SEXUALITÉ ET POUVOIR POLITIQUE EN AFRIQUE LE CORPS FÉMININ COMME POSTURE DE LA RÉSISTANCE POLITIQUE

Abstract: 

The article deals with the dialectics issue of sexuality and political power through two Black African novels: Amadou Koné's Les Coupeurs de têtes (1997) and Sony Labou Tansi's La Vie et demi (1979). In these two negro-Africannovels, the female body serves a posture of socio-political resistance that leads to a revolution that Africa needs so much. Indeed, in the two novels female characters deploy their bodies, not only as a means of resistance to misogyny, but also as a shield against socio-political scourges. In this narrative device, the symbolic forces of the female body are factors for the emergence of a responsible political leadership, inscribed in the search for a socio-political ethic. Thus, the article draws three implications for the current political order. First, new leaders must become aware of their responsibilities in order to avoid improvisation in modern state institutions and structures. This requires training in the values ​​of social and political ethics. Secondly, new leaders must represent high social and political values ​​to impress on politics all wisdom. Finally, the third implication is taking into account the contribution of women in the search for a socio-political ethic at the service of a true modern state where the female sex could escape from instrumentalization.

1.       Introduction : Cadre de la question

Assigné à un rôle de procréation, le corps féminin, dans la société traditionnelle africaine, est toujours régi par des normes sociales.  Comme le souligne Gallimore (1994 : 55), « C’est à travers le corps de la femme que la société se perpétue. Ainsi ce corps doit-il être façonné, contrôlé et marqué ». La question de représentation du corps féminin est très orientée vers une perspective classique qui trace des lignes de démarcation entre le masculin et le féminin en termes de genres. Cette approche dichotomique, qui continue de se radicaliser dans la société africaine, occupe de plus en plus une place de choix dans la littérature africaine sous plusieurs figures.

La présente analyse mettra l’accent sur le corps féminin dans sa posture de résistance aux tares sociopolitiques à travers le sujet suivant : « Le corps féminin comme posture de la résistance politique dans Les Coupeurs de têtes d’Amadou Koné etLa Vie et demie » de Sony Labou Tansi.En effet, le corps féminin, exprimant sa souffrance dans son rapport au monde et aux autres, s’inscrit dans une thématique globale qui domine  le roman postcolonial d’Afrique Noire et suscite bien des interrogations : Comment les écritures des deux auteurs choisis contribuent-elles à tracer un parcours du corps féminin ? Quelle place occupe la femme au milieu de ces secousses révolutionnaires qui bouleversent l'univers négro-africain? Quels enjeux accompagnent le déploiement de la sexualité et du corps féminins dans le discours littéraire ? Quelles procédures le corps féminin utilise-t-il pour promouvoir l'émergence d'un contre-discours lui permettant de gagner sa place au sein des sociétés en pleines mutations?

Voilà autant de questions auxquelles le présent travail voudrait répondre, à travers l'étude de deux romans : Les Coupeurs de têtes (Koné 1997) et La Vie et demie (Tansi 1979) qui offrent une grille de lecture du pouvoir d’état face au contre-pouvoir du corps féminin par son sexe. Notre réflexion sur cette question de la résistance va s’appuyer sur des outils sociocritiques et psychocritiquespour mettre en évidence d’une part le processus de la textualisation du corps à la sexualisation du texte et d’autre part, la posture de la résistance féminine comme une quête d’éthique sociale et politique.

2.      De la textualisation du corps à la sexualisation du texte

Kankolongo (2006) écrit que « l’écriture de la sexualité n’est pas un simple fait des caprices des écrivains, elle indique la volonté de dire un fait social qui a pris des proportions gigantesques et qui a des conséquences directes sur la gestion politique et économique du pays ». Dans cette perspective, Koné et Tansi abordent le mal-vivre des femmes. En élaborant les caractéristiques énonciatives du corps féminin, ils (re)présentent parallèlement le corps masculin plongé dans l’immoralité avant de mettre l’accent sur la parodie de la démocratiecomme prétexte de démocratisation de la jouissance par les hommes politiques.

2.1.             Caractérisation du corps féminin: une érotisation du texte.

La quasi-totalité des œuvres romanesques négro-africaines ont fait du personnage féminin un maillon non négligeable de leur diégèse. Les images de la femme qui y apparaissent sont tout aussi diverses que variées. La présente analyse se limitera simplement à la caractérisation du corps féminin comme vecteur d’érotisation des corps et du tissu narratif.

En effet, l’écriture de Tansiet de Koné fait l’éloge de la beauté du corps féminin. La célébration et la sublimation de cette beauté fonctionne aussi comme un véritable «performant diégétique » qui leur a inspiré ce projet d’érotisation de l’écriture. Dans Les Coupeurs de têtes, il est question de  la beauté de Gloria et de Kamissa. Dans La Vie et demie, ce sont Chaïdana et sa fille Chaïdana-aux-gros-cheveuxqui retiennent notre attention.

Dans Les Coupeurs de têtes, présentée à travers son propre regard: «Je n’ai que quinze ans, je suis belle. A Gloria c’est qu’on dit, j’ai le beau visage, les fesses rondes, les seins doux […]»(Koné 1997 :77). Cette « fillette d’une quinzaine d’années »(Koné 1997: 14) est toujours « toute peinte et pommadée, portant une jupe courte et exhibant une  poitrine généreuse et presque nue » (Koné 1997 : 14). Par ailleurs, son nom « Gloria » est une identité dont elle a été symboliquement et opportunément baptisée par Jean Paul, un de ses amants, parce qu’il la trouvait «glorieuse en faisant l’amour » (Koné 1997: 71). Cette appréciation est confirmée par Gloria elle-même lorsqu’elle dit avec fierté: « […] ma gloire, c’est de faire l’amour» (Koné 1997: 77). Pour elle, il n’y avait pas de raison de trimer à l’école, à la recherche de diplômes qui « ne pourraient jamais lui donner le luxe dans lequel elle vivait déjà » (Koné 1997:74), surtout dans le pays sien où le chômage bat son plein et où, paradoxalement, les filles et femmes maîtresses comptent parmi les plus riches et qui sont aussi respectées que les personnalités politiques. Face à cette situation de chômage qui ne préoccupe pas les autorités politiques, elle a choisi d’aller racoler devant les hôtels, dans l’espoir  « d’attraper un gros bouc plein aux as […] dépensant sans compter » (Koné 1997: 77). Déjà à quinze ans, Gloria dévoile clairement qu’elle est une prostituée chez qui tout, du corps au langage, est une invitation à l’acte sexuel sans scrupules: « On monte ? […]Tu viens baiser ? »(Koné 1997:14), dit-elle à Kassi. Par son âge et son travail de racolage, il s’agit indubitablement de prostitution et de gérontophilie. Une autre dimension de ce décor, c’est le marchandage à vil prix du sexe féminin: « c’est pas cher. Mille cinq cents francs. Mille francs la chambre pour une demi-heure » (Koné 1997 :14). Dans ce pays libéral, où il n’y a pas de politique de lutte contre la pauvreté, la prostitution est libéralisée. Gloria reconnaît être prête à exploiter sa virginité : « […] Je l’avoue, moi, je ne supporte pas la pauvreté […]. J’étais prête pour cela à donner mon corps, à le livrer à qui m’offrirait une autre chance. […]»(Koné 1997 :70).

A côté de Gloria, nous avons Kamissa Agathe, dont la présentation, brève soit-elle, révèle une érotisation du corps féminin. Malgré sa situation  professionnelle et sociale stable, parce qu’elle est « Docteur en pharmacie » (Koné 1997 :122), et fiancée à Pita Mito, un homme respectable, Kamissa a une conception vulgaire et médiocre de la sexualité et de la vie conjugale. Elle aime tous les hommes et couche avec tous ceux qu’elle rencontre. Et comme pour dévoiler son goût immodéré et très avilissant pour les rapports sexuels, l’auteur la fait parler à qui veut l’entendre : « […] Tous les hommes avec qui je me suis trouvée seule ont tout de suite tenté leur chance. Dans le regard déjà je sens l’attrait que j’exerce sur eux. Je vois leur regard fouiller mon corps. J’avoue que je ressens un grand plaisir dans ces genres de situation » (Koné1997 : 122). En clair, Kamissa est une obsédée sexuelle qui livre son corps à qui elle veut et comment elle veut.

Dans La vie et demie, Tansilève également un coin de voile sur l’érotisation des corps féminins à travers le personnage de Chaïdana. Elle est la fille de Martial, l’opposant farouche du Guide Providentiel. Selon des indications textuelles, c’est une jeune fille, qui a été précocement privée de son père dans des conditions atroces.Son portrait révèle clairement qu’elle est belle et très attrayante avec « un corps parfaitement céleste, avec des allures et des formes systématiques et carnassières, des rondeurs folles [...], elle avait le sourire clef des filles de la région côtière, les hanches fournies et puissantes, délivrantes, le cul essentiel et envoûtant [...]» (Tansi 1979 : 42). Chaïdana est « la plus belle fille de la Katamalanasie» (Sony 1979 : 52). Si sa beauté « insinuante et délicieuse » (Sony  1979  : 55) fait couler beaucoup de salive, elle fait couler aussi beaucoup d'encres. Rwanika (1997 : 97) n’hésite pas à écrire que « le corps de Chaïdana est un corps d'une extrême beauté qui s'impose en maître et qui fait perdre le contrôle à quiconque l'observe. Il met tous les sens en branle. Son corps évoque, en réalité, une surenchère [...] dispensé de tout défaut ».

A côté de Chaïdana, est aussi évoquée Chaïdana-aux-gros-cheveux, fille de Chaïdana première un autre grand personnage dans La Vie et demie. Le narrateur dit qu’elle est aussi belle que sa mère. Si sa mère Chaïdana est la plus belle des filles de Katalamanasie, Chaïdana-aux-gros-cheveux « est la plus belle du monde » (Sony  1979 : 114), avec « les seins techniquement fermes, le menton sensuel » (Tansi  1979 : 104). Cette beauté de Chaïdana-aux-gros-cheveux  porte la marque d’hérédité. Elle la tient de sa  mère dont les charmes décrits plus haut. Comme la mère Chaïdana première en son temps, Chaïdana-aux-gros-cheveux est aussi consciente de sa beauté et de son pouvoir de séduction. A l’instar de sa mère, elle se sert de sa beauté pour réaliser une ascension sociale, en ayant accès aux hommes les plus puissants de la République de Katamalanasie.

Dans les œuvres romanesques de Tansi et de Koné, le corps est fort omniprésent. A tous les niveaux, le champ lexical de l’intimité féminine est évocateur de la surdétermination de cette  représentation physique du corps féminin dans ses aspects charnels, sensuels et sexuels. Cela fait dire à Moussodji (2013 : 69) : « […] lorsque le corps de la femme est ainsi décrit, il renvoie toujours à une identité érotique » dans ce qu’elle peut avoir de tentateur. De toute évidence, l’omniprésence d’une telle identité érotique participe de l’érotisation des tissus narratifs eux-mêmes. Cette double érotisation a pour objectif de dévoiler l’immoralité chez les hommes politiques dans les sociétés africaines contemporaines.

2.2.    Corps masculin, hideur morale, démystification et démythification

Il s’agit de montrer l’impact de la beauté physique du corps féminin sur le pouvoir naturel masculine. L’aveuglement des  hommes devant la beauté féminine est un indice de la démystification et de la démythification de leurs corps, plongés dans la souillure et la hideur morale.

En effet, dans l’élaboration du discours narratif, la sublimation du corps féminin va avec l’évocation de l’inaltérable soif de pouvoir et de désirs des hommes. Dans les deux textes du corpus, plus sublime est la beauté, plus profonde est la souillure, car le corps masculin ne résiste pas à la tentation de jouissance qui va lui faire perdre son autorité.  L'érotisation de la beauté corporelle de la femme  remplit alors la fonction de ridiculisation du corps masculin. C'est pourquoi, la description des postures sexuelles des grandes personnalités, de surcroît dans un langage ordurier, est une stratégie de dévoilement de leur immoralité.

Dans La Vie et demie et dans Les Coupeurs de têtes,  les deux auteurs définissent tous les identités masculines à partir des pratiques sexuelles qui font perdre la tête aux hommes et particulièrement aux dirigeants politiques. Chez Sony, la production symbolique de ces identités masculines se fait autour de tous les guides et hommes politiques de la Katamalanasiese divertissant et se délectant dans la débauche sexuelle avec les plus belles filles du pays. Ces pratiques altèrent leur image et affectent celle de toute la société dont ils sont garants. Même les enquêteurs sur l’assassinat de Martial, le farouche opposant des Guides Providentiels, sont trempés dans la « concupiscence républicaine » en engrossant  toutes les belles femmes. La concupiscence du « Guide Providentiel » n’a épargné personne. Il est évoqué que même ses gardes en ont profité pour violer cruellement le corps inerte de Chaïdana : ils « auraient couché  avec [son] cadavre pourvu que leur eau sorte » (Tansi  1979  : 73), dit-il ironiquement.

Tansi a choisi de réduire les corps masculins des dirigeants politiques aux fonctions instinctivement jouissives et vulgaires pour montrer qu’en réalité, le phallus, autrefois symbole de l’affirmation de la domination mâle, est devenu un facteur de perdition et de déchéance morale chez l’homme. Pour preuve, le corps de Chaïdana est parvenu à  subvertir leur pouvoir.  Chez ces insatiables et assoiffés du sexe,  se proclamant  garants de la société,  les jouissances sexuelles sont devenues une préoccupation majeure au-dessus de l’intérêt général de l’Etat. Le cas du Guide Providentiel est suffisamment illustratif. Pour son mariage avec Chaïdana, dont le corps lui était irrésistible, il « déclara  que les huit jours de noces qui allaient se lever seraient chômés et payés sur toute l’étendue de son pays » (Tansi  1979 :54). Et que, pendant ces huit jours de nuit de miel, la vie du pays n’avait pas d’importance à ses yeux : « même si le monde est mort au-dehors, ne me dérangez pas » (Tansi  1979 :54), dit-il.

Dans sa posture, le narrateur indique que le Guide,  irrésistiblement attiré par « la beauté infernale de Chaïdana » (Tansi 1979 :22), n’a pu  respecter les consignes de son cartomacien : celles de ne pas « faire la chose-là » (Sony 1979 :20) avec Chaïdana ; alors que c’était la condition pour que le fantôme de Martial cessât de le hanter. La violation  de cette prescription rappelle les propos du héros anonyme du roman Place des fêtes de Tchak (2001 : p.95) : « Le sexe, c'est un bonheur, mais c'est aussi un piège sans fin comme on le disait au Dahomey sous le soleil des indépendances ».

Pour montrer que le pouvoir des instincts est dangereusement en conflit avec le pouvoir de façon générale, le narrateur livre quelques scènes érotiques du Guide Obramoussando Mbi. Victime des pannes de ses « tropicalités », « […] il pratiquait l’amour avec l’index et le majeur » (Tansi 1979 : 56). A défaut de l’acte sexuel, il se contentait de se délecter des odeurs vaginales de Chaïdana qu’il trouve vitales et pour lesquelles il n’hésite pas à plonger sa tête entre ses jambes. Il l’avoue lui-même à Chaïdana : « Ton odeur ! Je n’arrive plus à me passer de ton odeur amère. Mes narines s’y sont accoutumées » (Tansi 1979 :57). Le Guide se livrait à loisir à ce spectacle des « vertigineuses élucubrations charnelles […] exécutant sans cesse leur éternel va-et-vient en fond sonore aux clapotements fougueux des chairs dilatées » (Tansi 1979 :20). Ses ministres ne sont pas épargnés de cette jouissance à outrance. Chacun d’eux a un bureau bien aménagé, où ils faisaient l’amour aux plus belles filles du pays.

Le décor du pouvoir du corps féminin est sensiblement le même dans Les Coupeurs de têtes de Koné. Après une quinzaine d'années passées à l'étranger, Kassi revient dans son pays d’origine où circulent diverses rumeurs persistantes sur l'ouverture démocratique, la chasse à la corruption et surtout sur les agissements d'énigmatiques coupeurs de têtes. Ce qu’il faut retenir c’est que ces criminels de coupeurs de têtes mis en scène dans ceroman ne sont pas seulement des gens qui égorgent à l’arme blanche. L’allusion est aussi faite à diverses situations quifont perdre la tête aux Hommeset particulièrement aux dirigeants politiques africains. Les femmes et leurs corps font partie de ces situations.  Les propos de Kloh Issiaka, commis du Ministère de la Construction et de l’Urbanisme à Bouta, édifient bien lorsqu’il avoue que « tout corps féminin qui nous échappe passe à l’ennemi » (Koné 1997: 36). C’est pourquoi,  en plus de ses deux femmes, il en a plusieurs autres à travers la ville.

Le réceptionniste de l’hôtel « le coin chaud », qui a accueilli Kassi pour sa première nuit de retour au bercail, lui fait une confidence sur l’ampleur du bordel sexuel dans le pays: « Tous les connaisseurs viennent au coin chaud : ceux qui ont de l’argent et qui couchent avec les filles de luxe (…). Les ministres, les directeurs de société, les banquiers, les députés, les maires » (Koné 1997: 15) ; en tout cas, « la plupart des grands qui font tourner le monde », conclut Koné avant de préciser qu’aucune couche socioprofessionnelle n’est épargnée: « fonctionnaires moyens et les petits cadres (…), les ouvriers et employés subalternes » (Koné 1997: 15 et 17).

En clair, le rôle divinisé des dirigeants politiques, appelés « Guide Providentiel » ou encore « timonier infatigable » « guide éclairé » et « conducteur avisé », se trouve ridiculisé, autant leur pouvoir est réduit au seul pourvoir d’assouvissement des désirs sexuels par la possession du corps féminin. Les écrivains évoquent le corps masculin pour souligner les perversions sexuelles des hommes, plongés dans la déraison et la hideur morale. Cette généralisation de l’immoralité sexuelle s’inscrit dans la perspective de la parodie de la démocratie devenue, selon Koné, un prétexte de démocratisation de la jouissance sur tous les plans.

2.3.            Parodie de démocratie et de jouissance  démocratisée

Si dans Les Coupeurs de têtes de Koné et La Vie et demie de Sony, la jouissance sexuelle apparaît comme un jeu chez les acteurs de la nouvelle bureaucratie africaine, c’est parce que les nouveaux dirigeants l’ont inscrite dans les principes de liberté que suggère la démocratie. Ainsi, au nom de  ces principes, la sexualité devient, de ce point de vue, son propre spectacle d’immoralisme de la vie publique. Evidemment, c’est un spectacle duquel est exclu l’amour au vrai sens du terme. Dans Les Coupeurs de têtes, des prostituées sont encouragées par l’inconséquence des personnalités politiques de haut niveau du pays. Cela est tellement surprenant que Kassi, le personnage principal ne cessait de s’interroger: « Que se passe-t-il dans ce pays ? » (Koné 1997: 49), « Qu’est-ce qui s’est passé, ici, en clair ? »(Koné 1997: 56). C’est Ndimir Nestor, une personnalité au ministère de la construction et de l’urbanisme, qui donne la réponse selon laquelle c’est l’ère de la: « société libérale où l’initiative privée est encouragée» (Koné 1997: 81), où  tout est permis, y compris la prostitution et le bordel masculin. Le Parti Unique laisse toute la latitude aux dirigeants politiques de disposer de tout dans le pays, ainsi que des prostituées qu’ils fréquentent avec beaucoup de plaisirs et d’enthousiasme. Les autorités font de la démocratie un subterfuge pour accentuer la pauvreté, afin que la prostitution prenne des proportions qui leur soient toujours favorables. En fait, cette parodie de démocratie à la mode offre plus de droits et d’opportunités de jouissances sexuelles que d’obligations de résultats qui tiendraient compte de l’éthique de bonne gouvernance.

Ndimir Nestor, par exemple, « volait dans les caisses de l’Etat » et « se faisait corrompre » (Koné 1997: 71) par les jeunes filles en quête d’emploi avec leur nichon: « il leur faisait le chantage suivant : tu me donnes tes fesses, je te donne la place » (Koné 1997: 71). Quant au directeur de Mégafic,  pour mieux assouvir ses désirs immodérés de posséder toutes les femmes, il commence son week-end à partir de mercredi après-midi. Dans chacune des villes où il passe, « New York, Tokyo, Paris ou Rome » (Koné 1997: 79), il a logé des jeunes filles dans des hôtels les plus luxueux, aux frais de l’Etat et des contribuables. Toutes ces obsessions sexuelles sont confirmées et résumées par Jean Paul qui, « [n’étant] jamais  rassasié du sexe (Koné 1997: 74), avoue que le sexe est « un plaisir dont on ne peut jamais être définitivement repu. […]. C’est comme une nourriture. On a toujours envie de recommencer » (Koné 1997: 74). Ce bordel est aussi constaté chez les médecins du pays, qui privilégient les plaisirs sexuels au détriment de l’état de santé du peuple pour lequel ils ont prêté serment ; en témoigne un patient avec amertume : « oui, tu peux tomber, t’écrouler et crever ainsi, alors que le docteur est en train […] de peloter une demoiselle dans sa salle  de consultation » (Koné 1997: 117).

La dernière catégorie est celle des pédophiles. Le premier cas est celui d’un adulte âgé d’«une quarantaine d’années environ » (Koné 1997: 20), venu  à l’hôtel de passe avec une « fillette svelte et malicieuse qui pendait à ses bras, [et qui] ne devait  pas avoir plus de treize ans» (Koné 1997: 20). Le second cas est celui d’un vieillard que la mort avait pris « dans les spasmes de l’étreinte d’une adolescente. La fillette était trop fougueuse et le cœur  du vieillard n’avait pas tenu » (Koné 1997: 73), dit le narrateur.

Les détenteurs du pouvoir d’Etat et du pouvoir social sont plongés dans ladébauche sexuelle qui entrave à la bonne marche d’un Etat moderne. Leurscomportements sexuels sont ainsi une lèse-majesté qui franchit le seuil au-delà duquel la désacralisation du sexe semble irréversible. Dans le souci de redonner à la sexualité sa dimension sacrée, Tansi et Koné optent pour l’écriture du corps féminin comme une quête d’éthique sociale et politique.

3.      Ecriture de la sexualité: vers éthique sociale et politique

L’auto-sexualisation des corps des Chaïdana et Gloria comme point d’ancrage scriptural chez Tansi et Konéa pour but de révéler ces corps à la fois comme un prétexte de désacralisation du tabou sexuel, une possibilisation de révolution sociale par le sexe, mais aussi un impératif de quête d’éthique sociale et politique.

2.1. Ecrire et décrire la sexualité 

Écrire et décrire sont deux paradigmes de la narration et de la réflexion qui vont nous permettre d’aborder la question de désacralisation et de la profanation du sexe. Définie par opposition à la notion de sacré, la notion de profanation renvoie à tout ce qui ne respecte pas les choses sacrées, lesquelles choses appartiennent à un domaine interdit, inviolable. 

De ce point de vue, le sacré se rapproche de ce qui est de l'ordre du secret et qui fait partie de l'intime et de l’intimité. De nos jours, la sexualité semble être banalisée, au point d'être réduite à une expérience aussi banale, à peu près ou complètement dissociée de cette aura sacrée, religieuse voire mystique. La sexualité, autrefois sous-tendue par cette aura sacrée n’est plus encadrée par les normes classiques. C’est pourquoi, bien des romanciers africains optent pour la sexualisation du tissu narratif  pour amorcer un processus de construction identitaire, consistant essentiellement à donner une coloration sexuelle à leurs textes. Sous leurs plumes corrosives, Koné et Tansi (re)présentent les hommes politiques comme des gens aux mœurs très légères, avec des appétits sexuels et des instincts libidineux très aiguisés. Avec les nouveaux dirigeants politiques, le monde est à l’envers, les principes moraux, les tabous et les interdits sont mis entre parenthèses pour que tout leur soit permis. C’est donc à juste titre que les deux auteurs exposent les grossièretés et obscénités qui sont porteuses de signification : la vulgarisation du sexe. N’da (2011)parle de « L’écrituredu désordre sexuel ou de la profanation des vagins ».

Dans La Vie et demie, lorsque le narrateur s’épanche sur les pannes d’érection du Guide providentiel, c’est pour exposer les attitudes de désacralisation de la sexualité par l’homme. En évoquant les folles envies du Guide de rechercher irrésistiblement les odeurs vaginales de Chaïdana, il suggère la posture transgressive de l’homme qui désacralise l’intimité féminine, démystifie le sexe de façon générale, parce que ces senteurs féminines dont il se délecte participent de ce mystère féminin. En réalité, la mise en évidence des odeurs vaginales s’inscrit dans un contexte de critique sociopolitique dans lequel  les dirigeants se démystifient eux-mêmes en s’abandonnant, sans se lasser, à leurs appétits instinctifs. Inscrits dans une logique d'instrumentalisation du corps féminin, leurs expériences sensuelles et sexuelles deviennent inévitablement lieu de profanation et de démystification dans tous les sens. L’emprise que le corps féminin exerce sur le corps masculin en est une parfaite illustration, d’autant plus que chez les femmes, l’acte sexuel est dépourvu d’affection et d’amour.

Ainsi, conscients de la fatalité de ce fléau du désordre sexuel qui ronge les sociétés africaine, les romanciers créent des images fortes pour dénoncer la déshumanisation et l’animalisation des hommes qui profanent l’amour et le sexe. La fierté de Gloria et de Chaïdana de faire perdre la tête aux grands hommes est assez évocatrice. Les textes de Tansi et de Koné donnent de lire le sexe féminin à la fois comme un lieu de tension entre pouvoir masculin, interdits et tabous, mais aussi comme lucarne d’interrogations sur l’effondrement des valeurs sociales.

Les écarts entre les normes qui caractérisent l’Afrique d’autrefois et le dévergondage d’aujourd’hui traduisent tout l’enjeu de la sexualisation desdispositifs narratifs. Les romanciers mettent ainsi la féminité dans une posture qui érige l’engagement des femmes dans l’acte sexuel en rôles sociaux. C’est pourquoi, ils ont choisi des corps féminins pour les mettre au service  de la possibilisation d’une sexualité révolutionnaire.

2.2.Résistances féminines ou sexualité révolutionnaire

Dans la perspective de voir le changement de vision politique, les écrivains optent pour une forme de représentation de la révolution par le sexe féminin ; d’autant plus que les  corps sont, en quelque sorte, le lieu où se retrouvent tous les citoyens, sans distinction de classe sociale.

En faisant briser le mythe des grands hommes politique, Koné et Tansi offrent une littérature de la sexualité lourde de revendications politiques. L'érotisation des corps de Chaïdana et de Gloria remplit alors, dans une certaine mesure, la même fonction  de possibilisation d’une sexualité révolutionnaire, parce que les Guides Providentiels, les timoniers  infatigables, les guides éclairés et conducteurs avisés ne sont plus intouchables. Dans La Vie et demie, Chaïdana décide de poursuivre la lutte politique de son père, assassiné par le Guide Providentiel. Logée discrètement dans sa chambre n° 38 de l'hôtel «La Vie et demie », elle procède, à la « distribution de la mort au champagne à la grande majorité des membres les plus influents de la dictature Katamalanasienne » (Tansi 1979: 49). Etoke (2006 : 44) précise que

Sony  se sert du corps féminin dans une optique de guerre nationaliste. Dans son roman La vie et demie, le corps féminin est uniquement décrit comme un corps machine de guerre qui a pour mission d’aider à la réalisation des objectifs révolutionnaires. Chaïdana a pour mission principale d’éliminer la dictature de la Katamalanasie en ayant des rapports  sexuels avec les membres corrompus de celle-ci auxquels elle fait au préalable boire du champagne empoisonné.

Consciente de la forte propension des dignitaires du régime au sexe, Chaïdana se prostitue avec eux et  réussit à les tuer les uns après les autres. Au-delà de la volonté de dénoncer les inégalités entre les deux sexes, Gloria et Chaïdana se sont fabriqué une identité sexuelle de résistance au désordre politique. Le corps féminin représente ainsi des niches discursives stratégiques, qui offrent des pistes de réflexion sur le caractère mouvant des frontières entre intimité sexuelle et politique. Consciente de ce que son corps peut devenir moyen de résistance, la femme  fait sienne une corporalité rebelle qui trouve sa légitimité dans la lutte contre une société sans compassion pour la condition féminine.

En abordant la question de représentations du corps féminin dans son article intitulé « De l’aliénation à la réappropriation chez les romancières de l’Afrique noire francophone », Gallimore met un point d’honneur sur l’évolution de ce corps devenu un mythe, pour avoir franchi le seuil d’une posture de rébellion face à un discours radicalement patriarcal dominant. Selon elle, «Le discours patriarcal africain a créé une fissure entre la femme et son corps et a fait de celui-ci un mythe» (Gallimore 1994 : 55).

L’on voit Chaïdana sortir opiniâtrement de son aliénation pour viser le renversement radical de l’ordre de l'organisation sociopolitique du pouvoir et le remplacement des valeurs sur lesquelles il doit reposer. Elle manifeste une volonté de libérer le corps féminin et sa sexualité. Pour cela, elle lie la libido des dignitaires à l'angoisse et à la mort. En deux ans, elle avait réussi à exterminer « trente hauts personnages de la tragédie katamalanasienne. On commençait à parler d’une épidémie, mais puisque l’épidémie, si épidémie il y en avait, ne frappait que les membres de la dictature katamalanasienne […] » (Tansi 1979: 61).

Le corps féminin devient un instrument destructeur d'un régime politique et s’érige en dominateur sur le politique. Cette capacité de renverser le gouvernement d'un pays et de changer l'ordre international, par le biais de son corps et de son sexe conforte le projet de proclamer la fragilité des hommes. La course des autorités politiques après le sexe féminin confère désormais aux femmes une puissance qui vide le pouvoir d’Etat de sa puissance d’Etat. C’est à raison que les romanciers, de façon caricaturale, associent le pouvoir du sexe à la chose publique. les femmes entrent dans ce pouvoir par leur intimité sexuelle et le partagent subtilement avec les dignitaires. Etoke édifie bien lorsqu’elle écrit ceci :

 Le corps féminin est loin d’être une entité en soi. C’est un lieu de tension, de contestation et d’affirmation. Le challenge est de lire le corps féminin comme un texte social à déchiffrer dans un contexte postcolonial marqué par la dictature, le néocolonialisme, les problèmes de genre (...) Etoke (2006 : 43)  .

En clair, la sexualité devient politique à partir du moment où la pensée révolutionnaire de Chaïdana l’oriente vers les dignitaires, en vue d’entretenir des relations mortelles de vengeance. L’objectif est de renverser les paradigmes du pouvoir que les femmes s’approprient autrement par les armes de leur féminité.

La mise à nu de la nudité et de l’intimité des hommes politiques, partagées par les filles dans des conditions de débauche, est de nature à porter atteinte à l’intégrité individuelle de ces dirigeants,et partant, à celle de l’Etat tout entier. Ces textes constituent un appel politique pour mettre fin à la dictature et aux inconséquences des hommes politiques. Garnier (1999: 157)  n’a pas tort lorsque, en abordant la problématique de la nouvelle forme de résistance féminine chez Sony, il indique que cet  écrivain a pris « des figures traditionnellement négatives de la femme (...) pour les renverser, leur donner une charge positive et en faire les principes d’une Révolution nouvelle ». C’est dire combien l'entité féminine s’érige en moteur de l'action révolutionnaire, mais aussi en moyen de quête de l’éthique sociale et politique.

2.3.L’érotisation de soi féminine et quête d’éthique sociale

Dans la problématique de la sexualité chez quelques écrivains africains de la nouvelle génération, N’da (2011: 14) fait une remarque très importante:

Les scènes immondes d’orgies ou de copulation, données en spectacle public, sont des signes patents de la décadence de la société et de la dépravation des dirigeants africains qui foulent au pied les principes moraux et les règles de bienséance dont ils sont en principe les garants.

Ce triste constat a amené les romanciers comme Tansiet Koné à mettre en scèneune auto-instrumentalisation des  corps féminins dans cette dépravation. Ce déploiementoffre plutôt à la femme l’occasion de contribuer à la moralisation publique parce qu’elle en est l’épicentre.A travers cette nouvelle identité que ces auteurs font adopter à leurs personnages, transparaît une volonté de créer une nouvelle éthique sexuelle autour du corps féminin qui deviendrait le noyau de tout changement du discours social. D’ailleurs, Dubois (2015) précise que la pulsion sexuelle a des effets négatifs sur le politique :

Il est rare apparemment que l’adéquation entre la pulsion sexuelle et le pouvoir se fasse au profit d’une efficacité politique. […]Le sexe et le pouvoir ne [fonctionnant] pas ensemble, le risque est toujours grand de perdre sa propre force idéologique, sa propre efficacité politique, dans l’épanouissement sexuel.

En engageant les femmes à plonger les hommes politiques dans les dérives de leurs pulsions, c’est pour faire prendre conscience de la nécessité de l’émergence d’une société éthique où elles doivent cesser d’être des objets à manipuler. Raison pour laquelle l’érotisation de leurs corps dans l’univers diégétique des deux romans  est, pour la femme, un prétexte de valorisation de l’identité féminine. Gloria et Chaïdana n’ont jamais été véritablement amoureuses des hommes à qui elles ont livré leurs corps, l’objectif étant de soumettre le pouvoir masculin et toutes ses aspérités à rude épreuve.  En se soulevant  contre le carcan dans lequel elles sont enfermées, les femmes s’autorisent enfin le droit à l’action, subtile soit-elle, inscrite dans un besoin d’éthique sociale et politique qui légitimerait leur parole et réhabiliterait leur place dans la société. Elles érigent ainsi les forces de leur corps et de leur  sexe en puissance créatrice d’éthique.

Les œuvres de Tansi et de Koné obéissent à cette dynamique. Lorsqu’ils  décrivent toutes les postures sexuelles possibles, de surcroît dans un langage vulgaire et ordurier, c’est, sans conteste, pour montrer que la société a besoin de repères éthiques. Ce n’est donc pas fortuit si le corps féminin occupe une place de choix dans cette quête à travers les productions romanesques. Dans son entretien avec Boniface Mongo-Mboussa, Ken Bugul (1999) reconnaît cette place dans tous ses romans : « Le corps tient une place essentielle dans tous mes romans, comme dans ma vie. Son langage est pour moi le meilleur moyen de se reconnaître. […] Notre corps, nos attitudes révèlent non seulement notre personnalité, mais aussi ce que nous traversons dans notre vie ». 

Si, par définition, la révolution sociale se veut un retour à l'ordre, l’écriture de la décadence sociale par le sexe est un projet utile dans le rétablissement de  cet ordre moral et éthique. Même Chaïdana a trouvé que son géniteur est un «ignoble père», pour l’avoir violée dans son sommeil. Voici comment elle juge ce que Sony appelle « gifle intérieure », qui n’est qu’un inceste érotique: «Si les morts sont plus forts que nous, pensait-elle, s’ils sont plus forts que nous, mon père doit être devenu un lâche. Un lâche, donc rien du tout. A part le courage, il n’avait jamais rien eu ».

Le sexe féminin, tel qu’il se déploie dans les deux romans apparait comme moyen de quête d’éthique.  Chaïdana et Gloria ont pour mission de faire découvrir la nécessité de sauver l’humanité dépourvue d’éthique politique et sociale. L’hécatombe réussie par Chaïdana et la prostitution juvénile et précoce de Gloria sont des catalyseurs de cet idéal d’éthique. A ce sujet, N’da (2011: 7) affirme, à juste titre, que «Le roman du sexe ou l’écriture de la sexualité apparaît bien comme une stratégie d’écriture, une stratégie pour appréhender et affronter la réalité et pour transformer la société».

Conclusion  

La sexualité et le pouvoir politique sont au cœur des deux textes du corpus. Force est de reconnaître que le corps féminin dispose d’une force révolutionnaire qui le rend capable de subvertir l’idéologie politique des grands hommes politiques qui perdent la tête face au sexe. La performance politique de l’écriture romanesque réside dans le partage de cette subversion. Tansi et Koné font découvrir que les régimes politiques exercés par les différents guides sont loin de satisfaire les attentes du peuple. En mettant le corps féminin dans une posture de résistance politique par le sexe, les romanciers veulent dénoncer le degré de relâchement des mœurs sociales dans les sociétés contemporaines de plus en plus érotisées. La question de résistance féminine suggère celle du bouleversement des paradigmes du pouvoir, car le corps féminin porte en lui un projet de déchirement et de révolution. Les deux œuvres au centre de cette étude offrent une lecture sexuelle des sociétés africaines qui induisent un regard interrogateur sur l’existence humaine. Le corps féminin, par sa posture du refus et de résistance, s’engage dans une logique de dé-figuration et ré-configuration du paysage politique africain dans la perspective d’une éthique sociopolitique.

La transition de la dé-figuration à la ré-configuration du paysage politique africain induit trois implications qui rappellent le triste constat de Beti (2000: 141) : « L’Afrique souffre surtout de ne pas sécréter des hommes de caractère, ou si peu, […]. L’Afrique manque de vrais leaders. Voilà le drame ». La  première implication est la nécessité de prise de conscience absolue par les nouveaux dirigeants leaders des responsabilités qui sont les leurs face au dépassement de l’héritage colonial. Ils doivent échapper  à l’improvisation pour garantir les institutions d’un Etat moderne et sortir les pays africains de la dépendance accrue. Une éthique sociale et politique qui guiderait la formation de la conscience se recommande sur cette base.

La deuxième implication impose queles leaders politiques sachent qu’ils doivent représenter les hautes valeurs sociales et politiques. La politique doit être une sagesse. De ce point de vue, les citoyens attendent d’eux qu’ils soient exemplaires et revêtus du manteau de vrai leadership politique qui leur permette de réaliser aisément un sursaut moral commevecteur degestion rationnelle de la cité. Enfin, la troisième consiste à reconsidérer la place de la gent féminine et lui reconnaitre sa posture de citoyenne qui  contribue à l’éthique sociale et politique ainsi qu’à son application dans un Etat moderne où les droits et les devoirs se réclament sur des bases morales légales. C’est dans cette perspective que le sexe féminin peut échapper à son instrumentalisation par des gens qui veulent légitimer de manière dictatoriale la «gouvernementalité du ventre et du bas-ventre »! Le leadership responsable dans une Afrique d’avenir est à ce prix.

Références bibliographiques

Béti, M 2000. Branle-bas en noir et blanc.  Paris :  Julliard.

Dubois, F 2007. « Compte rendu de Dubois (Jacques) (dir.), Sexe et  pouvoir dans

la  prose française contemporaine », en ligne sur http://contextes.revues.org/6083  (consulté le 08 Août 2017).

Ken, B 1999. Entretien de Boniface Mongo-Mboussa: Briser le tabou qui interdit

de parler du corps Africultures, n° 19.

Etoke, N 2006. Écriture du corps féminin dans la littérature de l’Afrique francophone:

Taxonomie, enjeux et défis,CODESRIA Bulletin, N° 3 & 4.

Gallimore, B R 1994. De l’aliénation à la réappropriation du corps chez les

Romancières  de l’Afrique noire francophone: Nouvelles écritures féminines. Notre Librairie, n°117.

Garnier, X 1999. La Magie dans le roman africain. Paris : PUF

Koné, A 1997. Les Coupeurs de tête. Paris : Éditions CedaSepia.

N’da, P 2011. Le sexe romanesque ou la problématique de l’écriture de la

sexualité chez quelques écrivains africains de la nouvelle génération », http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?article1759 ( Consulté le 8 Aout 2017).

Mbuyamba, K A 2006. Présentation du pouvoir politique post colonial dans le

roman africain, Le Potentiel, n° 3911.

Moussodji, S M  2011. La figure du bâtard dans la littérature africaine des  indépendances:

enjeux et significations autour des textes d'Ahmadou Kourouma et de Sony Labou Tansi.  Paris: Littératures.

Tansi, T L 1979.  La Vie et demie. Paris : Seuil.

Tchak, S 2001.  Place des fêtes. Paris : Gallimard.

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