Ce volume (15) porte sur le thème des mentalités burundaises. Ce thème peut paraître quelque peu étonnant pour les lecteurs de la Revue Ethique et Société. En premier lieu, c’est pour la première fois que nous nous focalisons sur une société particulière, alors que la Revue Ethique et Société traite des questions éthiques d’actualité qui ne sont pas nécessairement limitées à une société particulière. D’autre part, certains pourraient se demander si les mentalités d’un pays relèvent de l’éthique. Cette dernière question est beaucoup plus du ressort de la définition de l’éthique ou de la morale. Pour rappel, sans entrer dans les détails, la morale (du latin mos/moris) tout comme éthique (du grec ethikè/ethikos) signifie coutumes ou mœurs.
Il s’agit de l’ensemble de faits de culture notamment les coutumes, les symboles, les mythes, les représentations, les règles diverses systématisés en doctrine et à partir desquels s’organise une conduite commune d’une société donnée et qui règlent la vie collective et individuelle. Il reste à savoir comment s’articule le lien entre mentalités et morale comme une science qui étudie nos actes en tant qu’ils peuvent être approuvés ou désapprouvés ; jugés bons ou mauvais, justes ou injustes! L’étonnement est et reste légitime.
La question des mentalités au Burundi est présente à beaucoup de plates-formes de débats et de réflexions. L’organisation de la société civile, PARCEM fait de l’évolution des mentalités son objectif en soutenant que « tous les pays qui ont réussi le développement ont d’abord fait évoluer la mentalité de leurs peuples: siècle des lumières en Europe, révolution Meiji au Japon, valeurs sur lesquelles se fonde la grande puissance américaine ». Le 10 Mai 2011, l’Observatoire de l’Action Gouvernementale (OAG) a organisé un Colloque sur le Changement des Mentalités et des Comportements au Burundi. Cette publication de la Revue Ethique et Société s’inscrit dans cet ordre de réflexion en la poussant à un autre niveau.
Poser la question des mentalités, c’est poser une question de vie d’un peuple dont la morale est l’un des aspects. Il s’agit d’une question de société qui nous pousse à nous demander: Comment les gens vivent actuellement? Comment doivent-ils vivre ? Et même des questions beaucoup plus actuelles: De quelle manière les mentalités nous positionnent-elles par rapport à la culture politique de la démocratie et de la gestion de la république? Comment répondent-elles à notre besoin profond de formation d’un leadership politique, économique, religieux et intellectuel vertueux ? De quelle façon nous situent-elles par rapport aux questions et défis actuels que suscite la gouvernance nationale ou mondiale?
Ces questions ne peuvent pas trouver de réponses sans comprendre ce que c’est les mentalités, leur raison d’être, leur (r)évolution et ce qui peut l’enclencher?
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