, en vue d’établir les responsabilités, de rendre justice et de permettre la réconciliation » (Hourquebie, 2014 : 86). Ils sont traduits par le concept de « justice transitionnelle » dont les piliers sont le droit à la justice, la recherche de la vérité, le droit à réparation et l’obligation de réparer et enfin le droit à la réforme ou les garanties de non – répétition.

L’accord d’Arusha énumère toute une gamme d’actions à mener dans le cadre d’un programme multiforme de réconciliation nationale (Voir  Accord d’Arusha 2000: 126)

En plus de ce programme multiforme, il a été question d’adopter les principes et les mesures relatifs à la réconciliation nationale. Pour cela, les négociateurs de paix d’Arusha ont prévu de créer une commission Vérité et Réconciliation ayant essentiellement trois mission à savoir enquêter ; arbitrer et réconcilier, et clarifier l’histoire.

Premièrement, la Commission fait la lumière et établit la vérité sur les actes de violences graves commis au cours des conflits cycliques qui ont endeuillé  le Burundi de l’indépendance  (1er juillet 1962) à la date de la signature de l’Accord de paix d’Arusha, qualifie les crimes  et établit les responsabilités  ainsi que l’identité des coupables  et des victimes. Toutefois, il est prévu que cette commission n’est pas compétente pour « qualifier les actes de génocide, les cimes contre l’humanité et les crimes de guerre ».

Deuxièmement, au terme de l’enquête, la Commission arrête ou propose  aux institutions compétentes  des mesures susceptibles de promouvoir la réconciliation  et le pardon , décide la restitution aux ayants droit  des biens dont ils avaient été dépossédés ou arrête  des indemnisations conséquentes , ou propose toute mesure politique, sociale ou autre  visant à favoriser la réconciliation qu’elle juge appropriée

Enfin, la Commission clarifie également toute l’histoire du Burundi en remontant aussi loin que possible pour éclairer le peuple burundais sur son passé. La clarification a pour finalité de réécrire l’histoire du Burundi  afin de permettre aux Burundais d’en avoir une même lecture ».  Ce travail devait se faire par les institutions de transition, c’est – à – dire avant la mise en place des institutions élues par le peuple en mai 2005.

On constate que les négociateurs de paix d’Arusha avaient songé aux principes, aux mesures et à l’architecture institutionnelle appropriés pour la paix et la réconciliation nationale.   Ils ont aussi adopté des principes et des mesures pour reconstruire et développer les Burundais puisque la pauvreté figure parmi les causes des violences politiques.

4.4.             La reconstruction pour le développement

Les violences politiques déclenchées au lendemain de l’assassinat du Président Melchior Ndadaye ont provoqué beaucoup de pertes en vies humaines et de destructions d’infrastructures publiques et privées mais également de biens individuels (maisons, hôpitaux, centres de santé, écoles, etc.). En plus de ces destructions, de nombreuses ressources humaines qualifiées (médecins, infirmiers, enseignants, etc.) ont péri dans ces violences alors que le pays en avait tant besoin pour son développement économique et social. Par ailleurs, la guerre a entraîné de nombreux déplacements de population à l’intérieur et à l’extérieur du pays surtout dans les pays voisins.

Tous les secteurs de la vie nationale ont été touchés. La production a chuté et les conditions de vie de la population se sont détériorées sensiblement. Ainsi lors des négociations de paix d’Arusha, les négociateurs ont – ils adopté un certain nombre de mesures de reconstruction pour que le pays puisse atteindre dans un temps relativement court ses meilleurs indicateurs socio – économiques d’avant la crise. Pour cela, ils ont adopté une approche d’ensemble de la reconstruction intégrant « la réhabilitation, la consolidation de la paix, la promotion des droits et libertés de la personne humaine, la croissance économique et le développement à long terme » (Accord d’Arusha 2000 : 121).

En fonction de cette approche, la reconstruction allait se réaliser sous trois aspects : la réhabilitation et la réinstallation des réfugiés et des sinistrés ; la reconstruction matérielle et politique, et enfin le développement économique et social.

Premièrement, le Gouvernement allait encourager le retour des réfugiés et des sinistrés et assurer leur réinstallation et réinsertion. Pour cela, une Commission Nationale de Réhabilitation des Sinistrés (CNRS) allait être créée avec un mandat « d’organiser et de coordonner, avec les organisations internationales et les pays d’asile, le rapatriement des réfugiés et le retour des sinistrés, de les aider à se réinstaller et se réinsérer, et de traiter de toutes les autres questions » (Article 3 du Protocole IV).

Deuxièmement, la reconstruction matérielle allait concerner toutes les infrastructures publiques (écoles, hôpitaux, centres de santé, adductions d’eau, etc.) détruites pendant la guerre tandis que la reconstruction morale et politique allait rendre possibles « la réconciliation nationale et la cohabitation pacifique et doit être orientée vers la constitution d’un Etat de droit » (article 13 du Protocole IV sur la reconstruction et le développement de l’accord d’Arusha). 

Troisièmement la reconstruction devait déboucher sur le développement économique et social. Le Pape Paul VI n’avait – il pas proclamé en 1967 que « le développement est le nouveau nom de la paix » (Paul VI, 1967). Le même Pape avait montré sa lettre encyclique sur le développement des peuples (Populorum Progressio) du 26 mars 1967 que « les disparités économiques, sociales et culturelles trop grandes entre peuples provoquent tensions et discordes, et mettent la paix en péril » (Paul VI, 1967 : 20). Ce qui se passe au niveau global peut également se reproduire au niveau local. C’est pourquoi la consolidation de la paix passe par la lutte contre la pauvreté. Ainsi les négociateurs d’Arusha ont estimé que la reconstruction débouche sur le lancement d’un programme de développement économique et social à long terme, d’une part et que le Gouvernement s’efforce, à travers la conduite de son action, de corriger les déséquilibres dans la répartition des ressources limitées du pays et de s’engager sur la voie de la croissance durable dans l’équité.

 

 

 

5.      Les défis ou les nouvelles menaces à la paix

 

Pierre Buyoya révèle que « le texte de l’Accord de paix d’Arusha représente sans aucun doute la première tentative réussie dans l’histoire du Burundi de donner concrètement une solution réelle aux déchirements  que le pays connaît depuis son indépendance » (Buyoya, 2011 : 190).  En effet, au vu de l’esprit de l’accord d’Arusha pour la paix ci – haut décrit, on constate que les négociateurs ont fait une analyse globale du conflit burundais et qu’ils se sont entendus sur des solutions apparemment appropriées pour conduire le Burundi sur le chemin de la paix et de développement durables. Ils avaient reconnu « sans ambages qu’il s’agit d’un conflit fondamentalement politique avec des dimensions ethniques extrêmement importantes ayant culminé dans la perpétration d’actes de génocide, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité contre les communautés ethniques hutu et tutsi » (Buyoya, 2011 : 191). 

Face à ce conflit, l’Accord d’Arusha identifie un ensemble de mesures à prendre au niveau politique, économique, social et culturel en vue d’asseoir une réconciliation nationale. Il s’agit des mesures allant du partage du pouvoir entre les Hutu et les Tutsi ; de la lutte contre la discrimination, de la fusion des corps de défense et de sécurité et de la mise en place d’un programme de développement économique et social.

Toutefois, dix – sept ans après la signature de cet Accord, la paix et la sécurité sont devenus plus problématiques. Les acteurs politiques divergent sur la mise en application de l’Accord. Le Burundi fait alors aujourd’hui face à de nouvelles menaces à la paix.

Dans cet article, nous revenons sur les divergences politiques sur l’esprit de l’Accord d’Arusha, les stratégies des hommes politiques pour se maintenir au pouvoir et l’instrumentalisation des mémoires blessées.

6.      Divergences politiques sur l’esprit de l’accord d’Arusha 

 

L’esprit de l’Accord d’Arusha apparaît à travers les résolutions de ses différents protocoles. Au niveau politique, les négociateurs s’étaient entendus sur les normes et valeurs qui allaient caractériser le régime politique burundais. D’emblée, ils ont déclaré « leur attachement à un système de gouvernement démocratique ». L’article premier, aliéna 6 du Protocole II sur la démocratie et la bonne gouvernance stipule que

la fonction du régime politique est d’unir, de rassurer et de réconcilier tous les Burundais, tout en veillant à ce que le Gouvernement puisse être au service du peuple burundais, source de son pouvoir et de son autorité. Le Gouvernement respecte la séparation des pouvoirs, la primauté du droit et les principes de bonne gouvernance et de la transparence dans la conduite des affaires publiques.

Par ailleurs, l’Accord d’Arusha avait été le résultat d’un processus inclusif. D’après Buyoya, avec le médiateur Mandela, le processus de paix burundais a été une démarche inclusive.

[Mandela] a invité à la négociation tous les groupes armés, la société civile notamment les associations de jeunes et de femmes. Il a demandé à ceux dont il n’a pas entendre les revendications et propositions de lui envoyer leurs contributions par écrit. Mandela est allé visiter les prisonniers et les déplacés pour les écouter et leur demander de contribuer positivement au processus de paix. Avec ce médiateur, aucun groupe ethnique, politique ou social ne pouvait vraiment dire qu’il a été exclu du processus. Cette stratégie a été une des forces de l’accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation  (Buyoya 2011 : 213 – 214).

L’accord d’Arusha a été donc le fruit d’un dialogue national. Dans sa préface au livre de Buyoya, Louis Michel considère le dialogue comme « un héritage essentiel à transmettre aux nouvelles générations » (Buyoya, 2011 :8). Depuis 2005, le dialogue a parfois fait défaut sur des questions d’importance capitale rendant hypothétique cet héritage et accentuant plutôt les tensions entre le Gouvernement et ses partenaires politiques et sociaux.

Dans un régime se réclamant de bonne gouvernance et de démocratie, le Gouvernement devrait être caractérisé par une volonté d’associer directement les citoyens aux prises de décision afin d’aboutir à « une sorte de « co – production » des choix publics par les élus et les citoyens concernés » (Gaudin 2007 : 10). Or depuis 2005, le Gouvernement ne montre pas suffisamment cette volonté à associer et à faire participer ses partenaires politiques (surtout l’opposition) et sociaux dans la gestion de la chose publique (Barumwete 2012 : 352).

Certains projets de lois et lois ont été adoptés sans que les concernés aient participé et contribué dans leur élaboration. Il s’agit entre autres du projet du Gouvernement de révision de la Constitution, lois sur la Commission Nationale Terres et Autres Biens (CNTB), sur la presse, sur les partis politiques, sur les organisations de la société civile, sur les Organisations non Gouvernementales, sur les confessions religieuses, sur les réunions et les manifestations publiques, etc.). Ce déficit de dialogue sur des questions importantes a débouché parfois sur des initiatives unilatérales de la part des organisations de la société civile, des partis politiques et des médias pour trouver des espaces de prise de parole qui ne font que durcir les relations et les tensions entre eux et le Gouvernement. Pourtant, l’un des objectifs de la stratégie nationale de la bonne gouvernance et de lutte contre la corruption est celui du « renforcement de la participation des citoyens et de la société civile dans le choix de ses dirigeants et dans la gestion des affaires publiques » (République du Burundi 2011 : 10).

L’autre controverse politique majeure ayant cristallisé les tensions concerne la limitation des mandats présidentiels. En effet, l’article 7, alinéa 1.a du Protocole II sur la démocratie et la bonne gouvernance précise que la Constitution stipule qu’à l’exception de la toute première élection présidentielle, le Président de la République est élu au suffrage universel direct.

L’alinéa 1.c dudit article apporte des éclaircissements sur le mode du scrutin appliqué pour cette première élection présidentielle. Il stipule que « pour la première élection, qui doit être ténue durant la période de transition, le Président est élu indirectement ». L’alinéa 3 de l’article 7 ajoute que le Président de la République est élu « pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ». Le Président de la République actuel a été élu en 2005 comme indiqué à l’article 302 de la Constitution de la République du Burundi et en conformité avec l’esprit de l’Accord d’Arusha. Cet article 302 dit qu’ « à titre exceptionnel, le premier Président de la République de la période post – transition est élu par l’Assemblée nationale et le Sénat élus réunis en Congrès, à la majorité des deux tiers des membres ».

Les Burundais ne se sont pas entendus sur ces dispositions. Les uns convaincus que le Président de la République élu au suffrage indirect en 2005 et au suffrage direct en 2010, n’avait pas le droit de se faire élire en 2015. D’autres arguant qu’il avait droit de se présenter à l’élection présidentielle de 2015 puisqu’en 2005, étant présidé élu indirectement n’avait pas tous les pouvoirs notamment ceux de dissoudre l’Assemblée nationale.

Premièrement, ces controverses ont engendré des divisions internes au sein des partis politiques aussi bien ceux de l’opposition et au sein de la majorité. Certains soutenant le 3ème mandat, d’autres s’y opposant. Les manifestations contre le 3ème mandat ont débouché sur une crise politique grave ayant conduits la plupart des hommes politiques opposés et des leaders de la société civile opposés au 3ème mandat à fuir le pays. Aujourd’hui, la plupart de ces hommes politiques sont rassemblés dans une plateforme de l’opposition dénommée Conseil National pour le Respect de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi et de l’Etat de droit (CNARED).  Bref, ces controverses ont fragilisé l’opposition. L’annonce de la candidature de Pierre Nkurunziza par le congrès du CNDD – FDD le 25 avril 2015 a poussé certains partis politiques à se retirer dans le processus électoral de 2015. Seuls les partis politiques satellites du CNDD – FDD ont continué la course aux élections. Ainsi le parti CNDD – FDD a été réélu sans aucun problème renforçant davantage ses positions politiques sur la scène politique burundaise vidée de ses concurrents.

Deuxièmement, ces controverses politiques ont engendré des violences politiques intenses surtout dans la ville de Bujumbura. Des manifestations publiques ont été organisées dans la capitale par certaines organisations de la société civile opposées au troisième mandat. La force utilisée par les pouvoirs publics pour réprimer ces manifestations était disproportionnée. En effet, certains éléments de la police n’hésitaient pas à tirer avec des balles réelles sur les manifestants occasionnant des pertes en vies humaines. Par ailleurs, les jeunes manifestants recouraient eux aussi aux actes de violence contre les corps de défense et de sécurité (jets de pierre, barrages des routes pour empêcher la circulation, etc.) rendant la capitale moins viable. Depuis lors, une tentative de coup d’Etat fut organisée le 13 mai 2015. De nombreux responsables politiques de l’opposition, des organisations de la société civile et des corps de défense et de sécurité ont été considérés par le pouvoir comme étant derrière cette tentative de putsch. Le pouvoir a ainsi émis des mandats d’arrêt international contre ceux – là. Dès lors, le pays a replongé dans une situation d’insécurité généralisée caractérisée par des arrestations arbitraires, des enlèvements suivis des disparitions, des attaques contre des camps militaires, des assassinats des jeunes et des personnalités politiques et militaires, etc. Des Burundais ont encore une fois pris le chemin de l’exil. Ainsi depuis avril 2015 jusqu’en avril 2017, on dénombre au moins quatre cents mille burundais réfugiés dans les pays voisins.

Par ailleurs, de nouveaux groupes armés ont été créés avec l’objectif d’évincer le Président Nkurunziza au pouvoir. Ces derniers sont venus  s’ajouter à d’autres groupes armés qui étaient apparus après les élections de 2010. Il s’agit de Résistance pour un Etat de Droit au Burundi (RED – Tabara) et de Forces Républicaines du Burundi (FOREBU). Ainsi quinze ans seulement après la signature et le début de la mise en application de l’accord d’Arusha, le Burundi a renoué avec ses violences et ses intolérances politiques hypothéquant par – là la paix et la sécurité de tout un peuple meurtri par plus de cinq décennies de crises politiques.

 

7.      Stratégies des politiciens pour se maintenir au pouvoir

 

En Afrique en général et au Burundi en particulier, la paix semble menacée par des hommes politiques qui préfèrent adopter toute une gamme de stratégies pour s‘agripper au pouvoir quels que soient les moyens utilisés au lieu de s’adonner au jeu de l’alternance politique à travers les élections justes, transparentes et libres.

7.1. La gestion monopolistique du pouvoir

La première stratégie est la monopolisation du pouvoir. Malgré la présence d’un accord de paix entre Burundais prônant un régime démocratique, c’est-à-dire où « le pouvoir est idéalement conquis et exercé en vue d’appliquer un programme politique » (Gazibo 2006 : 102 – 103), depuis 2005, on constate que la vie politique au Burundi, à l’instar d’autres Etats africains, se lit généralement sous l’angle du néo-patrimonialisme. Selon Gazibo,

dans les régimes néo – patrimoniaux africains, l’activité politique est, peut – être plus qu’ailleurs, accaparée par le souci de demeurer au pouvoir en raison de l’ampleur du déficit de légitimité. Les leaders doivent donc penser constamment à élaborer des stratégies pour conserver le pouvoir  (Gazibo 2006 :103)

Bien plus, les dirigeants ont tendance à « s’agripper au pouvoir aussi longtemps qu’ils le peuvent et ne partent que contraints et forcés par des mobilisations populaires ou des révoltés » (Gazibo, 2006 : 127). Depuis 2005, le CNDD FDD conserve une position de quasi – monopole dans la gestion du pays suite au boycott des élections de 2010 et leurs résultats par la majeure partie de l’opposition. La représentation politique à l’Assemblée nationale et au Sénat est dominée par le CNDD FDD avec une majorité  écrasante d’environ 4/5 des députés. De 2010 à 2015, sur 106 députés à l’Assemblée nationale 84 sont du CNDD FDD et les deux autres partis se partagent le reste. Avec les élections de 2015, sur 121 députés que compte l’Assemblée nationale, le CNDD FDD en a 86. Le constat est que depuis 2010, l’opposition ne participe pas véritablement au processus électoral ce qui laisse le champ libre au CNDD FDD d’occuper presque seul le paysage politique burundais. On peut donc affirmer que depuis 2005, le CNDD FDD exerce une gestion monopolistique du pouvoir. La possibilité « d’une rotation de pouvoir n’est en aucun cas envisagé » pour le moment.

7.2.            La répression des opposants politiques

Dans nos pays africains, les leaders politiques recourent souvent aux ressources coercitives dont les principales sont l’armée, la police et la justice pour exercer une domination sans failles sur la société et essentiellement pour réprimer les opposants ou leurs adversaires politiques.  Max Weber faisait de la menace de recourir à la violence et ultimement, du recours à la violence physique, l’ultima ratio de l’Etat.

Au Burundi, bien que depuis 2005, le pouvoir se targue d’être un régime démocratique, il n’a cessé à recourir à ces ressources coercitives pour étouffer ou verrouiller l’espace politique aux opposants. Les comportements du régime de Bujumbura envers les opposants seraient assimilables à ceux des autoritarismes durs qui connaîtraient, selon Jean François Médard, « un fort degré de violence et ils reposent sur une peur permanente et insidieuse plus que sur la terreur ». Ainsi, à plusieurs reprises, le pouvoir de Bujumbura a eu recours à la force contre des forces politiques et sociales qui ne faisaient que trouver un espace légitime de prise de parole par le biais d’une manifestation publique. A ces occasions, les forces de sécurité n’ont pas hésité à tirer sur des manifestants avec des balles réelles ou à utiliser des gaz lacrymogènes contre des paisibles manifestants. Ces comportements de la police ont semé la panique dans la société et au musèlement.

7.3.            La fidélisation des clients politiques 

La deuxième stratégie des hommes politiques est la distribution des ressources matérielles. En effet, le chef néo – patrimonial gère l’Etat

 comme une propriété personnelle. Il use de la distribution d'argent, de postes dans l’administration, de nominations à l’étranger, bref, du favoritisme et du prébendisme pour se constituer un réseau de clients et de protégés qui, bénéficiant du régime, se transforment en ses défenseurs et en assurent la pérennité  (Gazibo 2006 : 105).

Depuis 2005, le Président de la République cultive l’image de Sebarundi, père de la nation, titre normalement accordé au seul roi du Burundi. Tous ceux qui lui sont restés fidèles ont accès aux postes et aux richesses de l’Etat. Souvent, il opère leur rotation pour que ces derniers ne deviennent puissants pour concurrencer leur chef. Certains, partis de rien en 2005, sont devenus riches et ils sont construit un peu partout dans le pays des villas, des immeubles et des hôtels somptueux et luxueux comme signes extérieurs de la richesse. Ils roulent dans des voitures de luxe parfois appelés « centres de santé ». En l’espace de dix ans, les avoirs et les trains de vie de ces clients politiques constituent une preuve tangible qu’en Afrique, la politique est le lieu d’enrichissement et d’ascension sociale rapides. Par ailleurs, dans un pays où le chômage fait partie des maux de la société et qu’en plus, l’Etat est le grand pourvoyeur d’emplois, le chef procure de l’emploi à ses adeptes. Dans ces conditions, ces adeptes sont les premiers à défendre âprement le régime en place pour qu’ils ne perdent pas ces faveurs. 

7.4.            La production du sens 

La quatrième stratégie est la production du sens. En effet, comme la domination est exercée par une minorité sur une majorité, elle ne s’explique que parce qu’elle repose sur la croyance et la production du sens (Gazibo 2006 : 105). En effet, Gazibo nous montre qu’user de la force  et de l’argent ne suffit pas à maintenir la domination. Celle – ci fonctionnerait d’autant mieux qu’elle ne repose pas sur la nécessité de recourir à la contrainte ou à la corruption (Gazibo 2006 : 105). Il y a donc une certaine recherche de complémentarité entre les ressources persuasives aux ressources coercitives  qui se manifeste en premier lieu par un culte de la personnalité. Ainsi certains membres du CNDD FDD considèrent Nkurunziza comme l’homme providentiel. Il est présenté à travers les chansons glorifiant le CNDD FDD comme celui qui a sorti le Burundi du chaos et on lui demande de rester aux commandes du pays aussi longtemps que Dieu lui donnera la force de le faire. Alors que dans les sociétés démocratiques, la souveraineté nationale appartient au peuple, pour le Président Nkurunziza, au Burundi, la  souveraineté appartient à Dieu.  Il tient alors son mandat de Dieu et c’est pourquoi, celui qui s’oppose à ce mandat sera puni par Dieu. Or dans un régime démocratique basé sur les élections régulières (mandat), transparentes et libres, les dirigeants sont élus par le peuple pour une durée déterminée. Aucune vision ou prophétie ne peut être évoquée pour proroger le mandat de tel ou tel autre en dehors de la loi fondamentale.

Toutes ces actions participent de la tentative de production des symboles de majesté permettant de « capturer » les populations et de légitimer son pouvoir. 

7.5.            L’instrumentalisation des mémoires blessées

Dans une société de fracture identitaire comme le Burundi caractérisée par des décennies de violences politiques et parfois même de massacres interethniques, les politiciens investisseurs sont toujours à l’œuvre pour activer telle ou telle ressource afin de conquérir ou se maintenir au pouvoir.

Si l’accord d’Arusha a institutionnalisé le partage du pouvoir au Burundi en confiant respectivement 60% de postes politiques aux Hutu et 40% aux Tutsi, et qu’il a facilité la restauration de la démocratie comme en 1993  où la majorité hutu a pu conquérir le pouvoir via des élections démocratiques. Ce fut donc une sorte d’alternance politique et même ethnique. La gestion du pouvoir par une majorité qui se dit avoir subi la domination de la minorité pendant des décennies n’est pas chose facile car certains extrémistes hutu peuvent être tentés par des solutions finales comme au Rwanda en 1994.

La crise qui a éclaté en avril 2015 sur le mandat présidentiel de Pierre Nkurunziza a montré que certains politiciens avaient toujours l’intention d’instrumentaliser ces mémoires blessées par deux voies : le révisionnisme de l’accord d’Arusha et l’ethnicisation du conflit burundais par des acteurs interposés à savoir la Belgique et le Rwanda.

8.      L’émergence des révisionnistes de l’Accord d’Arusha

 

Les révisionnistes de l’Accord d’Arusha contestent le partage du pouvoir institutionnalisé par cet accord. Ils s’inspirent du modèle rwandais d’avant 1994 où l’accès aux services publics se faisait en fonction du poids numérique de chaque composante sociale institutionnalisée elle – aussi sur la carte d’identité. Ils veulent revoir l’accord d’Arusha pour que les Tutsi aient des postes équivalents à leur poids numérique. En effet, les Tutsi sont toujours considérés comme représentant 14% de la population burundaise. Un cas illustratif est de Monsieur Pasteur Habimana, ancien porte – parole du Parti de Libération du Peuple Hutu – Forces de Libération Nationale (PALIPEHUTU – FNL), actuellement membre des Forces de Libération Nationale Iragi Rya Gahutu Rémy a déclaré à Cibitoke, le 29 janvier 2016 lors de la session organisée par la Commission Nationale de Dialogue Interne : « Nous avons élu Pierre Nkurunziza pour qu’il change les lois qui résultent d’un faux accord signé à Arusha qui crée des injustices. Ce n’est pas possible que 14% mangent ce qui revient à 50%, un ventre équivaut un autre » (FORSC 2016 : 7). D’après lui, il y aurait au Burundi ceux qui mangent sur des grandes assiettes alors que d’autres mangent sur de petites assiettes alors que la justice sociale serait que tout le monde mange sur des assiettes de même dimensions.

On voit alors que ce révisionnisme de l’accord d’Arusha n’a d’autres visées que chercher à instrumentaliser l’ethnie car le partage du pouvoir institutionnalisé à Arusha aurait remis en cause les acquis démocratiques de 1993 de la majorité hutu. Ce discours ne servirait qu’à légitimer le régime qui serait victime d’un complot international dont les acteurs clés sont la Belgique et le Rwanda qui seraient accusées par le pouvoir de Bujumbura d’être les instigateurs des violences politiques, commises au Burundi depuis 1961.

Malgré les avancées remarquables, grâce à cet Accord d’Arusha, en termes de cohabitation pacifique entre Hutu et Tutsi et dont le pouvoir du CNDD FDD paraît mettre en avant officiellement, en termes de réalisations phares du régime, on comprend l’idée avancée par Young quand il nous montre qu’en Afrique même si les hommes politiques prétendent lutter contre le tribalisme dans leurs discours, ils l’instrumentalisent souvent dans la pratique. Ce qui laisserait entendre que les conflits identitaires prendraient leurs sources auprès de politiciens investisseurs dans la guerre pour se maintenir au pouvoir. Pour lui, « les guerres internes surviennent non parce que les gens se haïssent, mais à cause de décisions rationnelles et délibérées de mauvais leaders plus soucieux de rester au pouvoir que de préserver la paix au profit de leur population » (Gazibo 2006 :130).

Le CNDD – FDD a toujours nié que l’origine de la crise politique déclenchée le 26 avril 2015 fut la candidature de Pierre Nkurunziza à l’élection présidentielle, décidée en congrès la veille. Il est opposée à cette approche politique, juridique et constitutionnelle de cette crise préférant plutôt l’inscrire de manière insidieuse dans la longue durée, c’est – à – dire dans le conflit classique hutu – tutsi. Pour cela, les acteurs de la contestation du 3ème mandat agiraient de la manière que les auteurs des violences politiques qu’auraient subies les Hutu depuis l’indépendance. Avec le phénomène des mémoires parallèles, on sait que quand les Hutu et les Tutsi parlent des auteurs des violences commises au Burundi, chaque groupe accuse l’autre d’en être l’auteur. Ici le CNDD-FDD n’échappe à cette grille de lecture. Ainsi dans un de ses communiqués, le CNDD-FDD assimile les organisateurs des manifestations publiques contre le 3ème mandat à ceux – là mêmes qui ont tenté de « renverser les institutions démocratiquement élues en date du 13 Mai 2015 de la manière dont s’étaient déroulés les évènements de 1961, 1965, 1972-73, 1988, 1993 et 2005 à 2016 ».[1] A travers ces communiqués, le CNDD-FDD semble avoir une connaissance approfondie des hommes et des femmes clés, auteurs de « l’insurrection » selon ses termes ou de la contestation du 3ème mandat selon d’autres. A Bujumbura, les quartiers dits contestataires sont considérés par le CNDD-FDD comme les fiefs de Pierre Buyoya. Il est dit que « les quartiers Mutakura, Cibitoke, Jabe, Nyakabiga et Musaga ont toujours été et demeurent les fiefs de Pierre Buyoya ».[2] Habituellement ces quartiers sont considérés comme habités principalement par les Tutsi.

Pierre Buyoya est accusé d’avoir organisé un génocide contre les Hutu que ce soit en 1988 à Ntega et Marangara et en 1993 après l’assassinat de Ndadaye. La tentative de putsch du 13 mai 2015 serait dans la droite ligne du plan qui aurait été réédité à plusieurs reprises pour exterminer les Hutu. Ainsi un des communiqués du CNDD – FDD se donne l’objectif de « faire comprendre aux démocrates que les putschistes du 13 Mai 2015 avec leurs plans d’exterminer l’électorat du Parti CNDD-FDD en cas de réussite ne diffèrent en rien des autres plans apocalyptiques que le Burundi a connus depuis l’indépendance ».[3] On comprend alors que cette stratégie du pouvoir consistant à instrumentaliser les mémoires blessées des Hutu, victimes des régimes de Buyoya et de ses prédécesseurs également tutsi à savoir Micombero et Bagaza, vise à réactiver la corde ethnique. C’est pourquoi cette rhétorique du parti au pouvoir a semé la panique aussi bien dans la communauté nationale et internationale craignant de plus en plus sur les éventuels dérapages ethniques du régime.

9.      Consolidation de la paix : quelles pistes pour le Burundi ?

 

Charles – Philippe David pose la question de savoir si on pourra un jour éviter la reprise des guerres modernes ? Le défi qu’il identifie consiste « à faire évoluer les sociétés et pays du Sud vers la phase postmoderne, ce qui peut sembler réalisable puisque l’intervention (l’ingérence) internationale se donne pour mission d’exporter le modèle libéral de la paix démocratique, économique et institutionnelle » (Charles – Philippe David 2013 : 38).

Dans un pays post – conflit comme le Burundi où les différents acteurs à la fois nationaux et internationaux s’étaient investis dans le cadre de la consolidation de la paix et où ils avaient mis en œuvre un certain nombre de politiques publiques entre autres la réforme du secteur de sécurité, la réhabilitation et la réinsertion des sinistrés, le désarmement des anciens combattants, la reconstruction politique pour mettre en place un Etat de droit, la relance économique pour une croissance économique durable ; le basculement à nouveau dans la crise paraît être un échec de toutes ces initiatives. Toutefois, tous ces acteurs devraient continuer à initier des politiques de paix innovantes d’une part pour réduire les effets de cette crise et d’autre part, pour donner l’espoir à tous les Burundais que le vivre – ensemble est toujours possible. En effet, la consolidation de la paix ne devrait pas se faire uniquement en période post – conflit mais devrait être un travail de tous les jours. Pour cela, une approche systémique de la construction de la paix devrait être encouragée. Cette dernière prône « l’élaboration et la circulation d’une véritable culture de paix à tous les niveaux de la société, depuis l’individu jusqu’aux formes multiples de l’action collective » (CEJP belge 2010 : 7).  

L’inculcation de cette culture de paix passe par l’établissement du dialogue et des partenariats entre tous les acteurs clés de la société  sur la prévention, la gestion et  la résolution des conflits. Les mesures qu’ils peuvent prendre concernent

 De faire la promotion de mesures institutionnelles et socio – économiques aux niveaux local, national et international, qui traitent directement des causes sous – jacentes et transforment les dynamiques des conflits. La sensibilisation à la paix ne se justifie pas que dans les contextes à risques ou de conflits réels, mais devrait être intégrée de manière transversale aux réflexions sur les autres grands enjeux de société et aux politiques mises en œuvre pour y répondre (CEJP 2010 : 7).

C’est de cette manière que l’on peut promouvoir une vision partagée de la société et une culture de la paix sur base desquelles on peut construire « une infrastructure ou une architecture de paix » institutionnelle qui régule les domaines économique, politique, social et culturel de la vie en société au Burundi.

A Arusha, les protagonistes de la crise burundaise avaient identifié les causes de la violence et des conflits et ils avaient imaginé un accord censé consolider la paix et la sécurité dans le pays. Les moyens mis en avant étaient diplomatiques, militaires, politiques et financiers. Mais Philippe Hugon avertit que ces actions ne peuvent être viables que si « les causes structurelles et les facteurs profonds en termes de pauvreté, d’exclusion, d’inégalités régionales, de non-respect des règles démocratiques, de non – transparence des circuits économico – politiques ou d’insertion dans une économie mondiale criminelle sont éradiqués » (Hugon 2006 : 43).

C’est pourquoi, pour une meilleure politique de prévention des conflits, il propose de réduire le coût d’opportunité de la guerre pour les jeunes et d’instaurer des mécanismes de redistribution en faveur des minorités, bref la mise en place d’une politique de développement à terme. D’une part, la réduction du coût d’opportunité de la guerre pour les jeunes suppose «  qu’ils reçoivent une formation scolaire qui structure leurs esprits, des activités qui les occupent et des symboles qui les motivent » (Hugon 2006 :46). D’autre part, l’instauration des mécanismes de redistribution pour les minorités se fait sous formes par exemple « de quotas, d’accès à l’éducation et à la santé »(Hugon, 2006 : 46).  Pour lui, la prévention des conflits passe par « des politiques de développement améliorant disponibilité et accessibilité grâce aux progrès de productivité, à des politiques de redistribution, au renforcement des capacités des agents (par exemple par l’accès au crédit) et de soutien des initiatives populaires » (Hugon 2006 :46).

Cette idée de prévention des crises par le développement est également développée par Jean Marc Châtaigner. Il montre qu’afin de prévenir les crises, l’action de développement doit « traiter de causes plus structurelles , comme la lutte contre les inégalités sociales, la promotion de l’investissement et de l’emploi, la gestion des ressources foncières, la lutte contre la corruption et les exclusions ethniques, la gestion des migrations internes et régionales » (Châtaigner 2006 : 103).

En plus de ces solutions, un travail d’écoute et de dialogue entre les protagonistes est d’importance capitale. Olivier Pabel nous montre

qu’on ne peut mettre fin à un différend entre des contemporains en le ramenant à un accord, mais en installant ensemble les deux versions de telle sorte que chacune accepte la possibilité de l’autre, dans un travail de concessions réciproques, de narration à plusieurs voix. On ouvre ainsi un espace de cohabitation  non en liquidant le passé, mais en obligeant les protagonistes à le réinterpréter ensemble, par un travail d’invention à plusieurs » (Abel 2000: 8).

En combinant les différentes approches, il y a lieu d’espérer que malgré la recrudescence des crises et des violences politiques, le Burundi pourrait fermer les pages sombres de son histoire et s’engager irréversiblement sur le chemin de la paix et du développement durables.

Conclusion

Depuis son indépendance, le Burundi est condamné à être confronté à une crise tous les dix ans. En 2000, les Burundais avaient négocié un accord de paix dont les solutions envisagées étaient censées résoudre durablement le conflit burundais. Malgré l’existence de cet accord, les Burundais n’ont pas expérimenté véritablement la paix car depuis 2005 avec la mise en place du Gouvernement post – transition via les élections démocratiques, le Burundi a été confronté à plusieurs reprises à une insécurité généralisée. Malgré la signature des accords de cesser  le feu avec les principaux groupes rebelles (CNDD FDD et FNL), d’autres groupes armés ont été créés surtout après les élections communales contestées de 2010. Ainsi depuis 2011, « au moins cinq groupes armés ont signalé leur existence à travers les médias ou les attaques contre les forces de défense et de sécurité » (Barumwete 2015 : 170).

De manière générale, depuis 2005 et spécifiquement depuis le déclenchement de la crise actuelle en avril 2015 et exceptionnellement surtout après la tentative de coup d’Etat du 13 mai 2015, on observe la recrudescence du phénomène de la violence de l’Etat et contre l’Etat.

Aujourd’hui, le constat est que l’Accord d’Arusha n’a pas permis aux Burundais de recouvrer la paix et la démocratie par les solutions de partage du pouvoir entre les composantes sociales. Les négociateurs de paix d’Arusha n’avaient pas tiré assez d’attention sur la nature du pouvoir en Afrique s’inspirant beaucoup plus des logiques néo-patrimoniales. A travers ce modèle, les détenteurs du pouvoir mettent en place des stratégies de leur maintien au pouvoir entre autres la gestion monopolistique du pouvoir, la fidélisation de leurs clients politiques par des richesses matérielles, l’usage des ressources coercitives pour étouffer l’opposition et verrouiller l’espace politique, la culte de personnalité, et parfois dans des sociétés caractérisées par la fracture identitaire, l’instrumentalisation des mémoires blessées par l’ethnisme et les violences cycliques perpétrées  et subies par les différentes composantes sociales au cours de l’histoire d’un peuple. Par ailleurs, les détenteurs du pouvoir peuvent manipuler les faits et imposer leur propre lecture afin de faciliter leur travail d’activation de leurs ressources, exemple de l’ethnie, qui faciliterait le développement de leurs stratégies, ici se maintenir au pouvoir. Dans cette perspective, nous constatons que le problème du 3ème mandat, à l’origine de la crise politique actuelle, a été désubstantialisée par le pouvoir en place en lui substituant le problème ethnique, alibi facile et mobilisateur pour une société malade d’ethnisme.

Les conséquences de cette crise sur le plan de la paix et de la sécurité, la cohabitation et le vivre – ensemble nous ont montré les dangers de la manipulation des faits qui sont un retour en arrière et un réveil de vieux démons ethniques. Selon Abel, « un malheur présent peut soudain rouvrir des malheurs anciens cicatrisés et oubliés, résorbés, et modifier le passé dans le sens du pire, d’une constellation fatal » (Abel 2000 :10). Les conflits et les violences successifs nous apprennent que la violence a « un impact dévastateur à bien des niveaux : humain, politique, culturel et environnemental » (CJP belge 2011 : 3) et qu’en période de guerre, « les ressources financières des pays sont en grande partie allouées au conflit au lieu d’être attribuées au bien – être des populations » (CEJP belge  2011 : 03). C’est pourquoi, la seule éthique à poursuivre est celle de la paix consistant, pour chaque burundais, à manifester sa volonté de vivre ensemble et de faire lien en acceptant les différences.

Référence Bibliographique: 

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Barumwete, S 2013. Bonne gouvernance et développement au Burundi :

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Barumwete, S 2015. L’accord ‘Arusha et la violence politique au Burundi, Ethique et

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Buyoya, P 2011, Les négociations interburundaises. Paris: L’ Harmattan

Campagnolo, J 2006. Petite histoire sociologique du concept de paix. Cités, 2 (26)

Châtaigner, J.M 2006. La réforme du secteur de sécurité dans les Etats et sociétés

africaines fragiles. Fragile indispensable au développement, ou dernière des illusions néo – coloniales ?, Afrique contemporaine, 2 (218)

CJP belge francophone, 2011. La construction de la paix : défis et potentiels d’un concept

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David, C.P 2013. Repenser la guerre et la paix au XXIème siècle. Politique étrangère,

3

Forum pour le renforcement de la société civile (FORSC), 2016. Le troisième

mandat de Pierre Nkurunziza au rythme d’un discours de la haine institutionnalisé.Bujumbura : FORSC

Gaudin, J.P. 2007. La démocratie participative. Paris : Armand Colin

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Histoire, théories, pratiques.Auxerre : Editions Sciences Humaines

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Zarka, Y.C 2012. Hobbes. La logique du pouvoir. In Philosophie.

Auteurs et thèmes. Auxerre : Editions Sciences Humaines

 

 

 


[1]Point 9 du Communiqué n°005/2016 du CNDD FDD du 10 mars 2016

[2]Point 3 du Communiqué n° 045 du CNDD FDD du 23 décembre 2015

[3]Point 8 du Communique n°005/2016 du CNDD FDD  du 10 mars 2016

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