LE CODE DE DEONTOLOGIE DE LA PRESSE AU BURUNDI : UNE THEORISATION DE L’ETHIQUE TELEOLOGIQUE

Abstract: 

The deontological code of the media in Burundi proscribes more than it prescribes. A negative morality rather than positive morality underlies it. Accordingly, it lays emphasis rather more on the mistakes that should be avoided than the virtues to be cultivated. The questions of self-knowledge, a genuine communication with the other, and an ideal communication do not seem to be the ultimate concern. This could be explained on the grounds of instrumental rationality.

The study on the journalistic deontology unveils an argument which favours regulation geared to the protection of the freedom of the media: a deontological self-regulation which is controlled by the corporation of journalists only. Yet, a close examination of the traditional foundations which journalists use to vindicate the conditions for the smooth exercise of their profession, the required freedom and its abuse often committed, lead to an underlying utilitarianism.

One cannot but ask this question: To what extent should the freedom of the media in its present conception be deprived of its teleological foundations. Are the right of the public to information as well as the common norms and myths surrounding information not eloquent proofs of this? Since utilitarianism and teleology could be considered as the conditions of the deontological code of the media, should the teleological ethics not be acknowledged as the regulator for the deontological code of journalists?

Introduction

La pratique des médias varie selon la culture d’un pays, son stade d’évolution ou encore son régime politique. C’est cela qui peut justifier la diversité des codes de déontologie. Car, la pratique des médias ne peut être la même dans un pays communiste et un pays libéral, dans un pays traditionnel et un pays ultramoderne, dans un pays chrétien et un pays musulman ou hindouiste (Bertrand 1997:44). Et pourtant, dans la plupart des codes aussi bien internationaux que nationaux, les règles fondamentales restent les mêmes. Claude-Jean Bertrand (1997), après une étude comparative de ces types de codes, en obtient un code synthétique dont voici les grandes dominantes : Les valeurs fondamentales[1], les prohibitions fondamentales[2] et les principes journalistiques[3]. Elles seront notre glèbe nourricière dans notre projet de réfléchir sur le code de déontologie de la presse au Burundi ; ce grâce à quoi la théorisation de l’éthique téléologique sera possible. Aussi proposons-nous les quatre grands axes d’analyse suivants :

  1. Principes de la déontologie du journalisme au Burundi ;
  2. Portée et limites de la réponse déontologique ;
  3. Nécessité d’une éthique téléologique ;
  4. Conclusion.   

 

 

1. Principes de la déontologie du journalismeau Burundi

La lecture attentive du code de déontologie de la Presse au Burundi peut permettre d’identifier quatre catégories dominantes qui renvoient toutes à ses fondamentaux[4], à savoir la nature des règles, les fonctions des médias, la responsabilité envisagée, le stade des opérations.       

1.2. Selon la nature des règles

Règles idéales. Ce sont des règles qui définissent le but vers lequel les professionnels doivent tendre même si cela n’est pas facile à réaliser. Ces règles sont les suivantes : 

Le journaliste doit défendre les valeurs universelles d’humanisme en particulier la paix, la tolérance, la démocratie, les droits de l’homme, le progrès social, la cohésion nationale dans le respect de la dignité de chaque citoyen ; il doit veiller à l’équilibre de l’information aussi bien au niveau de la collecte, du traitement que celui de la diffusion de l’information ; il a l’obligation de séparer les faits des commentaires(Articles 1 et 9).

Règles générales. Ces règles sont valables pour tous les citoyens et ne doivent, par conséquent, souffrir d’aucune exception. Ce sont : 

Le journaliste doit avoir horreur du mensonge, tenir la calomnie, l’injure, la diffamation ainsi que la déformation des faits comme les plus grandes fautes professionnelles ; il n’accepte aucun avantage sa qualité, ses influences et ses relations seraient susceptibles d’être exploitées (Articles 3 et 10).

Règles à exceptions. Ce sont des règles qu’un média, au nom du principe «  la fin justifie parfois les moyens », peut négliger quand cela sert l’intérêt public. Ces règles sont les suivantes : 

Le journaliste s’interdit d’invoquer un titre ou une qualité imaginaire, d’user des moyens déloyaux pour obtenir une information ou surprendre la bonne foi de ses sources, le journaliste ne porte pas atteinte à la dignité et à la vie privée des gens ; en cas de conflit de conscience, il doit diffuser en faveur de l’intérêt général (Articles 5 et 13).

1.2.Selon les fonctions des médias

Observer les alentours. Le code qui traite de cette catégorie insiste sur la personnalité du journaliste. Ainsi, celui-ci «doit refuser la subordination contraire à la ligne générale de son entreprise de presse et n’accepte de directives rédactionnelles que celles émanant de la rédaction» (Article 14).

Donner une image du monde. L’essentiel des connaissances que l’homme a de l’humanité vient des médias. Pour cette raison,

Le journaliste doit s’abstenir de tout traitement tendancieux de l’information concernant les troubles sociaux et les problèmes de communautés ; de toute publication d’information à caractère obscène ou qui encourage le vice, le crime et toute autre activité illégale» (Articles 2 et 6).

Servir de forum :Les médias doivent être un espace public, une espèce d’ ‘’agora’’. A ce titre, les médias doivent, sur les grandes questions d’actualité, présenter divers points de vue. De la sorte, ils doivent permettre aux divers groupes sociaux de pouvoir s’exprimer sur des questions ou tout au moins d’y répondre quand ils sont mis en cause. C’est donc par le truchement des médias que doit se  faire  la communication sociale, nécessaire pour aboutir aux compromis indispensables. C’est pourquoi, le journaliste doit «s’imposer une rigueur dans le choix des termes et éviter tout décalage entre le titre et le contenu ou toute exagération des faits » (Article 7).

Vendre :On accuse parfois des médias burundais de se ‘‘prostituer’’, car certains  ne vivent que de la publicité d’un étroit secteur de l’économie. Le code ne transige pas sur cette question. Selon lui, « le journaliste ne doit pas signer de son nom des articles publicitaires et prêter sa voix ou son image aux messages publicitaires » (Article 11).  

1.3.Selon la responsabilité envisagée

L’idée de responsabilité  appliquée au  journaliste est ici double. Le journaliste est d’abord responsable envers lui-même. A ce titre, il ne doit pas trahir ses convictions, il doit refuser d’exécuter des tâches contraires à ses principes. Le journaliste est également responsable envers ses pairs, ses sources, les personnes mises en cause et les usagers.

Envers ses pairs, le journaliste « s’engage au devoir de solidarité envers ses confrères. Il doit se garder de toute critique de nature à dénigrer la profession » (Article 15)

Envers ses sources,les usagers et les personnes mises en cause,

Le  journaliste garde le secret professionnel et respecte le caractère confidentiel convenu avec ses sources d’information, il s’abstient de publier les photographies et les identités des mineurs pour autant qu’elles portent atteinte à leurs droits et à leur épanouissement moral et psychique, il a le devoir de rectifier dans les meilleurs délais et dans la forme appropriée toutes nouvelles et informations qui se révèlent fausses(Articles 4 et 12).

1.4.Selon le stade des opérations

Quatre moments importants sont à relever ici : l’obtention de l’information, la sélection de l’information, le traitement et la présentation de l’information, l’après- publication.                                                                                                                                               

Obtention de l’information :Une règle d’or guide l’obtention d’une information, à savoir «  ne pas inventer l’information ». En plus de cette règle qu’il faut respecter à la lettre, le journaliste ne doit pas non plus, sauf si l’intérêt public le justifie et faute d’autres moyens, utiliser des moyens malhonnêtes pour obtenir une information ou une photo, dissimuler son identité, enregistrer sans le préciser une conversation, dérober des documents.

Sélection de l’information :Cet élément  fait référence à une auto- censure. Et une règle est ici capitale : « ne pas publier une hypothèse comme s’il s’agissait d’un fait avéré, ni une nouvelle même vraie, si elle n’a pas d’utilité sociale (…) ». Dès lors, deux obligations semblent en découler : il faut écarter les rumeurs et les informations non vérifiées, d’une part ; sélectionner absolument les informations en les choisissant en fonction de leur importance, de leur utilité pour le public, d’autre part.

Traitement et présentation de l’information : Un bon traitement et une bonne présentation de l’information doivent tenir compte de la distinction entre la publicité et le rédactionnel. Ainsi donc, au moment de la présentation, le journaliste ne doit pas mêler faits et commentaires. En vue de fournir une information complète et compréhensible, il doit chercher à mettre en situation l’actualité, s’assurer que les analyses, commentaires et opinions donnés sur une actualité reflètent la réalité. Sur des questions controversées, il doit présenter plusieurs avis et considérations ; de la sorte, il doit créer des pages et émissions ces questions seront débattues.

Lors du traitement de l’information, il doit vérifier soigneusement les donnéesprendre soin d’indiquer ses sources dans la mesure du possible. Dans le texte, il doit mettre des titres et composer des résumés conformes au contenu des articles. Il doit  éviter des coupures dans le texte de peur de l’altérer ; dans le cas contraire, il est tenu de le signaler. Il ne doit pas manipuler les photos de crainte d’être mal interprétées. Il ne doit pas non plus manipuler les bandes et le son au point de créer une distorsion.

Après- publication :Au Burundi, la loi accorde un droit de réponse (Article 38) à une partie lésée par un article d’un journal, d’une part ; exige rectification (Article 43) et réparation des dommages et intérêts (Article 44) d’autre part. Au sujet du droit de réponse stipulé à l’article précité, la loi dit ceci :

Sans préjudice des autres voies de droit, toute personne physique ou morale citée nominativement ou implicitement désignée dans un écrit périodique, illustré ou pas, ou dans une émission radiodiffusée ou télévisée, a le droit de requérir l’insertion ou la diffusion d’une réponse dans le même périodique ou dans la même émission[5].

Le Code de déontologie s’inscrit dans cette logique lorsqu’il admet à l’article 4 que « le journaliste a le devoir de rectifier dans les meilleurs délais et dans la forme appropriée toutes nouvelles et informations qui se révèlent fausses ». 

Au regard de ce qui précède, je peux affirmer que la question du code de déontologie de la presse burundaise se situe principalement à deux niveaux : le fondamental et le quotidien. En effet, le fondamental, c’est l’esprit et la lettre du code ; alors que le quotidien relève de  son interprétation et de son application par le journaliste. Le code ne pouvant prévoir tous les cas, on fait souvent appel au bon sens ou à  « un sens moral » de la réflexion ; les deux d’ailleurs n’échappant que difficilement à la tradition socio-politique et religieuse du pays.

 Pour cette raison, il faut donc la formation déontologique des journalistes comme  complément nécessaire au code. Qu’est-ce à dire sinon inciter les journalistes à lire inlassablement le code. C’est en le lisant sans cesse qu’ils  seront imprégnés de son aspect « fondamental ». Ce qui pourra leur permettre de mieux interpréter le code, et de trancher intelligemment sur une situation particulière sur terrain, sans donc aucun préjugé idéologique, même s’il faut s’attirer les mécontentements d’une frange de la population. Mais ceci reste un long chemin  qu’une déontologie, aussi efficace qu’elle soit, ne peut à elle seule parcourir.

2.      Portée et limites de la réponse déontologique 

Une remarque fondamentale découle de l’analyse précédente : le code de déontologie de la presse burundaise proscrit plus qu’il ne prescrit. A la morale positive, il substitue la morale négative. Aussi, le code se met-il d’accord plus sur les fautes à combattre que sur les vertus à promouvoir. Les questions de la connaissance de soi, du véritable échange avec l’autre et d’une communication idéalement réussie ne semblent pas être sa préoccupation ultime. Cela serait à la rationalité instrumentale qui la sous-tend encore.

2.1. La connaissance de soi

Appelé à s’épanouir dans sa profession et dans le milieu de son travail, le journaliste constitue un véritable mystère pour lui-même et pour les gens de son entourage. se joue tout le drame existentiel. En effet, bien qu’il se sache radicalement mystère, le journaliste est attiré vers la connaissance de soi au nom de cet aphorisme antique devenu classique : «  connais-toi toi-même ». En fait, le journaliste doit se connaître et connaître son champ d’investigation. Autrement dit, il doit prendre conscience de ce qu’il est, de sa nature véritable et de ses limites. Serait-ce par cette prise de conscience que le journaliste peut éviter les fautes dans l’exercice de son métier !

Il est donc impératif que le journaliste possède des solides connaissances générales et spéciales dans les diverses disciplines- comme la sociologie, le droit, la philosophie, la théologie, les statistiques, l’anthropologiel’informatique ou la psychologie. Le code doit l’y pousser et l’encourager qui plus est à être polyglotte. C’est grâce à ce bagage intellectuel que le journaliste peut bien combattre l’ignorance et l’incompétence. En effet, le journaliste ignorant pratique « le journaliste de meute » (Bertrand 1997 :65)[6]. Le journaliste incompétent simplifie assez souvent des questions complexes, considère pour des faits avérés des hypothèses, tire, à partir d’un fait, des inférences injustes, cogite dans la logique inductive.

2.2. La connaissance de soi et ses enjeux dans  la vie professionnelle

L’échange constructif et véritable avec autrui passe par la connaissance de soi. Le journaliste, qui reste un mystère pour soi-même, ne peut prétendre aller vers l’autre pour lui livrer une information véritablement humanisante. C’est en cherchant à découvrir le bien occulté en soi pour un dialogue authentique avec l’autre que celui-ci devient « l’autre soi-même » du journaliste. Cette considération présente de grands enjeux dans la vie professionnelle du journaliste.

En effet, à partir du moment le journaliste maîtrise ses armes intérieures, dans la mesure il a « un for intérieur stable », il découvre que la déontologie, quelle qu’elle soit, ne peut s’exercer que sur l’autre. Et pour cette raison, nous pouvons affirmer non sans raison qu’il n’existe pas de déontologie s’il n’y a pas d’autres êtres vivants, c’est-à-dire des êtres qui ont la vie, qui sont conscients et capables de concilier leur devenir avec leur avenir. Cette considération paraît importante. En effet, l’agir du journaliste sur le public est fondamentalement différent de celui du plombier sur un robinet. Ce dernier type d’agir n’a pas en soi de grande importance. L’agir sur l’être humain est définitif et marque, toute la vie durant, ses empreintes sur le comportement de celui-ci. Lorsque le journaliste donne une information erronée à la télévision ou dans un quotidien, cette information reste gravée dans la mémoire de l’usager des médias[7].

La déontologie devient donc la conscience qu’on a des autres. Elle est plus une éthique de responsabilité qu’une simple éthique de conviction[8]. L’éthique de conviction est rétrospective. Elle est une morale du « je suis convaincu que…Donc, je fais ceci ou cela. Je suis juif, je suis catholique, je suis musulman… Donc je fais ceci ou cela » (Agi, 2005-2006 : Cours d’éthique des droits de l’homme). Par contre, l’éthique de responsabilité est quelque chose de différent. Elle prend en effet en compte, non seulement les générations du passé, mais aussi celles du futur. Elle est de ce fait prospective. S’y référant, le journaliste doit toujours et nécessairement prendre en compte le sort de l’avenir de ceux dont il a concrètement à s’occuper. Dès lors, l’autre pour lui cesse seulement d’être le ‘‘prochain’’, mais il devient également le ‘‘lointain’’. En ce sens, l’éthique consiste à rendre proche ce lointain que les médias ont tendance à éloigner. De la sorte, le médium cesse d’être uniquement la télévision, la radio ou tout autre média, mais devient aussi la conscience éthique.

La conscience éthique est à la fois rétrospective et prospective. Elle est qui plus est une conscience du présent. Avec une telle conscience, le journaliste ne peut rester indifférent à l’égard de l’autre ; car ce dernier  devient celui dont il a la charge, un interlocuteur à qui il a une information à donner. De quelle façon le journaliste doit-il traiter l’information ? Doit-il se conformer à la tradition ou s’en démarquer ? Dans « le microcosme journalistique, dit Claude-Jean Bertrand (1997 :66), on ne met pas la tradition assez en question. Ainsi on continue à vénérer le ‘‘scoop’’ et le reportage en direct, alors même que tant d’erreurs et de bavures découlent de la précipitation ». La tradition est ainsi vénérée et considérée pour immuable.

Par ailleurs, Claude-Jean Bertrand (1997 :67-73) dénombre une douzaine d’usages dont le code de déontologie de la Presse au Burundi se soucie très peu. Certains relèvent de la sélection de l’information, d’autres de la présentation de l’information. Les uns et les autres, bien que différents dans leur spécificité, se rencontrent tous sur la question de la communication. Tous s’accordent sur le fait que le client reste le destinataire fiable et incontournable à qui le message est toujours déjà et impérativement livré. Nous n’allons parler ici que des usages qui concernent la sélection de l’information. Ils constituent subtilement un passage de l’information à la communication.

En effet, parmi les usages regrettables qui relèvent de la sélection de l’information, Claude-Jean Bertrand cite quelques un d’entre eux, à savoir :

1° Les occultations : l’information est omise et peu ou mal traitée à cause de l’influence de telle ou telle couche sociale. On critiquera difficilement ou presque jamais la mauvaise gestion d’un ministre ou d’un directeur d’une institution étatique de peur d’être arrêté ou tout simplement à cause d’une attitude partisane.

2° Les pseudo-informations :Ce sont des ‘‘nouvelles fabriquées’’ par les journalistes qui en profitent. Ces ‘’nouvelles fabriquées’’ peuvent être une réclame déguisée, un communiqué fourni par un attaché de presse, un article composé par un journaliste à la suite d’une faveur obtenue…

3° Information et divertissement emmêlés :De nos jours, le débat sur la déontologie n’arrive pas à trouver la ligne de démarcation entre l’information et le divertissement. L’usager des médias n’arrive plus à distinguer entre nouvelles divertissantes et nouvelles informantes.

 

 

Superficialité et simplisme : 

La plupart des médiasne prennent pas en compte la complexité du réel. Ils se croient obligés de faire vite et d’amuser, donc de simplifier. D’où l’abus de stéréotypes… Les médias donnent ainsi, de la société et du monde, des images incomplètes, souvent déformées, qui peuvent générer des sentiments et des comportements lamentables.

5° Le verre à demi-vide : La plupart des nouvelles données à la radio ou à la télévision ne mettent souvent l’accent que sur la mésentente, le conflit, l’affrontement, le drame, l’échec. Ainsi au nom de la croyance ‘‘une bonne nouvelle n’est pas une nouvelle’’, on met le plus  souvent  en évidence les problèmes plutôt que les solutions[9].

6° Information étriquée : La plupart des médias s’intéressent plus aux affaires politiques qu’à celles socio-économiques et scientifiques. Cette attitude n’offre aucun avantage au public qui a besoin d’être informé sur plusieurs secteurs de la vie sociale. « Les médias doivent rendre le public plus savant et plus civilisé, hausser son niveau moral et sa rationalité, préserver la culture du passé et contribuer à l’éclosion de nouvelles formes culturelles ». Pour cette raison, les médias doivent informer le public des publications des savants et autres experts. Il leur appartient donc « de se comporter non seulement en messagers, mais aussi en explorateurs et en initiateurs ».

7° Esprit de clocher :Cet esprit anime plusieurs médias. La plupart des médias en effet s’occupent avant tout de l’actualité locale et régionale, privant ainsi la majorité des usagers de savoir ce qui se passe ailleurs.

Manque d’autocritique :Plusieurs codes oublient d’appeler les médias à rendre compte de leurs propres affaires. Peu de médias racontent leurs fiascos ou controverses. Trop peu de journalistes s’autocritiquent ou critiquent les manquements de leurs confrères.

Pour résumer, le manque de la bonne sélection de l’information connote une certaine médiocrité éthique journalistique. Le code doit s’y appesantir s’il veut faire germer une bonne conscience éthique et un éveil tant spirituel qu’intellectuel chez l’homme des médias. En fait, on a comme impression que « les médias visent non à former des citoyens (comme les écoles) ou des croyants (comme les Eglises) mais à fabriquer des consommateurs. Aussi le bonheur est-il associé à la consommation… » (Ibid. :79). Ainsi, sont promues comme valeurs l’égoïsme, la cupidité, le conformisme. Tout ce qui concerne le/la politique, l’économique et le social est réduit à la vie de l’individu. L’information perd ainsi tout son véritable contenu, celui d’être avant tout une communication. C’est ce fond que nous allons approfondir dans le point ci-dessous.

3. Nécessité d’une éthique téléologique

3.1.  Reprise de la question

L’étude faite sur la déontologie journalistique nous révèle que les déontologues  argumentent en faveur du seul mode de régulation qui ne puisse censément porter atteinte à la liberté de la presse : l’autorégulation déontologique assurée uniquement par la corporation des journalistes. Cette autorégulation reste ‘‘proscriptive’’. Le code déontologique du Burundi  proscrit plus qu’il ne prescrit. L’analyse de Bertrand à ce sujet a eu le mérite de dépasser la dimension ‘‘proscriptive’’ afin de nous introduire dans la dimension prescriptive ou normative de la déontologie. Boris Libois (1994 : 6-7) nous parle de trois  principes essentiels de cette normativité :

1°) Respect et défense du droit à l’information du citoyen et des moyens nécessaires pour le rencontrer.

2°) Respect et défense des autres droits individuels du citoyen.

3°) Préservation de l’harmonie.

  3.2. La dimension téléologique au cœur de la  déontologie

L’éthique normative que propose Bertrand et que confirme Libois vient exprimer une certaine crise de légitimité du code de déontologie des médias burundais. Ceux-ci charrient entre le ‘‘déontologisme’’ et l’utilitarisme qui les conduisent vers l’éthique téléologique.

En effet, ces médias se veulent ‘’déontologiquement’’ autonomes. Comment cela est-il possible ? En fait, la liberté de la presse dont ils ont l’exercice est une et indivisible. Elle ne peut être inféodée à un quelconque impératif extrinsèque. Les journalistes en sont les acteurs et les garants. Toute limitation de la liberté de la presse constitue une volonté d’ingérence inadmissible et une tentative d’y porter atteinte de manière irréversible. Seule la profession des journalistes a la compétence et la légitimité pour déterminer l’exercice et les limites de la liberté de la presse, comprise comme un droit individuel.

Seule l’autorégulation par la profession est donc admissible par la déontologie. Toute ingérence est suspectée. Dans ce sens, tout bien commun et unique n’existe pas a priori. Tout apriorisme est d’emblée condamné et rejeté. L’approche téléologique qui, tout à l’inverse de la démarche déontologique, définit a priori un bien unique à réaliser ou assigne par avance une fin commune à poursuivre à l’ensemble de la société est rejetée voire honnie par les journalistes. Pourquoi ce rejet? D’abord, parce que cela conditionnerait l’élaboration et la diffusion de l’information à un principe extérieur. Ensuite, si un quelconque a priori était imposé de manière hétéronome à la conscience et à la pratique professionnelle, cela impliquerait également une atteinte à la liberté individuelle du journaliste. Enfin, parce que cela aussi pourrait justifier une ingérence dans les contenus de la liberté de la presse déterminée par le souci de veiller à la cohérence entre le but proclamé et sa réalisation.

Et pourtant, en examinant minutieusement les fondements traditionnellement invoqués par les journalistes afin de justifier les conditions d’exercice de leur profession- la liberté et la déontologie- et les abus qu’ils peuvent commettre, ceux-ci s’inscrivent, en dépit de toute considération, dans une optique utilitariste, qui est une voie vers la dimension téléologique. Plusieurs raisons peuvent être données pour étayer cette affirmation. D’abord,  la violation de la vie privée d’un individu ou de sa présomption d’innocence seront justifiées au nom du ‘‘droit public à l’information’’ (Code de déontologie de la Presse du Burundi, article 5). Ensuite, le principe de la recherche de la vérité comme fondement de la spécificité des libertés d’expression et de la presse engendre une tension entre les présupposés libéraux de type déontologique et un raisonnement téléologique. La vérité recherchée n’est rien d’autre qu’un bien commun et unique assigné a priori. Enfin, la question des contradictions entre légalité et déontologie professionnelle (secret des sources, refus de témoigner : Ibid., article 12) ou même le recours à certaines méthodes pour recueillir de l’information (déguisement, achat de l’information) illustre bel et bien la perspective téléologique dans laquelle s’inscrivent les journalistes. La justification morale de toutes ces attitudes étant une fois encore la recherche de la vérité et le droit du public à l’information.

Dès lors, peut-on vraiment considérer que la liberté de la presse dans sa conception actuelle soit dépourvue de fondement téléologique ? Le ‘‘droit du public à l’information’’, référence commune et mythique des journalistes, n’en est-il pas une preuve éloquente ? Parce que l’utilitarisme et la téléologie se présentent désormais comme les conditions de possibilité de la déontologie, ne faut-il pas reconnaître l’existence d’une éthique téléologique comme régulatrice du code de la déontologie des journalistes ?

3.3. Pourquoi une éthique téléologique ?

La question de la crise de légitimité et de crédibilité des médias susmentionnée ne peut trouver satisfaction par la seule réponse déontologique. Cette question, dit Boris Libois (1994 :60),

ne pourra principiellement être satisfaite tant que le statut des journalistes, le rôle des médias et la définition de la presse ne seront pas réinterprétés dans un nouveau cadre non strictement déontologique 

La dimension partiellement téléologique repérée dans les justifications de la liberté de la presse doit être affirmée et explorée dans toutes ses conséquences.

D’abord, la liberté de la presse doit être dissociée de la liberté d’expression et comprise désormais comme une fonction publique. Autrement dit - et c’est la deuxième conséquence-, la liberté de la presse ne constitue pas un droit individuel, mais plutôt un bien instrumental au service de la liberté d’expression politique. Dès lors, en ne s’inscrivant pas dans la conception de la liberté pure, l’aspect politique de la liberté d’expression jouit d’une reconnaissance spécifique. Son rôle essentiel devient celui de rendre possible la participation du citoyen aux affaires publiques et de garantir le développement du débat démocratique. Dans le même geste- et c’est la troisième conséquence-, la liberté d’expression comme liberté politique dépasse le statut négatif et instrumental qui lui était attribué par rapport aux autres libertés et laisse émerger la communication comme seule valeur en soi.

3.3. L’émergence de la communication comme valeur en soi

Les médias constituent un facteur de mobilisation des masses, de motivation des individus, de consolidation des changements sociaux et de réduction des distances géographiques, sociales et culturelles. Aussi, permettent-ils la venue d’un nouveau visage social et le changement des relations entre les peuples nécessitant ainsi une information libre et équilibrée.

Au point de vue éthique, ceci nous pousse à admettre que la politique de la communication doit prendre en compte les intérêts universalisables et les exigences d’une communication digne de ce nom, sans lesquels la césure entre les médias et les pouvoirs ira non seulement en grandissant, mais sera davantage légitimatrice de la domination.

De ces exigences, nous pouvons retenir la vérité, la sincérité et la justesse qui constituent la pierre angulaire des bases normatives d’une communication comme valeur en soi. Ainsi nous soutenons que chaque informateur doit toujours déjà et nécessairement prétendre, dans sa communication, à ces exigences considérées comme véritables conditions de validité de toute communication discursive réussie.

De la sorte, ces exigences ou prétentions à la validité constituent la base rationnelle de la communication pour la simple raison qu’elles sont reconnues comme des prétentions qu’informateur et informé compétents sont présumés capables de démontrer et de défendre.

L’informateur et l’informé, sur la base d’une rationalité communicationnelle, doivent non seulement postuler simultanément à quelque chose qui appartient au monde objectif (celui de la vérité), mais encore au monde de la communauté sociale (celui de la justesse) et au monde subjectif (celui de la sincérité).

Le respect de la vérité reste un impératif pour tout informateur. Celui-ci a le devoir de dire la vérité, de même tout informé a droit à la vérité de l’information. Toutefois, la vérité seule de l’information peut basculer bel et bien dans une sorte de camouflage. Il faut en plus la sincérité, tel le miroir dans lequel l’informateur doit se regarder pour y découvrir une inférence de la fidélité elle-même. Il faut tout de même faire savoir que

La sincérité n’est pas exhibition de ce qu’il vaut mieux tenir secret, ni disposition à dire n’importe quand n’importe quoi à n’importe qui. Elle est dans la personne, cohésion et cohérence entre l’interne et l’externe, entre la pensée, la parole et l’acte, entre ce qu’on pense, ce qu’on dit et ce qu’on fait (Folliet, 1968 : 305).

Ainsi par l’adéquation entre l’intérieur et l’extérieur, la sincérité est déjà vérité. Mais il s’agit d’une vérité subjective d’une personne qui refuse de s’illusionner et de se mentir. Bien que nécessaire, la sincérité ne suffit pas pour communiquer la vérité. Il faut aussi la véracité qui suppose la coïncidence de la pensée, non seulement avec les signes de l’expression, mais également avec l’objet connu. A ce niveau, il faut de la part de l’informateur un travail de titan. En effet, loin d’être une donnée toute faite, cette coïncidence exige souvent recherche et effort. C’est pourquoi le respect même de la vérité, envisagée en soi, fonde déjà le devoir de  véracité.

L’information en tant que communication publique des vérités ne saurait contourner ce qui vient d’être dit. D’ailleurs il est même permis de croire que le caractère public de l’information rend plus pressante pour elle l’obligation à la véracité, parce que l’informateur qui dirait des mensonges lèserait bon nombre d’informés et entamerait le bien commun de la collectivité. François Budi M’Bani (2001: 49) dit à ce propos que

Le journaliste n’est rien s’il na pas ou s’il ne s’efforce pas d’être, dans l’intimité de sa conscience, un serviteur de la vérité et de la justice, et s’il ne tend pas toute son énergie à défendre honnêtement l’intérêt public.

Ceci paraîtrait une pure précaution oratoire. En effet, l’informateur considéré comme un « historien du passé immédiat », on ne saurait lui réclamer de l’information une perfection de la vérité : celle-ci étant, pour reprendre les termes de Pape Pie XII, une vérité « visuelle ». En fait,

Les informateurs rapportent les choses vues comme ils les ont vues, et ils n’ont pas tout vu, ni même toujours bien vu. Pis encore, ils transmettent (assez souvent) ce que d’autres ont vu ou cru voir, ou encore prétendu voir (Folliet : 176).

La vérité visuelle reste donc une vérité provisoire. Les informateurs et les informés doivent en percevoir le bien fondé. De la sorte, les uns ne doivent pas céder aux onirismes présomptueux, les autres ne revendiquer que le possible raisonnable. Cela dit, ce que l’information exige à ses serviteurs, ce n’est pas ‘‘l’infaillibilisme’’, mais le ‘‘meillorisme’’ à travers l’horreur du mensonge, la haine de l’erreur, la loyauté et la patience dans la recherche du vrai, le courage, la modération et la modestie personnelle.

Le mensonge est par définition présenté comme « vérité » antithétique de la vérité. La tradition morale parle souvent de catégories de mensonges, chacune ayant sa propre gravité propre. Il existe le mensonge pernicieux qui lèse le prochain dans sa réputation par la calomnie ou le faux témoignage ; le mensonge officieux par lequel on cherche à éviter des inconvénients ou à procurer des avantages à soi même ou à quelqu’un d’autre ; le mensonge par omission lorsque l’informateur, se trouvant dans l’obligation morale de proclamer le vrai, garde silence.

Autant le mensonge est illicite, autant la vérité, bien que préférée, doit être régulée. Nous estimons que le mensonge est interdit, car s’il était permis, le commerce des sociétés humaines serait fort handicapé et l’homme deviendrait indigne de confiance ; car la fin qu’il poursuit, si bonne ou si sainte qu’elle soit, ne saurait justifier un moyen pernicieux. De même, nous estimons que

La communication de la vérité relève d’abord de la justice en ce qu’elle ne répond pas seulement à un désir…mais à un droit fondé sur la nature de la personne, sur celle de la vérité et sur la nécessité sociale » (Folliet : 174). 

Cette absolue invocation à la justice qui préside aux échanges humains montre bien que la communication de la vérité revêt un caractère social. C’est pourquoi les professionnels de la communication doivent être des créateurs de communion quand, au lieu de poursuivre la rentabilité financière à n’importe quel prix, ils travaillent en faveur d’une vie en commun pacifique entre les citoyens, les classes sociales et les nations. Aussi faire œuvre de paix dans les colonnes des périodiques ou dans les micros de la radio et de la télévision, c’est respecter l’intimité et la réputation des personnes, c’est dépasser les considérations unilatérales, partiales et partisanes, c’est transcender les préjudices afin de favoriser l’entente et le dialogue, de renforcer la compréhension et la solidarité entre les différentes couches sociales (Les médias. Textes des Eglises, 1990 : 346-347).

Les valeurs obligatoires d’entente, de dialogue, de compréhension et de solidarité constituent la toile de fond de la justesse normative. Cette dernière est l’épine dorsale d’une bonne vie communautaire. La justesse vise la préservation du bien commun dans une société bien régulée, la protection de la vie privée des personnes et la garantie du droit à une information correcte. La liberté d’information trouve ses limites dans cette norme éthique. Une double conséquence en découle :

1° Des individus ou des institutions sont en droit de défendre leur dignité, leur réputation ou leurs valeurs quand elles sont violées par un professionnel des médias dans l’exercice de son métier.

 2° Cela signifie que doivent répondre devant la justice ceux des informateurs qui diffusent des nouvelles ou messages blessant la vérité, la justice ou les droits individuels.

Ces dispositions nous éloignent de peu de l’importante question de la réciprocité des devoirs et des droits de l’informateur dans l’exercice de son métier. En effet, cette question, superficiellement traitée, peut aboutir à un conflit entre la vérité et le secret d’Etat par exemple. Ceci pourrait bien entamer la liberté à la suite d’une censure dont le conflit est géniteur. Ainsi donc, on entend souvent dire que c’est détruire la liberté que de la restreindre ou de la limiter. Mais la notion saine et traditionnelle de la liberté, et particulièrement de la liberté de la presse, doit être nuancée, c’est-à-dire qu’elle doit également reconnaître et accepter la dimension éthique inhérente à toute liberté. Ne serait-ce de cette manière que le juridique et le normatif seront argumentativement discutés sans exclusive.

 

 

 

 

4. Conclusion

Je termine cette analyse par la notion d’éthique de la communication. Celle-ci  peut être définie comme :

Unprojet d’une orientation libre et responsable du processus et du système de l’information dans le sens du bien de l’information elle-même et de l’ensemble de la société, l’une et l’autre animée par la quête prioritaire du respect des personnes et des droits fondamentaux humains » (Pinto 1987 : 43).

Une telle éthique est à la fois une étude de l’action et de la conduite humaine. Pour cette raison,

[ellecomprend un certain nombre de valeurs, des normes, des modèles de comportement, le tout enraciné dans le respect inconditionnel de la dignité humaine et le primat du bien général » et « n’a d’autre  finalité que de mener les individus et les organisations vers une recherche responsable des objectifs humains de l’information dans la recherche d’un consensus social (Mweze Chirhulwire Nkingi, 2001 : 5).

La pratique de la presse aujourd’hui au Burundi, qui en appelle à plus de responsabilité de la part du professionnel des médias, suscite habituellement des questions suivantes : Combien de professionnels de médias partagent-ils la responsabilité de l’information transmise ? La plupart d’entre eux sont-ils intègres, lorsqu’on sait qu’il y en a qui acceptent des rémunérations illicites et qui promeuvent des intérêts privés contraires au bien-être général ? Combien de journaux défendent-ils les valeurs universelles d’humanisme, en l’occurrence la paix, la démocratie, le progrès social ; maintiennent-ils ou éduquent-ils l’esprit critique du public afin de lui permettre de juger et de décider en connaissance de cause ?

Ce questionnement constitue l’enjeu théorique important et consiste à comprendre autrement la responsabilité médiatique, et donc à l’orienter vers l’éthique de la responsabilité. De quoi est-il justement question ? Il s’agit d’une éthique qui redéfinit le concept de responsabilité étudié dans la conception traditionnelle de l’éthique des médias. Dans cette dernière, la responsabilité du journaliste signifie plus la simple « reconnaissance de (ses) devoirs et obligations  à l’égard de la société et leur réalisation par un rééquilibrage des rapports sociaux internes aux entreprises ». Une telle pratique emmure la responsabilité dans une logique de l’auto- régulation : seuls comptent la raison solipsiste et le temps présent. Par contre, la nouvelle conception de la responsabilité apparaît comme une mission confiée, une tâche à accomplir selon les normes précises : par exemple, celle d’une charge que l’on assume, ou d’un poids que l’on prend sur ses épaules. Dans cette perspective, elle cesse d’être uniquement une responsabilité rétrospective ou même celle qui se conjugue au présent, mais devient aussi et péremptoirement une responsabilité prospective.

Toute la question porte désormais sur la notion du futur. Et le futur dont il est question ici est le futur le plus lointain de l’humanité, c’est-à-dire celui qui se situe au-delà des conséquences prévisibles d’une action déjà faite. L’enjeu de ce futur lointain reste la perpétuation de l’histoire humaine. Le journaliste- en tant qu’acteur important dans le cours de l’histoire- devra agir toujours et nécessairement de telle sorte qu’il existe encore une humanité après lui et aussi longtemps que possible. Cela exige de lui un agir proportionnel « aux pouvoirs dans l’espace et dans le temps et dans les profondeurs de la vie » (Ricoeur, 1991:282). Tout l’enjeu du pluralisme démocratique est ainsi posé. Celui de la nouvelle conception du « nouvel espace public » qui présuppose autant qu’elle entraîne le dépassement des paradigmes traditionnels de la société politique, à savoir les paradigmes autoritaires et libéraux

 


[1]Respecter la vie et promouvoir la solidarité.

[2]Ne pas mentir, ne pas s’approprier le bien d’autrui et ne pas souffrir inutilement.

[3]Etre compétent et indépendant vis-à-vis des forces économiques, politiques et intellectuelles, ne rien faire qui diminue la confiance du public envers les médias, avoir une définition large et profonde de l’information, servir tous les groupes de la société, défendre et promouvoir les droits de l’homme et la démocratie, travailler à l’amélioration de la société environnante.

[4]Pour la rédaction de ces fondamentaux, nous allons nous référer au Code de Déontologie de la Presse au Burundi de février 2004.

[5]Cf. Loi n°1 / 025 du 27 Novembre 2003 régissant la presse au Burundi.

[6]Ce type de journalisme n’encourage pas le professionnel des médias à se former pour bien informer. Le journaliste est plutôt livré à la paresse et au manque d’imagination, en un mot à la routine. Il consulte les mêmes sources. Il oublie de consulter les sources excellentes. Tout sujet traité par une grande agence ou un grand quotidien est jugé digne de confiance et pris comme de l’évangile, et donc vérité établie dont ne peut débattre.  

[7]Il ne serait pas un abus de langage si nous parlions, à l’instar des spécialistes de l’environnement physique, de la pollution mentale. En fait, une fausse information, quelle qu’elle soit, pollue l’esprit de l’homme. Elle peut soit causer des traumatismes chez l’informé, soit le pousser à commettre des actes de violence verbale ou physique.

[8]Sur ce même sujet, Ndiaga Loum (2003 :211) donne sa vision tout aussi pertinente que l’autre. Pour lui, en effet, l’éthique de la conviction ressortirait de la croyance, du devoir de dire la vérité en toute circonstance, tandis que l’éthique de la responsabilité ne cesserait de prendre en compte les conséquences possibles de ses choix, de ses décisions, de ses actions. Dans le domaine de l’information, cette distinction est utile, puisqu’elle opère la séparation entre un journalisme de conviction, préoccupée par la seule mission de dire, et un journalisme de responsabilité, qui référerait l’information aux conséquences de sa diffusion, en particulier à ses répercussions sur la vie physique, sur l’intégrité morale des personnes, sur la paix sociale, etc.

[9]L’exploitation et la présentation d’une seule face de la réalité- ici conflictuelle- des pays en crise sont souvent la cause de l’exil des populations et de leur refus de rapatriement. Le citoyen, qui n’écoute ou ne voit que la situation alarmante de son pays, n’en acquiert qu’une vision déprimante.

Référence Bibliographique: 

Agi, M 2005/006. Cours d’éthique des droits de l’homme. Nantes: Université de                                                 Nantes.

Bertrand, C.-J 1997. La déontologie des médias. Paris : P.U.F.

Budi M’bani, F 2001. La pratique de l’information et le respect de la Déontologie dans la presse de Kinshasa.In Ethique de la communication et démocratie en Afrique du XXIè s. Kinshasa : Facultés Catholiques de Kinshasa.

Code de Déontologie de la Presse au Burundi 2004. http://www.omac-afrique.org          (Code en ligne le 24-7-2010)

Folliet, J 1969. L’information moderne et le droit à l’information.               Lyon :   Chronique Sociale de France

Libois, B 1994. Ethique de l’information. Essai sur la déontologie journalistique.      Bruxelles : Editions de l’Université.

Loi n°1 / 025 du 27 Novembre 2003 régissant la presse au Burundi.

http://www.panosparis.org(Loi en ligne le 24-7-2010).

 

Loum, N 2003. Les médias et l’Etat sénégalais. L’impossible autonomie. Paris:

Harmattan.

 

Mweze Chirhulwire Nkingi. D 2001. Ethique de la communication et démocratie en    Afrique du XXIè s.  Kinshasa : Facultés Catholiques de  Kinshasa.

Pinto, D O 1987. Ethique de la communication sociale. Vers un nouvel ordre  humain de l’information dans le monde. Fribourg : Editions Universitaires.

Ricoeur, P 1991. Lectures 1- Autour du politique. Paris : Seuil.

XXX 1990. Les médias. Textes des Eglises. Paris : Centurion.

 

 

 

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