Dans les années 90, avec la chute du Mur de Berlin et l’échec du communisme suivi du démembrement de l’empire socialiste soviétique, le monde a cru à la fin de l’histoire. De fait, en 1989, Francis Fukuyama publiait un article énigmatique, The end of history comme une manière d’englober les grands shake-ups de notre temps. Trois ans après, en 1992, Fukuyama (1992) a convertissait son article en un livre complet, The end of History and the Last man. L’intention de Fukuyama était d’éclairer ce qu’il voyait comme le sens de l’avènement de la démocratie libérale occidentale qui avait été précédé par la révolution économique néolibérale.
Dans l’imaginaire de Fukuyama, la démocratie libérale n’était pas seulement la fin de la guerre froide et la chute du communisme, mais l’arrivée, enfin, à la forme finale du gouvernement humain : la démocratie libérale. L’évolution socioculturelle de l’humanité culmine dans la démocratie libérale. L’idée de Fukuyama n’était pas si nouvelle. Un marxiste dirait que l’idée de Fukuyama n’est que l’antithèse de celle de Marx qui croyait que l’évolution socioculturelle culminerait à l’effondrement du capitalisme et le triomphe du communisme. Dans l’Introduction to the Reading of Hegel: lectures on the phenomenology of the mind, Alexandre Kojève (1969) croyait à l’avènement d’un Etat homogène et universelle centré sur le libéralisme ou la démocratie sociale.