LES OBJECTIFS DU MILLENAIRES POUR LE DEVELOMENT, DEVELOPMENT DURABLE, ET SOCIETE SANS FRONTIERES

Abstract: 

This editorial note deals with the issue of the Millennium Goals of Development (MDG) within the annual theme of the “society without borders”. It opens the reader to ethical questions surrounding the issue of MDG and sustainable development. It reconsiders the concept of “sustainability” as a concept which invites us to account for our common humanity and against which the MDG should be assessed. It suggests that the concept of sustainability presupposes two things, namely: a development that should be universally acceptable and, at the same time, cares for the generations to come. It is the whole issue of sharing resources and our common heritage today and tomorrow. For this sharing to be possible, there is a need to revisit the principle of “integral development” dear to Populorum Progressio: the promotion of “the good of each individual and of the whole man”

Ce numéro porte sur la question des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Comme le thème annuel est la société sans frontières, les lecteurs se demanderaient ce que les OMD ont à faire avec une société sans frontières. Les réflexions, la chronique et la note de lecture qui sont proposés dans les pages qui vont suivre apporteront une réponse à cette préoccupation. Simplement je voudrais éclairer un peu le cadre du lien entre les OMD et la société sans frontières en aménageant les différents lieux de questions qui demandent plus d’approfondissement.

D’abord nous pouvons dire que les OMD se situent dans le cadre global de recherche des voies par lesquelles la société sans frontières peut être une réalité et non pas seulement un idéal utopique ou une illusion. Aujourd’hui le langage de la mondialisation, de village mondial, du dépassement des frontières géographiques, de la capacité humaine de défier le temps, la fusion du local et du global provoque des sentiments différents chez différentes personnes et sociétés. Les arguments utilisés pour défendre ce langage sont aussi les mêmes arguments qu’on peut emprunter pour le réfuter. Les OMD mettent en évidence le fait que, dans ce que nous appelons société sans frontières, il y a des frontières entre les riches et les pauvres, ceux qui ont presque tout et ceux qui n’ont presque rien. En termes de géographie du développement, il y a la frontière entre le Nord riche et le Sud pauvre ; entre l’Ouest développé et l’Est qui se développe. En même temps que les OMD nous ouvrent les yeux sur ce fait têtu de la réalité mondiale, ils développent le sentiment d’éloigner cette frontière qui divise à défaut de pouvoir l’enlever complètement

Cependant il n’est pas évident que l’approche adoptée pour éloigner cette frontière mobilise le consensus mondial. Certains parlent du financement des OMD en termes de gaspillage financier, les autres parlent d’une approche inadéquate appliquée au  développement des pays pauvres. Les autres encore parlent d’une économie palliative appliquée aux pays sous-développés au lieu d’une approche beaucoup plus radicale et transformative, une approche macro dans laquelle les pays sous-développés emprunteraient le même chemin et les mêmes stratégies que les pays riches ont empruntés pour parvenir ils sont aujourd’hui.

C’est dans cette absence de consensus mondial que se trouve la question morale. Y a-t-il une éthique qui sous-tend les OMD? Aujourd’hui on parle du développement durable. Les OMD répondraient-ils à ce type de développement ? Mais ce développement durable lui-même a-t-il une éthique ?

Le vocable « durable » est très complexe. Il évoque l’idée de solidité (un développement dure, solide, un développement sans failles) d’une part ; et d’autre part l’idée de durée temporelle ou de longévité. En premier lieu donc, on serait à la recherche d’un développement solide, un développement qui n’a pas de failles, un développement qui se soutienne. Un tel développement serait aussi acceptable par/pour tous, que ce soit le développement de ceux qui se sont déjà développés, que ce soit le développement de ceux qui doivent commencer à s’engager sur la route du développement. L’évaluation du développement consiste désormais à répondre à la question : est-il acceptable par tous? Est-il un développement universel. Est-il un développement que toute société devrait embrasser ? Nous sommes alors devant une question de l’éthique du développement. Il s’agit de savoir comment rendre compte de notre humanité commune dans les processus du développement ? Mais aussi en sens inverse, comment le développement peut être le lieu de notre humanité commune? Comment réaliser un développement acceptable par tous ? Ces questions se posent tout autant aux OMD. Est-ce que les OMD offrent un cadre adéquat d’un développement acceptable par tous ?

Le vocable « durable » évoque aussi l’idée de longévité, ou de durée dans le temps. Un développement durable serait un développement qui dure pour répondre aux besoins des gens non pas seulement au temps présent, mais aussi les besoins des temps à venir. Cela ne suggère pas nécessairement qu’un projet de développement donné doit se perpétuer. Plutôt, il s’agit de savoir si le développement en cours tient compte des générations futures et la satisfaction de leurs besoins. Nous sommes devant la question de la gestion des ressources et du patrimoine communs à l’humanité.

La perspective économique dominante de ces dernières années s’était contentée, dans une large mesure, de miser sur la compétition sur le marché comme la condition pour toutes les sociétés d’atteindre la croissance économique et le développement, et ainsi, assurer le bien-être des peuples. Or cette vision économiste implique aussi la compétition sur les ressources avec comme conséquence leur épuisement et la pollution dont la combinaison mettrait en danger la survie de cette génération et les générations à venir ; en fait toute la planète. La question de comment rendre compte de l’humanité commune dans le développement que je posais tout à l’heure se pose aussi ici. Mais cette fois-ci, elle se pose en termes de partage. Comment partager aujourd’hui et demain ? Comment partager avec les générations à venir. Les OMD seraient-ils une réponse à cette question ?

Dans l’encyclique Populorum Progressio, le Pape Paul VI emprunte l’expression chère à l’Humanisme Economique de Joseph Louis Lebret : « le développement de tout l’homme et de tout homme ». S’il faut parler d’une société sans frontières et répondre aux questions qui tournent autour des OMD ainsi qu’au développement durable, il faudrait, peut-être, revisiter ce principe qui nous invite à un développement avec un visage humain et à la solidarité humaine.

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